AESTHETIC CONCEPTS → genius, spirit and imagination
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{Kleyne dingen konnen somtijts sonder omtreck gemaeckt worden, en nochtans omgetrocken schijnen.} Men kan oock veel dingen, insonderheyt in ’t kleyne ofte kleyne deelen, sonder trecken tegen den dagh aenwijsen, die evenwel soo volkomen sullen schijnen als ofse omghetrocken ware; daer van alle voorvallen niet wel en konnen geseyt worden; Wy sullen slechts een Exempel [ndr: reference to illustration] voor allen stellen, de reste moet de Geest van een Geestigh Teyckenaer na gelegentheydt te passen, volgens ’t gene sijn Voorwerp sal konnen lijden; door welcke op-merckingh men veel aerdigheyts en lossigheyts in sijne Teyckeningh sal konnen brengen, die het verstandt vanden Teyckenaer, aenden Kundigen beschouwer genoegsaem sal te kennen geven.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {Small things can sometimes be made without contour, and still appear contoured.} One can also point out many things, especially in small and in small parts, without lines against the light parts, which will still appear as perfect as if they were contoured; of which we cannot name all examples; We will just give one example for all of them [ndr: reference to illustration], the Mind of a Spirited Draughtsman should form the rest after the circumstances, according to that which his Subject can take; by which observation one can bring a lot of pleasantry and looseness in his Drawing, which will nicely show the mind of the Draughtsman to the competent spectator.
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Toutes deux [ndr : la peinture et la poésie] sont fondées sur la force de l’imagination pour bien inventer leurs productions, & sur la solidité du jugement pour les bien conduire. Elles savent choisir des sujets qui soient dignes d’elles, & se servir des circonstances & des accidens qui les font valoir, comme elles savent rejetter tout ce qui leur est contraire, ou qui ne merite pas d’être representé.
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Beneffens dese voornoemde Imitatie der naturelicker lichaemen door welcke de Konstenaers aengeleyd worden om allerley sienelicke dingen nae 't leven uyt te drucken, so staet ons alhier noch een andere soorte van Imitatie aen te mercken, door welcke den Konstenaer sich verstoutet oock soodaenighe dinghen af te beelden die van 's menschen ghesicht verde sijn afgescheyden. Ende al hoewel de voornaemste kracht van dese imitatie in de fantasije bestaet, soo is het nochtans dat wy d'eerste beginselen deser imaginatie onsen ooghen moeten danck weten; want d'inwendighe verbeeldinghen die in onse ghedachten spelen, konnen daer in noyt ghefatsoenert worden 't en sy dat wy eerst de ghedaente der dinghen ergens in 't rouwe met onse ooghen hebben aenschouwet, of ten minsten met d'een of d'ander onser vijf sinnen hebben ghevoelt.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Besides this aforementioned Imitation of natural bodies by which the Artists are stimulated to express all sorts of visible things after life, we should here consider another type of Imitation, by which the Artists dares to also depict such things that are far removed from man's view. And although the principal power of this imitation exists in the fantasy, then we should still thank our eyes for the first beginnings of this imagination; as the internal representations that play in our thoughts can never be modeled there, unless we have first beheld the shape of things somewhere in coarse with our eyes, or at least have felt with one or another of our five senses.
Junius uses ‘afbeelden’ to indicate the ability of artists to depict that which cannot be seen directly, but which has to be imagined in one’s mind. The near-synonym ‘uitdrukken’, which he also uses in this extract, indicates the ability to work ‘after life’ rather than from the imagination.[MO]
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Soo is dan dese gantsch vruchtbaere kracht onses ghemoedts, nae 't oordeel van Plato {in Sophista.}, tweederley: d’eerste soeckt maer alleen soodaenighe dinghen uyt te drucken die d'ooghe teghenwoordighlick aenschouwet; d'andere bestaet daer en boven oock die dinghen af te beelden welcker voorbeeldt maer alleen in de fantasije voor ghestelt wordt.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Thus this very fruitful power of our mind is, after the judgment of Plato {…}, twofold: the first only tries to express such things that the eye beholds presently; the other also manages to depict those things whose example is only presented in the fantasy.
Junius uses ‘afbeelden’ to indicate the ability of artists to depict that which cannot be seen directly, but which has to be imagined in one’s mind. ‘Uitdrukken’ (express) indicates the ability to work after that which is seen with one’s eyes at that moment, rather than from the imagination. He connects this to Plato’s theory of the duality of the mind. [MO]
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Il est donc également important aux nobles Artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie & de peinture leurs talens les destinent, & de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. L'art ne sçauroit faire autre chose que de perfectionner l'aptitude ou le talent que nous avons apporté en naissant ; mais l'art ne sçauroit nous donner le talent que la nature nous a refusé. L'art ajoûte beaucoup aux talens naturels, mais c'est quand on étudie un art pour lequel on est né. [...] Tel Peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des Peintres illustres, s'il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la Peinture, pour lesquels il n'étoit point né, & qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. Les ouvrages qu'il a tenté de faire sont, si l'on veut, d'une classe supérieure. Mais ne vaut-il pas mieux être un des premiers parmi les Païsagistes que le dernier des peintres d'histoire ? Ne vaut-il pas mieux être cité pour un des premiers faiseurs de portraits de son temps, que pour un miserable arrangeur de figures ignobles & estropiées.
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Il est donc également important aux nobles Artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie & de peinture leurs talens les destinent, & de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. L'art ne sçauroit faire autre chose que de perfectionner l'aptitude ou le talent que nous avons apporté en naissant ; mais l'art ne sçauroit nous donner le talent que la nature nous a refusé. L'art ajoûte beaucoup aux talens naturels, mais c'est quand on étudie un art pour lequel on est né. [...] Tel Peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des Peintres illustres, s'il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la Peinture, pour lesquels il n'étoit point né, & qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. Les ouvrages qu'il a tenté de faire sont, si l'on veut, d'une classe supérieure. Mais ne vaut-il pas mieux être un des premiers parmi les Païsagistes que le dernier des peintres d'histoire ? Ne vaut-il pas mieux être cité pour un des premiers faiseurs de portraits de son temps, que pour un miserable arrangeur de figures ignobles & estropiées.
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II. Was das Gemähl seye, p. 128
Das Gemähl ist eine Gleichheit dessen/ das man sehen kan/ sagt Socrates bey Xenoph.I.3. Solche Gleichheit erfreut das Gesicht mit ihrer Schönheit/ schärpfet den Verstand mit ihrer Artigkeit/ erfrischet das Gedächtniß mit gemercksamen Bildern/ erquicket das Gemüth mit allerhand seltnen Erfindunge[n]/ entzündet die Begierden zu vielen Heldentugenden/ ist bei Fürsten angenehm/ bey den Gelehrten wehrt/ von der Jungend geliebt und vo[n] jedermann gelobet. Hat auch in Kriegswesen einen grossen Nutzten/ das Abwesende/ als Gegenwärtig fürzustellen.
Xénophon est cité d'après l'édition française de François Charpentier (1620-1702) : Les Choses Mémorables De Socrate/ ouvrage de Xenophon/ traduit de Grec en François..., Paris, Camusat, 1650.
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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.
Les peintres dotés de génie ne l'ont pas hérité de leur père.
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Mathématiques.
Les peintres dotés de génie ne l'ont pas hérité de leur père.
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Il est donc également important aux nobles Artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie & de peinture leurs talens les destinent, & de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. L'art ne sçauroit faire autre chose que de perfectionner l'aptitude ou le talent que nous avons apporté en naissant ; mais l'art ne sçauroit nous donner le talent que la nature nous a refusé. L'art ajoûte beaucoup aux talens naturels, mais c'est quand on étudie un art pour lequel on est né. [...] Tel Peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des Peintres illustres, s'il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la Peinture, pour lesquels il n'étoit point né, & qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. Les ouvrages qu'il a tenté de faire sont, si l'on veut, d'une classe supérieure. Mais ne vaut-il pas mieux être un des premiers parmi les Païsagistes que le dernier des peintres d'histoire ? Ne vaut-il pas mieux être cité pour un des premiers faiseurs de portraits de son temps, que pour un miserable arrangeur de figures ignobles & estropiées.
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Section VIII. Des Plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit. p. 85
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Comme les Peintres parlent tous, pour ainsi dire, la même langue, ils ne peuvent pas emploïer les traits célebres, dont un autre Peintre s'est déjà servi, lorsque les ouvrages de ce Peintre subsistent encore. Le Poussin a pû se servir de l'idée du Peintre Grec qui avoit présenté Agamemnon la tête voilée au sacrifice d'Iphigénie, pour mieux donner à comprendre à l'excès de la douleur du pere de la victime. Le Poussin a pû se servir de ce trait pour exprimer la même chose, en réprésentant Agrippine qui se cache le visage avec les mains dans le tableau de la mort de Germanicus. Le tableau du Peintre grec ne subsistoit plus, quand le peintre François fit le sien. Mais le Poussin auroit été blâmé d'avoir volé ce trait, s'il se fût trouvé dans un tableau, ou de Raphaël, ou de Carrache.
Comme il n'y a point de mérite à dérober une tête à Raphaël ou une figure au Dominiquin ; comme le larcin se fait sans grand travail, il est défendu sous peine du mépris public. Mais comme il faut du talent et du travail pour animer le marbre d'une figure antique, & pour faire d'une statue un personnage vivant, & qui concourre à une action avec d'autres personnages, on est loué de l'avoir fait. […]
Il y a bien de la difference entre emporter d'une gallerie l'art du peintre, entre se rendre propre la maniere d'operer de l'Artisan qu'on vient d'admirer, & remporter dans son portefeüille une partie de ses figures. Un homme sans génie n'est point capable de convertir en sa propre substance, comme le fit Raphaël, ce qu'on y remarque de grand & de singulier. Sans saisir les principes géneraux, il se contente de copier ce qu'il a dessous les yeux. Il emportera donc une des figures, mais il n'apprendra point à traiter dans le même goût une figure qui seroit de son invention. L'homme de génie devine comment l'ouvrier a fait. Il le voit travailler, pour ainsi dire, en regardant son ouvrage & saisissant sa maniere, c'est dans l'imagination qu'il remporte son butin.
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Les génies les plus heureux ne naissent pas de grands Artisans. Ils naissent seulement capables de le devenir. Ce n'est qu'à force de travail qu'ils s'élevent au point de perfection qu'ils peuvent atteindre.
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Artistement. Une chose faite artistement, c’est-à-dire avec science, esprit & grande pratique.
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Voilà, comme vous voyez, des raisonnemens & des preceptes des plus solides : ils nous ont à la verité conduits dans une disgression un peu longue ; mais elle ne sera pas moins utile à ceux qui commencent pour se conduire sûrement, qu’agreable aux personnes les plus sçavantes dans ces nobles Arts, qui fondez sur des regles sûres, font reposer la beauté sur leurs ouvrages par la grace que la liberté judicieuse de leur genie y sçait attirer pour en faire un ouvrage parfait.
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La composition qui comprend l’invention & la disposition est la poëtique de la peinture ; plus noble que les deux autres, elle dépend du génie & de l’imagination du peintre ; c’est la distribution & l’agencement de toutes les parties qui doivent, en se secourant l’une l’autre, former un beau tout ; en un mot, c’est l’économie & la disposition de toutes les parties d’un tableau.
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Van de lieffelicke aenlockinge der Schilderyen, en hoe wy ons selven door de bedrieghelickheydt der selvigher willens en wetens laeten vervoeren, souden alhier duysendt exempelen by ghebracht konnen worden; 't welck wy onnodigh achten; overmidts het ghenoeg bekent is, dat goede Schilderyen maer een enckel ooghenspoocksel sijn.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Of the lovely temptation of Paintings, and how we let ourselves knowingly be carried away by the deception of it, a thousand examples could be raised here; which we deem unnecessary; since it is well-known, that good paintings are but a 'phantom of the eye'.
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Hier by sal, oock eyndelingh, een verstandigh Konst-oeffenaer moeten weten, dat hy hem boven de study van alle voorgemelde dingen, seer neerstigh besich houdt omtrent het beschouwen van het natuerlijck leven, ende dat in alle voorvallen daer ’t mogelijck is ghebruycken, want datmen sich soude willen laten voorstaen, soo rasmen eenige trappen vande Konst te boven is geklommen, datmen alle de formen, en doeningen van het leven in sijn memorye kan houden, ende tevoorschijn brenghen, soo wanneermen die aan zijn inventien wil toepassen, die soude sich seer dickwils bedrogen vinden; {By alles watmen navorst moet ook vooral het leven gekent worden.} alwaert saecke yemant in alle de voorige studien sich al heel wel geoeffent had: Want het natuerlijck leven is in alles soo rijck, overvloedigh, konstigh en geleert, dat onse geheughnis op verr’na niet machtig is die geheel te bevatten veel min te behouden: Invoegen men noch Wercks genoegh vint om de gedachten besich te houden ontrent de menighte der saecken, diemen in ’t leven niet altijdt en kan bekomen, ten sy slechts in een schemerent oogenblick, of andersins door een krachtighe verbeeldenskracht, die door het sien van veele saecken ende verstandigh begrijp der dingen op-gekoestert ende ondersteunt wort: Welck ontrent het uytstorten van Geestige fantasien veele vermach; en deswegen niet t’onrecht aengeraden daer na te trachten, want door de inbeeldinge soo konnen wy d’afwesende dingen ons soo gemeen maecken als ofmen die tegenwoordich by sich hadde; {Wat d’Inbeeldingh vermagh.} invoegen daer niet anders dan de handt des Constenaers van nooden is om die op den Schilder-doeck te brenghen; waerom oock eenighe de In-beeldinghen by waeckende Droomen vergeleken hebben.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Finally, a wise practitioner of the Art should also know, that he should diligently occupy himself with the observation of the natural Life, besides the study of all the aforementioned things, and to apply it in all possible occasions, because he would be often feel deceived who would boast – as soon as he has climbed some steps of the Art – that he could store all forms and actions of life in his memory and bring them forth whenever he would want to apply them to his inventions; {In all that one investigates, one should especially know life.} although it is necessary that someone has already practiced a lot in all the aforementioned studies: As the natural life is so rich in everything, abundant, artful and learned, that our memory is not at all capable to conceive it in its entirety and even less to remember: As such one moreover finds enough work to keep the thoughts occupied regarding the quantity of things, that one cannot find in life, unless in a dusky moment, or else by means of a powerful power of imagination, which is enforced and sustained by the observation of many things and a sensible understanding of things: Which may be capable of a lot regarding the pouring out of witty fantasies; and therefore it is justified to advice to attempt this, as we can appropriate the unavailable things by means of the imagination as if we had them presently with us; {What the imagination is capable of.} as such we need nothing but the hand of the Artist to apply it to the Painter’s canvas; which is why some have compared the imaginations to awake Dreams.
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Lysippus heeft in alle sijne wercken een sekere biesaerdigheydt uytghedruckt, iae hy heeft de selvighe in d'alderminste dinghen waer ghenomen. Plin. XXXIV.8.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Lysippus has expressed a certain bizarreness in all his works, yes he has seen it in the smallest things. (…)
From this brief extract, it becomes clear that Junius, basing himself on Plinius, associates the hellenistic sculptor Lysippos with the characteristic of ‘bizarheid’ (bizarreness). He does not explain the reason for this association or what the term means to him. It might be related to the idea of a certain specificity or characteristic style. The phrase about Lysippos is quite different in the English edition: ‘Lysippos is most of all to be commended for fine and queint workmanship ; seeing hee observed in the least things a certain kind of subtiltie.’ [MO]
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Dans les Desseins des grands Maîtres, l’on y remarque trois choses ; la SCIENCE de la composition correcte & de bon goût ; l’ESPRIT dans les expressions vives, & la LIBERTE de la main de ces Sçavans Peintres, qui correspondant à l’idée de leur genie, a sçû si hardiment exprimer ce qu’ils pensoient. C’est ce que nos connoisseurs appellent le SEEL (sic) ou CACHET de l’esprit du PEINTRE, & ce qu’ils ne trouvent pas dans les Desseins insipides ou faits de resouvenir, ou copiez par des Eleves dans la manière de leurs Maîtres, sans rendre ces Desseins nouveaux par les accompagnemens dont ils auroient pu les enrichir.
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Il y en a aussi [ndr : des peintres] qui, soit par leur propre connoissance, soit qu’ils en ayent esté advertis, sçavent d’une bonne partie faire distinction des deffauts qui se trouvent en divers Corps visibles de la nature, & quantité d’autres observations, & se sentans trop peu Sçavants pour remedier à ces choses, recherchent dans les Ouvrages Modernes ou de l’Antiquité, si aucun Artisan de cét Art, n’y a point suppléé ; Cela estant ils le choisissent pour leur servir comme de Principe, Baze, Modelle, ou Fondement, & ainsi s’y attacheront sans vouloir en considérer d’autres : Puis estans arrivez au point, que leurs Ouvrages approchent beaucoup de ceux qu’ils ont ainsi pris ou choisis pour Modelles, ils s’efforcent de pouvoir descouvrir quel a esté le but ou Fondement, de celuy ou ceux qui les ont faits, & s’ils trouvent qu’une partie ait esté faite par l’ayde de vestiges & fragments de ces Excellents Statuaires ou Sculptures, [...], ils les considereront & desseigneront tant & tant de fois, qu’ils en auront l’imagination remplie ; De sorte que venans à former quelques Ouvrages de leur Caprice ou Invention, & mesme se servans du naturel, ce qu’ils produiront tiendra de l’air & de la proportion de ces belles choses ; [...]
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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.
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Plusieurs (b) peintres se sont laissés emporter à leur propre génie ; ils n’ont suivi que leur caprice sans consulter le naturel, & les proportions des figures antiques, les autres se sont contentés d’imiter les habiles gens, qui avoient avant eux examiné ces chef-d’œuvres.
(b) Josepin, Cangiage, les deux Zucchero.
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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.
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Entre les qualités que peut avoir l'Invention simplement Historique, j'en remarque trois, la Fidelité, la Netteté, & le bon Choix.
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Il faut beaucoup plus de Genie pour faire un bon usage des lumieres & des ombres, de l’harmonie des couleurs & de leur justesse pour chaque objet particulier, que pour dessiner correctement une figure.
Le Dessein qui demande tant de tems pour le bien sçavoir, ne consiste presque que dans une habitude de mesures & de contours que l’on repete souvent : mais le Clair-obscur & l’harmonie des couleurs sont un raisonnement continuel, qui exerce le genie, d’une maniere aussi differente que les Tableaux sont composés differemment.
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Or, si la diversité des climats peut mettre tant de varieté & tant de difference dans le teint, dans la stature, dans le corsage des hommes & même dans le son de leur voix, elle doit mettre une difference encore plus grande entre le génie, les inclinations & les mœurs des nations.
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Nu zullen wy deze zaak eens verder onderzoeken, en aanmerken wat ieder in zyn oeffening noodig heeft,{Oogmerk des Schryvers in dit Hoofdstuk.} om zich in staat te stellen van nimmer verleegen te wezen […] Het eerste bestaat in verandering van hertstogten en concepten: het tweede in nieuwigheeden, waar door men ieder een kan behaagen en tot liefde verwekken […] Derhalven zyn veranderingen en nieuwigheeden noodig […] Voor eerst, de Beeldschilders betreffende […] Wat de Landschappen aangaat […]Wat de Zeeschilders belangt […] Betreffende de Architectuur […]Komen wy nu tot de Bloemen […]
[D'après DE LAIRESSE 1787, p.205-208:] Nous allons maintenant […] observer ce que le peintre dans chaque genre [NDR : practice] a besoin de savoir […] nous verrons ensuit s’il y a, en effet, assez de moyens pour exécuter ces idées ; & ce qui est propres à chaque genre de peinture. Le premier moyen consiste dans la variété [ndr : et nouveautés] des passions et des idées ; le second dans la production des choses nouvelles qui peuvent plaire & fixer l’attention [ndr : inspirer l’amour] […] ; ce qui rend la diversité d’idées absolument nécessaire. […] On objectera peut-être qu’il n’y a point assez de ressources pour varier constamment les idées […] je vais indiquer les sources qui peuvent en fournir en abondance […] pour les peintres de figures […], pour les paysagistes […], pour les peintres de marine […], pour l’architecture […], les bouquets […]
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Dewyl dan de Schilders of Tekenaars dit maar voor een tydkorting gebruiken, konnen zy niet gedoogen, dat hunne concepten van anderen geoordeeld of gecorrigeerd zouden werden. Derhalven willen zy die liever zelve met etsen uitvoeren, 't geen zy met snyden bezwaarlyk, ja onmogelyk, zouden konnen te weeg brengen […]
[D'après DE LAIRESSE 1738, p. 633:] And since Painters or Designers care not to have their Designes censured and corrected by others, they chuse rather to etch them themselves, than to set about Engraving ; an Art to be mastered without much expence of Time, in getting Knowledge how to to handle the Tool ; whereby it would become rather Labour than Diversion.
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Mais si nous ne pouvons jamais bien exprimer les Idées des choses comme nous les concevons, parce que la plus grande partie des especes s’en perd avant que nous puissions les representer ; Il ne faut pas douter que celuy qui invente & qui produit ses pensées, ne doive luy-mesme les executer, puis qu’il est bien difficile que ceux qui voudroient travailler aprés luy peussent connoistre ses intentions & suivre les mouvemens de son esprit.
Car s’il a beaucoup de peine luy-mesme à mettre au jour ses conceptions, & si ce qu’il fait approche si peu de l’excellence de ce qu’il a imaginé, comment ceux qui pretendroient de l’imiter ne diminuroient-ils point encore de la grandeur & de la beauté de son dessein ?
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Le Peintre qui a du genie trouve dans toutes les parties de son Art une ample matiere de le faire paroître : mais celle qui lui fournit plus d'occasions de faire voir ce qu'il a d'esprit, d'imagination, & de prudence est sans doute l'Invention. C'est par elle que la Peinture marche de pas égal avec la Poësie, & c'est elle principalement qui attire l'estime des personnes les plus estimables, je veux dire des gens d'esprit, qui non contens de la seule imitation des objets, veulent que le choix en soit juste pour l'expression du sujet.
Mais ce même genie veut être cultivé par les connoissances qui ont relation à la Peinture ; parce que quelque brillante que soit notre imagination, elle ne peut produire que les choses dont notre esprit s'est rempli, & notre mémoire ne nous rapporte que les idées de ce que nous savons, & de ce que nous avons vû. C'est selon cette mesure que les talens des particuliers demeurent dans la bassesse des objets communs, ou s'élevent au sublime, par la recherche de ceux qui sont extraordinaires. C'est par-là que certains Peintres qui, ont cultivé leur esprit ont heureusement suppléé au genie qui leur manquoit d'ailleurs, & que s'élevant avec leur sujet, leur sujet s'éléve & s'agrandit avec eux. Sans les connoissances nécessaires, on fait beaucoup de fautes ; avec elles, tout se presente & se range en son ordre insensiblement.
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Deux divers moyens connüs de Coppier ou Representer sur une Surface Platte, nommée communement Tableau, les Corps visibles de la nature, Ensemble les Composez d’Invention.
Le premier & le plus usité est ayant devant soy les Corps qu’on veut Coppier, ou bien leurs formes dans l’imagination, les Desseigner, Pourtraire ou Representer sur ladite Surface ou Tableau, sans autre regle ny mesure, que celle que l’œil & le jugement luy en peuvent fournir.
Le second est, de faire ladite Representation ou Pourtrait de ces Corps, sur ladite Surface ou Tableau, par le moyen des mesures reglées, en sorte qu'on soit assuré que lesdits objets representez ainsi sur iceluy, facent à l'œil ou aux yeux de ceux qui les regarderont, la mesme sensation ou vision en toutes leurs parties, que leur seroient lesdits Corps ou objets visibles de la nature, pareillement des choses qu'on peut avoir dans l'imagination en sachant les mesures. Or la regle de les representer ainsi, est ce que l’on appelle communement la Perspective, mot qui ne signifie que ceux de Pourtrait, Pourtraiture, Representation ou Tableau, sans laquelle un peintre ou un autre tel Desseignateur, ne peut s’assurer du bon effet de son ouvrage.
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POUSSIN, La Mort de Germanicus
POUSSIN, Le Sacrifice d'Iphigénie
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[...] quoiqu’il se pourroit rencontrer qu’un Copiste qui se seroit tousjours adonné à Copier, sçauroit plus de particularitez qu’un autre qui s’y seroit moins porté, mais neantmoins je croy que le sçavoir de l’Original Peintre l’emporte sur tout cela ; Reste seulement à dire, que le Coppiste qui a eu l’intention de s’attacher à telles circonstances, & qui a l’imagination aucunement forte pour retenir quelques idées de ces choses, peut estre en quelque sorte capable d’en donner des preceptes és occasions.
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Il faut beaucoup plus de Genie pour faire un bon usage des lumieres & des ombres, de l’harmonie des couleurs & de leur justesse pour chaque objet particulier, que pour dessiner correctement une figure.
Le Dessein qui demande tant de tems pour le bien sçavoir, ne consiste presque que dans une habitude de mesures & de contours que l’on repete souvent : mais le Clair-obscur & l’harmonie des couleurs sont un raisonnement continuel, qui exerce le genie, d’une maniere aussi differente que les Tableaux sont composés differemment.
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Je ne dis point pour cela qu'il faille prendre mauvaise augure la critique d'un jeune Artisan qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes. Le génie, loin d'empêcher qu'on ne voïe ces fautes, les fait même apercevoir. Ce que je regarde comme un mauvais présage, c'est qu'un jeune homme soit peu touché de l'excellence des productions des grands maîtres : c'est qu'il n'entre point dans un espece d'enthousiasme en les lisant : c'est qu'il ait besoin, pour connoître s'il doit les estimer, de calculer les beautez & les défauts qu'il y compte, & qu'il ne forme son avis sur le mérite, qu'après avoir soudé son calcul. S'il avoit la vivacité & la délicatesse de sentiment, qui sont inséparables du génie, il seroit reellement saisi par les beautez des ouvrages consacrez, qu'il jetteroit sa balance & son compas pour en juger, ainsi que les hommes en ont toujours jugé, je veux dire par l'impression que ces ouvrages feroient sur lui.
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Echter is het genoegzaam zeker, dat zy [NDR : Schoonheid] meest bestaat in een denkbeeld, 't welk van onze zinnen en oordeel afhangd, zo dat wy het onmogelyk achten, de waare beschryving in een eenig voorwerp daar van te konnen doen. Het zekerste dat wy daar af konnen zeggen, is dit, dat zo veelerlye soort van voorwerpen daar zyn, ook zo veelerly Schoonheid is […]
[D'après DE LAIRESSE 1787, p.74:] On ne cependant nier que la Beauté ne consiste que dans l’idée que notre esprit s’en forme ; de sorte qu’il est impossible, selon moi, d’en donner une définition exacte d’après un objet quelconque. Ce que nous pouvons en dire, avec le plus de certitude, c’est qu’il y a d’objets individuels dans lesquels nous en trouvons […]
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Are. Il paroit par ce qui a eté dit jusqu’ici, que l’invention vient de deux sources, de l’histoire, & de l’esprit du peintre. L’histoire lui fournit simplement la matiere ; mais l’esprit, outre l’ordre & la convenance, produit les attitudes, les diversités, & pour ainsi dire, l’expression des figures ; ce qui est une partie qui lui est commune avec le dessein. Il suffit de dire, que le peintre ne doit point etre negligent en aucune des parties de l’invention, & qu’il ne choisisse qu’un nombre convenable de figures ; considerant qu’il les presente aux yeux des spectateurs, qui embarassés par la trop grande quantité se degoutent ; d’autant plus qu’il n’est pas vraisemblable, qu’en un seul, & meme tems, on leur represente tant de choses.
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Les desseins infiniment superieurs aux estampes, tiennent un juste milieu entr’elles & les tableaux ; ce sont les premieres idées d’un peintre, le premier feu de son imagination, son style, son esprit, sa manière de penser : ils sont les premiers originaux qui servent souvent aux éléves du maître, à peindre les tableaux qui n’en sont que les copies. Les desseins prouvent encore la fécondité, la vivacité du génie de l’artiste, la noblesse, l’élevation de ses sentimens, & la facilité avec laquelle il les a exprimés.
Un peintre en peignant un tableau, se corrige, & réprime la fougue de son génie ; en faisant un dessein, il jette le premier feu de sa pensée, il s’abandonne à lui-même, il se montre tel qu’il est.
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Traveller.
I must then repeat to you what I told you at our first Meeting [ndr : Dialogue I, « Explaining the Art of Painting »] ; which is, That the Art of Painting has three Parts ; which are, Design, Colouring, and Invention ; and under this third, is that which we call Disposition ; which is properly the Order in which all the Parts of the Story are disposed, so as to produce one effect according to the Design of the Painter ; and that is the first Effect which a good Piece of History is to produce in the Spectator ; that is, if it be a Picture of a joyful Event, that all that is in it be Gay and Smiling, to the very Landskips, Houses, Heavens, Cloaths, &c. And that all the Aptitudes tend to Mirth. The same, if the Story be Sad, or Solemn ; and so for the rest. And a Piece that does not do this at first sight, is most certainly faulty though it never so well Designed, or never so well Coloured ; nay, though there be Learning and Invention in it ; for as a Play that is designed to make me Laugh, is most certainly an ill one if it makes me Cry. So an Historical Piece that doth not produce the Effect it is designed for, cannot pretend to an Excellency, though it be never so finely Painted.
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Et toutefois je croy qu’un Excellent praticien de bon sens, & doüé de la qualité de bien s’exprimer, pourroit par la confrontation de deux ou trois Originaux de plusieurs Peintres, & d’autant de diverses Coppies sur iceux, en donner de grandes instructions à ceux, qui quoy que non Praticiens, y auroient du genie disposition & inclination, principalement pour la difference ou distinction des manieres, outre ce qui en sera dit dans ce Traitté, & aussi sçait-on bien qu’il y a quantité de personnes, & mesme de Condition, lesquels à force d’avoir veu plusieurs Tableaux d’un mesme Autheur, & aussi frequenté & entretenu sur ce point divers Praticiens, en reconnoissent les manieres & parties du reste.
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La composition qui comprend l’invention & la disposition est la poëtique de la peinture ; plus noble que les deux autres, elle dépend du génie & de l’imagination du peintre ; c’est la distribution & l’agencement de toutes les parties qui doivent, en se secourant l’une l’autre, former un beau tout ; en un mot, c’est l’économie & la disposition de toutes les parties d’un tableau.
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442. [Et que vous n’ayez present dans l’esprit l'effet de vostre Ouvrage.] Si vous voulez avoir du plaisir en peignant, il faut avoir tellement pensé à l'œconomie de vostre Ouvrage, qu'il soit entierement fait & disposé dans vostre teste, avant qu'il soit commencé sur la toile : il faut, dis-je, prévoir l'effet des Grouppes, le Fond, & le Clair-Obscur de chaque chose, l'Harmonie des Couleurs, & l'intelligence de tout le Sujet, de sorte que ce que vous mettrez sur la toile ne soit qu’une Copie de ce que vous avez dans l'esprit. Si vous vous servez de cette conduite, vous n'aurez pas la peine de changer & rechanger tant de fois.
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Myn gevoelen is, dat dit voorige meest uit de eigenzinnigheid van den Konstenaar voortkomt; en dat 'er niets meer in een Wedergaa word vereischt, als een evengelyk oogpunt en gelykvormigheid der beelden, wanneer ze op een gelyke hoogte hangen moeten: maar die het overige daar by wil gevoegd hebben, zoekt het vyfde rad aan een wagen. Want waarom zoude ik myn vermaak niet mogen hebben, na myne lust in het beschouwen van een naare wildernis te hebben geboet, zulks ook te doen in het zien van een aangenaame vlakte, of in het verschil van een Landschap met bosch in tegenstelling van een zoete rivierkant en een vermaakelyke doorzicht? My dunkt, de naam [ndr : Weêrgaâs] zelf wyst het genoegsaam aan, te weeten dat het twee Stukken zyn van een gelyke hoogte en breette, gelykvormig van lyst, hun licht ontfangende uit eene zelve zyde der plaats daar zy hangen, het zy over of naast malkander, meest even zwaar of vol werk, gelyke grootte der beelden, verminderende allengs na het oogpunt. En belangende de gedachten, of het concept, hoe verschillender hoe beter en aangenaamer; op dat men den ryken en vloeijenden geest des Meesters daar in gewaar moge werden.
[D'après DE LAIRESSE 1787, vol.2, p.29:] Il me semble que ces raports dépendent entièrement de la volonté de l’artiste, & que les seules choses qu’il faille absolument observer dans deux tableaux destinés à servir de pendans, se reduisent à un point de vue égal & à une parfaite uniformité entre les figures, lorsqu’on veut les pendre à une même hauteur : le reste est tout-à-fait arbitraire & même inutile. Car pourquoi ne seroit-il pas permis, après avoir satisfait sa curiosité à regarder un désert affreux, de récréer sa vue à voir une campagne fertile & agréable, ou de contenter son goût, en passant successivement d’un paysage ombragé, à un site ouvert, ou à une vue du Rhin ou de quelque marine. Il me semble que le mot Pendans donne assez à entendre que ce sont deux tableaux d’une même grandeur, avec une bordure semblable, qui recoivent le jour du même côté, soit qu’ils pendent l’un vis-à-vis ou l’un à côté de l’autre, à peu près également remplis d’objets, avec des figures de même grandeur, qui diminuent en égale proportion, en fuyant vers le point de vue. Quant à la composition, plus elle diffère dans les deux tableaux, plus il en résulte de beauté & d’agrément, parce que cela nous prouve la richesse d’idées du maître.
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Zweyerley Process im Mahlen: mit freyer Hand}/ Es gibt wackere Geister/ welche/ als wol experimentirt und erfahren/ ihnen eine Ideam von jeder Sache gleich einbilden/ und dieselbe/ ohne fernere Mittel/ ausmachen können. Solches aber ist nicht eines jeden Thun/ sondern eine absonderliche Gabevon meisterhaftem Verstand mag auch nur geschehen bey kleinen Werken von wenig Bildern oder stillstehenden Sachen/ daran nicht viel gelegen ist.
{und nach dem Vor-Riß} Andere sind/ die mit viel Arbeit und Bemühung sich setzen/ und ihre Meinung/ was sie in Gedanken gefasset/ mit Kreide oder Bleyweiß auf Papier zeichnen/ hernach auf ein mit einer ölichten Farb gegründtes Tuch/ den Umriß/ samt aller Zugehör/ auftragen/ folgends wol betrachten/ und mit todten Farben (welches man Untermahlen nennet) die noch-befindliche Fehler ausbässern/ heissen/ und endlich/ wann es wol trucken/ mit Fleiß übermahlen und ausmachen.
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{Die Vernunft/ ist der Zeichnung Ursprung} Die Zeichnung […] ihren Ursprung aus der Vernunft hat/ so erfordert solche eine sonderbares Urtheil/als die universal-Form/Idea oder Modell aller Dinge/so die Natur jemahls gebohren. Dann diese machet in dem menschlichen Leib/ in den Thieren und Pflanzen/ folgbar auc die Gebäu- Bildhauer und Mahlerey-Arbeit/ die proportion und Gleichheit zwischen dem ganzen völligen Corpo und seinen Theilen/und den Unterschied zwischen denselben erkennen. Und aus dieser Erkäntnis entspringet eine gewiße imagination, Einbildung/ Meinung und Urtheil / welches ihm der Künstler in seinem Verstand vor-formet/ und nachmals mit Kreide/ Rötel oder Kohlen/ durch die Hand/ zu Papier bringet.
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Des Absehens/ muß allhie zuvörderst wiederholet werden/ daß die Zeichenkunst/ (als die bey den Alten/ Reissen genandt war) die rechte und einige Mutter und Nährerin unserer dreyer Künsten ist/ und aus der Vernunfft/ durch gewisse imagination, oder Einbildung/ in dem Verstand/ zuvorderst alles formirt, was hernacher durch die Hand zu Papier gebracht wird. Dieser erkenntliche Entwurff/ und concept unserer Ideae, oder Sinn-Musters/ welches wir/ im Gemüt gleichsam ausgebreitet vor Augen stellen […].
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On entrevoit dans un dessein deux caracteres, celui de l’esprit & celui de la main.
Le caractere de l’esprit dans un dessein s’entend de l’élevation de la pensée, de l’enthousiasme, & du grand jugement, qu’un peintre fait voir dans l’ordonnance de son ouvrage.
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La mécanique de la Peinture est très-pénible, mais elle n'est pas rebutante pour ceux qui sont nez avec le génie de l'art. Ils sont soutenus contre le dégoût par l'attrait d'une profession à laquelle ils se sentent propres, & par le progrès sensible qu'ils font dans leurs études. Les Eleves trouvent encore partout des Maîtres qui leur abregent le chemin. Que ces Maîtres soient de grands hommes ou des ouvriers médiocres, il n'importe, l'Eleve qui aura du génie, profitera toujours de leurs enseignements. Il lui suffit que ces Maîtres lui puissent enseigner une pratique, qu'on ne sçauroit ignorer, quand on a professé cet art durant dix ou douze années. Un Eleve qui a du génie, apprend à bien faire, en voïant son Maître faire mal. La force du génie change en bonne nourriture les préceptes les plus mal digerez. Ce qu'un homme né avec du génie, fait de mieux, est ce que personne ne lui a montré à faire. […]
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C'est en vain qu'un pareil sujet fait son apprentissage sous le meilleur maître, il ne sçauroit faire dans une pareille école les mêmes progrès qu'un homme de génie fait dans l'école d'un maître médiocre. Celui qui enseigne, comme le dit Quintilien, ne sçauroit communiquer à son disciple le talent de produire & l'art d'inventer, qui font le plus grand mérite des Peintres & des Orateurs. [...] Le Peintre peut donc faire part des secrets de sa pratique, mais il ne sçauroit faire part de ses talens pour la composition & pour l'expression. Souvent même l'Eleve dépourvu du génie, ne peut atteindre la perfection où son maître est parvenu dans la mécanique de l'art. L'imitateur servile doit demeurer au-dessous de son modele, parce qu'il joint ses propres défauts aux défauts de celui qu'il imite. D'ailleurs si le maître est homme de génie, il se dégoûte bien-tôt d'enseigner un pareil sujet. Il est au supplice quand il voit que son éleve n'entend qu'avec peine ce qu'il comprenoit d'abord, lorsque lui-même il étoit Eleve. [...]
On ne trouve rien de nouveau dans les compositions des peintres sans génie, on ne voit rien de singulier dans leurs expressions. Ils sont si stériles qu'après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; & quand on sçait le tableau qu'ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l'ouvrage.
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Au lieu que les Artisans sans génie, qui sont aussi propres à être les Eleves du Poussin que du Titien, demeurent durant toute leur vie dans la route où le hazard les peut avoir engagez, les Artisans doüez de génie, s'apperçoivent, quand le hazard les égare, que la route qu'ils ont prise n'est point celle qui leur convient. Ils l'abandonnent pour en prendre une autre ; ils quittent celle de leur maître pour s'en faire une nouvelle. Par maître, j'entends ici les ouvrages aussi bien que les personnes.Raphaël, mort depuis deux cens ans, peut encore faire des Eleves. Notre jeune Artisan, doüé de génie, se forme donc lui-même une pratique pour imiter la nature, & il forme cette pratique des maximes résultantes de la réflexion qu'il fait sur son travail & sur le travail des autres. Chaque jour ajoûte ainsi de nouvelles lumieres à celles qu'il avoit acquises précedemment. […] Le génie est dans les hommes, ce qui vieillit le dernier. […] Plusieurs témoins oculaires m'ont raconté, que le Poussin avoit été jusques à la fin de sa vie un jeune Peintre du côté de l'imagination. Son mérite avoit survécu à la dextérité de sa main, & il inventoit encore, quand il n'avoit plus les talens nécessaires à l'exécution de ses inventions.
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Je ne dis point pour cela qu'il faille prendre mauvaise augure la critique d'un jeune Artisan qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes. Le génie, loin d'empêcher qu'on ne voïe ces fautes, les fait même apercevoir. Ce que je regarde comme un mauvais présage, c'est qu'un jeune homme soit peu touché de l'excellence des productions des grands maîtres : c'est qu'il n'entre point dans un espece d'enthousiasme en les lisant : c'est qu'il ait besoin, pour connoître s'il doit les estimer, de calculer les beautez & les défauts qu'il y compte, & qu'il ne forme son avis sur le mérite, qu'après avoir soudé son calcul. S'il avoit la vivacité & la délicatesse de sentiment, qui sont inséparables du génie, il seroit reellement saisi par les beautez des ouvrages consacrez, qu'il jetteroit sa balance & son compas pour en juger, ainsi que les hommes en ont toujours jugé, je veux dire par l'impression que ces ouvrages feroient sur lui.
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Par un charme secret que nous sentons mieux que nous ne pouvons le définir, la peinture s’empare de nos sens ; elle fait passer pour vrai ce qui est faux, pour vivant ce qui est mort, é nous ne sortons de cette illusion que pour admirer l’art qui la cause. Cet art demande conséquemment un génie fécond & élevé, une imagination vive & brillante, de l’enthousiasme, du sublime, un jugement exquis, un esprit capable de prendre toutes sortes de formes & de les exprimer.
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Il y a donc des momens heureux pour le génie, lorsque l’ame enflammée comme d’un feu divin se représente toute la nature, & répand sur tous les objets cet esprit de vie qui les anime, ces traits touchants qui nous séduisent ou nous ravissent.
Cette situation de l’ame se nomme Enthousiasme, terme que tout le monde entend assez, & que presque personne ne définit. Les idées qu’en donnent la plupart des Auteurs paroissent sortir plutôt d’une imagination étonnée & frappée d’enthousiasme elle-même, que d’un esprit qui ait pensé ou réfléchi. Tantôt c’est une vision céleste, une influence divine, un esprit prophétique : tantôt c’est une yvresse, une extase, une joie mêlée de trouble & d’admiration en présence de la Divinité. Avoient-ils dessein par ce langage emphatique de relever les Arts, & de dérober aux Prophanes les Mystères des Muses ?
Pour nous qui cherchons à éclaircir nos idées, écartons tout ce faste allégorique qui nous offusque. Considerons l’Enthousiasme comme un Philosophe considere les Grands, sans aucun égard pour ce vain étalage qui l’environne & qui le cache.
La Divinité qui inspire les Auteurs excellens quand ils composent est semblable à celle qui anime les Héros dans les combats :
Sua cuique Deus fit dira Cupido
Dans les uns, c’est l’audace, l’intrépidité naturelle animée par la présence même du danger. Dans les autres, c’est un grand fonds de génie, une justesse d’esprit exquise, une imagination féconde, & surtout un cœur plein d’un feu noble, & qui s’allume aisément à la vue des objets. Ces ames privilégiées prennent fortement l’empreinte des choses qu’elles conçoivent, & ne manquent jamais de les reproduire avec un nouveau caractere d’agrément & de force qu’elles leur communiquent.
Voilà la source & le principe de l’Enthousiasme. […]
Quotation
C’est pour le même effet que ce même enthousiasme est nécessaire aux Peintres & aux Musiciens. Ils doivent oublier leur état, sortir d’eux-mêmes, & se mettre au milieu des choses qu’ils veulent représenter. S’ils veulent peindre une bataille ; ils se transportent, de même que le Poëte, au milieu de la mêlée ; ils entendent le fracas des armes, les cris des mourans : ils voient la fureur, le carnage, le sang. Ils excitent eux-mêmes leur imagination jusqu’à qu’ils se sentent émus, saisis, effrayés, […]
Quotation
Mais qu’est-ce que l’Enthousiasme ? Il ne contient que deux choses : une vive représentation de l’objet dans l’esprit, & une émotion du cœur proportionnée à cet objet (a)
(a) Dans les sujets qui demandent l’enthousiasme, le Dieu n’enleve pas le Poëte, dit Plutarque, il ne fait que lui donner des idées vives, lesquelles idées produisent des sentimens qui leur repondent […]
Quotation
II. Was das Gemähl seye, p. 128
Das Gemähl ist eine Gleichheit dessen/ das man sehen kan/ sagt Socrates bey Xenoph.I.3. Solche Gleichheit erfreut das Gesicht mit ihrer Schönheit/ schärpfet den Verstand mit ihrer Artigkeit/ erfrischet das Gedächtniß mit gemercksamen Bildern/ erquicket das Gemüth mit allerhand seltnen Erfindunge[n]/ entzündet die Begierden zu vielen Heldentugenden/ ist bei Fürsten angenehm/ bey den Gelehrten wehrt/ von der Jungend geliebt und vo[n] jedermann gelobet. Hat auch in Kriegswesen einen grossen Nutzten/ das Abwesende/ als Gegenwärtig fürzustellen.
Xénophon est cité d'après l'édition française de François Charpentier (1620-1702) : Les Choses Mémorables De Socrate/ ouvrage de Xenophon/ traduit de Grec en François..., Paris, Camusat, 1650.
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Moyen d’eveiller l’esprit, & d’exciter l’imagination à produire plusieurs inventions diverses
Je ne feindray point de mettre icy parmy ces enseignements une nouvelle invention, ou plustost une maniere de speculer, laquelle bien que fort petite en apparence, & presque digne de mocquerie, est neanmoins tres-utile pour eveiller & ouvrir l’esprit à diverses inventions. Et voicy comment : Si vous prenez garde aux salissures de quelques vieux murs […] il s’y pourra rencontrer des inventions & des representations de divers païsages […] & une infinité d’autres choses ; parce que l’esprit s’excite parmy cette confusion, & y découvre plusieurs inventions.
Quotation
L’Invention, ou le Genïe d’historier et de concevoir une belle Idée sur le Sujet qu’on veut peindre est un Talent naturel qui ne s’acquièrt ny par l’estude, ny par le travail : c’est proprement le Feu de l’esprit, lequel excite l’Imagination et la fait agir. Or comme cette partie de l’Invention tient naturellement le premier lieu dans l’ordre des choses […] aussi montre-t-elle plus qu’aucune autre la qualité de l’esprit ; s’il est Fecond, Judicieux, & Relevé : ou au contraire, s’il est sterile, confus, et bas.
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[ndr : LE DISCIPLE]
[...] j’y dessine ce que je me suis formé dans l’esprit ou imagination
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Mais les judicieux & bien avisez, qui ont leu les Histoires, tâchent de tout leur pouvoir de les suivre ponctuellement, ou si ils ne le peuvent ainsi que j’ay dit, à cause qu’ils n’en ont aucuns vestiges, enseignemens, ny memoires, ils se doivent détacher de toutes ces idées, qui leur peuvent venir dans l’esprit, qui ressemblent non seulement aux modernes, mais aux Grecques, aux Romains & autres, qui ne leur conviennent pas.
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{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point.
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{LXI. L’Original dans la Teste, & la Copie sur la Toile.}
Ne donnez jamais aucun coup de Pinceau, qu’auparavant vous n'ayez bien examiné vostre Dessein, arresté vos Contours, *& que vous n'ayez present dans l'Esprit l'Effet de vostre Ouvrage. […]
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442. [Et que vous n’ayez present dans l’esprit l'effet de vostre Ouvrage.] Si vous voulez avoir du plaisir en peignant, il faut avoir tellement pensé à l'œconomie de vostre Ouvrage, qu'il soit entierement fait & disposé dans vostre teste, avant qu'il soit commencé sur la toile : il faut, dis-je, prévoir l'effet des Grouppes, le Fond, & le Clair-Obscur de chaque chose, l'Harmonie des Couleurs, & l'intelligence de tout le Sujet, de sorte que ce que vous mettrez sur la toile ne soit qu’une Copie de ce que vous avez dans l'esprit. Si vous vous servez de cette conduite, vous n'aurez pas la peine de changer & rechanger tant de fois.
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Il y a mesme dans cét Art, comme dans la Peinture, ce qu'on appelle goust ; & chaque Ouvrier a le sien. C'est une disposition de l'esprit, qui, selon sa force, & la netteté de ses pensées, regarde les choses d'une telle maniére, qu'il en voit toûjours le plus beau, & donne un tour agréable à tout ce qu'il veut faire.
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Le grand effort de cét Art est lors que la main exécute heureusement, & par des traits bien formez, ce que l’esprit a conceû, en sorte que ces traits & ces figures exposent à la veüe les vraies images des choses qu’on veut representer ; mais de telle sorte, qu’il y ait une belle proportion dans les corps, & une vive expression dans leurs actions, & dans leurs mouvemens.
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[…] il faut s’accoustumer à bien remarquer dans toutes les occasions ce qui est digne d’estre observé, & s’en imprimer fortement les images dans l’esprit, afin d’avoir dans la memoire, comme un magasin de diverses espéces, qui fournissent par aprés à toutes les choses dont on aura besoin. Elles serviront mesme à fortifier l’imagination, & lui aideront à produire de nouvelles Images : Car elle est si puissante, que comme a fort bien dit un sçavant Empereur {Julian Orat. 8.}, non seulement elle donne à l’esprit à juger des choses qui sont devant nous, mais elle luy represente encore celles qui sont éloignées de plusieurs lieuës, & les fait voir plus clairement, que ce qui est devant nos yeux, & que nous touchons.
Mais ces moyens dont je vous parle dépendent en premier lieu du genie du Peintre : Car s’il est grand, il se sent porté à rechercher plûtost les belles actions, & les beaux effets de la nature, que les choses basses et communes : En second lieu, de la force de son esprit, qui le fera entrer plus avant dans les passions des hommes, pour les bien exprimer dans ses Tableaux : Et en dernier lieu, de la netteté de son jugement, qui luy fera choisir ce qu’il y a de plus beau, & rejetter ce qui est vil & superflu. Ces trois qualitez sont necessaires, pour entreprendre & achever les grands Ouvrages […].
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Ce que j’aurois encore à dire, c’est qu’un Peintre ne doit jamais contraindre son esprit quand il veut produire quelque ordonnance. Il doit attendre que son feu soit allumé, s’il faut ainsi dire, pour exprimer ses conceptions ; & lors qu’il est en belle humeur, se laisser emporter doucement au courant de ses belles imaginations.
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[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.
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[...] On peut dire de la Peinture comme de la Poësie, & s’il faut pour reussir en celle-cy estre nay Poëte, il n’est pas moins necessaire d’estre nay Peintre, pour estre parfait en celle-là. J’entends que le jeune Peintre doit estre pourvû d’un esprit fort & solide, disciplinable, & capable de grandes entreprises, d’une ame courageuse, d’un beau genie, inventif & rempli du beau feu qui fait les galands hommes : Il faut surtout qu’il ait de l’amour pour sa Profession, duquel naistra celui de l’étude & du travail, qui sont les deux aisles desquelles il se doit servir, pour arriver à la perfection de son Art : De plus, il doit avoir une bonne éducation, qui le rende civil, honneste, gracieux & moderé dans ses actions, à quoy il faut encor adjoûter un corps bien fait, une bonne santé, une suffisante commodité des biens de fortune, pour pouvoir étudier librement & sans craindre la necessité, qui oblige ceux qui en ressentent les incommodités, de negliger l’étude, pour penser seulement à gaigner de quoy vivre.
Restout donne ici une définition du peintre savant et reprend le lieu commun de l’Ut pictura poesis
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[...] mon Maistre me fist remarquer bien d’autres beautés que celles que les Cabalistes admirent dans les ouvrages de leurs Chefs : Car outre qu’il n’y manquoit rien de celles-là qui ne regardent que la pratique de l’Art, il m’y fist découvrir tant de science & d’étude, qu’il est presque aussi difficile de les exprimer, que de les imiter, à moins que d’avoir les mêmes connoissances desquelles ces rares Esprits se servoient, pour faire de si excellens Ouvrages.
Il ne me parla point de la Vaguesse du Coloris, de la Morbidesse des Carnations, de la Franchise du Pinceau, ny des autres termes extravagans à la mode de nos Cabalistes ; mais bien de la beauté, diversité, netteté & sublimité des pensées, de cette manière noble & majestueuse de traiter un sujet, de la discretion à le remplir dignement & convenablement à la verité de l’Histoire qu’il represente, & au Mode dans lequel il se rencontre ; de l’exacte & sçavante observation du Costume, dans laquelle ces anciens Maistres faisoient consister tout ce que la Peinture a d’ingenieux & de sublime ; de cette pointe d’esprit & de cet excellent genie, qu’ils faisoient paroistre dans leurs Ouvrages, dont les Ecrivains les ont loüés si hautement : De là suivoit la judicieuse & convenable disposition des lieux & des figures, la force & la diversité des expressions, l’élégance & le beau choix des attitudes, la diligence & l’exactitudes dans le dessein, la beauté & la variété des proportions, la position aisée & naturelle des figures sur leur centre de gravité ou équilibre, & conformément aux regles de la Perspective des Plans, qui est le lien & le soûtien de toutes les beautés de la Peinture, & sans laquelle elle n’est qu’une pure barboüillerie de Couleurs ; mais sur tout, cet agrément & cette grace admirable dans les mouvemens, qui est un talent autant rare qu’il est precieux.
On pouvoit encore admirer la lumiere bien choisie, & répanduë avec discretion sur les objets, selon leur proximité ou éloignement de l’œil, & les accidens du lumineux, du Diaphane & du corps éclairé ; les differens effets des lumieres primitives & derivatives, l’amitié & la charmante harmonie (pour ainsi dire) des Couleurs, par leur degrés proportionnés de force ou d’afoiblissement, suivant les regles de la Perspective aërienne, ou par leur sympatie naturelle : Enfin, cette Eurithmie dans toutes les parties de l’Ouvrage, auquel elle donne son prix & sa valeur.
Voilà une partie des veritables & solides beautés, que mon Maistre me fist observer dans les admirables Ouvrages de ces grands Hommes, qui ont charmé toute l’Antiquité, & dont le seul recit charme encor tous ceux qui l’entendent.
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CHOSES
Qui ne s’apprennent point, & qui sont parties essentielles à la Peinture.
PREMIEREMENT pour ce qui est de la matiere, elle doit estre noble, qui n’ait receü aucune qualité de l’ouvrier. Et pour donner lieu au Peintre de montrer son esprit & son industrie, il faut la prendre capable de recevoir la plus excellente forme. Il faut commencer par la disposition, puis par l’ornement, le décore, la beauté, la grace, la vivacité, le costume, la vraysemblance, & le jugement par tout. Ces dernieres parties sont du Peintre, & ne se peuvent enseigner. C’est le rameau d’or de Virgile, que nul ne peut trouver ni cueïllir, s’il n’est conduit par le Destin. Ces neuf parties contiennent plusieurs choses dignes d’estre écrites par de bonnes & sçavantes mains.
Extrait d’une lettre de Poussin à Fréart de Chambray du 7 mars 1665.
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Vous pouvez remarquer, repartis-je, qu’il [ndr : Poussin] ne dit rien des choses qui regardent la pratique, & qu’il ne s’attache qu’à la theorie, ou plûtost à ce qui dépend seulement du génie & de la force de l’esprit : ce qu’il faut particulierement considerer dans le Poussin, qui par là s’est si fort élevé au dessus des autres Peintres.
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C’estoit souvent ce souvenir de quantité de Tableau que Bourdon avoit veûs, & qu’il vouloit imiter, qui affoiblissoit ses ouvrages. Car qu’un Peintre ait l’esprit plein de plusieurs choses qu’il aura veûës, ou mesme que son imagination luy fournisse un grand nombre de pensées, s’il n’a assez d’esprit & de jugement pour les bien ordonner, tout son ouvrage sera rempli de confusion.
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Are. Il paroit par ce qui a eté dit jusqu’ici, que l’invention vient de deux sources, de l’histoire, & de l’esprit du peintre. L’histoire lui fournit simplement la matiere ; mais l’esprit, outre l’ordre & la convenance, produit les attitudes, les diversités, & pour ainsi dire, l’expression des figures ; ce qui est une partie qui lui est commune avec le dessein. Il suffit de dire, que le peintre ne doit point etre negligent en aucune des parties de l’invention, & qu’il ne choisisse qu’un nombre convenable de figures ; considerant qu’il les presente aux yeux des spectateurs, qui embarassés par la trop grande quantité se degoutent ; d’autant plus qu’il n’est pas vraisemblable, qu’en un seul, & meme tems, on leur represente tant de choses.
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Leonard de Vinci fut egal en toutes choses à Michel Ange : mais il avoit l’esprit si elevé qu’il n’etoit jamais content de ce qu’il avoit fait, & quoiqu’il fit tout bien, il avoit du prodigieux à peindre les chevaux.
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Par un charme secret que nous sentons mieux que nous ne pouvons le définir, la peinture s’empare de nos sens ; elle fait passer pour vrai ce qui est faux, pour vivant ce qui est mort, é nous ne sortons de cette illusion que pour admirer l’art qui la cause. Cet art demande conséquemment un génie fécond & élevé, une imagination vive & brillante, de l’enthousiasme, du sublime, un jugement exquis, un esprit capable de prendre toutes sortes de formes & de les exprimer.
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On entrevoit dans un dessein deux caracteres, celui de l’esprit & celui de la main.
Le caractere de l’esprit dans un dessein s’entend de l’élevation de la pensée, de l’enthousiasme, & du grand jugement, qu’un peintre fait voir dans l’ordonnance de son ouvrage.
Le caractere de la main est la pratique que chaque maître se forme pour operer ; cette main doit obéïr à la pensée, elle n’est que son esclave, c’est la tête qui fait le dessein, & qui conduit la main qui ne fait qu’executer.
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Il faut, ce me semble, laisser agir son genie dans la production, & l’ordonnance de ses Figures, jusques à ce qu’on ait disposé tout son sujet ; & lors qu’on en a arresté la composition, on peut revoir ses desseins, & se servant de ses études, corriger ce qu’on a fait sur l’exemple des belles choses qu’on aura remarquées.
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Le Peintre se doit estudiez à se connoistre soy mesme, afin de cultiver les talans, qui font son genie, & qu’il a receu de nature, & de ne perdre point malheureusement le temps à la recherche de ceux qu’elle luy a refusez.
De mesme que les fruicts n’ont jamais le goust, & que les fleurs la beauté qui leur est naturelle, lorsqu’ils sont dans un fond étranger, & qu’on les fait avancer plustost que leur saison par la chaleur artificielle. Ainsi vous avez beau peiner vos ouvrages, si c’est malgré vostre genie & contre la pente de la nature, ils ne reussiront jamais.
En meditant sur ces veritez, en les observant soigneusement, & y faisant toutes les reflections necessaires, que le travail de la main accompagne vostre estude, qu’il la seconde, & qu’il la soustienne, sans pourtant emousser la pointe du genie, & en abbatre la vigueur par trop d’exactitude.
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Le génie est donc une plante, qui, pour ainsi dire, pousse d'elle-même ; mais la qualité, comme la quantité de ses fruits, dépendent beaucoup de la culture qu'elle reçoit. Le génie le plus heureux, ne peut être perfectionné qu'à l'aide d'une longue étude. [...]
Mais un homme né avec du génie, est bien-tôt capable d'étudier tout seul, & c'est l'étude qu'il fait par son choix, & déterminé par son goût, qui contribuë le plus à le former. Cette étude consiste dans une attention continuelle sur la nature. Elle consiste dans une réflexion sérieuse sur les ouvrages des grands maîtres, suivie d'observations sur ce qu'il convient d'imiter, & sur ce qu'il faudroit tâcher de surpasser. Ces observations nous enseignent beaucoup de choses, que notre génie ne nous auroit jamais suggerées de lui-même, ou dont il ne se seroit avisé que bien tard. On se rend propre en un jour des tours & des façons d'operer, qui coûterent aux inventeurs des années de recherche & de travail. En supposant même que notre génie auroit eu la force de nous porter un jour jusques-là, quoique la route n'eut pas été fraïée, nous n'y serions parvenus du moins, avec le seul secours de ses forces, qu'au prix d'une fatigue pareille à celle des Inventeurs.
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{Of Imitation.} The powers of a Painter, is expresses, by Imitation of Naturall things, whereof the most excellent, are ever, the most difficult ; easie to paint deformity.
{In severall graces and abilities.} In your Imitations of Art or Copying, observe to hit the virtues of the Piece, and to refuse the vices ; for all Masters have somewhat, of them both. For, Paintings, may be puft-up, but not stately ; starved in Colour, nor delicate ; rash, not Confident ; Negligent, not Plain. […].
{Of Fancie.} Proficiency of Painting, is purchased, not (altogether) by Imitation, (the common drole-way of ordinary Painters) if you neglect the amendment, by your own generous fancie ; (Est autem proprie Imago rerum animo insidentium). For, he that only follows another’s steps, must (needs) be the last in the race : Lazy Painters study not, the brain : Nature can do much with Doctrine ; but not Doctrine, without Nature : Nature, is of greater Moment : Every Artificer hath a peculiar Grace, in his own worke, agreeing to his Nature ; though many (of the other sort,) owe most to Doctrine.
{Surpassing Imitation.} The force, of Imitation of Nature, is in the Fancie ; which worketh with the more Wisdome. It being an imaginative faculty, or wit, and is set on worke to imagine, what we have seen (or at least made up with some other Sense) being the Print or foot-steps of Sense. It is the treasury of the mind, The darkness of night awakes our Speculations of the day ; when sleep failes, the Mind does, then, digest the conceived things into Order ; that so, the whole invention wants nothing, but the hand of the Artificer, to effect the worke ; and, without Art, to do, Imagination is uselesse ; Fancie supplyes Imitation’s weakness : the property and Office whereof, is to retain those images, and figures, which the Common Sense receives : First, from the exterior sense ; and then transmits it to the judgemnt ; from thence, to the fancie ; and there locked up, and covered in the memory ; and we may alter and move with the re-presentation of things, although it have them not present, which the common Sense cannot have, unlesse present.
[…].
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I cannot prescribe, how to order your light, in a piece of Landskip by the Life ; for according to the place, as you look North, or Southward, East, or West-ward, as the time of the day and the Sun’s declination, so must you order your shadows as they appear. But in all working of Painting by Fancie, let your light descend from your left, to your right hand : So will it appear upon the work, from the right to the left, the more gracefull. […].
{To make a Landskip.} In making it ; First, beginne with a large skie or Element and if there be any shining or reflection of the Sunne, (in which only the Dutch are neat and curious,) then you must be carefull, by no meanes to mixe Red-lead, or Mene, in the purple of the skie, or Clouds, but only with Lake and White ; […] For you must not mingle the blew Colours of the Clouds with any Pensil that hath touched Masticoate ; It will make the skie Greenish and discoloured.
[…].
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't Is ghewisselick een uyttermaeten groote saeck de waere verbeeldinghen van allerley roerende ende onroerende dinghen in sijn ghemoedt op te legghen; evenwel nochtans is het noch een meerder saecke datmen een levende ghelijckenisse deser inwendigher verbeeldinghen kan uytwercken, voornaemelick indien den Konstenaer niet en blijft hanghen aen dese of geene bysondere wercken der Natuere, maer liever uyt opmerkinghe van d'aller schoonste lichamen die erghens te vinden sijn een volmaeckt voor-beeldt in sijn fantasije indruckt,
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is clearly an extremely important case to imprint the true representations of all sorts of movable and unmovable things in one's mind; even so it is an even more important case that one can bring about a living similitude of these inner representations, especially if the Artist does not stick to these or other specific works of Nature, but rather by observation imprints a perfect example of the most beautiful bodies that can be found anywhere in his fantasy.
Quotation
Beneffens dese voornoemde Imitatie der naturelicker lichaemen door welcke de Konstenaers aengeleyd worden om allerley sienelicke dingen nae 't leven uyt te drucken, so staet ons alhier noch een andere soorte van Imitatie aen te mercken, door welcke den Konstenaer sich verstoutet oock soodaenighe dinghen af te beelden die van 's menschen ghesicht verde sijn afgescheyden. Ende al hoewel de voornaemste kracht van dese imitatie in de fantasije bestaet, soo is het nochtans dat wy d'eerste beginselen deser imaginatie onsen ooghen moeten danck weten; want d'inwendighe verbeeldinghen die in onse ghedachten spelen, konnen daer in noyt ghefatsoenert worden 't en sy dat wy eerst de ghedaente der dinghen ergens in 't rouwe met onse ooghen hebben aenschouwet, of ten minsten met d'een of d'ander onser vijf sinnen hebben ghevoelt.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Besides this aforementioned Imitation of natural bodies by which the Artists are stimulated to express all sorts of visible things after life, we should here consider another type of Imitation, by which the Artists dares to also depict such things that are far removed from man's view. And although the principal power of this imitation exists in the fantasy, then we should still thank our eyes for the first beginnings of this imagination; as the internal representations that play in our thoughts can never be modeled there, unless we have first beheld the shape of things somewhere in coarse with our eyes, or at least have felt with one or another of our five senses.
Junius identifies to types or levels of imitation. The first type occupies itself with expressing the natural world directly. The second type of imitation starts by this direct observation of nature, but subsequently processes this observation in the mind, by means of fantasy.[MO]
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Themistius heeft dit alles wonderlick wel uyt gedruct. De fantasije, seght hy {Lib II. Geograph.}, is een Printe ende eenen voetstap der dinghen die wy sien en voelen. Want ghelijck den handtboom door onse handen bewoghen sijnde, den steen beweeght: ghelijck oock de Zee door den windt bewoghen zijnde, het Schip beweeght: soo en is 't gheen wonder dat het selvighe mede voorvalt in die dinghen dewelck wy sien ende ghevoelen, want ons ghevoelen door d'uytwendighlick ghevoelicke dinghen gaende ghemaeckt sijnde, ende alsoo een ghedaente aenghenomen hebbende van 't ghene daer door het sich selven bewoghen vindt, beweeght oock in de volmaeckte schepselen een andere kracht haeres ghemoedts, die men de fantasije naemt; welckers aerdt is de Printen die haer door 't ghevoelen worden over ghelevert ende in ghedruckt binnen in haer selven op te legghen, ende alsoo daer in te verseghelen dat se voor een goede wijle tijdts, nae dat nu de ghevoelicke dinghen uyt d'ooghen wech ghenomen sijn, de Voet-Printen der selvigher dinghen behouden.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Themistius has expressed all of this remarkably well. The fantasy, he says {…}, is a print and a footstep of the things we see and feel. Because like the lever [NDR: which is] moved by our hands, moves the rocks: and like the sea [NDR: which is] moved by the wind, moves the Ship: so it is no wonder that the same happens as well in those things which we see and feel, as our feelings have been put into motion by externally felt things, and as such have taken a shape of that which is moved by it, a different power of mind moves in the perfect creatures, which one calls fantasy; whose nature it is to enforce the Prints that are transferred to it by feeling and imprinted in itself, and also insure therein that for a considerable time, after that the tangible things have been taken away from the eyes, the foot-print of these things are kept.
Quotation
Soo is dan dese gantsch vruchtbaere kracht onses ghemoedts, nae 't oordeel van Plato {in Sophista.}, tweederley: d’eerste soeckt maer alleen soodaenighe dinghen uyt te drucken die d'ooghe teghenwoordighlick aenschouwet; d'andere bestaet daer en boven oock die dinghen af te beelden welcker voorbeeldt maer alleen in de fantasije voor ghestelt wordt.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Thus this very fruitful power of our mind is, after the judgment of Plato {…}, twofold: the first only tries to express such things that the eye beholds presently; the other also manages to depict those things whose example is only presented in the fantasy.
In reference to Plato, Junius defines two characteristics of the (power of) the mind of an artist. In this extract, the mind functions as a tool which allows the artist to depict that which he sees with his eyes, as well as that which he constructs in his fantasy. Junius describes the faculty of the imagination more elaborately in the Latin edition (1694), also providing the Greek terms from Plato, cfr. Nativel 1996, p. 176 n.1.
Quotation
Dit selvighe wordt ons noch duydelicker voor ghestelt in die treffelicke saemen-sprekinghe die nae 't verhael van Philostratus ghehouden is gheweest tusschen Thespesion den voornaemsten der Gymnosophisten ende Apollonius Tyaneus. De woorden van Philostratus {Lib VI de vita Apollonii, cap. 9} sijn aenmerkenswaerd, Hebben Phidias en Praxiteles seght Thespesion, den Hemel bekommen ende vandaer e ghedaente der Goden tot de Konst neder ghebracht; of is het wat anders, 't welck hun de ghestaltenisse der Goden heeft leeren af-vormen? Vry wat anders, seght Apollonius, en dat vol van allerley wijsheydt. Wat is doch dat? Seght Thespesion, want du en wetest behalven d'Imitatie anders niet voordt te brenghen. De fantasije, seght Apollonius, heeft dese dinghen voltrocken, als wesende een Konstenaer vele wijser dan d'Imitatie. Want d'Imitatie werkt maer alleen wat sy ghesien heeft; de fantasije werckt oock wat sy niet ghesien en heeft s'haer selven 't ghene sy noyt gheseien heeft voorstellende met een opsicht op 't ghene in de nature is, noch soo wordt d'Imitatie menighmael door een verbaesde dusyelinghe verhindert; de fantasije daer en teghen wil sich niet laeten stutten, maer sy vaere koenelick voordt in 't ghene sy voor heeft.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] The same is explained to us even clearer in the striking dialogue which according to Philostratus was held between Thespesion the most prominent amongst the Gymnosophists and Apollonius Tyaneus. The words of Philostratus {…} are remarkable, Have Phidias and Praxiteles says Thespeison, climbed the Heavens and from there brought down the shape of the Gods to the Art; or is it something else, that has taught them to reproduce the shape of the Gods? Truly something else, says Apollonius, filled with all sorts of wisdom. What then is this? Says Thespesion, because you do not know to produce anything besides Imitation. Fantasy, says Apollonius, has developed these things, being an Artist much wiser than Imitation. Because Imitation only makes what it has seen; fantasy also makes what she has not seen and she has by imagining to hetself that which she has never seen by looking towards that which is in nature, similarly Imitation is often obstructed by an unexpected dizziness; fantasy by contrast does not let herself be stopped, but she boldly sails on in that which she intends.
Quotation
Blijckt dan uyt dese beurt-spraecke ghehouden tusschen Apollonius and Thespesion, als oock uyt het gene wy tot noch toe bewesen hebben, dat de verbeeldenskracht den konstenaeren op 't hoochtste van noode is; niet soo seer den genen die de ghelijckenis der sienelicker dinghen af-beelden manneken nae manneken maeckende, als wel diengenen dewelcke nae de volmaecktheydt deser Konsten trachten. Want het staet de soodaenighte toe door 't oeffenen haerer fantasije de verbeeldinghen van afwesighe ofte oock onsienelicke dinghen sich soo ghemeyn te maecken, dat sy de selvighte altijdt by de handt hadden, om nae 't verdachte voorbeeldt der selvigher wat volmaeckts voordt te brenghen.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] From this dialogue between Apollonius and Thespesion it thus becomes clear, as well as from that which we have proved until now, that the imagination is highly necessary to artists; not so much those who depict the similitude of visible things by producing little man after little man, but rather those who aspire to the perfection of these Arts. As it allows such persons, by appropriating the representations of absent as well as invisible things by training one's fantasy, to always have this on hand to produce something perfect after the imagined example.
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Want als dese groote Meesters bevonden dat hun haere fantasije volmaeckt ter verbeeldingen sonder eenigh exempel voor droegh, soo en konde het niet gheschieden dat sulcken puyck der menschen de rechte reden soo verde van sich soude verbannen, als dat sy de liefde van een mis-prijselicke ghewoonte hoogher souden achten dan 't ghene sy verstonden de Konst dienstigher te sijn. Dus blijckt het hoe gantsch grooten goedt dese fantasije te weghe brenght; wanneer sy naemelick de wackere verstanden der Konstenaeren van den onvruchtbaeren arbeydt der ghewoonelicker imitatie tot een groot-moedigher stoutigheydt overbrenght, soo dat sy haer selven nu niet meer aen soo een slaefachtighe maniere van doen verbinden, maer bestaen met eenen vryen Gheest verder te gaen dan haere voorganghers wel oyt hebben gedaen.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Because if these great Masters thought that their fantasy presented them representations completely without any example, then it could not happen that such splendid men would ban the true reason so far, that they would consider the love of a disdainful habit better than that which they understood to be more useful for the Art. So it becomes clear how much good this fantasy brings forth; namely when she conducts the alert minds of Artists from the unprofitable labour of the usual imitation to generous boldness, such that they no longer relate to such a slavish manner, but manage with a free mind manage to go further than their predecessors ever did.
In this excerpt, Junius calls imitation a ‘slavish manner’, which can be improved by means of fantasy. As such, imitation is placed in a negative light. [MO]
Quotation
Nu komen wy eyndelick tot de voornaemste 't welck ons bewoghen heeft dese verghelijckinghe der Poesije met de Schilder-Konste dus verde te vervolghen. De Schilder-Konst, seght den jonghen Philostratus {in proemio iconum}, wordt bevonden met de Poesije nae vermaaghschape te sijn; soo schenense oock beyde een sekere fantasije ofte verbeeldenskracht ghemeyn te hebben. De Poeten brenghen de teghenwoordigheydt der Goden in haere wercken te passe, en al wat met groten staet, deftigheyddt, ende vermackelickheydt vermenght is. De Schilder-Konst maelt insghelijkcks af op een Tafereel al 't ghene de Poeten konnen verhalen. Soo steunt dan de Schilder-Konst soo wel als de Poesije op een sekere kracht der fantasije die haer selven veeltijdts iets nieuws placht t'onderwinden.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Now we finally reach the principal [NDR: reason] which has urged us to continue this comparison between Poetry and the Art of Painting further. The Art of Painting, says the young Philostratus {…}, is found to be closely related to Poetry; as such both appear to have a certain fantasy or imagination in common. The Poets let the presence of the Gods appear in their works, and everything that is mixed with great standing, stateliness and entertainment. The Art of Painting likewise paints in a scene all that the Poets can narrate. This is why the Art of Painting as well as the Poetry lean on a certain force of fantasy which often tends to take on something new.
Quotation
Staet de Konstenaers maer alleen daer op te letten, dat sy haer selven in dit stuck niet al te vele toe geven, met Dionysius Longynus {de sublimi oratione par. 2} wat onderscheydt maeckende tusschen de verbeeldenskracht die de Poeten gaerne maeckt; en d'andere die de Schilders te werck stelt. De Poetische fantasije en heeft anders gheen ooghenmerck, als een onsinnigheyds der verwonderinghe te verwecken: De Konstenaers daer en teghen sijn maer allen op de uytdruckelickheydt uyt. Soo soecken 't oock de Poeten alsso te maecken, seght den selvighen Autheur {par. 13}, dat haere ghedichten fabelachtigh en de waerheydt onghelick souden schijnen te sijn; 't fraeyste daer en teghen 't welck in de fantasije der Schilders aen ghemerckt moet worden, bestaet daerin, dat haere verbeeldinghen krachtigh sijn en de waerheydt over-een komen. Aenghesien wy dan uyt het ghene tot noch toe gheseyt is ten volsten overtuyght sijn dat de fantasije de Schilders soo wel als de Poeten treffelicke verbeeldinghen voordraeght, soo en mach oock niemant daer aen twijffelen of 't staet hun beyde toe dese milde Beelden-voetster in grooter waerdt te houden, ten eynde dat de selvighe door een daghelicksche oeffeninghe vast en seker ginghe, sonder in 't minste te wanckelen of sich yet van 't ghene sy eens ghevat heeft te laeten ontvallen. […] Soo verstaen wy dan oock uyt het gene voor desen gheseyt is de reden waerom Dionysius Longinus {par. 13} betuyght dat het voornaemste eynde der fantasije in de uytdruckelickheyt ofte duydelickheyt bestaet: als oock dat de Konst door 't behulp der fantasije gheholpen sijnde ghemackelick van de menschen schijnt te verwerven het ghene sy hun afdringht,
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is only necessary for the Artists to pay attention that they do not show themselves too much in this part, discerning somewhat, together with Dionysius Longynus {…}, between the imagination that makes the Poets; and the other that puts the Painters to work. The Poetic fantasy has no other aim than to stir a senselessness of astonishment: The Artists by contrast only aim at perspicuity. The Poets also try to make it such, says the same Author {…}, that her poems would appear to be fabulous and different from the truth; by contrast the most splendid [NDR: element] which has to be noticed in the fantasy of Painters, consists of this, that her representations are powerful and consistent with the truth. Seeing that we are then completely convinced, from that which has been said up until now, that the fantasy offers striking representations, as such nobody can doubt that both place high value on this mild 'Image-nurse', with the result that it surely goes through daily exercise, without ever staggering or letting go of anything they once comprehended. […]From that which has been said before we thus we understand the reason why Dionysius Longinus {…} declares that the principal aim of fantasy exists in the perspicuitys or the clarity: as well that the Art, helped by the assistance of fantasy, appears to easily obtain of man that which she exacts of him.
Quotation
Blijckt dan dat de rechte Konst-minne haer selven niet en kan onthouden in een ghemoedt 't welck met de sorghvuldigheydt van daghelickschen noodt-druft beslet ende belemmert is. De reden hier van behoeft niet verde gesocht te worden; dewijl het blijckelick is dat onse fantasije ofte verbeeldenskracht, die in dit werck seer vele vermagh, door een sorghledighe ende onverhinderde eensaemheydt dapper op gescherpt ende verweckt wordt. Want aenghesien het een oprecht Lief-hebber toe-staet de levendighe verbeeldinghen van allerley naturelicke dinghen in sijn ghemoedt op te leggen, ten eynde dat hy de selvighe te sijner tijdt met de wercken der Konstenaeren mocht verghelijcken; soo is 't klaer dat men sulcks niet en kan te weghe brenghen sonder het toe-doen van een stercke imaginatie, en dat de imaginatie gantsch en gaer krachteloos wesen sal soo langhe als wy alle daegh van den morghen tot den avond het loopen en draeven van de woelende menichte onder-hevigh blijven: oversulcks plachten oock vele treffelicke Konst-lievende mannen haeren ledigen tijdt somwijlen door te brenghen met het oeffenen ende verrijcken haerer fantasije. De fantasije, seght Michael Ephesius {in Aristot. De Memoria & reminiscentia}, is in ons gemoedt ghestelt als een Register ofte aenwijser van 't gunt wy oyt met onse ooghen gesien ofte met ons verstands begrepen hebben. Daerom houdt oock Apollonius Tyaneus staende, dat daer een sonderlinghe verbeeldenskracht vereyst wordt in dieghene welcke de wercken der Schilder-Konste recht wel meynen te besichtighen. Want het onmoghelick is, seght hy {apud Philostr. De vita apollonii lib. II. cap. 10. vide quo que Platonem lib. 2 de Legib}, dat yemant een bequaem oordeel strijcken sal van een geschildert Paerdt ofte Stier, tensy dat hem sijn gemoedt een waere verbeeldinghe der nae-gheboetster dinghen vaerdighlick voordraeghe.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It then appears that the true Love of Art cannot forbear in a mind which is tainted and obstructed with the precision of the daily lack of diligence. It is unnecessary to search far for the reason of this; while it is obvious that our fantasy or imagination, which can do a lot in this profession, is readily sharpened and incited by a carefree and unimpeded loneliness. Because, seen that it is possible for an honest Amateur to impose the living representations of all sorts of natural things in his mind, in order for him to compare these in his own time with the works of Artists; as such it is clear that one cannot bring forth such a thing without the doing of a strong imagination and that the imagination will be completely powerless as long as we remain subject every day, from morning until evening, to the hustle and bustle of the madding crowd: as such many respectable Art-loving men should aim to pass their free time with the practice and enrichment of their fantasy. The fantasy, says Michael Ephesius {…}, has been placed in our mind as an Index or pointer of that which we have ever seen with our eyes or understood with our mind. Because of this Apollonius Tyaneus also argues that, a remarkable imagination is necessary in those who want to study the works of the Art of Painting really well. As it is impossible, he says {…}, that someone will pass a competent judgement of a painted Horse or Bull, unless his mind readily proposes him a true representation of the imitated things.
Rather than focusing on the fantasy of the artist, in this extract Junius explains that it is important for the connoisseur to have quiet moments in which he can train his imagination. He also states that a well-developed imagination is very necessary to form a good judgement on art. In order to make his point, he cites remarks by Michael Ephesius and Apollonius Tyaneus that were written down by Aristototels and Philostratus respectively. [MO]
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Dies vinden wy ons selven eyndelick oock ghedwonghen te bekennen dat Apollodorus {Apud Philostr. Lib. VI. Cap.9.} de Phantasie niet t’onrecht een dingh vol van wijsheyt ghenaemt heeft, als wesende d’eenighe Voedster-moeder van allerley goede Inventien.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Finally we feel obligated to confess that Apollodorus {…} has called the Fantasy a thing filled with wisdom with a reason, as it is the sole Nursing-mother of all good Inventions.
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d’Oude Konstenaers en lieten ’t evenwel daer by niet blijven, maer sy plaghten nae de voorghemelde afbeeldinghe van allerley bysondere schoone lichaemen, ontrent dewelcke sy haer selven eenen gantsch langhen tijd besigh hielden, tot een arbeydsaemer ende diep konstigher maniere van wercken voord te vaeren; wanneer sy naemelick d’Idea van de volmaeckte schoonheyd, die door de gheduersaemheyd der voorigher oeffeninghe in haer ghemoed was inghedruckt, in haere Schilderyen sochten uyt te drucken: Want gelijck sy den rechten grondslag van de waere Proportie voor een goede wijle tijds maer allen uyt de naevolghinghe van d’aller volmaeckste lichamen sochten te haelen, soo plaghten sy dese oeffeninghe met der tijd allenghskens over te gheven, sy en wilden haer selven niet langer met d’afbeeldinghe van ’t eene of ’t andere bysondere schoone lichaem bemoeyen, als het hun nu hoogh tijd scheen te wesen om uyt den schat-kelder haere fantasie een uytmuntende schoonheyd achtervolghens de waere wetten ende regulen van de lang-bearbeyde Symmetrie voord te brengen;
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] The old Artists did not leave it to this, but they tended to proceed with a laborious and very artful manner of working after the aformentioned image of all sorts of especially beautiful bodies, regarding which they busied themselves for a rather long time; namely when they tried to express the Idea of the perfect beauty, that was imprinted in their mind through enduring previous practice, in their paintings: Because just like, for a long period, they can only distill the right principle of the true Proportion from the imitation of the most perfect bodies, as such they tend to surpass this practice in time, no longer wanting to occupy themselves with the depicition of one or another especially beautiful body, as it would appear them to be the right moment to produce an excellent beauty, based on the true laws and rules of the long-practised Symmetry, from the treasury of their fantasy;
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Alhoewel wy in de voorighe afdeylinghen wijdloopighlick genoeg hebben aengewesen, dat de schilderijen door ’t bequaeme by een voeghen der figuren veelsins worden gheholpen; so schijnt doch evewel de duydelickheyt, die somtijds oock d’uytdruckelickheyt ghehnaemt wordt, een van de voornaemste vruchten der Ordinantie te wesen. Want gelijck een goed ende omsightigh Konstenaer het gantsche beleyd sijner Dispositie uyt de kracht der fantasije ghewoon is the haelen, mids de gantsche geleghenheyd der materie sich selven als teghenwoordigh voorstellende; so plaght hy oock altijd een klaer en levendigh afdrucksel van dese verbeelde teghenwordigheyd soo krachtighlick in sijne wercken in te printen, dat d’aendachtighe aenschouwers door de duydelickheyt deser afbeeldinghen aengheleydt sijnde, even de selvighe verbeeldenskracht in haere herten schijnen te vernemen, die den werckenden Konstenaer wel eer in ’t schicken ende ’t by een voeghen der materie ghevoelt heeft, siet de laetste afdeylinge van ’t vierde Capittel onses eersten Boecks, alwaer wy den grond-slag van dit punt kortelick hebben aengheroert. De uytdruckelickheyt vereyscht dat men d’afgebeelde dinghen niet verkeerdelick voorstelle, maer achter volghens d’orden daer in de dinghen selver gheschiedt sijn, seght Aristides Rhetor de Civili orat. Cap. 10. De uytdruckelickheyd t’saemen ghevoeghd e en konstighlick in een ghevlochten dinghen, seght Lucianus [De Conscribe. historia}, moet over al in het gantsche werck uytschijnen; vant de volmaecktheyd des wercks voornamelick daer in gheleghen is.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Although we have abundantly shown in the previous sections, that the paintings are helped significantly by the competent combining of figures; as such the clarity, which is sometimes also called the perspicuitys, appears to be one of the main fruits of the Ordinance. Because like a good and careful Artist is used to get the whole idea of his Disposition from the power of the fantasy, by imagining the whole circumstance of the matter to himself as if present; as such he also always tends imprint a clear and lively impression of this imagined presence so powerful in his mind, that the observant spectators, because of the clarity of this depiction, are incited to seemingly feel the same imagination in their hearts, which the Artist has felt earlier in the composing and combining of the matter, see the last section of the fourth Chapter of our first Book, where we have refered briefly to the principle of this point. The perspicuitys demands that one does not depict the depicted things incorrectly, but [NDR: instead] by following the order in which the things themselves happened, says Aristides (…). The perspicuitys of combined and artfully interwoven things, says Lucianus {…}, has to be clear everywhere in the whole work, because the perfection of the work mainly consists in this.
Junius explicitly mentions clarity (duidelijkheid) and perspicuity (uitdrukkelijkheid) as the result of a good composition or the right way of ordering the figures and subject matter in a painting. He explains that a good artist has imprinted the circumstances or presence (tegenwoordigheid) of the subject matter in his mind and will then instill this idea in the public. The Latin edition of 1637 only includes the citation from Lucian, the rest of the section is not present there. [MO]
Quotation
Soo kan men oock uyt het gene alreede geseyt is, sich versekeren, hoedanigh de leersame onderwijsingen, de natueren moeten te bate komen, om daer door, met alles wat tot een volkomen Konstenaer vereyst wert, de Natuerlijcke toe-genegentheydt te voltoyen; […] Insghelijcks moeten oock de Jonghelinghen ( van welckmen sich yets goets beloven mag) van een seer neerstigen ende arbeytsamen Geest zijn, opmerckende ende sinspeligh van gedachten, vol van fraye inbeeldingen ende fantasien.
Sy moeten arbeytsaem ende neerstigh wesen, om dieswille dat soodanige Konst noch om Gout noch Silver kan verkregen werden, maer alleen door een wercksame oeffeninge; voor welcke d’Oude plegen te seggen dat de Goden alle dingh verkoopen. Opmercksaemheyt van gedachten moetense hebben, om door ghewoonte van die daghelijcks te oeffenen, sterck van inbeeldinge te werden; ten eynde sy die allengskens tot het uytvoeren van haere hooghverhevene fantasien souden leeren in ’t werck stellen. {Watmen doen moet om sijn ghesteltheyt te verbeteren.} Hierom wil L. Davincy, dat een Jongh Schilder gheen dingen en mach versuymen, soo in het beschouwen der natuerlijcke voorwerpselen, ende bysondere voorvallen, als in het ondersoecken en overleggen van fraye Historyen, Poëtische verdichtselen, ende outheden, als anders; daer uyt hy niet yets en soude vinden, dat tot sijne study dienstig mogte zijn, om daer aen te gedencken: Gemerckt de inbeeldingen ende fantasien in ons gestelt zijn, als een Register, ofte aenwijser van ’t geen wy oyt met onse oogen gesien, ende met ons verstant begrepen hebben.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such one can also ascertain oneself from that which has already been said, to which degree the instructive teachings have to profit nature, in order to complete the natural inclination with everything that is demanded from a perfect Artist; […] likewise the young men (of whom one may expect something good) have to be of a very diligent and laborious Mind, observing and clever of thoughts, full of pleasing imaginations and fantasies. They have to be laborious and diligent, while such an Art cannot be acquired with Gold or Silver, but only through a continuous practice; for which the Old tend to say that the Gods sell everything. The need to have percipience of thoughts, to become strong of imagination through the habit of practicing it daily; so that they will gradually learn to put it to use for the execution of their excellent fantasies. {What one should do to improve one’s condition.} Because of this Leonardo da Vinci demands that a Young Painter does not neglect anything, both in the observation of natural objects and specific events, as in the investigation and consideration of nice Histories, Poetic poetry and antiquity, and other things; from which he may find something, that could be useful for his study, to think of: As the imaginations and fantasies are placed within us, like a register, or indicator of that which we have one day seen with our eyes and understood with our mind.
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Weynige worden der (met eenigh Oordeel begaeft zijnde) ghevonden, die vande inbeeldinghskracht soodanigh zijn misgedeelt, ofte sullen in het lesen der Verhael-schriften en Vertellingen, d’eene of d’andere goede Denck-beelden by haer selven gewaer worden. Laet een aendachtigh Jongelingh de Troyaense Oorlogen inde Boecken AEneas, door den vermaerden Maro Gedicht, eens met opmerckingh door-lesen, ick houde my verseeckert, dat hy sijn gedachten met wonderlijcke bedenckingen vervult, sijn fantasie vol groote inventien afgescherst, ende sijn gemoet tot uytdruckingh van menigerley hartstoghten aengeprickelt vinden sal;
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Few can be found (being blessed with some Judgement), who are not gifted with the power of imagination, or will recognize some or other Idea in themselves when reading the Stories and Tales. Let a discerning Young man read through the Trojan Wars in the books Aeneas, poeticized by Vergil, I am certain that he will fill his mind with wonderful thoughts, sketches his fantasies full of great inventions, and will find his mind incited to the expression of many passions;
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Hier by sal, oock eyndelingh, een verstandigh Konst-oeffenaer moeten weten, dat hy hem boven de study van alle voorgemelde dingen, seer neerstigh besich houdt omtrent het beschouwen van het natuerlijck leven, ende dat in alle voorvallen daer ’t mogelijck is ghebruycken, want datmen sich soude willen laten voorstaen, soo rasmen eenige trappen vande Konst te boven is geklommen, datmen alle de formen, en doeningen van het leven in sijn memorye kan houden, ende tevoorschijn brenghen, soo wanneermen die aan zijn inventien wil toepassen, die soude sich seer dickwils bedrogen vinden; {By alles watmen navorst moet ook vooral het leven gekent worden.} alwaert saecke yemant in alle de voorige studien sich al heel wel geoeffent had: Want het natuerlijck leven is in alles soo rijck, overvloedigh, konstigh en geleert, dat onse geheughnis op verr’na niet machtig is die geheel te bevatten veel min te behouden: Invoegen men noch Wercks genoegh vint om de gedachten besich te houden ontrent de menighte der saecken, diemen in ’t leven niet altijdt en kan bekomen, ten sy slechts in een schemerent oogenblick, of andersins door een krachtighe verbeeldenskracht, die door het sien van veele saecken ende verstandigh begrijp der dingen op-gekoestert ende ondersteunt wort: Welck ontrent het uytstorten van Geestige fantasien veele vermach; en deswegen niet t’onrecht aengeraden daer na te trachten, want door de inbeeldinge soo konnen wy d’afwesende dingen ons soo gemeen maecken als ofmen die tegenwoordich by sich hadde; {Wat d’Inbeeldingh vermagh.} invoegen daer niet anders dan de handt des Constenaers van nooden is om die op den Schilder-doeck te brenghen; waerom oock eenighe de In-beeldinghen by waeckende Droomen vergeleken hebben.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Finally, a wise practitioner of the Art should also know, that he should diligently occupy himself with the observation of the natural Life, besides the study of all the aforementioned things, and to apply it in all possible occasions, because he would be often feel deceived who would boast – as soon as he has climbed some steps of the Art – that he could store all forms and actions of life in his memory and bring them forth whenever he would want to apply them to his inventions; {In all that one investigates, one should especially know life.} although it is necessary that someone has already practiced a lot in all the aforementioned studies: As the natural life is so rich in everything, abundant, artful and learned, that our memory is not at all capable to conceive it in its entirety and even less to remember: As such one moreover finds enough work to keep the thoughts occupied regarding the quantity of things, that one cannot find in life, unless in a dusky moment, or else by means of a powerful power of imagination, which is enforced and sustained by the observation of many things and a sensible understanding of things: Which may be capable of a lot regarding the pouring out of witty fantasies; and therefore it is justified to advice to attempt this, as we can appropriate the unavailable things by means of the imagination as if we had them presently with us; {What the imagination is capable of.} as such we need nothing but the hand of the Artist to apply it to the Painter’s canvas; which is why some have compared the imaginations to awake Dreams.
Quotation
Je ne dis point pour cela qu'il faille prendre mauvaise augure la critique d'un jeune Artisan qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes. Le génie, loin d'empêcher qu'on ne voïe ces fautes, les fait même apercevoir. Ce que je regarde comme un mauvais présage, c'est qu'un jeune homme soit peu touché de l'excellence des productions des grands maîtres : c'est qu'il n'entre point dans un espece d'enthousiasme en les lisant : c'est qu'il ait besoin, pour connoître s'il doit les estimer, de calculer les beautez & les défauts qu'il y compte, & qu'il ne forme son avis sur le mérite, qu'après avoir soudé son calcul. S'il avoit la vivacité & la délicatesse de sentiment, qui sont inséparables du génie, il seroit reellement saisi par les beautez des ouvrages consacrez, qu'il jetteroit sa balance & son compas pour en juger, ainsi que les hommes en ont toujours jugé, je veux dire par l'impression que ces ouvrages feroient sur lui.
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{VI. Qu’il faut rejetter ce qui affadit le Sujet.}
*Cette partie [ndr : l'invention] si rare & si difficile ne s'acquiert point, ny par le travail, ny par les preceptes des Maistres : car il n'y a que ceux, qui ont receu en naissant quelque partie de ce feu celeste *[…] qui soient capables de recevoir ces divins presens […].
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{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point.
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Ce que j’aurois encore à dire, c’est qu’un Peintre ne doit jamais contraindre son esprit quand il veut produire quelque ordonnance. Il doit attendre que son feu soit allumé, s’il faut ainsi dire, pour exprimer ses conceptions ; & lors qu’il est en belle humeur, se laisser emporter doucement au courant de ses belles imaginations.
Quotation
[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.
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Entre les Tableaux qu’il [ndr : Poussin] avoit déjà envoyé à Paris, il y avoit quatre Baccanales pour le Cardinal de Richelieu, un Triomphe de Neptune qui paroist dans son char tiré par quatre chevaux marins, & accompagné d’une fuite de Tritons & de Néréides. Ces sujets travaillez poëtiquement avec ce beau feu & cet art admirable qu’on peut dire si conforme à l’esprit des Poëtes, des Peintres, & des Sculpteurs anciens, & tant d’autres ouvrages de luy répandus quasi par toute l’Europe, rendoient célèbre de nom du Poussin.
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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal. Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.
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Les premiers Peintres de l’Antiquité, ont bien pu à l’égard des autres parties de la Peinture surpasser ceux des derniers siècles, parce qu’il est certain que ceux des païs chauds ont plus de feu pour imaginer ; qu’il n’y avoit en ces temps-là que les personnes qui avoient un génie propre pour les arts qui s’y adonnassent : qu’ils avoient, comme je croy vous avoir dit, plus de moyens & d’occasions d’étudier d’après les hommes & les femmes ce qu’il y a de plus beau dans la composition et la forme du corps humain, & qu’ils s’y appliquoient entierement ; au lieu que dans les derniers temps les beaux arts n’ont plus esté cultivez, pour la plus part, que par des personnes qui en font une profession pour vivre, & qui souvent n’ont nulle disposition pour cela.
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CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.
Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.
Je sçay pourtant que cette Peinture a ses avantages, quand ce ne seroit que celuy de rendre plus d’ouvrage, & de consommer moins de temps, elle se deffend mieux aussi contre ses injures, & il faut encore luy ceder le droit d’Ainesse & la gloire de l’Antiquité.
Mais aussi la Mignature a les siens, & sans repeter ceux que j’ay déja montrez, elle est plus propre & plus commode, l’on porte aisément tout son Attirail dans sa poche, vous travaillez par tout quand il vous plaist, sans tant de preparatifs, vous pouvez la quitter & la reprendre quand & autant de fois que vous voulez, ce qui ne se fait pas à la premiere, où l’on ne doit guere travailler à sec.
Mais remarquez qu’il est de l’une & de l’autre, comme de la Comedie, dans laquelle la plus grande ou la moindre perfection des Acteurs ne consiste pas à faire les hauts ou les bas Rolles, mais à faire extremement bien ceux qu’ils font, car si celuy qui aura le dernier personnage, s’en acquitte mieux qu’un autre de celuy de Heraut, il meritera sans doute plus d’approbation & de loüange.
C’est la mesme chose dans l’Art de Peindre, son excellence n’est pas attachée à la Noblesse d’un sujet ; mais à la maniere dont on le traite, avez-vous talent pour celuy-cy, ne vous jettez pas inconsiderément dans celuy-là, & si vous avez receu du Ciel quelque étincelle de ce beau Feu, connoissez pourquoy il vous est donné, & faites-vous-y un chemin facile ; les uns prendront bien les differens airs du Teste, les autres réussiront mieux en Païsages, ceux-cy travaillent en petit, qui ne le pourroient faire en grand, ceux-là sont bons Coloristes, & ne possedent pas le Dessein, d’autres enfin n’ont du Genie que pour les Fleurs : Et les Bassans mémes, se sont acquis un nom par les Animaux, qu’ils ont touchez de tres-bonne maniere, & mieux que toute autre chose.
C’est pour dire que chacun se doit contenter de sa Verve, sans vouloir se revétir du talent d’autruy, […].
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1°. L’invention n’est autre chose que le feu de l’esprit, lequel excite l’imagination, & la fait agir pour peindre le sujet que l’on a formé dans son idée.
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Les desseins infiniment superieurs aux estampes, tiennent un juste milieu entr’elles & les tableaux ; ce sont les premieres idées d’un peintre, le premier feu de son imagination, son style, son esprit, sa manière de penser : ils sont les premiers originaux qui servent souvent aux éléves du maître, à peindre les tableaux qui n’en sont que les copies. Les desseins prouvent encore la fécondité, la vivacité du génie de l’artiste, la noblesse, l’élevation de ses sentimens, & la facilité avec laquelle il les a exprimés.
Un peintre en peignant un tableau, se corrige, & réprime la fougue de son génie ; en faisant un dessein, il jette le premier feu de sa pensée, il s’abandonne à lui-même, il se montre tel qu’il est.
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Les grands maîtres finissent peu leurs desseins, ils se contentent de faire des esquisses, ou griffonements faits de rien, (a) qui ne plaisent pas aux demi-connoisseurs, ils veulent quelque chose de terminé qui soit agréable aux yeux : un vrai connoisseur pense autrement ; il voit dans un croquis la manière de penser d’un grand maître pour caractériser chaque objet avec peu de traits ; son imagination animée par le beau feu qui régne dans le dessein perce à travers ce qui y manque, elle apperçoit souvent ce qui n’y est pas & ce qui y doit être. C’est ainsi qu’un beau génie secondé par ce qu’il voit, supplée & s’accomode à tout.
(a) Ma che elle auessero una qualità che noi chia miamo pittoresca, che non altro ch’essere fati con ottimo d intorno & di poco acquerello ed al più di qualche lume di gesso o Biacca, ed altri ancora disegni che all’occhio de poco pratici appariscono strappazzati confusi e del tutto informi, sonopero espressi da poter servire agli artefici per studio delle proprie opere e per loro animaestramento. Baldinucci comminciamento e progresso del arte d’intagliare p. 33 Firenze 1686.
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L'on sait que le Peintre inventeur & original est autant que le grand Poëte, susceptible de ce beau feu, de cet enthousiasme, auquel on ne commande point, & dont il faut attendre l'inspiration. Mais n'auroient-ils pas eu assez de loisir pour chercher des traits d'Histoire ou de la Fable plus intéressans & moins usés, ou qui n'eussent pas été traités divinement par nos plus grands Maîtres ? C'est en ce cas qu'un Peintre estimé, en repétant & en affoiblissant nécessairement par la répétition une pensée excellemment rendue, & au-dessus de laquelle il ne sauroit s'élever, tombe en ce moment dans le rang abject du Plagiaire, & an-dessous de son mérite personnel, par la comparaison. D'autant plus imprudent de lutter avec des Peintres du premier ordre, qu'il sentira moins l'inégalité de force dans le génie, & qu'il lui manquera cette impression naturelle du grand beau, & de ce pathétique qui frape & qui émeut par les mouvemens & les positions éloquentes de ses Figures. Son pinceau n'aura pas même la faculté de former ces phisionomies de caractére, qui donnent la vie aux Personnages, & les font parler à nos regards par leur noblesse, leur décence, & ce qui est bien essentiel, par le jeu des traits du visage relatif à leur rolle, & convenable à leur place. Enfin par cette expression d'ame & de sentiment qui doit suppléer à la parole, & sans laquelle tout Tableau d'Histoire n'est que de la toile & des couleurs.
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Entre les qualités que peut avoir l'Invention simplement Historique, j'en remarque trois, la Fidelité, la Netteté, & le bon Choix.
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J'ai observé ailleurs que la fidelité de l'Histoire n'étoit pas de l'essence de la Peinture ; mais une convenance indispensable à cet Art. Et quoique le Peintre ne soit Historien que par accident, c'est toujours une grande faute que de sortir mal de ce que l'on entreprend. J'entens par la fidelité de l'Histoire, l'étroite imitation des choses vraies ou fabuleuses telles qu'elles nous sont connues par les Auteurs, ou par la Tradition. Il est sans doute que cette Imitation donne d'autant plus de force à l'Invention, & releve d'autant plus le prix du Tableau, qu'elle conserve de fidelité.
Mais si le Peintre a l'industrie de mêler dans son sujet quelque marque d'érudition qui réveille l'attention du Spectateur sans détruire la vérité de l'Histoire, s'il peut introduire quelque trait de Poësie dans les faits Historiques qui pourront le souffrir; en un mot, s'il traite ses sujets selon la licence moderée qui est permise aux Peintres & aux Poëtes, il rendra ses Inventions élevées, & s'attirera une grande distinction. La Fidélité est donc la premiere qualité de l'Histoire
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Il y en a aussi [ndr : des peintres] qui, soit par leur propre connoissance, soit qu’ils en ayent esté advertis, sçavent d’une bonne partie faire distinction des deffauts qui se trouvent en divers Corps visibles de la nature, & quantité d’autres observations, & se sentans trop peu Sçavants pour remedier à ces choses, recherchent dans les Ouvrages Modernes ou de l’Antiquité, si aucun Artisan de cét Art, n’y a point suppléé ; Cela estant ils le choisissent pour leur servir comme de Principe, Baze, Modelle, ou Fondement, & ainsi s’y attacheront sans vouloir en considérer d’autres : Puis estans arrivez au point, que leurs Ouvrages approchent beaucoup de ceux qu’ils ont ainsi pris ou choisis pour Modelles, ils s’efforcent de pouvoir descouvrir quel a esté le but ou Fondement, de celuy ou ceux qui les ont faits, & s’ils trouvent qu’une partie ait esté faite par l’ayde de vestiges & fragments de ces Excellents Statuaires ou Sculptures, [...], ils les considereront & desseigneront tant & tant de fois, qu’ils en auront l’imagination remplie ; De sorte que venans à former quelques Ouvrages de leur Caprice ou Invention, & mesme se servans du naturel, ce qu’ils produiront tiendra de l’air & de la proportion de ces belles choses ; [...]
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Deux divers moyens connüs de Coppier ou Representer sur une Surface Platte, nommée communement Tableau, les Corps visibles de la nature, Ensemble les Composez d’Invention.
Le premier & le plus usité est ayant devant soy les Corps qu’on veut Coppier, ou bien leurs formes dans l’imagination, les Desseigner, Pourtraire ou Representer sur ladite Surface ou Tableau, sans autre regle ny mesure, que celle que l’œil & le jugement luy en peuvent fournir.
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Zweyerley Process im Mahlen: mit freyer Hand}/ Es gibt wackere Geister/ welche/ als wol experimentirt und erfahren/ ihnen eine Ideam von jeder Sache gleich einbilden/ und dieselbe/ ohne fernere Mittel/ ausmachen können. Solches aber ist nicht eines jeden Thun/ sondern eine absonderliche Gabevon meisterhaftem Verstand mag auch nur geschehen bey kleinen Werken von wenig Bildern oder stillstehenden Sachen/ daran nicht viel gelegen ist.
{und nach dem Vor-Riß} Andere sind/ die mit viel Arbeit und Bemühung sich setzen/ und ihre Meinung/ was sie in Gedanken gefasset/ mit Kreide oder Bleyweiß auf Papier zeichnen/ hernach auf ein mit einer ölichten Farb gegründtes Tuch/ den Umriß/ samt aller Zugehör/ auftragen/ folgends wol betrachten/ und mit todten Farben (welches man Untermahlen nennet) die noch-befindliche Fehler ausbässern/ heissen/ und endlich/ wann es wol trucken/ mit Fleiß übermahlen und ausmachen.
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Maar op dat wy oock een groot gedeelte van onsen korten doch Kostelijcken tijdt souden aenleggen, om heerlijcke Konsten en wetenschappen, tot nut van het gansche Menschdom uyt te vinden, die te Oeffenen, en oock aen andere, na het Talent van bequaemheyt dat yeder is toebetrouwt, door maniere van onderwijsingh mede de deelen; gemerckt dit alleen voor den Menschen een eygen en van God ontfangen goet is, {’t Soecken van Konst ende Wetenschap is den Mensch onder alle Schepselen alleen gegeven.} dat hy door de Deught en Reden alle ongetemde harts-toghten bedwingen, en met een goede Order sijnen Geest, beneffens het soecken van ’t eeuwige goet, bestieren kan, tot aenleydingh alle vrye Konsten; sonder welcke gave te besitten, het onmogelijck ware, seeckerlijck te weten hoe verre ons den Maecker van alles boven de onredelijcke Beesten gestelt hadt.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] But in order that we would also use a large part of our short yet valuable time, to invent delightful Arts and sciences, useful for all Humanity, practice them and also convey them to others – based on the Gift of competence that is given to everyone – by means of education; as this is only for Men a proper and God-given blessing, {Seeking Art and Science is only given to Man amongst all Creatures.} which he can evolve by constraining all wild passions through Virtue and Reason and with a good Order of his Mind, besides searching the eternal blessing, to reach all liberal Arts; lacking this gift, it would be impossible to know for certain how far the Creator had placed us above the unreasoning Animals.
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De Teyckeningen, Schetsen, ende Printen, moetmen in ’t sien met het verstant ende niet met handt ende ooge gebruycken om daer stucken ende brocken uyt te stelen, {Recht gebruyck der Print-Konst.} veel min om die geheel na te apen (al-hoe-wel dat oock zijn nuttigheyt heeft wanneer ’t wel wort aengeleyt, gelijckw’in onse Teycken-Konst leeren,) ende blijven alsoo geduerlijck door den Bril van een ander kijcken. Maer neen, men moet alleen de deughden, als fraye maniere van ordineeringhe, Teyckeningh, geestige gedachten ende verstandighe opmerckingen, door het besien, hersien, bedencken, overleggen ende herkauwen, trachten in sijn gemoet te drucken, ende daer in, met dickwils eraen te dencken, bewaren; invoegen sy door het toedoen van uwen Geest, niet meer eenes anderen, maer in U eygen vindingen verandert worden: Ten eynde sy oock in het ordineeren, t’samenstellen, ende vercieringen van uwe inventien als wijse Raets-mannen souden konnen dienen. Ende op dese maniere salmen vol van gedachten, vlugge van ordinnantie, rijp ende overvloedigh van Schilderachtige stoffe werden:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In observing the Drawings, Sketches and Prints, they should be used with the mind and not with the hand or eye to steal bits and pieces from it, even less to ape it entirely (although this also has its use when it applied well, as we teach in our Teycken-Konst,) {The right use of the Art of Print.} and they will continue to look through the Glasses of someone else. But no, one should aim to only impress the virtues, such as the lovely manner of composition, Drawing, clever thoughts and wise observations in his mind by looking, looking again, reasoning, deliberating and ruminating, and all this by repeatedly thinking about it, preserving; as such they will be turned into your own discoveries by the functioning of your Mind, and not those of someone else: So that they may serve as wise Councilors in the composing, ordering and decorating of your inventions. And this way one will become full of thoughts, quick of composition, mature and abundant of Painterly matter:
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Nu willen wy tot Besluyt Van het Op-Teyckenen en Uyt-voeren Spreecken, omtrent welcke, wel met een geleerde Oogh dient aengemerckt te werden, datmen de dingen diemen in ’t navolgen siet, niet alleen Manneken na Manneken na en aept, even als de Kinderen doen; maer datmen lette (het zy datmen na Print, Teyckeningh, of Schilderye yets doet) wat den Meester van sijn Principael, met alle het gene hy in sijn werck gemaeckt heeft, seggen wil; wat sijn gedachten daer omtrent zijn geweest; wat dese of gene treck, schaduw, licht of Hooghsel beteeckent, waer sy van daen komt, waerom hy het hier bruyn, gints noch donckerder, vlack, of licht gemaeckt heeft; en door wat middel, en om wat reden, en diergelijcke opmerckingh; om dat alles na den regel van proportie, sulcks oock in uwe Teyckeningh te brengen, en geleert inde Konst te werden.
Insghelijcks moetmen in ’t beschouwen van ’t natuerlijck leven aenmercken, door wat leden en deelen een dingh komt te wesen, soo als wy sien dat het is, of sich aen ons vertoont:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In closing, we now want to talk about the finishing of the draught and the execution, about which it should be remarked with a learned Eye, that one does not simply ape the things that one sees in imitating, Figure after Figure, like Children do; but rather that one pays attention (whether one does something after a Print, Drawing or Painting) to what the Master of the Original wants to say with all that which he has put in his work; what his thoughts were about it; what this or that line, shadow, light or Highlight means, where it comes from, why he has made it dark here and there even darker, flat or light; and by what means, and for what reason, and such observations; to apply all that, following the rule of proportion, in your Drawing, and become learned in the Art. Similarly, one should notice in the observation of the natural life, of what members and parts a thing consists, through which we recognize it and it shows itself to us:
Quotation
En nadien dan alle dese dingen genoegsaam bewijsen, dat de verscheydenheyd der Schoonheyd en Bevalligheyd, ten opsigt der navolging in de Schilderkonst, niet ligt onder soo net bepaalde regelen te brengen is, datmense daar na, als na een onfeylbare Leest met aangenaamheyd, sonder verder waarneming van ’t Leven, in de Konst-tafereelen sou konnen overstorten; Soo staat ons in ’t voorby gaan aan te merken, dat een Leersaam Schilder sich uyt al sijn vermogen behoorde te beneerstigen, om door een geduurige beschouwingh van al wat hem van ’t menschelijk schoon voorkomt, het uytgelesenste daar van soodanig sijn gedagten kragtelijk in te drukken, en aan sijn inbeelding gemeen te maken, dat hy buyten de beschouwing van de selve, sich de schoonheyd van een Mensch, op verscheyde wijsen, en in onderscheyde trappen, soo bevallig en levendig kan verbeelden, als of hy de Schoonheyd selver voor hem had. {Hoe de Schoonheyd in de gedagten en ’t gemoet van den Schilder moet ingedrukt zijn.} En dit sal hy aldergeluckigst konnen doen, wanneer hy niet alleen wel en aandagtig sal na gespeurd hebben, welke Deelen en Partyen Schoon gemaakt zijn, en wat Proportie sy hebben moeten, om sulx volgens de Teykenkundige trek te verbeelden; maar dan voornamelijck, wanneer hy tot al het vorige, net sal hebben af gesien, door welk een Trap en toeval, dese en gene deelen de Schoonheyd in dit of dat voorwerp onderlingh aan ’t geheel vereenigt, Verminderd of Vermeerderd:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] And as all these things sufficiently prove, that the diversity of Beauty and Gracefulness with regard to the imitation in Painting, is not easily to accommodate in clearly defined rules, which one can then, as with an infallible model could overflow in Art-scenes with loveliness and without any further observation of Life; As such we should note in passing, that a diligent Painter should endeavor with all his might, through a consistent observation of all that he perceives of the human beauty, to imprint that which he deems the most exquisite of it so strongly in his mind, and to make it common to his imagination, that he will be able to depict, without its direct observation, the beauty of a Man in different ways and in distinct steps, so lovely and lively, as if he had Beauty itself before his eyes. {How Beauty has to be imprinted in the thoughts and mind of the Painter.} And he will be able to do this best, when he has not only studied well and carefully which Parts and Elements have been beautifully made, and which Proportion they should have, to depict them with the Draught; but then especially, when with regard to all the previous, will have observed precisely by which Step and coincidence this and other parts unites, lessens or increases the Beauty in this or that object to the whole:
Quotation
II. Was das Gemähl seye, p. 128
Das Gemähl ist eine Gleichheit dessen/ das man sehen kan/ sagt Socrates bey Xenoph.I.3. Solche Gleichheit erfreut das Gesicht mit ihrer Schönheit/ schärpfet den Verstand mit ihrer Artigkeit/ erfrischet das Gedächtniß mit gemercksamen Bildern/ erquicket das Gemüth mit allerhand seltnen Erfindunge[n]/ entzündet die Begierden zu vielen Heldentugenden/ ist bei Fürsten angenehm/ bey den Gelehrten wehrt/ von der Jungend geliebt und vo[n] jedermann gelobet. Hat auch in Kriegswesen einen grossen Nutzten/ das Abwesende/ als Gegenwärtig fürzustellen.
Xénophon est cité d'après l'édition française de François Charpentier (1620-1702) : Les Choses Mémorables De Socrate/ ouvrage de Xenophon/ traduit de Grec en François..., Paris, Camusat, 1650.
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Quotation
Volght dan hier uyt, dat de tafereelen die de lieffelicke soetigheyd van allerley gheschilderde wercken overtreffen; tafereelen, die ’s menschen begrijp en Konst te boven gaen; tafereelen , die gheseyt worden door een onuytsprekelicke, onnaedoenelicke, boven naturelicke, goddelicke Konst-grepe suyverlick ghedaen te sijn, yet in sich moet hebben ’t welck uyt d’arbeydsaeme moeyelickheyd der Konst-regulen niet en kan ghehaelt worden; maer dat hy de vrye gheesten der kloeck-moedigher Konstenaeren aenghemerckt hebbende hoe sich de nature in sulcken grooten verscheydenheyd der dinghen al spelende plaght te verlusten, even het selvighe in ’t naevolghen der nature betrachten.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] From this it follows, that the paintings that surpass the lovely sweetness of all sorts of painted works, that far surpass human understanding and Art; paintings that are said to be purely produced by an unmentionable, inimitable, supernatural, divine Artistic Act, have to contain something in them, which cannot be obtained from the diligent difficulty of the Art-rules; but that, having observed the free spirit of the brave Artists how nature tends to playfully adorn in such a wide variety of things, attemps to obtain the same in the imitation of nature.
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Quotation
Den Geest besit hier de Vryheydt, soo wel als inde algemeene Schilder-Konst op Tafereelen, want daer in verkiest yeder Meester soodanighen Study als met sijne genegentheydt alderbest accordeert, ghemerckt het niet wel alle Universeele en in elck dingh, even groote Meesters konnen zijn.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] The Mind has the Freedom here, like in the general Art of Painting on Panel, because every Master choses such a Study that coincides with his inclination, as it is not easy to all be Universal and be equally great Masters in all things.
The introduction to the English translation does not follow the text of the original. [MO]
Quotation
Van den Marber-steen kan seer weynigh geschreven worden, om dat dese meest uyt den Geest des Oeffenaers moet komen. Maer om er evenwel yets van te seggen, soo kanmen aenmercken, datmen na het aenleggen vanden grondt der Marmer-steen, hy sy dan Wit, Root of Swart, of anders van Coleur, eenige twijffelachtige en dommilige vlacken van Verwen, hier en daer moet aenschommelen
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] We can say very little about the Marble Stone, as it should mostly originate from the Mind of the Practitioner. But to nonetheless say something, one could remark, that for building up the ground of the Marble Stone, whether White, Red or Black or of another Colour, some vague and fuzzy fields of colour, should be scumbled here and there
I have chosen to translate the term ‘aanschommelen’ as scumble, because this is the translation that is used in the English translation (1738) of De Lairesse’s Groot Schilderboek. [MO]
Quotation
(…) staet alleen vande Conijnen te Noteeren, datter meer verscheyden van coleuren gevonden worden, als vande Hasen; Namentlijck witte, swarte, vaele, rosse, doch meest graeuwe; ontrent welcke in ’t Coloreeren niet anders als het toepassen en verkiesen vande Verwen waer te nemen is, gelijck deselve in andere Dieren die alreede beschreven zijn, gevonden werden: want die dus verre zijn ghekomen, sullen de overighe na het leven en aenleydingh van hunnen Geest, weten na te volghen.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] [...] about the Rabbits we only have to remark, that more different colours can be found, than with the Hares; Namely white, black, pale, reddish, yet most grayish; regarding which nothing else but applying and choosing the colours is to be observed for the Colouring, like it can be found in other Animals that have already been described: because those who have come this far, will be able to imitate the other [ndr: animals] after the life and the occasion of their Mind.
The phrasing is more succinct in the English translation. [MO]
Quotation
Soo kan men oock uyt het gene alreede geseyt is, sich versekeren, hoedanigh de leersame onderwijsingen, de natueren moeten te bate komen, om daer door, met alles wat tot een volkomen Konstenaer vereyst wert, de Natuerlijcke toe-genegentheydt te voltoyen; […] Insghelijcks moeten oock de Jonghelinghen ( van welckmen sich yets goets beloven mag) van een seer neerstigen ende arbeytsamen Geest zijn, opmerckende ende sinspeligh van gedachten, vol van fraye inbeeldingen ende fantasien.
Sy moeten arbeytsaem ende neerstigh wesen, om dieswille dat soodanige Konst noch om Gout noch Silver kan verkregen werden, maer alleen door een wercksame oeffeninge; voor welcke d’Oude plegen te seggen dat de Goden alle dingh verkoopen. Opmercksaemheyt van gedachten moetense hebben, om door ghewoonte van die daghelijcks te oeffenen, sterck van inbeeldinge te werden; ten eynde sy die allengskens tot het uytvoeren van haere hooghverhevene fantasien souden leeren in ’t werck stellen. {Watmen doen moet om sijn ghesteltheyt te verbeteren.} Hierom wil L. Davincy, dat een Jongh Schilder gheen dingen en mach versuymen, soo in het beschouwen der natuerlijcke voorwerpselen, ende bysondere voorvallen, als in het ondersoecken en overleggen van fraye Historyen, Poëtische verdichtselen, ende outheden, als anders; daer uyt hy niet yets en soude vinden, dat tot sijne study dienstig mogte zijn, om daer aen te gedencken: Gemerckt de inbeeldingen ende fantasien in ons gestelt zijn, als een Register, ofte aenwijser van ’t geen wy oyt met onse oogen gesien, ende met ons verstant begrepen hebben.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such one can also ascertain oneself from that which has already been said, to which degree the instructive teachings have to profit nature, in order to complete the natural inclination with everything that is demanded from a perfect Artist; […] likewise the young men (of whom one may expect something good) have to be of a very diligent and laborious Mind, observing and clever of thoughts, full of pleasing imaginations and fantasies. They have to be laborious and diligent, while such an Art cannot be acquired with Gold or Silver, but only through a continuous practice; for which the Old tend to say that the Gods sell everything. The need to have percipience of thoughts, to become strong of imagination through the habit of practicing it daily; so that they will gradually learn to put it to use for the execution of their excellent fantasies. {What one should do to improve one’s condition.} Because of this Leonardo da Vinci demands that a Young Painter does not neglect anything, both in the observation of natural objects and specific events, as in the investigation and consideration of nice Histories, Poetic poetry and antiquity, and other things; from which he may find something, that could be useful for his study, to think of: As the imaginations and fantasies are placed within us, like a register, or indicator of that which we have one day seen with our eyes and understood with our mind.
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Quotation
De Teyckeningen, Schetsen, ende Printen, moetmen in ’t sien met het verstant ende niet met handt ende ooge gebruycken om daer stucken ende brocken uyt te stelen, {Recht gebruyck der Print-Konst.} veel min om die geheel na te apen (al-hoe-wel dat oock zijn nuttigheyt heeft wanneer ’t wel wort aengeleyt, gelijckw’in onse Teycken-Konst leeren,) ende blijven alsoo geduerlijck door den Bril van een ander kijcken. Maer neen, men moet alleen de deughden, als fraye maniere van ordineeringhe, Teyckeningh, geestige gedachten ende verstandighe opmerckingen, door het besien, hersien, bedencken, overleggen ende herkauwen, trachten in sijn gemoet te drucken, ende daer in, met dickwils eraen te dencken, bewaren; invoegen sy door het toedoen van uwen Geest, niet meer eenes anderen, maer in U eygen vindingen verandert worden: Ten eynde sy oock in het ordineeren, t’samenstellen, ende vercieringen van uwe inventien als wijse Raets-mannen souden konnen dienen. Ende op dese maniere salmen vol van gedachten, vlugge van ordinnantie, rijp ende overvloedigh van Schilderachtige stoffe werden:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In observing the Drawings, Sketches and Prints, they should be used with the mind and not with the hand or eye to steal bits and pieces from it, even less to ape it entirely (although this also has its use when it applied well, as we teach in our Teycken-Konst,) {The right use of the Art of Print.} and they will continue to look through the Glasses of someone else. But no, one should aim to only impress the virtues, such as the lovely manner of composition, Drawing, clever thoughts and wise observations in his mind by looking, looking again, reasoning, deliberating and ruminating, and all this by repeatedly thinking about it, preserving; as such they will be turned into your own discoveries by the functioning of your Mind, and not those of someone else: So that they may serve as wise Councilors in the composing, ordering and decorating of your inventions. And this way one will become full of thoughts, quick of composition, mature and abundant of Painterly matter:
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Quotation
Aengaende nu de meeste nuttigheyt diemen uyt het navolgen ende bestudeeren van oude ende geleerde stucken moet halen, is, datmen de Konst ende kracht van soodanige Schildery, aen sijne eygen Wercken leert toepassen, en daer in als sijn eygen Werck vertoont, dat is datmen de Deught van een beroemt Meesters Wercken, ontrent ende in een Nieuwe Inventy geleerdelijck oeffent. Hierom is ‘et datmen de Konst-stucken met geen losse, of loopende ooge mach besichten; {Gebruyck uyt het gene men in ’t Copieeren geleert heeft.} maer deselve wel nadencken, ende die bedenckingen andermael hervatten, de stucken in de handt nemen, en bespeculeeren die wel naeuwe door en door, op datmen alsoo na een veelvoudighe op-merckingh, de ware Deught der Konste ende geest door welke soodanigen Meester is geleyt geworden, verstaende, die ons selfs eygen kome te maken. Doet ‘er by dat daerom eenen Jongelingh ontrent de Konst van soodanigen navolgingh, sich moeste versien, met de hulpe ende onderwijsinge van een getrouw Leer-Meester, op dat hy ontrent het gheseyde, sijne onervaerne sinnen ende handen geleerdelijck bestieren mochte.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Regarding the best use that one has to obtain from the imitation and study of old and learned pieces, one should learn to apply the Art and power of such a Painting to his own works, and show it as his own work, i.e. that one intelligently practices the Virtue of the Works of a famous Master regarding and in a New Invention. This is why one should never look at the Art works with a loose or moving eye; {Use from that which one has learned by Copying.} but think well about it and take up these considerations once again, taking the pieces in one’s hands and considering them closely through and through, so that one may appropriate after a multiple observation, understanding the true Virtue of Art and the spirit by which such a Master was driven. Add to this that this is why, regarding the Art of such imitation, a young man must ascertain himself, the assistance and education by a loyal Teacher, so that regarding that which has been said, he may guide his inexperienced senses and hands intelligently.
Quotation
{Nuttigheyt van dese onderwijsing.} Dit dan de Leerlinghen eens wel inghescherpt ende van haer verstaen zijnde, sullen terstont selfs uyt de Geest, allerhande verkiesinghe van fraeye Tronien, met verstant na de reden, Meesterachtigh weten te schetsen en veerdigh aen te wijsen: Daer sy anders na een platte af-teyckeninghe al doende niet en weten watse doen, noch waer toe dat het zijn ooghmerck heeft;
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {Use of this instruction.} Once this has been imprinted in the Pupils and understood by them, they will soon be able to sketch masterfully and competently point out different sorts of beautiful Faces, with knowledge of the reason, from the Mind: Where otherwise they would not know what they are doing after a flat copy, nor what its use is;
Quotation
{Nader bericht aengaende het Teyckenen na printen.} In ’t voor-by-gaen dient oock aen-gemerckt, dat wy niet en Ordeelen dat het Teyckenen na Printen absoluyt ongeraden is, neen seecker, maer wy seggen in tegendeel dat het voor die gene welcke alreede een goede handelingh hebben bekomen, en wat op haer eyghen beenen beginnen te staen, haer Werck wel mogen maecken van seer veel na Printen te Teyckenen, ja alles wat hun fraeys voor komt na te Teyckenen, en sonder op-houden daer na te studeeren; {Nuttigheyt hier van.} niet juyst geheele Printen (ten sy die dat waerdigh zijn) maer het gene daer bysonders mochte in wesen, ’t sy fraye Beelden, aerdighe en antique Kleedinghen die verstandigh en seecker gheployt zijn, wel-bedachte en Werckelijcke actien en wat dies meer is, daer toe nemenede de onkostelijcksten tijt, als Winterse-avonden en vroegen Morgen-stonden, insonderheydt alsmen den dagh tot andere studien, ’t sy van Ordineeren of Schilderen kan besteden; en dit moetmen alles te dien eynde doen, op datmen door het gheduerigh na teyckenen van fraye dinghen, vast en volkomen mochte worden, en den Geest allenghskens vol fraye gedachten drucken welcke maniere van doen evenwel van sommige (doch ten onrechten en sonder reden) wert tegen gesproocken.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {More information regarding drawing after prints.} In passing we should also remark that we do not believe that the Drawing after Prints is completely unadvisable, certainly not, but we say to the contrary that for those who have already obtained a good manner, and are starting to stand on their own two feet, they may certainly focus on drawing a lot after prints, yes drawing after everything that seems beautiful to them, without limitations; {Use of this.} not necessarily whole Prints (unless they are worth it) but those things that are special in them, be it beautiful Figures, nice and antique Clothing that are sensibly and convincingly folded, well-conceived and True actions and what else, taking free time for it, such as Winter evenings and early mornings, especially if one can dedicate the daytime to other studies, either Composing or Painting; and one should do all this with the objective that one might become steady and perfect through lengthily drawing after beautiful things, and imprint the Mind gradually full of beautiful thoughts, which manner of doing is still opposed (albeit undeservedly and without reason) by some.
Goeree discerns different types of drawing and gives ample advice and commentary. Here he discusses the practice of drawing after prints. This section is rather different in the English translation. [MO]
Quotation
{Kleyne dingen konnen somtijts sonder omtreck gemaeckt worden, en nochtans omgetrocken schijnen.} Men kan oock veel dingen, insonderheyt in ’t kleyne ofte kleyne deelen, sonder trecken tegen den dagh aenwijsen, die evenwel soo volkomen sullen schijnen als ofse omghetrocken ware; daer van alle voorvallen niet wel en konnen geseyt worden; Wy sullen slechts een Exempel [ndr: reference to illustration] voor allen stellen, de reste moet de Geest van een Geestigh Teyckenaer na gelegentheydt te passen, volgens ’t gene sijn Voorwerp sal konnen lijden; door welcke op-merckingh men veel aerdigheyts en lossigheyts in sijne Teyckeningh sal konnen brengen, die het verstandt vanden Teyckenaer, aenden Kundigen beschouwer genoegsaem sal te kennen geven.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {Small things can sometimes be made without contour, and still appear contoured.} One can also point out many things, especially in small and in small parts, without lines against the light parts, which will still appear as perfect as if they were contoured; of which we cannot name all examples; We will just give one example for all of them [ndr: reference to illustration], the Mind of a Spirited Draughtsman should form the rest after the circumstances, according to that which his Subject can take; by which observation one can bring a lot of pleasantry and looseness in his Drawing, which will nicely show the mind of the Draughtsman to the competent spectator.
The phrasing of this sentence is somewhat different in the German translation, which means that Verstand is only an approximate translation for Geest. [MO]
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Quotation
Welke Oeffening den Schilder niet alleen een getrouwe hulp-Suster sal ’t zijn in ’t volgen van het natuurlijk Leven, maar sy sal hem voor een ervare Meesteres konnen dienen, wanneer hy ’t Leven moet derven; om door de beseffing van een ware ingebeelde Schoonheyd sijn geest soodanig te onderwijsen, en sijn hand soo verstandig te bestuuren, dat hy de voorgestelde Schoonheyd uyt de volle Bron-ader van sijn gemoet, als met volle stroomen op den Schilder-doek sal konnen uytgieten. Waarlijk d’uitdrukking van de Schoonheyd kan door de sterke Inbeeldingskracht merkelijk verbeterd werden. Van den grooten Phydias werd verhaald, dat als hy het Beeld van Jupiter en Minerva maakte, dat hy sijn oogen op niemand sloeg daar hy die gelijkenis uyt ontleende, maar dat hy sijn gemoed het Voor-beeld van een seer uytgelesen Schoonheyd kragtelijck voor stelde, op ’t welk hy de oogen van sijn verstand, soo stantvastelijk gevesigt hield, dat hy sijn hand en sijn Konst, sonder eenige afwisseling, na de gelijkenis des selven Voor-beelds bestuurd heeft. De Oude hebben seer wel gesien, dat de Schoonheyd selden volkomen te bekomen was, doch dat en schrikten haar niet af; {De uyterste Schoonheyd vint men selden of noyt in een mensch volkomen.} maar sy wierden des te meer aangeset om door alle betamelijke middelen, en voornamelijck door de Verbeeldens-kragt, haar selven die kragtelijck in te boesemen. Den geleerden Junius heeft menige puyk-staaltjes hier van opgehaalt, die niet en behoorden onbekent te zijn. […]
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] This Practice will not only be a loyal assistant to the Painter in the imitation of the natural Life, by she will serve him as an experienced Mistress, when Life is lacking him; by instructing his mind so much through the sense of a true imagined Beauty and by guiding his hand so wisely, that he will be able to pour the imagined Beauty from the source of his mind in full streams on the Canvas. Truly, the expression of Beauty can be significantly increased by the strong Power of Imagination. It is said of the great Phydias, that when he made the Statue of Jupiter and Minerva, he did not cast his eye on anyone from whom he borrowed their likeness, but that he imagined the Example of the very exquisite Beauty powerfully in his mind, on which he held his mind’s eye so steadily focused, that he has guided his hand and his Art, without any distraction, after the likeness of this Example. The Old have noticed very well, that beauty is seldom to be obtained perfect, but this did not chase them away; {The utmost Beauty is seldom or never to be found in one entire person.} rather they were even more stimulated to procure her by all means necessary, and especially through the power of imagination. The learned Junius has evoked many excellent examples of this, which should not be unknown. […]
Quotation
Wanneer nu een vast Teykenaar de schets deser Tronie-Geslagten eenmaal op sekere wijse sijn geheugenis heeft ingedrukt; {Hoemen sig moet bereyden om Tronien of Konterfeytsels by inbeelding te maken, dat is, uyt de Geest na ’t leven te Schilderen.} En hy vind gelegentheyd om ymand dien hy maar eens gesien heeft, te verbeelden, dat is te Konterfeyten, soo moet hy door een kragtige Inbeelding, alles dat hem van den begeerderden Mensch sijn Swemingh en opsigt, in sijn Gedagten speeld, wel Erinneren, en Levendig te voren brengen; En dat tot aan het Sweemsel van d’een of d’ander Tronie, of Model over brengen; En socken in welke soort of Model, d’algemeene Schets meest met sijn Gedagten over een stemd, en merkelijk gestijfd en geholpen, of tot de gelijkenis van sijn denk-Beeld gebragt werd. Dan moetmen tot de bysondere trek des Voor-Hoofds, Neus en Mond, en Kin overslag maken, en letten in wat Trap van Sweming sijn beschoude Voor-beelden met die van de ingebeelde Sweming de meeste gelijkenis hebben. In welk doen met sekerlijk sal ontwaar werden, datmen de middel in de Hand heeft, om dat volgens een sekeren Regel te doen. Van den Italiaanschen Schilder D. Girlandaio werd aangetekend, dat hy de Tronie-kunde soo vast had, dat hy in ’t Konterfeyten, by Inbeelding noyt en miste een kenbare gelijkenis aan te treffen. In welk doen ook eene Francisco Mossoli hem een Konst-genood verstrekte. Andere Geesten hebben sulx op ’t berigt van andere konnen doen: Sulx datse Konterfeytsels en Tafereelen maakten, van Luyden die al een wijle gestorven waren; en diese noyt met Oogen aanschouwd hadden.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Now when a steady Draughtsman has planted the illustration of these Facial Categories in some way in his memory; (How one should prepare oneself to paint Faces or Portraits after his imagination, that is, from the Mind after Life.} And he will find the opportunity to depict, that is to portray, someone who he has only seen once, as such he has to remember and reproduce in a lively manner, all that comes to his mind about the Expression and Features of the proposed Man, by means of a powerful Imagination; And deliver this to the Expression of some or other Face, or Model; And determine which type or Model of the general illustration coincides best with his Thought, rather stylized and forced, or with the likeness of his mental Image. Then one has to move to the specific feature of the forehead, Nose or Mouth and Chin, and pay attention to which degree of expression the Examples that he has seen have a resemblance with that of the imagined Expression. By doing this one will certainly become aware, that one possesses a means to do this according to a certain Rule. It is written about the Italian Painter Domenico Ghirlandaio that he had mastered the Physiognomy so well, that through Imagination he never missed to notice a clear resemblance, while making a Portrait. In which a certain Francesco Mazzoli [ndr: Parmigianino] also was a fellow craftsman. Other Minds have been able to do it based on the description of others: Such that they made Portraits and Scenes of People who had long been deceased; and whom they had never seen with their own Eyes.
technical note: There is a mistake in the pdf, these are pages 230 and 223 of the pdf. [MO]
Quotation
{Men kan die niet vast bepaalen.} Wat my aangaat, hoewel ik de vrye geest der Schilderen niet binden wil, en wel weet wat kragtige inbeeldingen zomtijds ‘er zijn, en dat een Meester zoo vast kan weezen, dat hy zonder regulen, heeft leeren alles schilderen na zijn afwykingen, en ook dat d’eene d’inbeeldinge in zommige dingen anders als d’andere geleid wordt; {Maniere des Autheurs.} zal alleenlijk ten dienste der Leerlingen mijn maniere en ordre voorstellen, die ik niet twijffele, of zal eenige dienst en vrugt konnen toebrengen.
[translation: BEURS, en préparation, transl. Myra Scholz:] {This cannot be rigidly prescribed, the author’s method} Although I do not want to constrain the free spirit of artists—knowing what powerful imaginations there are in some cases, and that a master can be so sure of himself that he has learned to paint everything in his own way without rules; knowing also that in some things one imagination is guided differently from another—I shall merely offer pupils my method and order of painting, which I have no doubt will prove useful and fruitful.
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Quotation
T: […] Maar zeg eens wat is Konst, en waar in bestaat uw oeffening?
S: Alles dat my voor komt te Schilderen, wat vraagen is dat?
T: Uyt de Geest ook?
S: Wat uyt de geest, wisje wasje, neen het Leeven, de Naarbootsinge der algemeene Natuur is myn Studie.
T: Hebt gy wel naar Playster leeren Teekenen?
S: Drie jaar heb ik geteekend, maar ‘k weet van geen playster, heb ook by myn patroon niets daar van gezien, maar na fraaje printen van Blommert, Berchem, Breugel, Rubens, en andere braave Konstenaars.
T: Naar Raphael, Karats, en Pousyn ook?
S: ‘k Geloof van ja, ik heb’er zoo naauw niet opgelet. Maar wel na Teekeningen van myn Meester.
T: Hebt gy meede op ’t Kollegie naar het Naakt Model geteekent?
S: Neen.
T: Wat meent gy dan met het Leeven te Schilderen?
S: Na Leevendige menschen, Man, Vrou, Kind, Schaapen, Ossen, Koeyen, Stoelen, Kassen; ja alles dat te pas komt.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] T [ndr: draughtsmen]: […] But tell me, what is Art, and of what consists your practice? S [ndr: painter]: Everything that I want to paint, what kind of question is this? T: Also from the Mind? S: From the mind, what a nonsense [ndr: with the expression ‘wisje wasje’, De Lairesse brushes painting from the mind aside], no the life, the imitation of the general nature is my study. T: But have you learned to draw after plaster? S: Three years I have drawn, but I know of no plaster, nor have I seen any of it with my patron, but after beautiful prints by Bloemaert, Berchem, Breugel, Rubens and other good artists. T: After Raphael, Carracci and Poussin as well? S: I guess so, yes, I have not considered it much. But definitely after the drawings of my master. T: Have you also drawn during the classes after the nude model? S: No. T: Then what do you mean with painting with the life? S: After living people, man, woman, child, sheep, oxes, cows, chairs, cupboards; yes everything that might come of use.
Quotation
T: [...] Maar hoor, als gy de Proportie beelden eens vast in u memorie hebt, zo zult gy allengskens gewent worden, om de passer niet meer met de hand; maar met het oog te gebruiken.
S: Nu begrijp ik watmen te verstaan wil geeven, alsmen zegt, dat de Beeldhouwer de passer in de hand, en de Schilder dezelve in ’t oog moet hebben. Waarlyk ik bevind het nu ook zo, want dat rond en verheeven is, al is het nog zo krom of geboogen, zo kunnen zy ’t met de passer afmeeten; het geen met een geschilderd beeld onmoogelyk gedaan kan worden. Zo dat ik hier uit bemerk, dat het meerder Konst moet weezen te werken met de Geest dan met de handen. Och had myn Meester my al dees dingen gezegt, zo had ik ’t nu al lang geweeten.
T: Hy heeft u moogelyk noch zo ver niet geoordeeld om die zaaken t’openbaaren, of gy hebt door achteloosheid, geen opmerkinge genoeg genoomen, en dan leidmen gemeenlyk, de schuld op de meester. Een Leerling die gaau van begrip, werkzaam, en oplettende in zyn doen is, geeft groote hoop om een braaf meester te worden, te meer als hy in zyn jonkheid door een goede onderwyzinge, ondersteund geworden is. Maar zo hy geen voorzichtigheid, noch goede Memorie heeft; zo koomen hem die drie hoedaanigheeden niet te staade. Want de Voorzichtigheid is het oog der ziel, de Bloem eener Plant, en het spits eener schicht. Maar goede Onthoudinge is het voornaamste.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] T [ndr: draughtsman]: But listen, as soon as you have the proportion [ndr: of] figures fixed in your memory, you will gradually become accustomed to no longer use the compass with the hand but with the eye. S [ndr: painter]: No I understand what they want to say, when they say that the sculptor has to have the compass in the hand and the painter in the eye. I am truly agreeing, because that which is round or elevated, no matter how crooked or bent it is, they are able to measure it with the compass; which cannot be done with a painted figure. So I conclude from this, that it is more artful to work with the mind than with the hands. Oh, if only my master had said these things, I would have known them a long time ago. T: Possibly, he did not deem you advanced enough to reveal those things, or you have not noticed it because of carelessness, and then the master is generally blamed. A pupil who is quick-witted, diligent and attentive in his ways, gives great hope to become a good master, more so if he has been supported by good instruction since his childhood. But if he does not possess carefulness, nor a good memory; then those three characteristics will not be apparent. Because the Carefulness is the eye of the soul, the flower of a plant and the point of a beam. But a good Memory is the most important.
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[…] der Konst, want deze is een Theorie of kennisse der Geest, en het andere [NDR : handeling] een Praktyk of uitvoering door de hand, hier in bestaande: dat het is een handgreep of lyding des penseels met verwen, door de hand, op een zekere en ordentelyke wyze bestierd, waar door men een ding zonder morssen, wis en vaardig kan maaken en vertoonen.
[D'après DE LAIRESSE, 1787, p. 53:] […] car l’art est une théorie ou une production de l’esprit ; tandis que la manière ne consiste que dans une pratique ou exécution manuelle, laquelle dépend d’une certaine dexterité à bien conduire le pinceau & à disposer les couleurs d’une façon convenable ; de sorte qu’on puisse exécuter ce travail avec facilité & sûreté, sans barbouiller la toile.
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IK vind geen ding onvoordeeliger en onvermaakelyker voor een Schilder, als zich altoos aan eene manier van verbeelding te houden. De natuur zelve moet hen van hunne eenzinnigheid overtuigen; en niet alleen deze, maar ook de volgende regelen. Eerstelyk, de verschillende plaatsen, in welke de Schilderyen gesteld worden: want daar is niemand, die my wederspreeken zal in het stellen, dat ieder Stuk op alle plaats past. Wanneer ik zo weinig verandering in de trant eens Meesters bespeur, oordeel ik, dat het de regte Meester niet is: want die zulks is, laat de rykdom van zynen geest blyken. Ten anderen, moet hy zich in zyne Ordinantie na de zinnelykheid des Eigenaars voegen, zo verre als de reden het toelaat; en zyne volstrekte en eenzinnige wil niet tegens de grondregelen der konst en welstand aanloopen.
[D'après DE LAIRESSE 1787, vol. 2, p.26:] Rien ne me paroît plus désavantageux & plus désagréable pour un peintre, que de se vouer à une seule manière de représenter les objets. La nature elle-même & les réflexions que je vais exposer, seront connoître suffissamment l’erreur de ce principe. En premier lieu, relativement aux differens endroits où l’on veut placer les tableaux ; car je ne pense pas qu’on veuille soutenir qu’un ouvrage de peinture puisse être mis indifféremment par-tout. Et lorsqu’on voit un peintre qui ne varie, pour ainsi dire, jamais ses compositions, on a tout lieu de croire que ce n’est pas un grand maître, & qu’il est peu riche en idées [ndr : de l’esprit]. Secondement, parce qu’il règle ses compositions suivant la volonté des amateurs [ndr : propriétaires] qui demandent ses ouvrages, pour autant que la raison & les règles de l’art peuvent le permettre.
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Myn gevoelen is, dat dit voorige meest uit de eigenzinnigheid van den Konstenaar voortkomt; en dat 'er niets meer in een Wedergaa word vereischt, als een evengelyk oogpunt en gelykvormigheid der beelden, wanneer ze op een gelyke hoogte hangen moeten: maar die het overige daar by wil gevoegd hebben, zoekt het vyfde rad aan een wagen. Want waarom zoude ik myn vermaak niet mogen hebben, na myne lust in het beschouwen van een naare wildernis te hebben geboet, zulks ook te doen in het zien van een aangenaame vlakte, of in het verschil van een Landschap met bosch in tegenstelling van een zoete rivierkant en een vermaakelyke doorzicht? My dunkt, de naam [ndr : Weêrgaâs] zelf wyst het genoegsaam aan, te weeten dat het twee Stukken zyn van een gelyke hoogte en breette, gelykvormig van lyst, hun licht ontfangende uit eene zelve zyde der plaats daar zy hangen, het zy over of naast malkander, meest even zwaar of vol werk, gelyke grootte der beelden, verminderende allengs na het oogpunt. En belangende de gedachten, of het concept, hoe verschillender hoe beter en aangenaamer; op dat men den ryken en vloeijenden geest des Meesters daar in gewaar moge werden.
[D'après DE LAIRESSE 1787, vol.2, p.29:] Il me semble que ces raports dépendent entièrement de la volonté de l’artiste, & que les seules choses qu’il faille absolument observer dans deux tableaux destinés à servir de pendans, se reduisent à un point de vue égal & à une parfaite uniformité entre les figures, lorsqu’on veut les pendre à une même hauteur : le reste est tout-à-fait arbitraire & même inutile. Car pourquoi ne seroit-il pas permis, après avoir satisfait sa curiosité à regarder un désert affreux, de récréer sa vue à voir une campagne fertile & agréable, ou de contenter son goût, en passant successivement d’un paysage ombragé, à un site ouvert, ou à une vue du Rhin ou de quelque marine. Il me semble que le mot Pendans donne assez à entendre que ce sont deux tableaux d’une même grandeur, avec une bordure semblable, qui recoivent le jour du même côté, soit qu’ils pendent l’un vis-à-vis ou l’un à côté de l’autre, à peu près également remplis d’objets, avec des figures de même grandeur, qui diminuent en égale proportion, en fuyant vers le point de vue. Quant à la composition, plus elle diffère dans les deux tableaux, plus il en résulte de beauté & d’agrément, parce que cela nous prouve la richesse d’idées du maître.
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8 Beschildert eerst ws sins imaginacy
Met gheestighe byvoeghelijcke stucken,
Om u materie met schoone gracy {Alles gracelijck uyt te beelden.}
(Als goed’ Oratoren doen hun oracy)
Heerlijck, constich, en bequaem uyt te drucken,
En op dat u te beter mach ghelucken,
Meucht ghy daer van eenighe schetsen maken, {Eerst ontwerpselen maken.}
Iae vry soo veel, tot dat het mach gheraken.
[D'après NOLDUS 2008, p. 63:] 8 Commencez d’abord à peindre dans votre imagination des éléments accessoires, pleins d’esprit, pour bien exprimer votre matière, avec grâce et beauté (comme le font les Orateurs dans leurs discours) avec splendeur, Art et habileté. {Tout exprimer avec grâce.} Pour mieux y arriver, faites quelques esquisses assez pour que cela réussisse. {Faire d’abord des esquisses}
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8 Ick ontrade niet datmen hem veel wende
Te leeren maken al verscheyden aerden
Van Lakens nae ’t leven waer in gheen ende
Was met Lucas, soo yemandt die hem kende
Wel heeft betuyght van desen wijt vermaerden
Doch is Laken meer als loof, hayr, oft baerden, {Laken geestiger, als loof oft hayr.}
Een gheestich soecken, jae versierich vinden,
Met een aerdich varten, schorten en binden.
[D'après NOLDUS 2008, p. 155:] 8 Je ne déconseille pas une grande application dans l’apprentissage de la peinture de différents Tissus d’après la vie : aux yeux de Lucas, c’était sans fin, {Différentes sortes de Tissus d’après la vie. Le Drapé relève davantage de l’Esprit que le feuillage ou les cheveux.} selon le témoignage d’un proche qui avait bien connu cet artiste très célèbre. Cependant, le Drapé est, plus que le feuillage, les cheveux ou les barbes, une quête de l’esprit, et une invention de l’imagination, parce qu’il faut l’arranger, le ramasser, le relever, et l’attacher.{Manipuler et attacher les Tissus.}
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En of schoon datter veel aen vast is, datmen de Teycken-Konst diende te verstaen, en deswegen veel Arbeydts en Hooft-breeckingh van nooden is, om de Verlichterie-Kunde te Leeren; soo moetmen hier op weten, dat alhoewel dese Konst sulcks al vereyst, ghelijckse dat oock doet; datter evenwel veel fraye dingen inde selve konnen ghemaeckt werden, sonder heel geleert inde Teycken-Kunde te wesen: gelijck als daer dan zijn de Freuytagien, Bancketten, Vogelkens, en alderhande Looven en Bloemen welcke insonderheyt playsant voor d’Ooge zijn, en stoffe genoegh geeft van veranderlijckheyt, oock om sijnen goeden Geest en Kennis diemen besit, daer in bekent te stellen, en een roemruchtigen naem van hem te laten uytgaen. De swaere dingen, als daer zijn Beelden, Ordinantien, Beesten, Lantschappen en diergelijcke mogen Jonge Borsten, ofte die na meerder Geleertheydt staen, of alreede hebben, aenvanghen, na dat yeder tot dese andere tot andere dingen van sijn ingenium geleyt wort; oock kan het ligt gebeuren dat sommige Geestige Ionckvrouwen door ’t Oeffenen vande gheringhste Werckstucken, inde Konst, door het wel gelucken van haren Arbeyt, lust souden krijghen om verder tot de algemeenheydt deser Konst in te booren, en alsoo uytnemende te werden.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] And although much depends on being able to understand the Art of Drawing, for which much Work and pondering is necessary, to learn the Art of Illumination; yet one should know that although this Art needs all this that she does; that still many beautiful things can be made in this art, without being very learned in the Art of Drawing: such as the Fruit pieces, Banquets, Birds, and all sorts of Foliage and Flowers which are especially pleasant to the Eye and offer enough material of changeability, also to make one’s good Mind and Knowledge – which one has – familiar with it and radiate an illustrious name. The difficult things, such as Figures, Compositions, Animals and Landscapes and the like, may be began by Young Men who either lean towards more Knowledge, or have it already, after everyone is led towards these other [ndr: things] by other elements of his ingenuity; it can moreover easily happen that some Spirited Young Ladies by practicing the small tasks of the Art, would get the desire – because of the success of their labour – to penetrate further into the general parts of this Art and thus become excellent.
The introduction to the English translation does not follow the text of the original. [MO]
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Soo staet oock aen te mercken dat sich de Schilder-Konst tot veele dinghen uytstreckt; en selfs de alder-naeuwkeurighste Natuyr-beschryvers noodigh werdt. {Schilder-Konst noodigh aen de natuerbeschrijvers.} En wy sien hoe dickwils de Leer-Meesters die moeten te hulpe roepen, en hoese om de Natuer der dinghen te beschryven, sijn ghedwonghen tot de af-teyckeningh van Menschen, Vogelen, Visschen, ende kruypende Gedierten te komen: […]
De Bouw-Meesters seght Vitruvius moeten seer wel inde Teyken-kunde ervaren wesen, op dat sy de hoedanigheyt van haer voorgenomen Werk, met alle sijn omslagh en Ornamenten, te gemackelijker in een Vertoogh-Schets, souden konnen voor-stellen.
De Landt-Meters, Wereldt-Beschryvers en Sterre-Konstenaers, hebben van outs her door de Teycken-kunde alles geestigh weten Af-te-beelden. […]
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such one may remark that the Art of Painting extends to many things; and is even necessary to the most precise describers of Nature. {The Art of Painting is necessary to the describers of nature.} And we see how often the Teachers have to ask for its assistance, and how they are forced to drawing after Humans, Birds, Fishes, and crawling creatures, in order to describe the Nature of things: […] The Architects, says Vitruvius, have to be very experienced in the Art of Drawing, in order for them to be able to show the nature of their proposed Work, with all its extras and Ornaments, in an easier way by means of a sketch. The Cartographers, Describers of the World and Star-Artists [ndr: Astronomers], have always known to portray everything in a clever way with the Art of Drawing. […]
Goeree continues to list different uses of drawings and paintings, until page 31. [MO]
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Oock heeft den selven Vermander, een uytleggingh op de Metamorphosis of herscheppingh van Ovidius gemaeckt, die mede tot het verstant der Poëtische fabulen dienen konnen, ten eynde men sich daer na in het ordineeren van sijne inventien, niet onverstandigh aenstelle, maer die schicke naer de algemeene uytleggers van dusdanige inventien; ende oock om die by dese of gene voorvallen geestigh ende geleerdelijck toe te passen.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] The same Van Mander has also written an explanation of the Metamorphosis or recreation of Ovid, which may also serve for the understanding of the poetic fables, so that afterwards one may not behave himself unwisely in the composition of his inventions, but arrange them after the general explanations of such inventions; and also to apply them cleverly and eloquently at some occasions
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De Teyckeningen, Schetsen, ende Printen, moetmen in ’t sien met het verstant ende niet met handt ende ooge gebruycken om daer stucken ende brocken uyt te stelen, {Recht gebruyck der Print-Konst.} veel min om die geheel na te apen (al-hoe-wel dat oock zijn nuttigheyt heeft wanneer ’t wel wort aengeleyt, gelijckw’in onse Teycken-Konst leeren,) ende blijven alsoo geduerlijck door den Bril van een ander kijcken. Maer neen, men moet alleen de deughden, als fraye maniere van ordineeringhe, Teyckeningh, geestige gedachten ende verstandighe opmerckingen, door het besien, hersien, bedencken, overleggen ende herkauwen, trachten in sijn gemoet te drucken, ende daer in, met dickwils eraen te dencken, bewaren; invoegen sy door het toedoen van uwen Geest, niet meer eenes anderen, maer in U eygen vindingen verandert worden: Ten eynde sy oock in het ordineeren, t’samenstellen, ende vercieringen van uwe inventien als wijse Raets-mannen souden konnen dienen. Ende op dese maniere salmen vol van gedachten, vlugge van ordinnantie, rijp ende overvloedigh van Schilderachtige stoffe werden:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In observing the Drawings, Sketches and Prints, they should be used with the mind and not with the hand or eye to steal bits and pieces from it, even less to ape it entirely (although this also has its use when it applied well, as we teach in our Teycken-Konst,) {The right use of the Art of Print.} and they will continue to look through the Glasses of someone else. But no, one should aim to only impress the virtues, such as the lovely manner of composition, Drawing, clever thoughts and wise observations in his mind by looking, looking again, reasoning, deliberating and ruminating, and all this by repeatedly thinking about it, preserving; as such they will be turned into your own discoveries by the functioning of your Mind, and not those of someone else: So that they may serve as wise Councilors in the composing, ordering and decorating of your inventions. And this way one will become full of thoughts, quick of composition, mature and abundant of Painterly matter:
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Hier by sal, oock eyndelingh, een verstandigh Konst-oeffenaer moeten weten, dat hy hem boven de study van alle voorgemelde dingen, seer neerstigh besich houdt omtrent het beschouwen van het natuerlijck leven, ende dat in alle voorvallen daer ’t mogelijck is ghebruycken, want datmen sich soude willen laten voorstaen, soo rasmen eenige trappen vande Konst te boven is geklommen, datmen alle de formen, en doeningen van het leven in sijn memorye kan houden, ende tevoorschijn brenghen, soo wanneermen die aan zijn inventien wil toepassen, die soude sich seer dickwils bedrogen vinden; {By alles watmen navorst moet ook vooral het leven gekent worden.} alwaert saecke yemant in alle de voorige studien sich al heel wel geoeffent had: Want het natuerlijck leven is in alles soo rijck, overvloedigh, konstigh en geleert, dat onse geheughnis op verr’na niet machtig is die geheel te bevatten veel min te behouden: Invoegen men noch Wercks genoegh vint om de gedachten besich te houden ontrent de menighte der saecken, diemen in ’t leven niet altijdt en kan bekomen, ten sy slechts in een schemerent oogenblick, of andersins door een krachtighe verbeeldenskracht, die door het sien van veele saecken ende verstandigh begrijp der dingen op-gekoestert ende ondersteunt wort: Welck ontrent het uytstorten van Geestige fantasien veele vermach; en deswegen niet t’onrecht aengeraden daer na te trachten, want door de inbeeldinge soo konnen wy d’afwesende dingen ons soo gemeen maecken als ofmen die tegenwoordich by sich hadde; {Wat d’Inbeeldingh vermagh.} invoegen daer niet anders dan de handt des Constenaers van nooden is om die op den Schilder-doeck te brenghen; waerom oock eenighe de In-beeldinghen by waeckende Droomen vergeleken hebben.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Finally, a wise practitioner of the Art should also know, that he should diligently occupy himself with the observation of the natural Life, besides the study of all the aforementioned things, and to apply it in all possible occasions, because he would be often feel deceived who would boast – as soon as he has climbed some steps of the Art – that he could store all forms and actions of life in his memory and bring them forth whenever he would want to apply them to his inventions; {In all that one investigates, one should especially know life.} although it is necessary that someone has already practiced a lot in all the aforementioned studies: As the natural life is so rich in everything, abundant, artful and learned, that our memory is not at all capable to conceive it in its entirety and even less to remember: As such one moreover finds enough work to keep the thoughts occupied regarding the quantity of things, that one cannot find in life, unless in a dusky moment, or else by means of a powerful power of imagination, which is enforced and sustained by the observation of many things and a sensible understanding of things: Which may be capable of a lot regarding the pouring out of witty fantasies; and therefore it is justified to advice to attempt this, as we can appropriate the unavailable things by means of the imagination as if we had them presently with us; {What the imagination is capable of.} as such we need nothing but the hand of the Artist to apply it to the Painter’s canvas; which is why some have compared the imaginations to awake Dreams.
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{Hoemen hem in ’t Schetsen en nader opstellen sal dragen.} En dat eerstelijck vande Schets, met het welck gy oock eerstelijck uwe dingen, het zy in wat manniere van Teyckeningh, Geestigh, Luchtigh, doch verstandelijck moet beworpen, en daer na met opmerckingh, volgens ’t gene wy daer van hebben aengewesen, deselve Corrigeeren en in ’t net stellen, alsins sich gewennende de voornaemste Schaduwtjens en Douwtjens met de Kool, in ’t nader op-stellen Meesterachtigh aen te wijsen, op dat ghy U vande stellinghe beter soud’ moghen verseeckeren: (…) {Vande ommetreck.} Na welke men moet beginnen Om-te trecken, en daer in voor al wel acht gheven op de Eeligheydt van de ommetrecken, om die ter rechter plaets te schicken met bewaringh van Parthyen;
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {How one should behave in Sketching and further composing.} And first about the Sketch, with which you also firstly should design your things, in which manner of Drawing, Spirited, Loose, yet wisely, and afterwards with observation, following that which we have said about it, correct it and compose it neatly [ndr: in a finalized form], making a habit out of pointing out masterfully the main Shadows and mouvements [ndr: uncertain translation!] with Charcoal, in the improved composition, in order to better determine the composition: (…) {About the contour.} After which one should start to make the contours, therein paying utmost attention to the Nobility of the contours, to place them at the right spot in line with the Parts;
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{Kleyne dingen konnen somtijts sonder omtreck gemaeckt worden, en nochtans omgetrocken schijnen.} Men kan oock veel dingen, insonderheyt in ’t kleyne ofte kleyne deelen, sonder trecken tegen den dagh aenwijsen, die evenwel soo volkomen sullen schijnen als ofse omghetrocken ware; daer van alle voorvallen niet wel en konnen geseyt worden; Wy sullen slechts een Exempel [ndr: reference to illustration] voor allen stellen, de reste moet de Geest van een Geestigh Teyckenaer na gelegentheydt te passen, volgens ’t gene sijn Voorwerp sal konnen lijden; door welcke op-merckingh men veel aerdigheyts en lossigheyts in sijne Teyckeningh sal konnen brengen, die het verstandt vanden Teyckenaer, aenden Kundigen beschouwer genoegsaem sal te kennen geven.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {Small things can sometimes be made without contour, and still appear contoured.} One can also point out many things, especially in small and in small parts, without lines against the light parts, which will still appear as perfect as if they were contoured; of which we cannot name all examples; We will just give one example for all of them [ndr: reference to illustration], the Mind of a Spirited Draughtsman should form the rest after the circumstances, according to that which his Subject can take; by which observation one can bring a lot of pleasantry and looseness in his Drawing, which will nicely show the mind of the Draughtsman to the competent spectator.
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Indien ymand dan geestig en welbedagtsaam in ’t uytdrukken der Eygenschappen wil zijn; (die voornamelijk in de Beelden op Tafereelen, beneffens een goede Actie en Verkiesing des by-Werx, in de Sweming der Tronien moet bevorderd zijn) Laat hy volgens aanwijsing deser vertoog-schets [reference to illustration, ndr.], aan een heymelijken Dief, of vuyle Snoepert, de Sweming van een Kat geven, of ook wel van een Aap: Alhoewel de laatste beter een Poetsemaker, een Snaak, of een Quaad-doender, en noch alder eygenst een Teuter-quaad te kennen geeft. [ndr: continues to describe the other animals in relation to their facial expressions]
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] If someone aims to be bright and deliberate in the expression of the Characteristics; (which mainly has to be promoted in the Figures of Paintings, in the Facial Expressions, next to a good Action and Selection of the accessories), let him – following the example of this illustration - [ndr: reference to illustration], give a furtive Thief, or dirty glutton, the Expression of a Cat, or also of an Ape: Although the latter better illustrates a Joker, a Scoundrel or an Evil-doer, and most of all a Teuter-quaad. [ndr: continues to describe the other animals in relation to their facial expressions]
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De opperste volmaecktheyd der Schilderyen is voornaemelick daer in gheleghen, dat dese vijf hoofd-stucken malckander in ’t werck soo vriendelick ontmoeten en soo wel met malckander over een draghen, datse door haeren onderlinghen eendraght een sekere soort van aenghenaemheyd ofte welstandigheyd (die ghemeynlick de Gratie ende Bevalligheydt der Schilderyen ghenaemt wordt) ’t saementlick uytstorten: Soo en is oock dese Gratie in haeren eyghen aerd anders niet, dan een soete en gantsch vriendelicke over een stemmige van allerley volmaecktheden in een stuck wercks op een ghehoopt: Het is de beste versaemelingh van d’aller beste dinghen. […] Ghemerckt dan dat de gheestigheyd der Inventie ons ghemoed soetelick plaght te verlocken, dat de nettigheyd der Proportie onse ooghen vaerdighlick plaght tot sich te trecken, dat de bequaemheyd der verwen onse fantasie door een aenghenaem bedrogh seldsaemlick plaght te beguychelen, dat de levendigheyd des Roersels onse ziele kraghtiglick plaght te verrucken dat de ordentelickheyd der schickinghe onse sinnen op een gantsch wonderbaerlicke wijse plaght te belesen; hoe en sal doch die Schilderye gheen sonderlinghe kracht in onse herten uytstorten, daer in sich alle dese hoofd-stucken eensaementlick laeten vinden:
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] The highest perfection of the paintings lies foremost therein, that these five chief principles meet eachother so pleasantly in the work and coincide so well with eachother, that they extent a certain kind of agreeability or convenance (which are commonly called the Grace and the Charm [NDR: both would be translated as Grace in English] of the paintings): As such this Grace is nothing else in nature, than a sweet and rather friendly harmony of all sorts of perfections combined in one piece of work: It is the best collection of the very best things (…) Seen that the spirit of the Invention tends to sweetly seduce our mind, that neatnes of the Proportion tends to capably pull our eyes towards it, that the adequate use of colours tends to confuse our fantasy extraordinarily by a pleasant deceit, that the liveliness of the mouvement tends to enchant our soul powerfully, that the order of the composition tends to instruct our senses in a rather miraculous way; how than can the Painting not spread a remarkable power in our hearts, in which all these principles can be found together:
While moving towards the conclusion of the third Book, Junius explains that the perfection (volmaaktheid) of an art work lies in the agreement (overeenstemming) of the five chief principles (hoofdstuk), as described in the previous chapters. He uses different terms for this perfection: aangenaamheid (agreeability), propriety (welstand), grace (gratie), charm (bevalligheid). He goes on to list the most perfect state of the different principles: spirit (geestigheid) of invention, neatness (netheid) of proportion, an adequate use (bekwaamheid) of colours, liveliness (levendigheid) of the movements and order (ordentelijkheid) in the composition. In the English edition, this term is described as 'the aire of the picture'. [MO]
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Wanneer nu een vast Teykenaar de schets deser Tronie-Geslagten eenmaal op sekere wijse sijn geheugenis heeft ingedrukt; {Hoemen sig moet bereyden om Tronien of Konterfeytsels by inbeelding te maken, dat is, uyt de Geest na ’t leven te Schilderen.} En hy vind gelegentheyd om ymand dien hy maar eens gesien heeft, te verbeelden, dat is te Konterfeyten, soo moet hy door een kragtige Inbeelding, alles dat hem van den begeerderden Mensch sijn Swemingh en opsigt, in sijn Gedagten speeld, wel Erinneren, en Levendig te voren brengen; En dat tot aan het Sweemsel van d’een of d’ander Tronie, of Model over brengen; En socken in welke soort of Model, d’algemeene Schets meest met sijn Gedagten over een stemd, en merkelijk gestijfd en geholpen, of tot de gelijkenis van sijn denk-Beeld gebragt werd. Dan moetmen tot de bysondere trek des Voor-Hoofds, Neus en Mond, en Kin overslag maken, en letten in wat Trap van Sweming sijn beschoude Voor-beelden met die van de ingebeelde Sweming de meeste gelijkenis hebben. In welk doen met sekerlijk sal ontwaar werden, datmen de middel in de Hand heeft, om dat volgens een sekeren Regel te doen. Van den Italiaanschen Schilder D. Girlandaio werd aangetekend, dat hy de Tronie-kunde soo vast had, dat hy in ’t Konterfeyten, by Inbeelding noyt en miste een kenbare gelijkenis aan te treffen. In welk doen ook eene Francisco Mossoli hem een Konst-genood verstrekte. Andere Geesten hebben sulx op ’t berigt van andere konnen doen: Sulx datse Konterfeytsels en Tafereelen maakten, van Luyden die al een wijle gestorven waren; en diese noyt met Oogen aanschouwd hadden.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Now when a steady Draughtsman has planted the illustration of these Facial Categories in some way in his memory; (How one should prepare oneself to paint Faces or Portraits after his imagination, that is, from the Mind after Life.} And he will find the opportunity to depict, that is to portray, someone who he has only seen once, as such he has to remember and reproduce in a lively manner, all that comes to his mind about the Expression and Features of the proposed Man, by means of a powerful Imagination; And deliver this to the Expression of some or other Face, or Model; And determine which type or Model of the general illustration coincides best with his Thought, rather stylized and forced, or with the likeness of his mental Image. Then one has to move to the specific feature of the forehead, Nose or Mouth and Chin, and pay attention to which degree of expression the Examples that he has seen have a resemblance with that of the imagined Expression. By doing this one will certainly become aware, that one possesses a means to do this according to a certain Rule. It is written about the Italian Painter Domenico Ghirlandaio that he had mastered the Physiognomy so well, that through Imagination he never missed to notice a clear resemblance, while making a Portrait. In which a certain Francesco Mazzoli [ndr: Parmigianino] also was a fellow craftsman. Other Minds have been able to do it based on the description of others: Such that they made Portraits and Scenes of People who had long been deceased; and whom they had never seen with their own Eyes.
technical note: There is a mistake in the pdf, these are pages 230 and 223 of the pdf. [MO]
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Zweyerley Process im Mahlen: mit freyer Hand}/ Es gibt wackere Geister/ welche/ als wol experimentirt und erfahren/ ihnen eine Ideam von jeder Sache gleich einbilden/ und dieselbe/ ohne fernere Mittel/ ausmachen können. Solches aber ist nicht eines jeden Thun/ sondern eine absonderliche Gabevon meisterhaftem Verstand mag auch nur geschehen bey kleinen Werken von wenig Bildern oder stillstehenden Sachen/ daran nicht viel gelegen ist.
{und nach dem Vor-Riß} Andere sind/ die mit viel Arbeit und Bemühung sich setzen/ und ihre Meinung/ was sie in Gedanken gefasset/ mit Kreide oder Bleyweiß auf Papier zeichnen/ hernach auf ein mit einer ölichten Farb gegründtes Tuch/ den Umriß/ samt aller Zugehör/ auftragen/ folgends wol betrachten/ und mit todten Farben (welches man Untermahlen nennet) die noch-befindliche Fehler ausbässern/ heissen/ und endlich/ wann es wol trucken/ mit Fleiß übermahlen und ausmachen.
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[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] A complete and ably done Invention has to spring forth from a large and deeply rooted wisdom; no studies should be unknown to us; we have to know all about the whole antiquity together with the countless number of Poetic and Historical tales; yet it is most necessary that we thoroughly understand the manifold movements of the human mind as well as all the special characteristics of it, seen that the great and admired power of these Arts lays most in the lively expression of such commotion. So we understand how the Artists were once judged with a special insight as wise men; seen that one can hardly find one in all the other free Arts, who has to deal more with the help of a high and well-evoked wisdom.
This section is not included in the first Latin edition (1637). [MO]
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't Is ghewisselick een uyttermaeten groote saeck de waere verbeeldinghen van allerley roerende ende onroerende dinghen in sijn ghemoedt op te legghen; evenwel nochtans is het noch een meerder saecke datmen een levende ghelijckenisse deser inwendigher verbeeldinghen kan uytwercken, voornaemelick indien den Konstenaer niet en blijft hanghen aen dese of geene bysondere wercken der Natuere, maer liever uyt opmerkinghe van d'aller schoonste lichamen die erghens te vinden sijn een volmaeckt voor-beeldt in sijn fantasije indruckt,
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is clearly an extremely important case to imprint the true representations of all sorts of movable and unmovable things in one's mind; even so it is an even more important case that one can bring about a living similitude of these inner representations, especially if the Artist does not stick to these or other specific works of Nature, but rather by observation imprints a perfect example of the most beautiful bodies that can be found anywhere in his fantasy.
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Blijckt dan uyt het ghene alrede verhaelt is, dat de rechte Konstenaers die in haer ghemoed een on-ver-valscht voorbeeldt der volmaeckte schoonheydt om-draegen, doorgaens henen oock in alle haere werken en eenen sekeren glimps deser inwendigher verbeeldinghe plachten uyt te storten. […]'t Is oock seer wel van eenen ouden Orateur {Panegyr. Maxim. & Constant. dictus} aen-gemerckt, dat de afbeeldinghe van de voor-naemste schoonheydt d'aller moeylickste is; aenghesien de mis-maecktheydt lichtelick door sekere merck-teyckenen kan uytghedruckt worden de verghelijckinghe daerenteghen van de waere schoonheydt is soo weynigh ghemeyn, als de schoonheydt selver.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It shows from that what has already been said, that the true Artists who carry around an unadulterated example of the perfect beauty in their mind, normally also tend to pour out a certain glimpse of these internal representations in all their works. […]It has also been noticed very well by an old Orator {…} that the depiction of the most notable beauty is the hardest; since the deformity is easily expressed by certain marks, the comparison of true beauty in contrast is very uncommon [NDR: so little common], like beauty itself.
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Soo is dan dese gantsch vruchtbaere kracht onses ghemoedts, nae 't oordeel van Plato {in Sophista.}, tweederley: d’eerste soeckt maer alleen soodaenighe dinghen uyt te drucken die d'ooghe teghenwoordighlick aenschouwet; d'andere bestaet daer en boven oock die dinghen af te beelden welcker voorbeeldt maer alleen in de fantasije voor ghestelt wordt.
[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Thus this very fruitful power of our mind is, after the judgment of Plato {…}, twofold: the first only tries to express such things that the eye beholds presently; the other also manages to depict those things whose example is only presented in the fantasy.
In reference to Plato, Junius defines two characteristics of the (power of) the mind of an artist. In this extract, the mind functions as a tool which allows the artist to depict that which he sees with his eyes, as well as that which he constructs in his fantasy. Junius describes the faculty of the imagination more elaborately in the Latin edition (1694), also providing the Greek terms from Plato, cfr. Nativel 1996, p. 176 n.1.
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[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Indeed the Invention mainly consists in the power of our mind; seen that our mind has to imagine a lively presentation of the whole matter from the beginning; except that this lively presentation or representation of the conceived things should simultaneously move our minds so powerful, that, finding itself changed by the deceptive clarity of such imaginings after the occasion of the things that we intend, sets itself to work capably and without delay.
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Weynige worden der (met eenigh Oordeel begaeft zijnde) ghevonden, die vande inbeeldinghskracht soodanigh zijn misgedeelt, ofte sullen in het lesen der Verhael-schriften en Vertellingen, d’eene of d’andere goede Denck-beelden by haer selven gewaer worden. Laet een aendachtigh Jongelingh de Troyaense Oorlogen inde Boecken AEneas, door den vermaerden Maro Gedicht, eens met opmerckingh door-lesen, ick houde my verseeckert, dat hy sijn gedachten met wonderlijcke bedenckingen vervult, sijn fantasie vol groote inventien afgescherst, ende sijn gemoet tot uytdruckingh van menigerley hartstoghten aengeprickelt vinden sal;
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Few can be found (being blessed with some Judgement), who are not gifted with the power of imagination, or will recognize some or other Idea in themselves when reading the Stories and Tales. Let a discerning Young man read through the Trojan Wars in the books Aeneas, poeticized by Vergil, I am certain that he will fill his mind with wonderful thoughts, sketches his fantasies full of great inventions, and will find his mind incited to the expression of many passions;
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De Teyckeningen, Schetsen, ende Printen, moetmen in ’t sien met het verstant ende niet met handt ende ooge gebruycken om daer stucken ende brocken uyt te stelen, {Recht gebruyck der Print-Konst.} veel min om die geheel na te apen (al-hoe-wel dat oock zijn nuttigheyt heeft wanneer ’t wel wort aengeleyt, gelijckw’in onse Teycken-Konst leeren,) ende blijven alsoo geduerlijck door den Bril van een ander kijcken. Maer neen, men moet alleen de deughden, als fraye maniere van ordineeringhe, Teyckeningh, geestige gedachten ende verstandighe opmerckingen, door het besien, hersien, bedencken, overleggen ende herkauwen, trachten in sijn gemoet te drucken, ende daer in, met dickwils eraen te dencken, bewaren; invoegen sy door het toedoen van uwen Geest, niet meer eenes anderen, maer in U eygen vindingen verandert worden: Ten eynde sy oock in het ordineeren, t’samenstellen, ende vercieringen van uwe inventien als wijse Raets-mannen souden konnen dienen. Ende op dese maniere salmen vol van gedachten, vlugge van ordinnantie, rijp ende overvloedigh van Schilderachtige stoffe werden:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In observing the Drawings, Sketches and Prints, they should be used with the mind and not with the hand or eye to steal bits and pieces from it, even less to ape it entirely (although this also has its use when it applied well, as we teach in our Teycken-Konst,) {The right use of the Art of Print.} and they will continue to look through the Glasses of someone else. But no, one should aim to only impress the virtues, such as the lovely manner of composition, Drawing, clever thoughts and wise observations in his mind by looking, looking again, reasoning, deliberating and ruminating, and all this by repeatedly thinking about it, preserving; as such they will be turned into your own discoveries by the functioning of your Mind, and not those of someone else: So that they may serve as wise Councilors in the composing, ordering and decorating of your inventions. And this way one will become full of thoughts, quick of composition, mature and abundant of Painterly matter:
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En nadien dan alle dese dingen genoegsaam bewijsen, dat de verscheydenheyd der Schoonheyd en Bevalligheyd, ten opsigt der navolging in de Schilderkonst, niet ligt onder soo net bepaalde regelen te brengen is, datmense daar na, als na een onfeylbare Leest met aangenaamheyd, sonder verder waarneming van ’t Leven, in de Konst-tafereelen sou konnen overstorten; Soo staat ons in ’t voorby gaan aan te merken, dat een Leersaam Schilder sich uyt al sijn vermogen behoorde te beneerstigen, om door een geduurige beschouwingh van al wat hem van ’t menschelijk schoon voorkomt, het uytgelesenste daar van soodanig sijn gedagten kragtelijk in te drukken, en aan sijn inbeelding gemeen te maken, dat hy buyten de beschouwing van de selve, sich de schoonheyd van een Mensch, op verscheyde wijsen, en in onderscheyde trappen, soo bevallig en levendig kan verbeelden, als of hy de Schoonheyd selver voor hem had. {Hoe de Schoonheyd in de gedagten en ’t gemoet van den Schilder moet ingedrukt zijn.} En dit sal hy aldergeluckigst konnen doen, wanneer hy niet alleen wel en aandagtig sal na gespeurd hebben, welke Deelen en Partyen Schoon gemaakt zijn, en wat Proportie sy hebben moeten, om sulx volgens de Teykenkundige trek te verbeelden; maar dan voornamelijck, wanneer hy tot al het vorige, net sal hebben af gesien, door welk een Trap en toeval, dese en gene deelen de Schoonheyd in dit of dat voorwerp onderlingh aan ’t geheel vereenigt, Verminderd of Vermeerderd:
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] And as all these things sufficiently prove, that the diversity of Beauty and Gracefulness with regard to the imitation in Painting, is not easily to accommodate in clearly defined rules, which one can then, as with an infallible model could overflow in Art-scenes with loveliness and without any further observation of Life; As such we should note in passing, that a diligent Painter should endeavor with all his might, through a consistent observation of all that he perceives of the human beauty, to imprint that which he deems the most exquisite of it so strongly in his mind, and to make it common to his imagination, that he will be able to depict, without its direct observation, the beauty of a Man in different ways and in distinct steps, so lovely and lively, as if he had Beauty itself before his eyes. {How Beauty has to be imprinted in the thoughts and mind of the Painter.} And he will be able to do this best, when he has not only studied well and carefully which Parts and Elements have been beautifully made, and which Proportion they should have, to depict them with the Draught; but then especially, when with regard to all the previous, will have observed precisely by which Step and coincidence this and other parts unites, lessens or increases the Beauty in this or that object to the whole:
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Welke Oeffening den Schilder niet alleen een getrouwe hulp-Suster sal ’t zijn in ’t volgen van het natuurlijk Leven, maar sy sal hem voor een ervare Meesteres konnen dienen, wanneer hy ’t Leven moet derven; om door de beseffing van een ware ingebeelde Schoonheyd sijn geest soodanig te onderwijsen, en sijn hand soo verstandig te bestuuren, dat hy de voorgestelde Schoonheyd uyt de volle Bron-ader van sijn gemoet, als met volle stroomen op den Schilder-doek sal konnen uytgieten. Waarlijk d’uitdrukking van de Schoonheyd kan door de sterke Inbeeldingskracht merkelijk verbeterd werden. Van den grooten Phydias werd verhaald, dat als hy het Beeld van Jupiter en Minerva maakte, dat hy sijn oogen op niemand sloeg daar hy die gelijkenis uyt ontleende, maar dat hy sijn gemoed het Voor-beeld van een seer uytgelesen Schoonheyd kragtelijck voor stelde, op ’t welk hy de oogen van sijn verstand, soo stantvastelijk gevesigt hield, dat hy sijn hand en sijn Konst, sonder eenige afwisseling, na de gelijkenis des selven Voor-beelds bestuurd heeft. De Oude hebben seer wel gesien, dat de Schoonheyd selden volkomen te bekomen was, doch dat en schrikten haar niet af; {De uyterste Schoonheyd vint men selden of noyt in een mensch volkomen.} maar sy wierden des te meer aangeset om door alle betamelijke middelen, en voornamelijck door de Verbeeldens-kragt, haar selven die kragtelijck in te boesemen. Den geleerden Junius heeft menige puyk-staaltjes hier van opgehaalt, die niet en behoorden onbekent te zijn. […]
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] This Practice will not only be a loyal assistant to the Painter in the imitation of the natural Life, by she will serve him as an experienced Mistress, when Life is lacking him; by instructing his mind so much through the sense of a true imagined Beauty and by guiding his hand so wisely, that he will be able to pour the imagined Beauty from the source of his mind in full streams on the Canvas. Truly, the expression of Beauty can be significantly increased by the strong Power of Imagination. It is said of the great Phydias, that when he made the Statue of Jupiter and Minerva, he did not cast his eye on anyone from whom he borrowed their likeness, but that he imagined the Example of the very exquisite Beauty powerfully in his mind, on which he held his mind’s eye so steadily focused, that he has guided his hand and his Art, without any distraction, after the likeness of this Example. The Old have noticed very well, that beauty is seldom to be obtained perfect, but this did not chase them away; {The utmost Beauty is seldom or never to be found in one entire person.} rather they were even more stimulated to procure her by all means necessary, and especially through the power of imagination. The learned Junius has evoked many excellent examples of this, which should not be unknown. […]
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II. Was das Gemähl seye, p. 128
Das Gemähl ist eine Gleichheit dessen/ das man sehen kan/ sagt Socrates bey Xenoph.I.3. Solche Gleichheit erfreut das Gesicht mit ihrer Schönheit/ schärpfet den Verstand mit ihrer Artigkeit/ erfrischet das Gedächtniß mit gemercksamen Bildern/ erquicket das Gemüth mit allerhand seltnen Erfindunge[n]/ entzündet die Begierden zu vielen Heldentugenden/ ist bei Fürsten angenehm/ bey den Gelehrten wehrt/ von der Jungend geliebt und vo[n] jedermann gelobet. Hat auch in Kriegswesen einen grossen Nutzten/ das Abwesende/ als Gegenwärtig fürzustellen.
Xénophon est cité d'après l'édition française de François Charpentier (1620-1702) : Les Choses Mémorables De Socrate/ ouvrage de Xenophon/ traduit de Grec en François..., Paris, Camusat, 1650.
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Hieraus ist nun leichtlich zu schließen/ daß die Zeichnung nichts anders seye/ als ein erkantlicher Entwurff/ Abbildung oder Erklärung unsers Concepts/ welchen wir in dem Gemüt ausgebrütet/ und der Einbildung/ als eine Form oder Idea, vorgestellet. {Sprüchw. Ex ungue Leo. Der Verstand ermisset einen Leib/ aus einem Theil desselben.} Es ist ein Welt-kündiges Sprüchwort der Alten: Ex ungue Leo, der Löw aus der Klaue. Damit wird so viel gesaget/ daß/ wann einem vernünftigen Manne nur ein Stuck von einem natürlichen Corpo vorgewiesen werde/ er alsofort in seinem Verstand den ganzen Leib mit allen dessen Theilen/ in seine imagination oder Einbildung fasse/ gleich als ob ihm derselbe völlig und lebhaft vor Augen gestellet wäre.
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25. [ndr: Regel] Obschon unterweilen etliche geringe und unachtbare Fehler mit unterlauffen/ so soll doch/ wegen anderer Vortrefflichkeit/ das Werk ungetadlet bleiben: gleichwie man die Künstlichkeit eines weitberühmten Lautenschlagers/ wegen eines einigen falschen Säiten-griffs/ nicht beschämet: auch ein guter Bogenschütz unbillich verworffen wird/ wann er einmal des Schwarzen verfehlet. Die bäste und herrlichste Gemälde mißfallen oft anfangs den Augen/ bis daß man den Intento und Zweck des Künstlers erreichet. Darum soll man die Gemälde in das Gemüte und den Verstand langsam/ wie die Hüner das Wasser durch Schnabel und Schlund/ hinablassen; und alsdann erst sein Urtheil darüber ergehen lassen.
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Des Absehens/ muß allhie zuvörderst wiederholet werden/ daß die Zeichenkunst/ (als die bey den Alten/ Reissen genandt war) die rechte und einige Mutter und Nährerin unserer dreyer Künsten ist/ und aus der Vernunfft/ durch gewisse imagination, oder Einbildung/ in dem Verstand/ zuvorderst alles formirt, was hernacher durch die Hand zu Papier gebracht wird. Dieser erkenntliche Entwurff/ und concept unserer Ideae, oder Sinn-Musters/ welches wir/ im Gemüt gleichsam ausgebreitet vor Augen stellen […].
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Den Geest besit hier de Vryheydt, soo wel als inde algemeene Schilder-Konst op Tafereelen, want daer in verkiest yeder Meester soodanighen Study als met sijne genegentheydt alderbest accordeert, ghemerckt het niet wel alle Universeele en in elck dingh, even groote Meesters konnen zijn.
[suggested translation, Marije Osnabrugge:] The Mind has the Freedom here, like in the general Art of Painting on Panel, because every Master choses such a Study that coincides with his inclination, as it is not easy to all be Universal and be equally great Masters in all things.
The introduction to the English translation does not follow the text of the original. [MO]
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Et toutefois je croy qu’un Excellent praticien de bon sens, & doüé de la qualité de bien s’exprimer, pourroit par la confrontation de deux ou trois Originaux de plusieurs Peintres, & d’autant de diverses Coppies sur iceux, en donner de grandes instructions à ceux, qui quoy que non Praticiens, y auroient du genie disposition & inclination, principalement pour la difference ou distinction des manieres, outre ce qui en sera dit dans ce Traitté, & aussi sçait-on bien qu’il y a quantité de personnes, & mesme de Condition, lesquels à force d’avoir veu plusieurs Tableaux d’un mesme Autheur, & aussi frequenté & entretenu sur ce point divers Praticiens, en reconnoissent les manieres & parties du reste.
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UN Tableau Original peut estre composé de toutes sortes de Corps visibles de la Nature, ou du moins de la plus grande partie, soit que celuy qui le peut avoir fait, les ait imitez apres le Naturel, ou bien faits de son genie ou invention, tant à veuë d’œil, que par regle de Perspective : Ledit Tableau peut aussi n’estre composé que d’un seul desdits Corps ou Objets, & fait de l’une ou de l’autre de ces deux sortes de pratique, soit à veuë d’œil ou par regle.
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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.
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L’Invention, ou le Genïe d’historier et de concevoir une belle Idée sur le Sujet qu’on veut peindre est un Talent naturel qui ne s’acquièrt ny par l’estude, ny par le travail : c’est proprement le Feu de l’esprit, lequel excite l’Imagination et la fait agir. Or comme cette partie de l’Invention tient naturellement le premier lieu dans l’ordre des choses […] aussi montre-t-elle plus qu’aucune autre la qualité de l’esprit ; s’il est Fecond, Judicieux, & Relevé : ou au contraire, s’il est sterile, confus, et bas.
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L’Invention, ou le Genïe d’historier et de concevoir une belle Idée sur le Sujet qu’on veut peindre est un Talent naturel qui ne s’acquièrt ny par l’estude, ny par le travail : c’est proprement le Feu de l’esprit, lequel excite l’Imagination et la fait agir. Or comme cette partie de l’Invention tient naturellement le premier lieu dans l’ordre des choses […] aussi montre-t-elle plus qu’aucune autre la qualité de l’esprit ; s’il est Fecond, Judicieux, & Relevé : ou au contraire, s’il est sterile, confus, et bas.
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Car on ne peut bien dire comment il faut donner plus de force, plus de majesté, & plus de grace aux figures ; tout cela dépend de l’excellence du genie du Peintre.
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Je [ndr : C.-A. Dufresnoy] ne veux pas non plus étoufer le Genie par un amas de Regles, ny éteindre le feu d’une veine qui est vive & abondante : mais plûtost faire en sorte que l’Art fortifié par la connoissance des choses, passe en nature peu à peu & comme par degrez, & qu’en suite il devienne un pur Genie, capable de bien choisir le Vray, & de sçavoir faire le discernement du beau Naturel d’avec le bas & le mesquin, & que le Genie par l’exercice & par l’habitude s’acquiere parfaitement toutes les regles & tous les secrets de l’Art.
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{II. Precepte. De la Theorie & de la Pratique.}
Quoy qu’il y ait dans la Peinture plusieurs choses, dont on ne puisse pas donner de regles si precises (*veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes) je ne laisseray pourtant pas d’en donner quelques unes que j’ay choisies parmy les plus belles que nous avons receuës de la Nature cette sçavante maistresse, apres l’avoir examinée à fonds, aussi-bien que ces chefs-d’œuvres de l’Antiquité *les premiers Exemplaires de l’Art. Et c'est par ce moyen que l'esprit & la disposition naturelle se cultivent , & que la science perfectionne le génie […]
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{XIX. Qu’il ne faut pas trop s’attacher à la Nature, mais l’accommoder à son Genie.}
*Ne soyez pas si fort attaché à la Nature, que vous ne donniez rien à vos estudes ny à vostre Genie : mais aussi ne croyez pas que vostre Genie & la seule memoire des choses que vous avez veuës vous fournissent assez pour faire un beau tableau, sans l’aide de cette incomparable maistresse la Nature, *que vous devez toûjours avoir presente comme un témoin de la verité.
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{Pratiquer sans relache et facilement ce que l'on a conceu.}
[…] que le travail de la main accompagne vostre estude, qu'il la seconde, & qu'il la soûtienne, sans pourtant émousser la pointe du Génie, & en abattre la vigueur par trop d'exactitude.
Le terme étude est pris ici dans le sens de l'activité de l'artiste.
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{LXXI. La Nature & l’Expérience perfectionnent l’Art.}
C’est un grand moyen pour profiter beaucoup, que de copier avec soin les excellens Tableaux & les beaux Desseins : mais la Nature presente devant les yeux vous en apprendra encore davantage ; parce qu’elle augmente la force du Genie : & c’est d’elle que l’Art tire sa plus grande perfection par le moyen de l’Experience.
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1. [La Peinture & la Poësie sont deux Sœurs qui se ressemblent si fort en toutes choses.] Elles tendent toutes deux à mesme fin, qui est l’Imitation. Toutes deux excitent nos passions ; & nous nous laissons tromper volontairement, mais agreablement par l’une & par l’autre ; nos yeux & nos esprits y sont si fort attachez, que nous voulons nous persuader que les Corps peints respirent, & que les fictions sont des veritez. Toutes deux sont occupées par les belles actions des Heros, & travaillent à les éterniser. Toutes deux enfin sont appuyées sur les forces de l’Imagination, & se servent des licences qu’Apollon leur donne également, & que leur Genie leur inspire. {Horace} Pictoribus atque Poëtis Quidlibet audendi semper fuit aequa potestas. L’avantage que la Peinture a pardessus la Poësie, est, Que parmy cette grande diversité de Langues, elle se fait entendre de toutes les Nations de la Terre ; & qu’elle est necessaire à tous les autres Arts, à cause du besoin qu’ils ont de figures demonstratives, qui donnent bien souvent plus d’intelligence que tous les discours du monde.
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188. [Et tout ce qui fait connoistre les Pensées & les Inventions des Grecs ] comme les bons Livres, tels que sont Homere & Pausanias. Les Estampes que nous voyons des choses Antiques peuvent contribuer infiniment à nous former le Genie & à nous donner de belles Idées, de mesme que les Ecrits des bons Autheurs, sont capables de former un bon Style à ceux qui veulent bien écrire.
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432. [Cherchez tout ce qui aide vôtre Art & qui luy convient, fuyez tout ce qui luy repugne.] Ce Precepte est admirable : il faut que le Peintre l'aye toûjours present dans l'esprit & dans la memoire ; c'est luy qui resout les difficultez que les Regles font naître, c'est luy qui délie les mains & qui aide l'entendement, c'est luy enfin qui met le Peintre en liberté, puis qu'il luy apprend, qu'il ne doit point s'assujettir servilement & en esclave aux Regles de son Art ; mais que les Regles de son Art luy doivent estre sujettes, en ne l'empeschant point de suivre son Genie qui les passe.
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Il faut, ce me semble, laisser agir son genie dans la production, & l’ordonnance de ses Figures, jusques à ce qu’on ait disposé tout son sujet ; & lors qu’on en a arresté la composition, on peut revoir ses desseins, & se servant de ses études, corriger ce qu’on a fait sur l’exemple des belles choses qu’on aura remarquées.
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Le Peintre se doit estudiez à se connoistre soy mesme, afin de cultiver les talans, qui font son genie, & qu’il a receu de nature, & de ne perdre point malheureusement le temps à la recherche de ceux qu’elle luy a refusez.
De mesme que les fruicts n’ont jamais le goust, & que les fleurs la beauté qui leur est naturelle, lorsqu’ils sont dans un fond étranger, & qu’on les fait avancer plustost que leur saison par la chaleur artificielle. Ainsi vous avez beau peiner vos ouvrages, si c’est malgré vostre genie & contre la pente de la nature, ils ne reussiront jamais.
En meditant sur ces veritez, en les observant soigneusement, & y faisant toutes les reflections necessaires, que le travail de la main accompagne vostre estude, qu’il la seconde, & qu’il la soustienne, sans pourtant emousser la pointe du genie, & en abbatre la vigueur par trop d’exactitude.
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Les qualités d’un excellent Peintre, sont, d’avoir le jugement bon, l’esprit docile, le coeur noble, le sens sublime, de la ferveur, de la santé, de la jeunesse, de la beauté, la commodité de biens, le travail, l’amour pour son Art, & d’estre sous la discipline d’un maistre. Et quelque sujet que vous puissiez choisir, ou que le hazard & la bonne fortune vous presentent, si vous n’avez le genie, ou l’inclination naturelle, que demande vostre Art, vous ne parvienderay jamais à sa perfection avec tous ces grands avantages, que je viens de dire : car il y a bien loin de se parfaire la main à cette sorte d’intelligence, que donne une heureuse naissance, & un beau genie.
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[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.
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C’est un effet de la prudence & du jugement du Peintre de connoistre ce que la bien-seance demande, & c’est un effet de son genie & de l’art de la bien faire après l’avoir connu.
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[...] mon Maistre me fist remarquer bien d’autres beautés que celles que les Cabalistes admirent dans les ouvrages de leurs Chefs : Car outre qu’il n’y manquoit rien de celles-là qui ne regardent que la pratique de l’Art, il m’y fist découvrir tant de science & d’étude, qu’il est presque aussi difficile de les exprimer, que de les imiter, à moins que d’avoir les mêmes connoissances desquelles ces rares Esprits se servoient, pour faire de si excellens Ouvrages.
Il ne me parla point de la Vaguesse du Coloris, de la Morbidesse des Carnations, de la Franchise du Pinceau, ny des autres termes extravagans à la mode de nos Cabalistes ; mais bien de la beauté, diversité, netteté & sublimité des pensées, de cette manière noble & majestueuse de traiter un sujet, de la discretion à le remplir dignement & convenablement à la verité de l’Histoire qu’il represente, & au Mode dans lequel il se rencontre ; de l’exacte & sçavante observation du Costume, dans laquelle ces anciens Maistres faisoient consister tout ce que la Peinture a d’ingenieux & de sublime ; de cette pointe d’esprit & de cet excellent genie, qu’ils faisoient paroistre dans leurs Ouvrages, dont les Ecrivains les ont loüés si hautement : De là suivoit la judicieuse & convenable disposition des lieux & des figures, la force & la diversité des expressions, l’élégance & le beau choix des attitudes, la diligence & l’exactitudes dans le dessein, la beauté & la variété des proportions, la position aisée & naturelle des figures sur leur centre de gravité ou équilibre, & conformément aux regles de la Perspective des Plans, qui est le lien & le soûtien de toutes les beautés de la Peinture, & sans laquelle elle n’est qu’une pure barboüillerie de Couleurs ; mais sur tout, cet agrément & cette grace admirable dans les mouvemens, qui est un talent autant rare qu’il est precieux.
On pouvoit encore admirer la lumiere bien choisie, & répanduë avec discretion sur les objets, selon leur proximité ou éloignement de l’œil, & les accidens du lumineux, du Diaphane & du corps éclairé ; les differens effets des lumieres primitives & derivatives, l’amitié & la charmante harmonie (pour ainsi dire) des Couleurs, par leur degrés proportionnés de force ou d’afoiblissement, suivant les regles de la Perspective aërienne, ou par leur sympatie naturelle : Enfin, cette Eurithmie dans toutes les parties de l’Ouvrage, auquel elle donne son prix & sa valeur.
Voilà une partie des veritables & solides beautés, que mon Maistre me fist observer dans les admirables Ouvrages de ces grands Hommes, qui ont charmé toute l’Antiquité, & dont le seul recit charme encor tous ceux qui l’entendent.
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Il n’y a que ceux qui ont du genie, qui trouvent d’eux-mesme les moyens de donner à ce qu’ils font cet esprit dont je parle & qui soient capables de remarquer en quoi il consiste, & si tous ceux qui ont du genie n’en usent pas de la sorte, c’est qu’ils ne s’en sont pas encore avisez, & que faute de réflexions ils n’ont pas cultivé tous les talens qui sont en eux : ainsi la pensée qui m’est icy venüe est plutost un avertissement particulier qu’une instruction generale.
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Il n’y a presque personne qui n’aime la Peinture : mais il y en a tres-peu qui soient nez avec les talens necessaires pour y réussir. Ceux qui commencent à dessiner, & qui n’ont point de genie, imitent servilement leur original sans y mettre l’esprit, & sans songer à l’effet de l’ouvrage, soit pour la rondeur, soit pour l’expression, s’attachant seulement à une fidelité extérieure dont on les peut veritablement loüer par dessus les autres. Mais ceux qui ont du genie, estant frappez d’abord par l’effet de l’ouvrage qui est devant leurs yeux, ne manquent jamais de répandre dans leurs copies cet esprit dont ils sont animez eux-mesmes.
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Callot, à leur exemple, commença à desseigner en petit. Il eut pour cela un genie si heureux, qu’il ne mit guéres à les surpasser ; aussi a-t-on vû dans la suite, comment il s’est rendu incomparable dans cette sorte de travail. Ce fut alors qu’il résolut de quitter le burin, pour s’appliquer à l’eau-forte : jugeant que c’estoit un veritable moyen de pouvoir mettre au jour, avec plus de facilité, de grandes ordonnances, & de produire beaucoup plus d’ouvrages, qui s’exécutant plus promptement qu’au burin, reçoivent aussi bien mieux l’esprit & le feu que l’Ouvrier leur inspire. […]
Aussi est-il tres-important, qu’un Graveur à l’eau-forte manie fort bien le burin, & sache comment il faut couper le cuivre, afin de réparer les manquemens qui peuvent arriver par le défaut du vernis, de l’eau-forte, ou quelque autre accident, & aussi pour retrouver & pour donner plus ou moins de force aux endroits qui peuvent en avoir besoin ; & c’est ce que Callot sçavoit faire excellemment bien.
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Son genie [ndr : Rubens] ne luy permettant point de reformer ce qu’il avoit produit, ainsi emporté par la rapidité de son naturel vif & impetueux, il ne pensoit pas à donner à ses figures, ny de beaux airs de teste, ny de la grace dans les contours qui se trouvent souvent alterez par sa maniére peu étudiée. On voit que la plupart de ses visages semblent estre tous formez sur une mesme idée qui ne les rend pas assez différens les uns des autres, & moins encore agreables & beaux, mais plûtost des visages ordinaires & communs, de mesme que les proportions des corps qui s’éloignent fort de celles des antiques. Les vestemens ne sont point faits avec un beau choix ; les plis n’en sont ny bien jettez, ny bien entendus, ny bien corrects. Cette grande liberté qu’il avoit à peindre, fait voir en plusieurs de ses tableaux plus de pratique de pinceau, que de correction dans les choses où la Nature doit estre exactement représentée ; non seulement dans son dessein, mais aussi dans son coloris, où les teintes des carnations paroissent souvent si fortes & si séparées les unes des autres, qu’elles semblent des taches ; & dans les reflais des lumiéres qui rendent les corps comme dipahane & transparens.
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Vous pouvez remarquer, repartis-je, qu’il [ndr : Poussin] ne dit rien des choses qui regardent la pratique, & qu’il ne s’attache qu’à la theorie, ou plûtost à ce qui dépend seulement du génie & de la force de l’esprit : ce qu’il faut particulierement considerer dans le Poussin, qui par là s’est si fort élevé au dessus des autres Peintres.
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Commençons, si vous voulez, par ce qu’il [ndr : Poussin] dit, Que la matiere doit estre prise noble ; qu’elle n’ait receü aucune qualité de l’ouvrier ; & que pour donner lieu au Peintre de montrer son esprit & son industrie, il faut la prendre capable de recevoir la plus excellente forme.
Il n’est pas necessaire de vous marquer qu’il parle d’abord du choix des sujets. Il [ndr : Poussin] veut qu’ils soient nobles, c’est à dire, qu’ils ne traittent que de choses grandes, & non pas de simples representations de personnes, ou d’actions ordinaires & basses. Car bien que l’art de peindre s’étende à imiter tout ce qui est visible, comme il le dit luy-mesme ; il fait néanmoins consister l’excellence de cét art, & le grand sçavoir d’un Peintre dans le beau choix des actions héroïques & extraordinaires. Il veut que lors qu’il vient à mettre la main à l’œuvre, il le fasse d’une maniere qui n’ait point encore esté exécutée par un autre, afin que son ouvrage paroisse comme une chose unique & nouvelle, & que si l’on connoist la grandeur de ses idées, & la beauté de son genie dans la forme extraordinaire qu’il luy donnera, on remarque aussi la netteté & la force de son jugement dans le sujet qu’il aura choisi. C’est par cette haute idée que le Poussin avoit des choses grandes & relevées, qu’il ne pouvoit souffrir les sujets bas, & les peintures qui ne representent que des actions communes ; & qu’il avoit mesme du mépris pour ceux qui ne sçavent que copier simplement la nature telle qu’ils la voyent.
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N’en doutez pas, repartis-je, car comme il faut un genie plus élevé pour inventer & disposer de grands sujets d’Histoires, les peindre, & les rendre accomplis dans toutes leurs parties. Aussi est-il plus rare de trouver des personnes qui ayent les qualitez necessaires à s’en bien acquiter, qu’il n’est malaisé de trouver des hommes d’un esprit moins sublime qui peuvent representer des choses ordinaires.
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Les premiers Peintres de l’Antiquité, ont bien pu à l’égard des autres parties de la Peinture surpasser ceux des derniers siècles, parce qu’il est certain que ceux des païs chauds ont plus de feu pour imaginer ; qu’il n’y avoit en ces temps-là que les personnes qui avoient un génie propre pour les arts qui s’y adonnassent : qu’ils avoient, comme je croy vous avoir dit, plus de moyens & d’occasions d’étudier d’après les hommes & les femmes ce qu’il y a de plus beau dans la composition et la forme du corps humain, & qu’ils s’y appliquoient entierement ; au lieu que dans les derniers temps les beaux arts n’ont plus esté cultivez, pour la plus part, que par des personnes qui en font une profession pour vivre, & qui souvent n’ont nulle disposition pour cela.
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Ainsi vous pouvez sçavoir à present que pour bien juger d’un Tableau & du génie de celuy qui l’a fait, il faut regarder d’abord quelle est l’Invention de ce Tableau ; si elle est nouvelle, noble, & agréable. La Disposition du sujet vous fera connoistre si l’Ouvrier a du jugement, & s’il a de l’ordre dans ses pensées.
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Jusques alors la qualité de Peintres & de Sculpteurs avoit été comprise avec les Barbouilleurs, les Marbriers & Polisseurs de Marbre, en une mecanique Societé, sous le fameux nom de Maîtrise, dont cet Etablissement a heureusement fait la separation. En effet comme les Arts de Peinture & de Sculpture peuvent être considerés en deux parties, la Science & l'Art, l'une Noble & speculative, l'autre pratique ; il a été tres-judicieux de les distinguer en deux Corps, en l'un ordonner des Jurez pour l'examen & preparation des matieres qui s'y employent, d'en regler la disposition selon leurs bonnes ou mauvaises qualités, qui est la fin pour laquelle la Maîtrise a été établie à Paris seulement. A l'égard de la partie Speculative il a aussi été convenable de l'exercer librement & noblement, les genies ne devant point être contrains dans la pratique des beaux Arts : c'est pourquoi ils sont nommez Liberaux.
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[…] au sujet de l’Ordonnance, nous representons à Vôtre Grandeur [ndr : Colbert], que cette matiere étant comme l’assemblage & la disposition de toutes les parties de la Peinture, sa composition dépend entierement de la qualité & de la liberté des genies, c’est pourquoi l’Academie n’a pas crû en devoir faire des descisions ni en établir des regles precises, jugeant plus à propos d’en donner quelque idée aux éleves par des exemples.
Une partie de ce passage de Testelin se retrouve chez Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 45 puis 48 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc, tome I, vol. I).
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Qu’un Peintre judicieux devoit former son génië, sur les Idées du naturel avec un esprit libre & dégagé, de toute affectation, sans entreprendre d’en vouloir charger les effets pour avantager son ouvrage par des oppositions extravagentes, & par des obscurités excessives en quoi quelques avoient voulu faire conzister la beauté du pinceau.
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CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.
Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.
Je sçay pourtant que cette Peinture a ses avantages, quand ce ne seroit que celuy de rendre plus d’ouvrage, & de consommer moins de temps, elle se deffend mieux aussi contre ses injures, & il faut encore luy ceder le droit d’Ainesse & la gloire de l’Antiquité.
Mais aussi la Mignature a les siens, & sans repeter ceux que j’ay déja montrez, elle est plus propre & plus commode, l’on porte aisément tout son Attirail dans sa poche, vous travaillez par tout quand il vous plaist, sans tant de preparatifs, vous pouvez la quitter & la reprendre quand & autant de fois que vous voulez, ce qui ne se fait pas à la premiere, où l’on ne doit guere travailler à sec.
Mais remarquez qu’il est de l’une & de l’autre, comme de la Comedie, dans laquelle la plus grande ou la moindre perfection des Acteurs ne consiste pas à faire les hauts ou les bas Rolles, mais à faire extremement bien ceux qu’ils font, car si celuy qui aura le dernier personnage, s’en acquitte mieux qu’un autre de celuy de Heraut, il meritera sans doute plus d’approbation & de loüange.
C’est la mesme chose dans l’Art de Peindre, son excellence n’est pas attachée à la Noblesse d’un sujet ; mais à la maniere dont on le traite, avez-vous talent pour celuy-cy, ne vous jettez pas inconsiderément dans celuy-là, & si vous avez receu du Ciel quelque étincelle de ce beau Feu, connoissez pourquoy il vous est donné, & faites-vous-y un chemin facile ; les uns prendront bien les differens airs du Teste, les autres réussiront mieux en Païsages, ceux-cy travaillent en petit, qui ne le pourroient faire en grand, ceux-là sont bons Coloristes, & ne possedent pas le Dessein, d’autres enfin n’ont du Genie que pour les Fleurs : Et les Bassans mémes, se sont acquis un nom par les Animaux, qu’ils ont touchez de tres-bonne maniere, & mieux que toute autre chose.
C’est pour dire que chacun se doit contenter de sa Verve, sans vouloir se revétir du talent d’autruy, […].
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[…] l’on aprendra sans doute plus avantageusement sous un excellent Maistre [ndr : qu’avec le seul texte de Boutet], duquel on recevra les preceptes de toutes les bonnes Regles, & des plus belles Maximes de l’Art, & par lequel on les verra mettre en pratique. Et quoy que les inventions du dessein que j’ay données au commencement soient infaillibles, il vaut pourtant beaucoup mieux le posseder par une Science acquise, car si vous n’avez pour y supléer un Genie tout particulier, & une extraordinaire justesse d’œil, & de main, vous aurez beau desseigner vos Pieces correctement, ce sera un grand hazard si elles ne sont à la fin Strapassées sans proportion, & sans beauté, parceque dans l’application des Couleurs, vous en perdez fort aisément les Traits, & plus mal-aisément encore les pourez-vous retrouver, si vous n’avez un peu de dessein : J’exhorte donc autant que je puis les Amateurs de la Peinture ; d’apprendre à Desseigner doctement, de copier avec une perseverance infatigable, & à toute rigueur les bons Originaux : En un mot, de monter par les degrez ordinaires à la perfection de ce bel Art ; duquel comme de tous les autres, les preceptes sont bien-tost appris, mais ce n’est pas assez il faut executer, la Theorie est inutile sans la Pratique, & la Pratique sans la Theorie, est un guide aveugle qui nous égare au lieu de nous conduire où nous voulons aller. Mais sçavoir bien ce que l’on veut faire, & bien faire ce que l’on sçait est le vray moyen d’en faire, & d’en sçavoir beaucoup avec le temps, & de se rendre de bon Ecolier un excellent Maistre.
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Après tout cela, vous devez vous imaginer qu’il est marqué que L’ORDONNANCE étant comme l’assemblage & la disposition de toutes les parties de la Peinture, sa composition dépend entierement de la qualité & de la liberté des genies qui conduisent à leur fin les sujets par des moyens faciles, que les lumieres de l’esprit leur font découvrir, & qui rejettant tout ce qui peut partir d’un genie froid, ne sont paroître dans ce qu’ils inventent, que du bon goût dans l’élection des sujets extraordinairement vraysemblable dans leur gravité
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Dans les Desseins des grands Maîtres, l’on y remarque trois choses ; la SCIENCE de la composition correcte & de bon goût ; l’ESPRIT dans les expressions vives, & la LIBERTE de la main de ces Sçavans Peintres, qui correspondant à l’idée de leur genie, a sçû si hardiment exprimer ce qu’ils pensoient. C’est ce que nos connoisseurs appellent le SEEL (sic) ou CACHET de l’esprit du PEINTRE, & ce qu’ils ne trouvent pas dans les Desseins insipides ou faits de resouvenir, ou copiez par des Eleves dans la manière de leurs Maîtres, sans rendre ces Desseins nouveaux par les accompagnemens dont ils auroient pu les enrichir.
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Il faut beaucoup plus de Genie pour faire un bon usage des lumieres & des ombres, de l’harmonie des couleurs & de leur justesse pour chaque objet particulier, que pour dessiner correctement une figure.
Le Dessein qui demande tant de tems pour le bien sçavoir, ne consiste presque que dans une habitude de mesures & de contours que l’on repete souvent : mais le Clair-obscur & l’harmonie des couleurs sont un raisonnement continuel, qui exerce le genie, d’une maniere aussi differente que les Tableaux sont composés differemment.
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Le Peintre qui a du genie trouve dans toutes les parties de son Art une ample matiere de le faire paroître : mais celle qui lui fournit plus d'occasions de faire voir ce qu'il a d'esprit, d'imagination, & de prudence est sans doute l'Invention. C'est par elle que la Peinture marche de pas égal avec la Poësie, & c'est elle principalement qui attire l'estime des personnes les plus estimables, je veux dire des gens d'esprit, qui non contens de la seule imitation des objets, veulent que le choix en soit juste pour l'expression du sujet.
Mais ce même genie veut être cultivé par les connoissances qui ont relation à la Peinture ; parce que quelque brillante que soit notre imagination, elle ne peut produire que les choses dont notre esprit s'est rempli, & notre mémoire ne nous rapporte que les idées de ce que nous savons, & de ce que nous avons vû. C'est selon cette mesure que les talens des particuliers demeurent dans la bassesse des objets communs, ou s'élevent au sublime, par la recherche de ceux qui sont extraordinaires. C'est par-là que certains Peintres qui, ont cultivé leur esprit ont heureusement suppléé au genie qui leur manquoit d'ailleurs, & que s'élevant avec leur sujet, leur sujet s'éléve & s'agrandit avec eux. Sans les connoissances nécessaires, on fait beaucoup de fautes ; avec elles, tout se presente & se range en son ordre insensiblement.
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La Grace doit assaisonner toutes les parties dont on vient de parler, elle doit suivre le Genie ; c’est elle qui le soûtient & qui le perfectionne : mais elle ne peut, ni s’acquérir à fond, ni se démontrer.
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Mais lorsqu’il <le Génie > est cultivé par les régles & qu’il se les est appropriées, il se met au-dessus d’elles, il leur commande en maître, il les rejette quand il lui plaît pour leur substituer quelque chose de plus heureux : il en dispose enfin comme d’un bien dont il est en possession & qu’il croit lui appartenir. Mais la Nature qui ménage ses trésors, quand elle a donné du génie pour un Art, elle ne l’a donné que rarement universel pour toutes les parties qu’il contient. Peu de Peintres peuvent se vanter, par exemple, d’avoir été si universels dans leur profession qu’ils aient eu pour toutes les parties qu’elle contient cette pénétration pour concevoir & cette facilité pour agir, que le génie donne à ceux qui le possédent. Tel en a pour le dessein qui n’a jamais rien compris dans l’artifice du Coloris : tel réussit dans les Portraits, tel autre dans le Païsage : l’un se sent porté & se plaît à imiter exactement les naïvetés du naturel duquel il ne sait point choisir, ni animer les belles expressions. Ainsi chacun se trouve partagé de génie selon qu’il a plû à la Nature de lui en donner, & nous devons toujours estimer les talens particuliers qu’elle distribue, & les respecter quand ils sont extraordinaires.
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Les hommes ont beau travailler pour surmonter les obstacles qui les empêchent d’atteindre à la perfection, s’ils ne sont nés avec un talent particulier pour les Arts qu’ils ont embrassés, ils seront toujours dans l’incertitude d’arriver à la fin qu’ils se proposent. Les Régles de l’Art & les exemples d’autrui peuvent bien leur montrer les moïens d’y parvenir : mais ce n’est point assez que ces moïens soient sûrs, il faut encore qu’ils soient faciles & agréables […]
Le Génie est donc une lumière de l’Esprit, laquelle conduit à la fin par des moïens faciles.
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Le Génie se sert donc de la mémoire comme d’un vase où il met en réserve les Idées qui se présentent ; il les choisit avec l’aide du jugement, & en fait pour ainsi dire une provision, dont il se sert quand l’occasion s’en présente ; mais il n’en tire que ce qu’il y a mis, & n’en peut tirer autre chose. C’est ainsi que Raphaël a tiré de ses études les hautes Idées qu’il a prises de l’Antique, de même qu’Albert & Lucas ont tiré de leur méchant fond les Idées Gottiques que la pratique de leur tems & la nature de leur païs leur avait fournies.
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Ce n'est donc pas assez pour découvrir l'Auteur d'un Tableau, de connoître le mouvement du Pinceau, si l'on ne pénétre dans celui de l'Esprit: & bien que ce soit beaucoup d'avoir une idée juste du Goût que le Peintre a dans son Dessein, il faut encore entrer dans le caractére de son Génie, & dans le tour qu'il est capable de donner à ses conceptions.
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Are. […] Or puisqu’atteindre à la perfection de l’excellence de la peinture, à la quelle tant de parties sont necessaires, est une entreprise difficile, pleine de fatigue ; & une grace que la liberalité des cieux n’a accordée qu’à tres peu de persones (car il faut en verité etre né peintre, aussi bien que poete, & que l’un & l’autre soient fils de la nature.) Il n’est pas croiable, come j’ai dit des le commencement, qu’il n’y ait qu’une seule maniere de peindre parfaitement. Au contraire les complexions & les humeurs des hommes etant differentes, il s’ensuit que les manieres doivent etre differentes : & chacun suit celle à la quelle il panche naturellement. De là sont venus divers genies, les uns agreables, d’autres terribles, ceux ci tendres, & gracieux, & ceux là pleins de grandeur, & de majesté. Ce que nous voions tout de même se rencontrer dans les historiens, les poetes, & les orateurs.
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Or il faut être né avec du génie pour inventer, & l'on ne parvient même qu'à l'aide d'une longue étude à bien inventer. Un homme qui invente mal, qui produit sans jugement, ne mérite pas le nom d'Inventeur. [...] Les regles qui sont déja réduites en méthode, sont des guides qui ne montrent le chemin que de loin, & ce n'est qu'avec le secours de l'expérience, que les génies les plus heureux apprennent d'elles comment il faut appliquer dans la pratique leurs maximes succinctes & leurs préceptes trop géneraux. Soïez toujours pathétiques, disent ces regles, & ne laissez lamais languir vos spectateurs, ni vos auditeurs.
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Il semble même que la providence n'ait voulu rendre certains talens & certaines inclinations plus communes parmi un certain peuple que parmi d'autres peuples, qu'afin de mettre entre les Nations la dépendance réciproque qu'elle a pris tant de soin d'établir entre les particuliers. Les besoins qui engagent les particuliers d'entrer en societé les uns avec les autres, engagent aussi les Nations à lier entre elles une societé. La Providence a donc voulu que les nations fussent obligées de faire les unes avec les autres, un échange de talens & d'industrie, comme elles font échange des fruits differens de leurs païs, afin qu'elles se recherchassent réciproquement, par le même motif qui fait que les particuliers se joignent ensemble pour composer un même peuple : le desir d'être bien, ou l'envie d'être mieux.
De la difference des génies, naît la diversité des inclinations des hommes, que la nature a pris la précaution de porter aux emplois, pour lesquels elles les destine, avec plus ou moins d'impétuosité, suivant qu'ils doivent avoir plus ou moins d'obstacles à surmonter, pour se rendre capables de remplir cette vocation. Les inclinations des hommes ne sont si differentes que parce qu'ils suivent tous le même mobile, je veux dire l'impulsion de leur génie.
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Je conçois que le génie de leurs Arts (ndr. : Peintres et Poëtes) consiste dans un arrangement heureux de leur cerveau, dans la bonne conformation de chacun de ces organes, comme dans la qualité du sang, laquelle le dispose à fermenter durant le travail, de manière qu'il fournisse en abondance des esprit aux ressorts qui servent aux fonctions de l'imagination. En effet l'extrême lassitude & l'épuisement, qui suivent une longue contention d'esprit rendent sensible que les travaux d'imagination font une grande dissipation des forces du corps. J'ai supposé que le sang de celui qui compose, s'échauffât ; car les Peintres & les Poëtes ne peuvent inventer se sang froid : on sçait bien qu'ils entrent en une espece d'enthousiasme. […]
Mais la fermentation du sang la plus heureuse ne produira que des chimeres bizarres dans un cerveau composé d'organes vicieux ou mal disposez, & par conséquent incapables de représenter au Poëte la nature, telle qu'elle paroît aux autres hommes. Les copies qu'il fait de la nature, ne ressemblent point, parce que son miroir n'est pas fidele, pour ainsi dire. […]
D'un autre côté, si ce feu qui provient d'un sang chaud & rempli d'esprits, manque en un cerveau bien disposé, ses productions seront régulières, mais elles seront froides. […]
Si le feu poëtique l'anime quelque fois, il s'éteint bien-tôt, & il ne jette que des lueurs. […]
Lorsque la qualité du sang est jointe avec l'heureuse disposition des organes, ce concours favorable forme, à ce que j'imagine, le génie poëtique ou pittoresque ; car je me défie des explications physiques, attendu l'imperfection de cette science dans laquelle il faut presque toujours deviner. Mais les faits que j'explique sont certains, & ces faits, quoique nous n'en concevions pas bien la raison, suffisent pour appuïer mon systême.
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Le génie est ce feu qui éleve les Peintres au-dessus d'eux-mêmes, qui leur fait mettre de l'ame dans leurs figures, & du mouvement dans leurs compositions
[…] L'expérience prouve suffisamment que tous les hommes ne naissent pas avec un génie propre à les rendre Peintre ou Poëtes : nous en voïons qu'un travail continué durant plusieurs années, plutôt avec obstination qu'avec persévérance, n'a pû élever au-dessus du rang de simples versificateurs. Nous avons vu de même, des hommes d'esprit, qui avoient copié plusieurs fois ce que la peinture a produit de plus sublime, vieillir le pinceau & la palette à la main, sans s'élever au-dessus du rang de Coloristes médiocres, & de serviles Dessinateurs d'après les figures d'autrui.
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La mécanique de la Peinture est très-pénible, mais elle n'est pas rebutante pour ceux qui sont nez avec le génie de l'art. Ils sont soutenus contre le dégoût par l'attrait d'une profession à laquelle ils se sentent propres, & par le progrès sensible qu'ils font dans leurs études. Les Eleves trouvent encore partout des Maîtres qui leur abregent le chemin. Que ces Maîtres soient de grands hommes ou des ouvriers médiocres, il n'importe, l'Eleve qui aura du génie, profitera toujours de leurs enseignements. Il lui suffit que ces Maîtres lui puissent enseigner une pratique, qu'on ne sçauroit ignorer, quand on a professé cet art durant dix ou douze années. Un Eleve qui a du génie, apprend à bien faire, en voïant son Maître faire mal. La force du génie change en bonne nourriture les préceptes les plus mal digerez. Ce qu'un homme né avec du génie, fait de mieux, est ce que personne ne lui a montré à faire. […]
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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.
Les peintres dotés de génie ne l'ont pas hérité de leur père.
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Le génie est donc une plante, qui, pour ainsi dire, pousse d'elle-même ; mais la qualité, comme la quantité de ses fruits, dépendent beaucoup de la culture qu'elle reçoit. Le génie le plus heureux, ne peut être perfectionné qu'à l'aide d'une longue étude. [...]
Mais un homme né avec du génie, est bien-tôt capable d'étudier tout seul, & c'est l'étude qu'il fait par son choix, & déterminé par son goût, qui contribuë le plus à le former. Cette étude consiste dans une attention continuelle sur la nature. Elle consiste dans une réflexion sérieuse sur les ouvrages des grands maîtres, suivie d'observations sur ce qu'il convient d'imiter, & sur ce qu'il faudroit tâcher de surpasser. Ces observations nous enseignent beaucoup de choses, que notre génie ne nous auroit jamais suggerées de lui-même, ou dont il ne se seroit avisé que bien tard. On se rend propre en un jour des tours & des façons d'operer, qui coûterent aux inventeurs des années de recherche & de travail. En supposant même que notre génie auroit eu la force de nous porter un jour jusques-là, quoique la route n'eut pas été fraïée, nous n'y serions parvenus du moins, avec le seul secours de ses forces, qu'au prix d'une fatigue pareille à celle des Inventeurs.
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Je ne dis point pour cela qu'il faille prendre mauvaise augure la critique d'un jeune Artisan qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes. Le génie, loin d'empêcher qu'on ne voïe ces fautes, les fait même apercevoir. Ce que je regarde comme un mauvais présage, c'est qu'un jeune homme soit peu touché de l'excellence des productions des grands maîtres : c'est qu'il n'entre point dans un espece d'enthousiasme en les lisant : c'est qu'il ait besoin, pour connoître s'il doit les estimer, de calculer les beautez & les défauts qu'il y compte, & qu'il ne forme son avis sur le mérite, qu'après avoir soudé son calcul. S'il avoit la vivacité & la délicatesse de sentiment, qui sont inséparables du génie, il seroit reellement saisi par les beautez des ouvrages consacrez, qu'il jetteroit sa balance & son compas pour en juger, ainsi que les hommes en ont toujours jugé, je veux dire par l'impression que ces ouvrages feroient sur lui.
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Le génie se fait sentir bien-tôt dans les ouvrages des jeunes gens qui en sont doüez, ils donnent à connoître qu'ils ont du génie, dans un temps où ils ne sçavent point encore la pratique de leur art. On voit dans leurs ouvrages des idées & des expressions qu'on n'a point vûës encore. On y voit des pensées nouvelles. On y remarque à travers bien des défauts, un esprit qui veut atteindre à de grandes beautez, & qui, pour y parvenir, fait des choses que son maître n'a point été capable de lui enseigner. [...]
Le jeune Peintre qui a du génie, commence donc bien-tôt à s’écarter de son maître, dans les choses où le maître s’écarte de la nature. Ses yeux, à peine entr’ouverts, la découvrent déjà. Souvent il la voit mieux que ceux qui prétendent la lui montrer.
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C'est en vain qu'un pareil sujet fait son apprentissage sous le meilleur maître, il ne sçauroit faire dans une pareille école les mêmes progrès qu'un homme de génie fait dans l'école d'un maître médiocre. Celui qui enseigne, comme le dit Quintilien, ne sçauroit communiquer à son disciple le talent de produire & l'art d'inventer, qui font le plus grand mérite des Peintres & des Orateurs. [...] Le Peintre peut donc faire part des secrets de sa pratique, mais il ne sçauroit faire part de ses talens pour la composition & pour l'expression. Souvent même l'Eleve dépourvu du génie, ne peut atteindre la perfection où son maître est parvenu dans la mécanique de l'art. L'imitateur servile doit demeurer au-dessous de son modele, parce qu'il joint ses propres défauts aux défauts de celui qu'il imite. D'ailleurs si le maître est homme de génie, il se dégoûte bien-tôt d'enseigner un pareil sujet. Il est au supplice quand il voit que son éleve n'entend qu'avec peine ce qu'il comprenoit d'abord, lorsque lui-même il étoit Eleve. [...]
On ne trouve rien de nouveau dans les compositions des peintres sans génie, on ne voit rien de singulier dans leurs expressions. Ils sont si stériles qu'après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; & quand on sçait le tableau qu'ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l'ouvrage.
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L'émulation & l'étude ne sçauroient donner à un génie la force de franchir les limites que la nature a prescrites à son activité. Le travail peut bien le perfectionner, mais je doute qu'il puisse lui donner réellement plus d'étenduë qu'il n'en a. L'étenduë que le travail semble donner aux génies, n'est qu'une étenduë apparente. L'art enseigne à cacher leurs bornes, mais il ne les recule pas.[…] Ainsi le travail & l'expérience font bien faire aux Peintres, comme aux Poëtes, des ouvrages plus corrects, mais ils ne sçauroient leur en faire produire de plus sublimes. Ils ne sçauroient leur faire enfanter des ouvrages d'un caractère élevé au-dessus de leur portée naturelle
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Section VIII. Des Plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit. p. 85
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Comme les Peintres parlent tous, pour ainsi dire, la même langue, ils ne peuvent pas emploïer les traits célebres, dont un autre Peintre s'est déjà servi, lorsque les ouvrages de ce Peintre subsistent encore. Le Poussin a pû se servir de l'idée du Peintre Grec qui avoit présenté Agamemnon la tête voilée au sacrifice d'Iphigénie, pour mieux donner à comprendre à l'excès de la douleur du pere de la victime. Le Poussin a pû se servir de ce trait pour exprimer la même chose, en réprésentant Agrippine qui se cache le visage avec les mains dans le tableau de la mort de Germanicus. Le tableau du Peintre grec ne subsistoit plus, quand le peintre François fit le sien. Mais le Poussin auroit été blâmé d'avoir volé ce trait, s'il se fût trouvé dans un tableau, ou de Raphaël, ou de Carrache.
Comme il n'y a point de mérite à dérober une tête à Raphaël ou une figure au Dominiquin ; comme le larcin se fait sans grand travail, il est défendu sous peine du mépris public. Mais comme il faut du talent et du travail pour animer le marbre d'une figure antique, & pour faire d'une statue un personnage vivant, & qui concourre à une action avec d'autres personnages, on est loué de l'avoir fait. […]
Il y a bien de la difference entre emporter d'une gallerie l'art du peintre, entre se rendre propre la maniere d'operer de l'Artisan qu'on vient d'admirer, & remporter dans son portefeüille une partie de ses figures. Un homme sans génie n'est point capable de convertir en sa propre substance, comme le fit Raphaël, ce qu'on y remarque de grand & de singulier. Sans saisir les principes géneraux, il se contente de copier ce qu'il a dessous les yeux. Il emportera donc une des figures, mais il n'apprendra point à traiter dans le même goût une figure qui seroit de son invention. L'homme de génie devine comment l'ouvrier a fait. Il le voit travailler, pour ainsi dire, en regardant son ouvrage & saisissant sa maniere, c'est dans l'imagination qu'il remporte son butin.
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Les génies les plus heureux ne naissent pas de grands Artisans. Ils naissent seulement capables de le devenir. Ce n'est qu'à force de travail qu'ils s'élevent au point de perfection qu'ils peuvent atteindre.
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Au lieu que les Artisans sans génie, qui sont aussi propres à être les Eleves du Poussin que du Titien, demeurent durant toute leur vie dans la route où le hazard les peut avoir engagez, les Artisans doüez de génie, s'apperçoivent, quand le hazard les égare, que la route qu'ils ont prise n'est point celle qui leur convient. Ils l'abandonnent pour en prendre une autre ; ils quittent celle de leur maître pour s'en faire une nouvelle. Par maître, j'entends ici les ouvrages aussi bien que les personnes.Raphaël, mort depuis deux cens ans, peut encore faire des Eleves. Notre jeune Artisan, doüé de génie, se forme donc lui-même une pratique pour imiter la nature, & il forme cette pratique des maximes résultantes de la réflexion qu'il fait sur son travail & sur le travail des autres. Chaque jour ajoûte ainsi de nouvelles lumieres à celles qu'il avoit acquises précedemment. […] Le génie est dans les hommes, ce qui vieillit le dernier. […] Plusieurs témoins oculaires m'ont raconté, que le Poussin avoit été jusques à la fin de sa vie un jeune Peintre du côté de l'imagination. Son mérite avoit survécu à la dextérité de sa main, & il inventoit encore, quand il n'avoit plus les talens nécessaires à l'exécution de ses inventions.
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Je dois encore ajouter une réflexion ; c'est que le génie de la Poësie & celui de la Peinture n'habitent point dans un homme d'un temperamment froid & d'une humeur indolente. La même constitution qui le fait Peintre ou Poëte, le dispose aux passions les plus vives. L'histoire des grands Artisans, soit en Poësie soit en Peinture, qui n'ont pas fait naufrage sur les écueils dont je parle, est remplie du moins des dangers qu'ils y ont courus ; quelques-uns s'y sont brisés, mais tous ont échoüé. […]
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Voilà ma premiere raison pour montrer que les hommes ne naissent pas avec autant de génie dans un païs que dans un autre, & que dans le même païs ils ne naissent pas avec autant de génie dans un temps que dans un autre temps. La seconde ne me paroît pas moins forte que la premiere. C'est qu'il arrive des jours où les hommes portent en peu d'années jusqu'à un point de perfection surprenant les arts & les professions qu'ils cultivoient presque sans aucun fruit depuis plusieurs siècles. Ce prodige survient sans que les causes morales fassent rien de nouveau à quoi l'on puisse attribuer un progrès si miraculeux. Au contraire, les Arts & les Sciences retombent quand les causes morales font des efforts redoublez pour les soûtenir sur le point d'élevation, où il semble qu'une influence secrete les eût portez.
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Or, si la diversité des climats peut mettre tant de varieté & tant de difference dans le teint, dans la stature, dans le corsage des hommes & même dans le son de leur voix, elle doit mettre une difference encore plus grande entre le génie, les inclinations & les mœurs des nations.
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Après tout ce que je viens d'exposer, il est plus que vrai-semblable que le génie particulier à chaque peuple, dépend des qualitez de l'air qu'il respire.
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Ainsi l'homme qui est né avec le génie le plus heureux est celui qui va plus loin que les autres dans ces sortes de professions, & cela indépendamment du dégré de perfection où elles se trouvent lorsqu'il les exerce. Il lui suffit que la profession qu'il embrasse soit déja réduite en art, & que la pratique de cet art ait une méthode. Il pourroit lui-même inventer l'art & rédiger la méthode. La force de son génie, qui lui fait deviner & imaginer un nombre infini de choses, qui ne sont pas à portée des esprits ordinaires, lui donne plus d'avantage sur les esprits ordinaires, qui professeront un jour le même art que lui, après que cet art aura été perfectionné, que ces esprits n'en pourront avoir sur lui, par la connoissance qu'ils auront des nouvelles découvertes & par les nouvelles lumieres dont l'art se trouvera enrichi, lorsqu'ils viendront à le professer à leur tour. Le secours que donne la perfection où l'un des arts dont nous parlons est arrivé, ne sçauroit mener les esprits ordinaires aussi loin que la supériorité de lumieres & de vûës naturelles, peut porter un homme de génie.
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On plaint quelquefois les Peintres & les Poëtes qui travaillent aujourd'hui, de ce que leurs prédecesseurs leur ont enlevé tous les sujets. Ces Artisans s'en plaignent souvent eux-mêmes, mais je crois que c'est à tort. Un peu de réflexion fera connoître que les Artisans qui travaillent présentement, ne doivent point être reçus à s'excuser sur la disette des sujets, quand on leur reproche quelquefois que leurs ouvrages nouveaux ne sont point nouveaux. La nature est si variée qu'elle fournit toujours des sujets neufs à ceux qui ont du génie.
Un homme né avec du génie voit la nature, que son art imite, avec d'autres yeux que les personnes qui n'ont pas de génie. Il découvre une difference infinie entre des objets, qui aux yeux des autres hommes paroissent les mêmes, & il fait si bien sentir cette difference dans son imitation, que le sujet le plus rebatu devient un sujet neuf sous sa plume ou sous son pinceau. Il est pour un grand Peintre une infinité de joïes & de douleurs differentes qu'il sçait varier encore par les âges, par les temperamens, par les caracteres des nations & des particuliers, & par mille autres moïens. Comme un tableau ne représente qu'un instant d'une action, un Peintre né avec du génie, choisit l'instant que les autres n'ont pas encore saisi, ou s'il prend le même instant, il l'enrichit de circonstances tirées de son imagination, qui font paroître l'action un sujet neuf. Or c'est l'invention de ces circonstances qui constituë le poëte en peinture. Combien a-t-on fait de crucifimens depuis qu'il est des Peintres ? Cependant les Artisans doüez de génie, n'ont pas trouvé que ce sujet fût épuisé par mille tableaux déja faits. Ils ont sçu l'orner par des traits de Poësie nouveaux, & qui paroissent néanmoins tellement propres au sujet, qu'on est surpris que le premier Peintre qui a médité sur la composition d'un crucifiment, ne se soit pas saisi de ces idées.
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La peinture a trois parties principales, la composition, le dessein, & le coloris.
La composition qui comprend l’invention & la disposition est la poëtique de la peinture ; plus noble que les deux autres, elle dépend du génie & de l’imagination du peintre ; c’est la distribution & l’agencement de toutes les parties qui doivent, en se secourant l’une l’autre, former un beau tout ; en un mot, c’est l’économie & la disposition de toutes les parties d’un tableau.
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Plusieurs (b) peintres se sont laissés emporter à leur propre génie ; ils n’ont suivi que leur caprice sans consulter le naturel, & les proportions des figures antiques, les autres se sont contentés d’imiter les habiles gens, qui avoient avant eux examiné ces chef-d’œuvres.
(b) Josepin, Cangiage, les deux Zucchero.
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Les grands maîtres finissent peu leurs desseins, ils se contentent de faire des esquisses, ou griffonements faits de rien, (a) qui ne plaisent pas aux demi-connoisseurs, ils veulent quelque chose de terminé qui soit agréable aux yeux : un vrai connoisseur pense autrement ; il voit dans un croquis la manière de penser d’un grand maître pour caractériser chaque objet avec peu de traits ; son imagination animée par le beau feu qui régne dans le dessein perce à travers ce qui y manque, elle apperçoit souvent ce qui n’y est pas & ce qui y doit être. C’est ainsi qu’un beau génie secondé par ce qu’il voit, supplée & s’accomode à tout.
(a) Ma che elle auessero una qualità che noi chia miamo pittoresca, che non altro ch’essere fati con ottimo d intorno & di poco acquerello ed al più di qualche lume di gesso o Biacca, ed altri ancora disegni che all’occhio de poco pratici appariscono strappazzati confusi e del tutto informi, sonopero espressi da poter servire agli artefici per studio delle proprie opere e per loro animaestramento. Baldinucci comminciamento e progresso del arte d’intagliare p. 33 Firenze 1686.