Work of Art

PRESENTATION

RUBENS, Peter Paul, Cycle de Marie de Medicis , 1622 - 1625, huile sur toile, Paris, Musée du Louvre, INV. 1769.

Commande de la reine douairière de France Marie de Medicis pour la galerie du palais du Luxembourg. Vingt-deux tableaux aujourd'hui conservés au musée du Louvre: - "Les Parques filant le destin de la reine Marie de Médicis sous la protection de Jupiter et de Junon", - "La Naissance de la reine, à Florence le 26 avril 1573", - "L'Instruction de la reine, dit aussi L'Éducation de la reine", - "Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour", - "Les Épousailles de la reine ou La Réception de l'anneau, dit encore Le Mariage par procuration de Marie de Médicis et d'Henri IV, à Florence le 5 octobre 1600", - "Le Débarquement de la reine à Marseille, le 3 novembre 1600", - "L'Arrivée de la reine à Lyon, ou La Rencontre du roi et de la reine, le 9 décembre 1600", - "La Naissance du dauphin (futur Louis XIII) à Fontainebleau, le 27 septembre 1601", - "Préparatifs du roi pour la guerre d'Allemagne, ou La Remise de la régence à la reine, le 20 mars 1610", - "Le Couronnement de la reine à l'abbaye de Saint-Denis, le 13 mai 1610", - "L'Apothéose d'Henri IV et la proclamation de la régence de la reine, le 14 mai 1610", - "Le Concert (ou Conseil) des dieux pour les mariages réciproques de la France et de l'Espagne, dit autrefois Le Gouvernement de la reine", - "La Prise de Juliers, le 1er septembre 1610, dit autrefois Le Voyage de Marie de Médicis au Pont-de-Cé (en Anjou, en 1620)", - "L'Échange des deux princesses de France et d'Espagne sur la Bidassoa à Hendaye, le 9 novembre 1615", - "La Félicité de la régence", - "La reine s'enfuit du château de Blois dans la nuit du 21 au 22 février 1619", - "La Majorité de Louis XIII", - "La reine remet les affaires au roi, le 20 octobre 1614", - "Le Traité d'Angoulême, le 30 avril 1619, dit autrefois La Réconciliation de Marie de Médicis avec son fils, à Angers", - "La Conclusion de la paix, à Angers, le 10 août 1620", - "La Parfaite Réconciliation de la reine et de son fils, après la mort du connétable de Luynes, le 15 décembre 1621, dit autrefois L'Entrevue de Marie de Médicis et de son fils,à Coussières, près de Tours, le 5 septembre 1619, ou encore La Paix confirmée dans le Ciel", - "Le Triomphe de la vérité, ou La Parfaite et Sincère Union de la reine mère et de son fils", - "Marie de Médicis (1573 - 1642) en reine triomphante".

Quotation

The truth is, ‘tis a little choquing to see such a Mixture of Antique, and Modern Figures, of Christianity, and Heathenism in the same Pictures [ndr : Le cycle de Marie de Médicis par Rubens] ; but this is much owing to its Novelty. […] He had moreover Another very good Reason for what he did on this Occasion : The Stories he had to paint were Modern, and the Habits, and Ornaments must be so too, which would not have had a very agreeable effect in Painting : These Allegorical Additions make a wonderful Improvement ; they vary, enliven, and enrich the Work ; as any one may perceive that will imagine the Pictures as they must have been, had Rubens been terrified by the Objections which he certainly must have foreseen would be made afterwards, and so had left all these Heathen Gods, and Goddesses, and the rest of the Fictitious Figures out of the Composition.

Quotation

The truth is, ‘tis a little choquing to see such a Mixture of Antique, and Modern Figures, of Christianity, and Heathenism in the same Pictures [ndr : Le cycle de Marie de Médicis par Rubens] ; but this is much owing to its Novelty. […] He had moreover Another very good Reason for what he did on this Occasion : The Stories he had to paint were Modern, and the Habits, and Ornaments must be so too, which would not have had a very agreeable effect in Painting : These Allegorical Additions make a wonderful Improvement ; they vary, enliven, and enrich the Work ; as any one may perceive that will imagine the Pictures as they must have been, had Rubens been terrified by the Objections which he certainly must have foreseen would be made afterwards, and so had left all these Heathen Gods, and Goddesses, and the rest of the Fictitious Figures out of the Composition.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

[…] & Rubens est, ce me semble, celui de tous les Peintres qui a rendu le chemin qui conduit au coloris plus facile & plus debarassé.

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

Les compositions allégoriques que nous avons nommées des compositions mixtes, sont d'un plus grand usage que les compositions purement allégoriques. Quoique leur action soit feinte, ainsi que celle des compositions purement allégoriques, néanmoins comme une partie de leurs personnages se trouvent être des personnages historiques, on peut mettre le sens de ces fictions à la portée de tout le monde, & les rendre ainsi capables de nous instruire, de nous attacher & même  de nous intéresser. 
Les Peintres tirent de grands secours de ces compositions allégoriques de la seconde espèce, ou pour exprimer beaucoup de choses qu'ils ne pourroient pas faire entendre dans une composition historique, ou pour représenter en un seul tableau plusieurs actions dont il semble que chacun demandât une toile séparée. La galerie du Luxembourg & celle de Versailles en font foi. Rubens & Le Brun ont trouvé moïen d'y représenter par le moïen de ces fictions mixtes, des choses qu'on ne concevoit pas pouvoir être renduës avec des couleurs. Il y font voir en un seul tableau des évenements qu'un Historien ne pourroit narrer qu'en plusieurs pages. […]

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The truth is, ‘tis a little choquing to see such a Mixture of Antique, and Modern Figures, of Christianity, and Heathenism in the same Pictures [ndr : Le cycle de Marie de Médicis par Rubens] ; but this is much owing to its Novelty. […] He had moreover Another very good Reason for what he did on this Occasion : The Stories he had to paint were Modern, and the Habits, and Ornaments must be so too, which would not have had a very agreeable effect in Painting : These Allegorical Additions make a wonderful Improvement ; they vary, enliven, and enrich the Work ; as any one may perceive that will imagine the Pictures as they must have been, had Rubens been terrified by the Objections which he certainly must have foreseen would be made afterwards, and so had left all these Heathen Gods, and Goddesses, and the rest of the Fictitious Figures out of the Composition.

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

Les compositions allégoriques que nous avons nommées des compositions mixtes, sont d'un plus grand usage que les compositions purement allégoriques. Quoique leur action soit feinte, ainsi que celle des compositions purement allégoriques, néanmoins comme une partie de leurs personnages se trouvent être des personnages historiques, on peut mettre le sens de ces fictions à la portée de tout le monde, & les rendre ainsi capables de nous instruire, de nous attacher & même  de nous intéresser. 
Les Peintres tirent de grands secours de ces compositions allégoriques de la seconde espèce, ou pour exprimer beaucoup de choses qu'ils ne pourroient pas faire entendre dans une composition historique, ou pour représenter en un seul tableau plusieurs actions dont il semble que chacun demandât une toile séparée. La galerie du Luxembourg & celle de Versailles en font foi. Rubens & Le Brun ont trouvé moïen d'y représenter par le moïen de ces fictions mixtes, des choses qu'on ne concevoit pas pouvoir être renduës avec des couleurs. Il y font voir en un seul tableau des évenements qu'un Historien ne pourroit narrer qu'en plusieurs pages. […]

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

On entend par le mot de Raisonnement, ou la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, ou l’action de l’entendement qui connoît une chose par une autre, & qui en tire des consequences.
Si par le mot de Raisonnement on entend l’action de l’entendement qui infere une chose par la connoissance d’une autre, il se trouve également dans la Poësie & dans la Peinture, quand l’occasion s’en presente. Le plus sur moyen de rendre cette verité sensible, est de la démontrer dans des Ouvrages qui soient sous nos yeux, & ausquels il soit aisé d’avoir recours. Les Tableaux de la Galerie de Luxembourg qui representent la Vie de Marie de Médicis, en seront autant de preuves ; & je me servirai de celui où est peinte la naissance de Louis XIII. parce qu’il est le plus connu.
[…] Les autres Tableaux de cette Galerie qui sont tous allégoriques, donnent lieu de tirer des conséquences par les symboles qui conviennent aux sujets, & aux circonstances que le Peintre a voulu traiter.

Quotation

[…] les tableaux ne doivent pas être des énigmes, & le but de la Peinture n'est pas d'exercer notre imagination, en lui donnant des sujets embrouïlles à deviner. Son but est de nous emouvoir & par consequent les sujets de ses ouvrages ne sçauroient être trop faciles à entendre. […] Tel est le pouvoir de la vérité, que les imitations & les fictions ne reussissent jamais mieux, que lorsqu'elles l'[ndr. : le sujet] altèrent le moins. 

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

[…] & Rubens est, ce me semble, celui de tous les Peintres qui a rendu le chemin qui conduit au coloris plus facile & plus debarassé.

Quotation

On entend par le mot de Raisonnement, ou la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, ou l’action de l’entendement qui connoît une chose par une autre, & qui en tire des consequences.
Si par le mot de Raisonnement on entend l’action de l’entendement qui infere une chose par la connoissance d’une autre, il se trouve également dans la Poësie & dans la Peinture, quand l’occasion s’en presente. Le plus sur moyen de rendre cette verité sensible, est de la démontrer dans des Ouvrages qui soient sous nos yeux, & ausquels il soit aisé d’avoir recours. Les Tableaux de la Galerie de Luxembourg qui representent la Vie de Marie de Médicis, en seront autant de preuves ; & je me servirai de celui où est peinte la naissance de Louis XIII. parce qu’il est le plus connu.
[…] Les autres Tableaux de cette Galerie qui sont tous allégoriques, donnent lieu de tirer des conséquences par les symboles qui conviennent aux sujets, & aux circonstances que le Peintre a voulu traiter.

Quotation

Je sçay bien, continua-t-il, que Rubens est un de vos Heros de Peinture, & que vous avez toûjours estimé l’Ouvrage qui est dans la gallerie du Luxembourg, comme une des plus belles choses qui soient dans l’Europe, si l'on en retranchoit (disiez-vous) en beaucoup d'endroits le goût de Dessein dont il n'est pas question presentement. Mais tout le monde n'est pas de vôtre goût, & ceux qui sont d'un sentiment contraire, disent qu'on trouve peu de verité dans les Ouvrages de Rubens, quand on les examine de prés, que les Couleurs & les Lumieres y sont exagérées, que ce n'est qu'un fard, & qu'enfin ce n'est point ainsi que l'on voit ordinairement la Nature.
O le beau fard ! s'écria Pamphile, & plût à Dieu mon cher Damon, que les Tableaux qu'on fait aujourd'huy, fussent fardez de cette sorte ! ne sçavez-vous pas que la Peinture n'est qu'un fard, qu'il est de son essence de tromper, & que le plus grand trompeur en cet Art est le plus grand Peintre. La Nature est ingrate d'elle-même, & qui s'attacheroit à la copier simplement comme elle est & sans artifice, feroit toûjours quelque chose de pauvre & d'un tres-petit goût. Ce que vous nommez exageration dans les Couleurs & dans les Lumieres, est une admirable industrie, qui fait paroître les objets peints plus veritables (s'il faut ainsi dire) que les veritables mêmes. C'est ainsi que les Tableaux de Rubens sont plus beaux que la Nature, laquelle semble n'être que la copie des Ouvrages de ce grand Homme. Et quand les choses aprés être bien examinées ne se trouveroient pas justes, comme vous le supposez, qu'importe, pourvû qu'elles le paroissent ; puisque la fin de la Peinture n'est pas tant de convaincre l’esprit que de tromper les yeux.
Cet artifice, dit Damon, me semble merveilleux dans les grands Ouvrages.
C'est aussi dans ceux-là, reprit Pamphile, où l'on voit que Rubens l'a rendu plus sensible à ceux qui sont capables d'y faire attention & de l'examiner : car aux personnes qui ne s'y connoissent que peu, rien n'est plus caché que cet Artifice.

Quotation

Les compositions allégoriques que nous avons nommées des compositions mixtes, sont d'un plus grand usage que les compositions purement allégoriques. Quoique leur action soit feinte, ainsi que celle des compositions purement allégoriques, néanmoins comme une partie de leurs personnages se trouvent être des personnages historiques, on peut mettre le sens de ces fictions à la portée de tout le monde, & les rendre ainsi capables de nous instruire, de nous attacher & même  de nous intéresser. 
Les Peintres tirent de grands secours de ces compositions allégoriques de la seconde espèce, ou pour exprimer beaucoup de choses qu'ils ne pourroient pas faire entendre dans une composition historique, ou pour représenter en un seul tableau plusieurs actions dont il semble que chacun demandât une toile séparée. La galerie du Luxembourg & celle de Versailles en font foi. Rubens & Le Brun ont trouvé moïen d'y représenter par le moïen de ces fictions mixtes, des choses qu'on ne concevoit pas pouvoir être renduës avec des couleurs. Il y font voir en un seul tableau des évenements qu'un Historien ne pourroit narrer qu'en plusieurs pages. […]

Quotation

[…] les tableaux ne doivent pas être des énigmes, & le but de la Peinture n'est pas d'exercer notre imagination, en lui donnant des sujets embrouïlles à deviner. Son but est de nous emouvoir & par consequent les sujets de ses ouvrages ne sçauroient être trop faciles à entendre. […] Tel est le pouvoir de la vérité, que les imitations & les fictions ne reussissent jamais mieux, que lorsqu'elles l'[ndr. : le sujet] altèrent le moins. 

Quotation

Timanthe est prisé d’avoir tousjours donné davantage à comprendre dans ses ouvrages, que son pinceau ne representoit, et fait en sorte que son esprit y paroissoit plus grand que l’industrie de sa main, bien qu’il l’eust tres-exquise. Ainsi pour faire concevoir la grandeur de son Cyclope dormant, & fait en petit volume, il mit des Satyres auprés de luy qui mesuroient son poulce avec une perche. Certes nous luy pouvons comparer pour ce regard le sçavant Rubens que nous venons de perdre, qui a tousjours joint l’invention à l’excellence de son art, & ce qu’il tenoit d’une profonde lecture à la beauté de son colorit. Les Galeries du Palais d’Orleans le tesmoigneront autant qu’elles dureront, avec le reste de ses pieces, ubi intelligitur plus semper quam pingitur ; et cum ars summa sit, ingenium tament ultra artem est Plin. ib.

Quotation

The truth is, ‘tis a little choquing to see such a Mixture of Antique, and Modern Figures, of Christianity, and Heathenism in the same Pictures [ndr : Le cycle de Marie de Médicis par Rubens] ; but this is much owing to its Novelty. […] He had moreover Another very good Reason for what he did on this Occasion : The Stories he had to paint were Modern, and the Habits, and Ornaments must be so too, which would not have had a very agreeable effect in Painting : These Allegorical Additions make a wonderful Improvement ; they vary, enliven, and enrich the Work ; as any one may perceive that will imagine the Pictures as they must have been, had Rubens been terrified by the Objections which he certainly must have foreseen would be made afterwards, and so had left all these Heathen Gods, and Goddesses, and the rest of the Fictitious Figures out of the Composition.