MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abregé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Paris - Nevers, Nyon fils - Barrois, 1746, 2 vol., vol. I.
Après avoir quitté l'ordre jésuite en 1738, de Marsy oriente complètement son activité vers la compilation, la traduction et l'édition dans des domaines très divers.
En 1746, il publie en deux volumes un Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture. Cet ouvrage devient ainsi le premier véritable dictionnaire du XVIIIe siècle, consacré exclusivement aux arts, avant ceux de Jacques Lacombe (Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique, avec La définition de ces Arts, l'explication des Termes & des choses qui leur appartiennent, Paris, Estienne, Herissant, 1752), d'Antoine-Joseph Pernety (Dictionnaire portatif de peinture, sculpture, gravure, avec un Traité pratique des différentes manières de peindre, Paris, Bauche, 1757) et bien sûr l'encyclopédie de Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque (Encyclopédie méthodique des Beaux-Arts, Paris, Panckoucke, 1788-1791).
Le Dictionnaire de Marsy (en deux volumes) fait ainsi directement suite au dictionnaire que Félibien publie dans ses Principes de l'Architecture, de la Sculpture et la Peinture (Paris, Coignard, 1676), mais en développant considérablement le nombre de termes. De Marsy prend d'ailleurs de la distance par rapport à ce premier dictionnaire, dont il souligne les erreurs à de nombreuses reprises. En revanche, comme on pouvait s'y attendre, il fait très fréquemment référence à Dufresnoy et à son De Arte graphica, à De Piles (sans citer sa source avec précision) et à son poème, le Pictura Carmen, rédigé peu d'années auparavant.
Son éloge est publiée en 1768 par Guillaume Nicolas Desprez (1713-1795).
Michèle-Caroline Heck
MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abregé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Genève, Minkoff Reprint, 1972, 2 vol..
FILTERS
QUOTATIONS
ACADEMIE. Dessein fait au craïon d’après le modéle. Voyez Etude.
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ACADEMIE, Ecole publique. Academie de Peinture, d’Architecture.
L’ACADEMIE Romaine de Peinture, autrement appellée l’Academie de S. Luc, est la plus célébre de toutes les Academies de Peinture. Elle fut fondée par Grégoire XIII, à la sollicitation du Mutian, Peintre fameux, qui lui légua deux maisons, & qui l’institua son heritiere supposé que ses enfans ne laissassent point de postérité.
En 1676 l’Academie Romaine désira de s’unir avec l’Academie des Peintres François, & lui proposa de faire une aggrégation mutuelle des deux compagnies. [...]
Pour commencer cette union, l’Academie Romaine choisit le Brun pour son Prince, honneur qui n’avoit jamais été accordé aux Etrangers.
LOUIS XIV fonda à Rome en 1665 une Academie pour les Peintres François, dont Errard fut le premier Directeur.
L’ACADEMIE de Peinture & de Sculpture de Paris, dut sa naissance aux demêlés qui survinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres Privilegiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquieter. Le Brun, Sarrazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi formerent le projet d’une Academie particuliere, & ayant présenté à ce sujet une Requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt, tel qu’ils le demandoient, datté du 20 janvier 1648. [...] Les premiers membres de cette Academie furent le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Perrier, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobstat, Guillin &c. Description de Paris par Mr Pig.
[...] Il y a aussi en France une Academie Royale d’Architecture : elle fut fondée en 1671, & eut pour premiers membres, le Vau, Gitard, le Pautre, d’Orbay &c.
BEAUBRUN, les
BOURDON, Sébastien
CORNEILLE, Michel (dit Michel Corneille l'Ancien ou le Père)
D'ORBAY, François II
EGMONT, Juste d'
ERRARD, Charles
GUILLAIN, Simon
GUITTARD, Daniel
LA HYRE, Laurent de
LE BRUN, Charles
LEPAUTRE, Antoine
LE SUEUR, Eustache
LE VAU, François
MUZIANO, Girolamo
PERRIER, François
SARRAZIN, Jacques
VAN OPSTAL, Gérard
Conceptual field(s)
ACCOMMODEMENT, terme de peinture, qui signifie ajustement, manière d’àrranger, d’Accommoder. Il ne se dit que des draperies : mais il comprend tout ce qui concerne leur ajustement, le choix des étoffes, & l’agencement des plis. On dit : les Accommodemens des draperies, un bel Accommodement.
ADOUCIR, terme de peinture. On adoucit les couleurs en affoiblissant les teintes.
On adoucit les traits en les marquant moins.
On adoucit un visage en lui donnant plus de douceur, & en corrigeant la rudesse des traits qui tranchent trop.
AGENCEMENT, AGENCE, termes de peinture. Agencement & arrangement sont des mots à peu près sinonymes. Agencement des parties: Agencement des plis : un bel agencement : des plus bien agencés.
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AIR, ce mot est terme de peinture dans les phrases suivantes, de beaux airs de tête. Le Guide donne de beaux airs de tête à ses figures.
AMATEUR, c’est un terme particulierement consacré à la Peinture. Il se dit de tout homme qui aime cet Art, & qui à un goût décidé pour les Tableaux. Les italiens disent Virtuoso.
AMATEUR, c’est un terme particulierement consacré à la Peinture. Il se dit de tout homme qui aime cet Art, & qui à un goût décidé pour les Tableaux. Les italiens disent Virtuoso.
ANTIPATHIE, se dit des couleurs mal assorties, & dont le mélange est désagréable : on l’oppose à amitié. Voyez ennemi.
ANTIQUE, on appelle Antique, les statues, les bas reliefs, les vases, les Tableaux, & les autres monumens curieux qui nous sont restés de l’Antiquité. Dessiner sur l’Antique, d’après l’Antique. L’Antique à toujours été la règle de la beauté.
APRE’S, [d’] dessiner d’après nature, d’après l’Antique, d’après Michel-Ange.
ARDOISE, espece de pierre que tout le monde connoît, & dont les Architectes se servent principalement pour la couverture des maisons. Les Dessinateurs s’en servent quelquefois pour y tracer leurs esquisses, & elle entre dans la composition de quelques couleurs.
ASSEOIR ; asseoir une figure. Une figure bien assise. Un corps est mal assis, lorsqu’il n’est pas en équilibre, qu’il ne se soutient pas sur son centre, & qu’il semble prêt à tomber.
ASSORTIMENT, terme de Peinture, Proportion & Convenance entre les parties. Un bel assortiment, un mauvais assortiment.
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ATTELIER. C’est ainsi qu’on appelle le Laboratoire d’un Peintre ; être à son Attelier, travailler à son Attelier.
ATTITUDE ; c’est l’action & la posture où l’on met les figures qu’on représente. Il vient du mot Italien Attitudine. « c’est dans le goût antique, dit M. du Fresnoy, qu’il faut choisir les Attitudes. »
Le moyen de les rendre belles, est de choisir les plus simples ou les plus nobles selon le sujet, les plus variées, les plus expressives, & les plus naturelles ; de bien prononcer les membres, de faire paroître les Grands, plûtôt que les petits, de les faire contraster dans leur position.
ATTRAPER, atteindre, saisir, exprimer. Ce Peintre attrape bien les ressemblances, les caractéres ; il attrape la manière du Correge.
AUSTERE, terme de Peinture, signifie la même chose que rude, sec & dur.
Une maniere austere, un coloris austere. Le Perugin peignoit austerement, d’une maniere seche & austere.
BAMBOCHADE, on appelle bambochades certains petits tableaux qui représentent des sujets champêtres & grotesques. L’étimologie de ce mot vient de Bamboche, fameux Peintre Flamand qui s’est particulièrement adonné à ce genre ; son nom de famille étoit Pierre de Laar : mais les Italiens lui donnerent le nom de Bambozo, à cause de la singularité de sa taille [...]
BARBOUILLER, BARBOUILLEUR : Ce premier mot ne se prend pas toujours en mauvaise part. Barbouiller une toile, une muraille, c’est l’enduire avec la brosse d’une premiere couche. Barbouiller une figure, ne signifie pas toujours la peindre mal : c’est quelque fois la dessiner ou la peindre légérement, y jetter rapidement les premiers traits, les premieres teintes ; dans ce sens il signifie la même chose qu’ébaucher. Barbouilleur est toujours un terme de mépris.
BEAU [Le] le beau en peinture, est la connoissance & le choix de ce que la nature a fait de plus beau, de plus exquis, de plus pittoresque. Ce n’est pas assez de considérer la nature en général, & de la connoître telle qu’elle se montre fortuitement dans son négligé ; il faut la débarrasser de beaucoup de choses communes & triviales, ou plutôt l’étudier dans ses ouvrages les plus accomplis ; la considerer dans sa perfection & telle qu’elle doit être. C’est où échouent la plûpart des Peintres de l’Ecole Flamande. Ils imitent fort bien la nature, mais ils la choisissent mal.
Semper in eximio quidquid prœftantius orbe
Luminibus natura tuis Spectabilis offert,
Carpere ama, Studioqie Sagax imitare fideli.
Naturam pinxisse parum est, nifi picta venustè.
Rideat, & pulchros ostendat Splendida vultus.
Pictura carmen.
BISTRE, composition dont les Dessinateurs se servent pour les lavis ; on l’emploie aussi dans la miniature : il se fait de la suie cuite & broyée dans de l’eau gommée, ou dans le vinaigre.
BLANC de plomb, c’est le plus beau blanc que nous ayons.
BLANC des Carmes. Ces Peres veulent nous faire un secret d’une chose que tout le monde peut faire aussi bien qu’eux.
Ce blanc n’est autre chose que de la chaux de senlis fort blanche, & passée dans un tamis très fin ; quand elle est claire comme du lait, on en met cinq ou six couches : mais il faut que chacune des couches soit bien séche, avant que d’en appliquer une nouvelle. Il faut aussi les bien frotter avec la brosse ; après cela on frotte l’ouvrage avec une brosse de poil de sanglier, ou avec la paume de la main ; c’est ce qui lui donne ce luisant qui en fait tout le prix.
On fait dans les Indes un blanc plus pur encore, & plus luisant avec de la chaux vive, mêlée avec du lait & du sucre, dont on enduit les murailles, que l’on polit avec une pierre d’agathe. Cet enduit les rend d’un poli qui imite la glace, & dont le plus beau blanc des Carmes n’approche pas.
BLANC d’Espagne. Il se fait avec l’étain de glace qu’on dissout dans du nitre. Les Peintres s’en servent pour leurs esquisses.
BLANC de perle. Voyez BISMUTH
BLEU, couleur très-douce & très-fuiante, qui se fait avec l’Azur ou l’Outremer, avec l’Indigot, & plusieurs autres compositions telles que le sable, le sel, le nitre & la limaille de cuivre fondus & broyés ensemble. On peint ordinairement d’outremer, les ciels, les nuages, la mer, &c.
On distingue différentes nuances de bleu.
BLEU blanc.
BLEU mourant.
BLEU céleste/
BLEU Turquin, [foncé.]
BLEU Pers, [entre le verd & le bleu, c’est la couleur de certains yeux. ]
BLEU d’enfer, ou noirâtre, &c.
BLOND, couleur entre le blanc & le roux.
BLOND doré.
BLOND ardent.
BLOND fade.
BLOND de filasse.
BLOND cendré, c’est le plus beau.
Ce n’est pas une chose aussi infifférente pour les Peintres qu’on le croirait, de charger ou d’éclaircir le teint de leurs Dieux ou de leurs Héros, & de faire de leurs Déesses des blondes ou des brunes. Ce seroit une faute de donner un visage brun & des cheveux noirs, à Apollon ou à l’Aurore, oude peindre Mars & Jupiter en Blondins.
BORDURE, ce qui borde un tableau, une riche bordure, une bordure commune, une bordure d’or bruni, d’or bronzé « Les bordures dorées, dit, Mr l’Abbé du Bos, jettent un nouvel éclat sur les couleurs, & semblent, en détachant les tableaux des objets voisins, réunit mieux entr’elles les parties dont ils sont composés. » réfl. sur la peinture.
BROSSE, c’est un pinceau dont tous les poils sont égaux, & ne se terminent pas en pointe comme les pinceaux ordinaires. Les premieres couleurs s’appliquent avec la brosse. On se sert de la brosse pour adoucir les traits.