THE SPECTATOR → the knowledge

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Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

A l'égard de l'Allegorie, on dit, qu'il falloit considerer la difference qu'il y a entre des figures des divinités fabuleuses & des figures allegoriques, qu'à la verité, la fable est incompatible avec la verité : mais que ce seroit faire une injustice à un Peintre doüé d'un excellent genie de l'empêcher de joindre l'Allegorie à l'histoire pour en exprimer les mysteres, lors qu'on le peut faire sans nuire à l'intelligence du sujet, qu'il seroit à souhaiter au contraire, que les Peintre en ne negligeant rien de ce qui est essentiel à leur profession, appliquassent leur esprit à bien connoître le sens mystique des histoires aussi bien que le litteral, leurs ouvrages en seroient beaucoup plus considerables & satisferoient d'avantage la curiosité des Amateurs sçavans ; [...]

Une partie de ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 42-43 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc, tome I, vol. I).



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Les desseins des grands maîtres étant tout esprit, forment une curiosité des plus piquantes ; ils sont la meilleure instruction pour un amateur, c’est une source féconde, où il peut puiser toutes les lumières qui lui sont nécessaires ; il conversera, pour ainsi dire, il s’instruira avec ces grands hommes, en visitant un recueil de leurs desseins, il se familiarisera avec eux, leurs différentes manieres se dévoileront à ses regards. Si même ces desseins (a) sont rangés chronologiquement & par écoles, ils lui rappelleront de suite l’histoire & la vie de ces fameux artistes.
(a) L’auteur a fait une collection des desseins des grands maîtres de tous les pays, qui peut passer pour une des meilleurs de l’Europe, elle est rangée chronologiquement par écoles & composée d’environ neuf mille desseins originaux & choisis, mêlés de morceaux finis, d’études, de pensées, & d’academies.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau. L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Le second point consiste à distinguer le nom & l’école de chaque maître, l’amateur en ceci vaut mieux que l’homme du métier ; ces deux connoissances tiennent plus de l’histoire de la peinture que de la pratique de la main ; elles sont le fruit d’une grande application pour distinguer les differentes écoles & la varieté des manieres ; à force d’examiner & de confronter quantité de desseins de la même main on se fait une habitude, une idée nette & distincte du caractere & de la pratique de chaque peintre, on se la rend familiere ; si elle ressemble en quelque partie à celle d’un autre maître, elle est toujours differente en quelque chose, & cela suffit, les estampes gravées d’après les peintres en font encore connoître le goût. Une heureuse mémoire, un esprit net pour retenir toutes ces pratiques differentes, sans les confondre, y est absolument necessaire.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On peut conclure de toutes ces observations, qu’il faut quelque connoissance de l’art & un peu de pratique, pour décider sur l’originalité d’un dessein : il seroit à souhaiter qu’un amateur sçût un peu (a) peindre ou du moins dessiner. Cette pratique de l’art, quelque petite qu’elle fût, le mettroit en état de juger mieux qu’un autre. On ne sçauroit croire combien l’opération de la main forme le goût, & donne l’intelligence à l’esprit : elle vous montre la route qu’ont suivi tant d’habiles gens ; peut-être même que si vous vous y livriez entierement comme eux, vous pourriez les suivre de près.
 
(a) Ut enim de pictore, sculptore & fictore, nisi artifex judicare non potest.
Plin. jun. lib. I. epist. 10. p. 29. Lug. Bat. 1669.



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SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

Chap. XII, Of Antiquities
Out of the Treasury and Storehouse of venerable Antiquities, I have selected these three sorts.
Statues, Inscriptions, and Coynes ; desiring you to take a short view of them, ere you proceed any further.
The pleasure of them is best known to such as have seen them abroad in
France, Spain, and Italy […]. And indeed, the possession of such Rarities, by reason of their dead costliness, doth properly belong to Princes, or rather to princely minds. […]. Sure I am, that he that will travel, most both heed them, and understand them, if he desire to be though ingenious, and to be welcome to the owners. For next men and manners, there is nothing fairly more delightful, nothing worthier observation, than these Copies, and memorials of men, and matters of elder times ; whose lively presence is able to perswade a man, that he now seeth two thousand years ago. Such as are skilded in them, are by the Italians termed Virtuosi, as if others that either neglect or despise them, were idiots, or rake-hels. And to say truth, they are somewhat to be excused, if they have all Leefhebbers (as the Dutch call them) in so high estimatiion, for they themselves are so great lovers of them (& similis simili gaudet) that they purchase them at any rate, and lay up mighty treasures of money in them.



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Quotation

Je m'étois en quelque sorte attendu à ce dernier reproche de la part du Public, & il ne m'a point surpris. Mais je vous avouerai l’avoir beaucoup été à la lecture du Paradoxe que l’on s’est efforcé d’établir, Qu’il est absolument nécessaire de proffesser un Art pour en parler avec justesse, & oser en remarquer les défauts.



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.

naturel



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

Il y a trois sortes de Connaissances sur le fait des Tableaux. La première consiste à découvrir ce qui est bon & ce qui est mauvais dans un même Tableau. La seconde regarde le nom de l'Auteur. Et la troisième va à savoir, si un Tableau est Original ou Copie.



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SPECTATEUR → marché de l'art

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Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

[…] Aux curieux de l’Art de l’Architecture et de La Peinture et de la Sculpture. Messieurs J’ay creû ne pouvoir dédier ce petit Ouvrage qu’à vous puisque ne prenant d’autre interest dans ces questions que vous instruire & de profiter dans les connoissances que vous avez ; Il sera facile de vous détromper des erreurs vulgaires, & de vous perfectionner dans les veritables Regles, sur lesquelles la pratique doit estre fondée ; Et quoy qu’il se trouve beaucoup de personnes d’un avis contraire, si l’on considere que c’est par un interest particulier, ou quelque autre passion injuste, qu’ils s’opposent à une vérité connuë, sensible & démontrée ; Je ne doute point que toutes les indiferentes & curieuses comme vous, MESSIEURS, de la seule vérité, & de la perfection des beaux Arts, ne reçoivent favorablement ce petit Ouvrage [...].

"beaux Arts" ne comporte pas de trait d'union.



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SPECTATEUR → jugement
L’ARTISTE → règles et préceptes

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Quotation

Der Andere Anhang worinnen was einem galant-homme von dem Kupferstechen zu verstehen nützlich ja fast nöthig ist/ kurtz und deutlich abgehandelt wird. II. Was bey Kupfferstücken in Obacht zu nehmen/ um wohl darinnen zu wählen, p. 176-177
10. Wer nun
curieus ist muß dahin sehen/ daß er von allerley Arten der Stiche Bekandschaft bekomme. Einige schraffiren alles/ andere mengen an dem Nackenden Puncten unter die Schraffirung/ andere gebrauchen bloß Puncten auf dem Nackenden. Die Puncten machen wiederum einige lieber rund/ andere länglicht. Theils von den Alten haben gar keine Creutzschraffirung sondern nur einfache gemachet/ und doch ihre Stücke vortreflich heraus gebracht. Die alles gantz mit punctiren heraus bringen wollen/ taugen nicht viel. In Franckreich findet man itzo eine neue Art/ daran das nackende mit lauter Puncten, aber so subtil und enge gemachet ist/ daß es fast wie schwartze Kunst oder die subtileste Miniatur heraus kömmet/ also daß nicht wohl möglich ist dergleichen mit dem Grabstichel oder der Radier-Nadel heraus zu bringen. Hingegen das übrige ist gewöhnlicher massen schraffirt.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

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Quotation

Das 37. Capitel. Alte Oel-Farben-Bilder reine und gleichsam wieder gantz neu zu machen.
Die Oel-Farben-Bilder, wenn sie alt, voller Staub und Unreinigkeit, so, daß man sie fast nicht mehr kennen kann, werden auffolgende Art gleichsam wieder gantz neu gemacht: das Bild lege auf einem Tisch, nimm ein enges Haar-Sieb, durch dieses siebe die reineste Asche doch nicht allzu viel auf das Bild, nimm hernach warmes Wasser, darein schabe ein wenig Seiffe, laß sie in dem warmen Wasser wohl verzehren, denn trage dies Seifen-Wasser mit einem Schwamm oder alten Lappen auf das Gemählde, […]. Wenn den aber sowohl wegen Alter als auch vom waschen der Glantz des Bildes geändert worden, solchen nun wieder zu bringen, so übermahle das wohl abgetrocknete Bild mit einem guten Spick-Oel-Fürnis  […] oder welches disfals eben so gut und ja fast besser ist, nimm das Weisse von ein paar frischen Eyer [….], wenn du nun mit solchem geschlagenene Eyerweis mit einem Schwamm dein Bild ein oder zwey mal bestreichest, doch vorher allemal wieder trocknen lässest, so wird dein Bild wieder einen so schönen Glantz bekommen als wäre es mit dem besten Fürnis bestrichen wäre. […]



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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

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Quotation

Du Grand, de la Grande, & Riche Maniere ou bon Goust,
Ne veut dire ou signifier autre chose, qu’un Tableau bien fait & suivant le Goust ou opinion des plus sçavants Peintres.

grande manière · riche manière · grand goût



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CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse
L’ARTISTE → qualités

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Quotation

Mais pour moy je conclus par ce qui a esté cy-devant dit, que la plus belle connoissance est, d’estimer les Tableaux, Desseins, & Tailles-Douces, par la bonté qui est en eux, & non par la reputation de leur Autheur, en sçachant ou reconnoissant en gros s’ils sont bien faits par regle, ou à veue d’œil ; Et en destail, pourquoy telle chose est belle ou laide ; Car de reïterer souvent quand on considere ces choses, qu’elles sont tres-belles & admirables, & de plus y adjoustant de ces divers mots de l’Art, cela n’est rien dire d’assuré



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

(...) we do no doubt to affirm, that by the application of this Art [n.d.r. Art of Chalcography] alone, not only Children ; but even Stripplings well advanc’d in Age, might receive incredible advantages, preparatory to their entrance into the Schoole Intellectual, by an Universal, and choice Collection of prints and cuts well design’d, engraven and dispos’d, much after the manner and method of the above nam’d Villeloin, which should contain, as it were, a kind of Encyclopaedia of all intelligible, and memorable things that either are, or have ever been in rerum Natura. It is not to be conceived of what advantage this would prove for the Institution of Princes and Noble Persons, who are not to be treated with the ruder difficulties of the vulgar Grammar Schooles only, and abstruser Notions of things in the rest of the sciences, without these Auxiliaries ; but to be allur’d, and courted into knowledge, and the love of it by all such subsidiaries and helps as may best represent it to them in Picture, Nomenclator,  and the most pleasing descriptions of sensual Objects, which naturally slide into their fluid, ad tender apprehensions, speedily possessing their memories, and with infinite delight, preparing them for the more profound and solid studies. […]



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

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Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie. Le plus grand avantage qu’on en tire vient de ce qu’elle nous apprend en quoy consiste la derniere beauté de tout ce qu’elle represente, & sur tout celle du corps humain. 
Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

[...] Et quant à ce que plusieurs personnes ont creu, que cette Connoissance & Curiosité estoit une manie, & qu’il n’y avoit lieu d’y assoir aucune bonne resolution ou fondement, pour avoir veu quelque Curieux & Praticiens de cét Art, & non des moins Experts, qui prenoient quelquefois une maniere pour une autre & des Coppies pour des Originaux, je les advertis en passant que cette mesprise ne doit pas donner lieu de conclurre de la sorte, d’autant que s’il y a quelques uns desdits Praticiens qui ne sont point adonnez à tant esplucher ces particularitez, il s’en trouve d’autres qui s’y estant adonnez en ont acquis une grande connoissance, & aussi comme j’ay dit des Curieux, Puis d’autres moins Experts qu’eux qui l’ont & d’autres qui ne l’ont pas. 
Par ainsi lon peut dire qu’il y a en cela comme en d’autres Arts, de naturelles inclinations pour ces choses, puis que mesme ceux qui n’ont point de pratique, en ont ou peuvent avoir quelque connoissance ; Mais de dire qu’elle soit approchante de celle qu’en peut avoir un Excellent Praticien exercé en icelles, cela est impossible à mon advis, qui sera en son lieu proposé plus au long.


Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui n’ont aucune connoissance de ces manieres, ny desdits Originaux & Copies.
Cette sorte de Curieux declarent, qu’ils ayment les Tableaux pour les voir & servir d’ornemens chez eux ; Mais que de sçavoir & connoistre la manière & le nom de ceux qui les ont faits, & s’ils sont Originaux ou Copies, c’est jusques à present une passion qui ne les touche point ; Et mesme qu’ils croyent comme impossible de pouvoir acquerir la pratique de cette connoissance, Et que ce qui les confirme davantage est, d’avoir sceu que plusieurs Curieux non Praticiens se disans l’avoir, auroient esté souvent trompez en l’acquisition de plusieurs Tableaux. 


Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui se sont portez ès connaissances desdites manieres & distinctions d’Originaux & Copies.
Ces Curieux-cy trouvent que ce seroit une curiosité tres-imparfaite, d’avoir des Tableaux & ne sçavoir s’ils sont bons ou mauvais, ny qui les peut avoir faits, & qu’il n’y a guere d’assurance de faire acheter de telles choses par autruy, si lon le peut faire soy mesme, à cause qu’il y a des Curieux soy disants connoissants en icelles & mesme des Praticiens qui s’y sont souvent trompez, sans y comprendre ceux qui se meslent de tromper les autres ; de plus qu’il arrive d’ordinaire dans leurs commencements de curiosité desdits Tableaux, qu’ils choisissent ou font choisir, par des personnes qui n’y ont souvent guere plus de connoissances qu’eux ; de sorte qu’en estant advertis, ils prennent resolution de s’en deffaire pour en avoir de meilleurs, desquels il en arrive bien souvent la mesme chose.
Or tout ce que dessus ils ne le disent point seulement des autres, mais aussi d’eux-mesmes qui ne l’ont que trop experimenté ; Ce qui leur a donné lieu de s’instruire en quelque façon sur ces connoissances, & de faire election d’un sçavant Praticien connoissant, & de plus honneste homme, afin qu’il puisse suppleer aux occasions où la connoissance de telles choses passe leurs portées : Mais la conclusion de leurs Sentiments est, qu’ils croyent que la connaissance bien qu’en partie seulement, de la beauté & bonté desdits Tableaux, donne bien plus de contentement que celle de n’avoir que l’agrément à la veuë, par éclat d’un nombre de belles Couleurs.


Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie

Antiques



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Mais pour moy je conclus par ce qui a esté cy-devant dit, que la plus belle connoissance est, d’estimer les Tableaux, Desseins, & Tailles-Douces, par la bonté qui est en eux, & non par la reputation de leur Autheur, en sçachant ou reconnoissant en gros s’ils sont bien faits par regle, ou à veue d’œil ; Et en destail, pourquoy telle chose est belle ou laide ; Car de reïterer souvent quand on considere ces choses, qu’elles sont tres-belles & admirables, & de plus y adjoustant de ces divers mots de l’Art, cela n’est rien dire d’assuré



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Il y a des Copies qui ne se peuvent gueres remarquer telles, que par des Praticiens bien versez en cette connoissance, à cause qu’elles auront esté executées par de bons Copistes, & dans le mesme temps des Originaux, & qui mesme les aura retouchez en divers endroits.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

[...] Ainsi par cette seule particularité, & sans avoir aucune connoissance de la pratique de l’Art, lon peut aisement reconnoistre l’Original d’avec la Copie ; Je sçay bien qu’un Graveur pourroit, & avec dessein, imiter par la Graveure toutes ces rayes, pailles & trous, mais cela ne se pratique pas, & en plusieurs telles rencontres il est comme impossible de ce faire : Toutefois les sçavants Graveurs, qui se sont adonnez à la distinction de ces choses, ne fondent pas leurs connoissances sur de telles particularitez.
Je diray encore avant de finir, qu’il y a aussi bien que des Peintres & Curieux, des Graveurs qui ont connoissance de ces choses, & d’autres qui n’en ont point, & pareillement des Curieux, tesmoins ceux qui le sont de diverses petites Tailles Douces, dont les hacheures si pressées paroissent aux yeux les unes dans les autres, ausquelles on a donné le nom de pieces fines, parmy les Marchands de Stampes & tels Curieux peu connoissans ; Il y a aussi un grand nombre d’autres Curieux, qui sçavent bien distinguer les bonnes d’avec les mauvaises, & si ce n’est pas en toutes, par une veritable connoissance ce sera suivant les moyens cy-devant dits.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Quotation

Ainsi ladite regle de la Perspective donnera la connoissance universelle à celuy qui sera exercé à celle du trait & proportion des Corps visibles de la Nature, & aussi d’en composer de son Invention, ensemble au maniement du Pinceau & alliage des Couleurs, à Fraisq, à Destrempe, ou à Huile, de representer tous les Corps imaginables de la Nature, tant en general qu’en particulier, afin que la Copie ou Tableau qui s’en fera, fasse aux yeux de ceux qui le regarderont autant que l’Art & la capacité de l’Ouvrier le peut permettre, la mesme sentation ou vision que feroient lesdits Corps ; Et pour ce faire elle vous donnera non seulement la precision de la place des Contours ou Traits de la plus grande partie desdits Corps ; Mais aussi celle de leurs Jours, Ombres, Ombrages, ensemble l’endroit de la Force & Foiblesse de leurs Touches, Teintes ou Couleurs



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SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → règles et préceptes

Quotation

Remarquez plûtost, luy repartis-je, combien il importe à un excellent homme d’avoir pour Juge de son travail des personnes connoissantes, qui sçachent en quoy consiste la perfection de l’Art, & qui ne s’arrestent pas à la superficie des choses.
Il y a peu de gens, reprit Pymandre, capables de cette haute connoissance, & cependant il faut qu’un Peintre fasse des Tableaux qui soient agreables à tout le monde.
Je sçay bien, luy dis-je, que tous ceux qui regardent un Ouvrage n’en connoissent pas le merite. Mais ne m’avoüerez-vous pas qu’il vaut mieux faire quelque chose dont les sçavants soient satisfaits, que de plaire à une multitude d’ignorans ? Vous sçavez bien que le Poëte Anthimachus ayant assemblé un jour quantité de personnes pour lire en leur présence une piece qu’il avait composée, & voyant que ses Auditeurs l’avoient tous quitté, à la reserve de Platon : « Je ne laisseray pas, dit-il, de continuer ma lecture, parce que Platon vaut tout seul des milliers d’Auditeurs. » En effet un Poëme & un Tableau sont des productions dont tous les hommes ne sçavent pas le prix qui dépend de l’approbation d’un petit nombre de personnes sçavantes.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Aux curieux de l’Art de l’Architecture et de La Peinture et de la Sculpture. Messieurs J’ay creû ne pouvoir dédier ce petit Ouvrage qu’à vous puisque ne prenant d’autre interest dans ces questions que vous instruire & de profiter dans les connoissances que vous avez ; Il sera facile de vous détromper des erreurs vulgaires, & de vous perfectionner dans les veritables Regles, sur lesquelles la pratique doit estre fondée ; Et quoy qu’il se trouve beaucoup de personnes d’un avis contraire, si l’on considere que c’est par un interest particulier, ou quelque autre passion injuste, qu’ils s’opposent à une vérité connuë, sensible & démontrée ; Je ne doute point que toutes les indiferentes & curieuses comme vous, MESSIEURS, de la seule vérité, & de la perfection des beaux Arts, ne reçoivent favorablement ce petit Ouvrage [...].

"Connaissance" s'applique ici aux "curieux".


Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Mais à vous dire les choses comme elles sont la véritable connoissance de la Peinture, consiste à sçavoir si un Tableau est bon, ou mauvais ; à faire la distinction de ce qui est bien dans un mesme Ouvrage, d'avec ce qui est mal, & de rendre raison du jugement qu'on en aura porté. Voilà la véritable connoissance de la Peinture. II y en a encore une autre, laquelle bien qu'inférieure de beaucoup à celle-cy, ne laisse pas d'avoir son prix & c'est la connoissance des manières. Et en quoy la mettez-vous, dit Damon, cette connoissance des manières. Vous le diriez mieux que moy, répondit Pamphile ; car vous sçavez fort bien que ce n'est autre chose que de juger de qui est un Tableau, quand nous en avons déja veu d'autres de la mesme Main.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Pour ce caractère d'esprit, & ce Génie du Peintre, répliqua Damon, je vous avoue que je n'y ay pas encore bien pénétré , & que toute ma connoissance n'est fondé que sur des marques fort sensibles que j'ay observées le mieux que j'ay pu , comme sont les touches du Pinceau , les couleurs fortes ou foibles , certains airs de testes que quelques Peintres ont affectez , certaines répétitions de draperies , de coiffures, d'ajustemens, &de figures toutes entières , enfin un je ne say quoy d'extérieur qui frappe tellement la veuë, qu'il est impossible de ne s'en pas souvenir ; mais je sens fort bien que toutes ces marques extérieures viennent plustost de la main du Peintre que de sa teste, & qu'ainsi elles ne répondent tout au plus qu'au dessus de lettre. C'est toujours quelque chose, dit Pamphile ; mais il faut que vous passiez plus avant, & que vous connoissiez aussi les manieres par le caractère de l'esprit du Peintre. Je n'en desespere pas, reprit Damon, si vous voulez, bien que nous en parlions quelquefois mais la chose dont ie desespere c'est d'acquérir cette connoissance que vous appeliez la véritable, & de savoir juger sainement d'un ouvrage de Peinture. Quoy cette connoissance fine, répliqua Pamphile, qui sait trouver
le bien & le mal d'un Tableau, & qui rend raison des beautez & des défauts qu'elle y découvre? Celle-là mesme, continua Damon; trouvez-vous que ce soit une témérité que d'y prétendre
.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Pour connaître si un Dessein est d’un tel Maître, il faut en avoir vû beaucoup d’autres de la même main avec attention, & avoir dans l’Esprit une Idée juste du Caractere de son Génie, & du Caractere de sa Pratique. La connaissance du Caractere du Génie demande une grande étendue, & une grande netteté d’Esprit pour retenir les Idées sans les confondre ; & la connaissance du Caractére de la Pratique dépend plus d’une grande habitude, que d’une grande capacité : c’est pour cela que les plus habiles Peintres ne sont pas toujours ceux qui décident avec plus de justesse en cette matiére.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Une des choses les plus essentielles dans la connaissance des Tableaux, c'est le Génie, il en faut dans le bon Connaisseur ainsi que dans le bon Peintre ; mais comme le Génie ne peut s'acquérir, il faut toujours le supposer, ou du moins au défaut du Génie un gand amour pour la Peinture.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Il y a trois sortes de Connaissances sur le fait des Tableaux. La première consiste à découvrir ce qui est bon & ce qui est mauvais dans un même Tableau. La seconde regarde le nom de l'Auteur. Et la troisième va à savoir, si un Tableau est Original ou Copie.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → marché de l'art

Quotation

Ce n'est donc pas assez pour découvrir l'Auteur d'un Tableau, de connoître le mouvement du Pinceau, si l'on ne pénétre dans celui de l'Esprit: & bien que ce soit beaucoup d'avoir une idée juste du Goût que le Peintre a dans son Dessein, il faut encore entrer dans le caractére de son Génie, & dans le tour qu'il est capable de donner à ses conceptions.


Quotation

Here being a full Period, and the first Opportunity I have had, I will inform the Publick that I have at length found a Name for the Science of a Connoisseur of which I am treating, and which I observed at the entrance of this Subject wanted One. After some of these Sheets were printed I was complaining of this Defect to a Friend, who I knew, and Every Body will readily acknowledge was very proper to be advised with on This, or a Much Greater Occasion ; and the next Day had the honour of a Letter from him on another Affair, wherein however the Term CONNOISSANCE was us’d ; This I immediately found was That he recommended, and which I shall use hereafter. And indeed since the Term Connoisseur, tho’ it has a General Significance, has been received as denoting One skilful in this particular Science ; there can be no reason why the Science it selft should not be called Connoissance.


Quotation

Let us now see whether in the Science I am treating of [ndr : Connoissance], as much Certainty is not to be had as perhaps in any other whatsoever. With an Exception always to what is Incontestably Divinely Reveal’d, both as to the Revelation it self, and the Sense of it ; and to what is Mathematically Demonstrable.
A very little Reflection on what has been said, and on what is seen abroad in the World will give us an Idea of Other Sciences as to the particular we are at present upon.
I will now shew how That matter stands with relation to Connoissance in its several Branches, The Knowledge of the Goodness of a Picture, Drawing, &c. The Distinguishing of Hands, and Originals, and Copies.


Quotation

After all it must be acknowledg’d that as in Other Sciences there are certain Branches of them wherein One Man excels, and Another in Others, but knows little of the rest ; So in Connoissance, No One Man can be acquainted with the Hands of All, even of the most considerable Masters ; nor with all the Manners perhaps of any One of those who have had great Variety of them ; Nor to be very Expert in more than a few of These : He must be contented with a Moderate Skill in many, and to be Utterly Ignorant in Some of them : Such is the Narrowness of our Faculties, the Extent of the Science, or the want of Helps, and Materials for the Study.
However let it be remember’d too That Every
Connoisseur may judge concerning the Goodness of a Picture, or Drawing as to all the Parts of it except the Invention, and Expression in History, and the Resemblance in Portraits ; and these no One Man can judge Accurately of in All Cases, because no One Man can be acquainted with all the Stories, or Fables, or other Subjects of the Picture ; as no One Man can know Every Body.



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Quotation

That the Pleasure of Connoissance is a Virtuous, and a Useful one, and such a one therefore as is worthy the Pursuit of a Wise, and Good Man appears by what has been said heretofore. Wherein this Pleasure consists is what I am Now about to shew : Which will also serve as a Specimen of what may be done in other Instances, a Vast many of which I have observ’d are overlook’d and neglected as well as This :
What is Beautiful, and Excellent is naturally adapted to Please ; but all Beauties, and Excellencies are not naturally Seen. Most Gentlemen see Pictures, and Drawings as the Generality of People see the Heavens in a Clear, Starry Night, they perceive a sort of Beauty there, but such a one as produces no great Pleasure in the Mind : But when one considers the Heavenly Bodies as other Worlds, and that there are an Infinite Number of these in the Empire of God, Immensity ; and Worlds which our Eyes assisted by the best Glasses can never reach, and so far removed from the most distant of what we see (which yet are so far removed from us that when we consider it our Minds are fill’d with Astonishment) that These Visible ones are as it were our Neighbours, as the Continent of France is to Great Britain ; When one considers farther, That as there Inhabitants on this Continent tho’ we see them not when we see That, ‘tis altogether unreasonable to Imagine that those Innumerable Words are Uninhabited, and Desart ; there must be Beings There, Some perhaps More, Others Less Noble, and Excellent than Men : When one Thus views this Vast Prospect, the Mind is Otherwise affected than Before, and feels a Delight which Common Notions never can administer. So those who at Present cannot comprehend there can be such Pleasure in a good Picture, or Drawing as Connoisseurs pretend to find, may Learn to see the same thing in Themselves, their Eyes being once open’d ‘tis like a New Sense, and New Pleasures flow in as often as the Objects of that Superinduc’d Sight present themselves, which (to People of Condition Especially) very frequently happens, or may be procur’d, whether Here at Home, or in their Travels Abroad. When a Gentleman has learn’d to see the Beauties and Excellencies that are really in good Pictures, and Drawings, and which may be learnt by conversing with Such, and applying himself to the consideration of them, he will look upon That with Joy which he Now passes over with very little Pleasure, if not with Indifference : Nay a Sketch, a Scrabble of the Hand of a Great Master will be capable of administering to him a Greater Degree of Pleasure than those who know it not by Experience will easily believe. Besides the Graceful, and Noble Attitudes, the Beauty of Colours, and forms, and the fine Effects of Light, and Shadow, which none sees as a Connoisseur does, Such a one enters farther than any other Can into the Beauties of the Invention, Expression, and other Parts of the Work he is considering : He sees Strokes of Art, Contrivances, Expedients, a Delicacy, and Spirit that others see not, or very Imperfectly.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Pour donner des principes certains de cette connoissance, il faut, en voyant un dessein, faire deux examens, le premier consiste à en connoître le goût, & le second à découvrir le nom & le caractere de celui qui l’a fait. [...] Il naîtra de ces remarques une connoissance naturelle du goût des nations. En voyant un dessein, on le rapportera sur le champ à l’école dont il approche le plus, & l’on dira : il est dans un tel goût. Ainsi l’on sçaura le pays dans lequel le dessein a été fait, & par conséquent l’école du maître.



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MANIÈRE ET STYLE → école

Quotation

L’originalité est le troisième point essentiel à la connoissance des desseins. Cette originalité n’est pas souvent bien aisée à constater. Pour juger si un dessein est original ou copie, il faut du discernement, de la pénétration, de la finesse d’esprit, une grande pratique, & une notion des principes de l’art moins (c) grande cependant que pour les tableaux.
(c) Quoiqu’un tableau terminé dise tout & ne laisse ordinairement rien a y ajoûter, qu’au contraire un dessein esquissé oblige d’y deviner plusieurs choses, il faut convenir qu’un tableau renfermant plus de parties de la peinture, demande aussi plus de connoissances.



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SPECTATEUR → jugement
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

L’histoire d’un dessein & sa filiation qui nous apprennent les noms des amateurs à qui il a appartenu, les grandes collections dont il est sorti, ne conviennent qu’à des Marchands qui ont intérêt de s’en défaire avec plus d’avantage. Ces connoissances stériles n’éblouissent que les ignorans ; on prouve foiblement par cette prétenduë authenticité l’originalité d’un dessein ; c’est la chose même, à la VALEUR INTRINSEQUE de l’ouvrage qu’il faut s’attacher.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

On peut conclure de toutes ces observations, qu’il faut quelque connoissance de l’art & un peu de pratique, pour décider sur l’originalité d’un dessein : il seroit à souhaiter qu’un amateur sçût un peu (a) peindre ou du moins dessiner. Cette pratique de l’art, quelque petite qu’elle fût, le mettroit en état de juger mieux qu’un autre. On ne sçauroit croire combien l’opération de la main forme le goût, & donne l’intelligence à l’esprit : elle vous montre la route qu’ont suivi tant d’habiles gens ; peut-être même que si vous vous y livriez entierement comme eux, vous pourriez les suivre de près.
 
(a) Ut enim de pictore, sculptore & fictore, nisi artifex judicare non potest.
Plin. jun. lib. I. epist. 10. p. 29. Lug. Bat. 1669.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Ce que l’on vient de dire au sujet des desseins des grands maîtres, se peut aisément appliquer à la connoissance des tableaux. Il s’agit toujours de juger de la bonté d’un ouvrage, du goût naturel des écoles, du nom du maître & de l’originalité. Il suffit de substituer au mot de dessein, celui de tableau, & au lieu des différens crayons & des hachures de la plume, entendre le maniment du pinceau & le goût de la couleur.



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SPECTATEUR → jugement
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

[…] La connoissance est une lumiere répandue dans notre ame : le sentiment est un mouvement qui l’agite. L’une éclaire : l’autre échauffe. L’une nous fait voir l’objet : l’autre nous y porte, ou nous en détourne.
Le Goût est donc un sentiment. Et comme, dans la matière dont il s’agit ici, ce sentiment a pour objet les Ouvrages de l’Art ; & que les Arts, comme nous l’avons prouvé, ne sont que des imitations de la belle Nature ; le Goût doit être un sentiment qui nous avertit si la belle Nature est bien ou mal imitée. […]



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

goût



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

le goût est une connoissance des regles par le sentiment. Cette maniere de les connoître est beaucoup plus fine & plus sure que celle de l’esprit : & même sans elle, toutes les lumieres de l’esprit sont presque inutiles à quiconque veut composer.

connoissance



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SPECTATEUR → jugement

4 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Bref, je croy estre obligé de dire, que s’il [ndr : Albrecht Dürer] eust esté touché pour le dessein & Peinture de ce bon goust cy-devant dit, on l’eust peu dire le nom pareil, veu l’universalité de son esprit. [...] Je me contenteray d’en nommer [ndr : graveurs cités p. 75-78 : Dürer, Lucas de Leyde, Aldegrever, Marcantonio Raimondi, Augustin Venetiano, Parmesan, Augustin Carrache, Cornelis Cort, les Sadeler, etc.] parmy plusieurs quelques uns que les vrays connoissans tiennent pour tres-excellens, tant de ceux qui ont gravé d’apres de belles choses, que des autres.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

[...] Ainsi par cette seule particularité, & sans avoir aucune connoissance de la pratique de l’Art, lon peut aisement reconnoistre l’Original d’avec la Copie ; Je sçay bien qu’un Graveur pourroit, & avec dessein, imiter par la Graveure toutes ces rayes, pailles & trous, mais cela ne se pratique pas, & en plusieurs telles rencontres il est comme impossible de ce faire : Toutefois les sçavants Graveurs, qui se sont adonnez à la distinction de ces choses, ne fondent pas leurs connoissances sur de telles particularitez.
Je diray encore avant de finir, qu’il y a aussi bien que des Peintres & Curieux, des Graveurs qui ont connoissance de ces choses, & d’autres qui n’en ont point, & pareillement des Curieux, tesmoins ceux qui le sont de diverses petites Tailles Douces, dont les hacheures si pressées paroissent aux yeux les unes dans les autres, ausquelles on a donné le nom de pieces fines, parmy les Marchands de Stampes & tels Curieux peu connoissans ; Il y a aussi un grand nombre d’autres Curieux, qui sçavent bien distinguer les bonnes d’avec les mauvaises, & si ce n’est pas en toutes, par une veritable connoissance ce sera suivant les moyens cy-devant dits.


6 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

LE PRESIDENT. Cependant, ce n'est pas là le sentiment commun ; & si l'on en croit les Connoisseurs, les moindres tableaux des Anciens vont devant les plus beaux des Modernes.
L'ABBE. Vous croyez sans doute que cela vient du peu d'habileté de nos Peintres & de la grande capacité de ceux qui en jugent, je vous declare que c'est tout le contraire.
Si nos Peintres vouloient bien prendre moins de peine a leurs tableaux, en faire la composition plus simple & sans Art, marquer le proche & le loin presque également, & ne s'attacher qu'à la belle couleur ; en un mot faire des especes d'enlumineures plûtost que de vrais tableaux, nos pretendus Connoisseurs en seroient mille fois plus contens ; mais les Peintres aiment mieux ne plaire qu’à un petit nombre de gens qui s'y connoissent, qu'à une multitude peu éclairée. Un seul homme du métier qu'ils estiment ou qu'ils craignent, les anime plus & les fait plus suer que tout le reste du monde ensemble.
LE CHEVALIER. Je trouve qu'ils ont raison, & qu'il seroit plus à propos de nous instruire dans la Peinture pour en bien juger, que de vouloir qu'ils peignent mal pour nous satisfaire.
LE PRESIDENT. Est-ce que tant de gens d'esprit, dont le siecle est rempli ne se connoissent pas en peinture ?
L'ABBE. Il y en a beaucoup qui s'y connoissent, mais il y en a encore davantage qui n'estant point nez pour les Arts, & n'en ayant fait aucune étude n'y entendent rien du tout.



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Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

Il n’y a presque personne qui n’ait quelque inclination pour la Peinture, & qui ne prétende mesme avoir un jugement naturel & un sens commun capables de contrôller les Ouvrages qu’elle produit. Car non seulement les gens de lettres & de condition, qui sont vray-semblablement toûjours les plus raisonnables, se piquent de s’y connoistre ; mais encore le vulgaire se mesle d’en dire son sentiment : si bien qu’il semble qu’elle soit en quelque façon le mestier de tout le monde.


4 quotations

Quotation

Thus it is evident that to be Good Connoisseurs in Judging of Hands we must extend our Thoughts to all the Parts of the Lives, and to all the Circumstances of the Masters ; to the Various Kinds, and Degrees of Goodness of their Works, and not confine our selves to One Manner only, and a Certain Excellency found only in Some things they have done, upon which Some have form’d their Ideas of those Extraordinary Men, but very Narrow, and Imperfect Ones.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

He that would be a Good Connoisseur in Hands must know how to Distinguish Clearly, and Readily, not only betwixt One thing, and Another, but when two Different things nearly Resemble, for This he will very Often have occasion to do, as ‘tis easy to observe by what has been said already.

Expression Connoisseur in Hands Connoisseur en italique



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

A Man may be a very good Painter, and not a good Connoisseur in This particular [ndr : c’est-à-dire dans la manière d’identifier un artiste d’après une œuvre]. To know, and distinguish Hands, and to be able to make a good Picture are very different Qualifications, and require a very different Turn of Thought, and both a particular Application.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

There are Few that pretend to be Connoisseurs, and of those Few the number of Such as Deserve to be so call’d is very Small : ‘tis not enough to be an Ingenious Man in General, nor to have seen all the Finest things in Europe, nor even to be able to Make a good Picture, Much less the having the Names and something of the History of the Masters : All This will not make a Man a good Connoisseur, To be able to judge of the Goodness of a Picture, most of those Qualifications are necessary, which the Painter himself ought to be possessed of, That is, all that are not Practical ; He must be Master of the Subject, and if it be Improveable he must know it is so, and Wherein ; He must not only see, and Judge of the Thought of the Painter in what he Has done, but must know moreover what he Ought to have done, He must be acquainted with the Passions, their Nature, and how they appear on all Occasions. He must have a Delicacy of Eye to judge of Harmony, and Proportion, of Beauty of Colours, and Accuracy of Hand ; and Lastly he must be conversant with the Better Sort of People, and with the Antique, or he will not be a good Judge of Grace, and Greatness. To be a good Connoisseur (I observ’d heretofore) a Man must be as free from all kinds of Prejudice as possible ; He must moreover have a Clear, and Exact way of Thinking, and Reasoning ; he must know how to take in, and manage just Ideas ; and Throughout he must have not only a Solid, but an Unbiass’d Judgment. These are the Qualifications of a Connoisseur ; And are not These, and the Exercise of Them, will becoming a Gentleman ?



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SPECTATEUR → jugement

3 quotations

Quotation

Pour ceux qui sçavent connoistre un Original, quoy qu’ils n’ayent jamais veu d’autres Ouvrages de celuy qui l’aura fait, il est aisé de croire que la connoissance ne leur peut Venir que par la liberté de l’execution & les belles parties qu’ils trouvent dans lesdits Ouvrages, ce qui leur fait conclure qu’il est fait d’invention ou d’apres Nature ; avec fermeté & sçavoir ; Ainsi on conclud aussi lors qu’on reconnoist un Ouvrage estre fait avec peine, & comme d’une main tremblante & incertaine, & à plusieurs autres choses, que c’est une Copie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

Il y a des Copies qui ne se peuvent gueres remarquer telles, que par des Praticiens bien versez en cette connoissance, à cause qu’elles auront esté executées par de bons Copistes, & dans le mesme temps des Originaux, & qui mesme les aura retouchez en divers endroits.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Il y a trois sortes de Connaissances sur le fait des Tableaux. La première consiste à découvrir ce qui est bon & ce qui est mauvais dans un même Tableau. La seconde regarde le nom de l'Auteur. Et la troisième va à savoir, si un Tableau est Original ou Copie.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → marché de l'art
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

1 quotations

Quotation

If a Larger Picture be Coppied tho’ in Little, and what was done in Oyl is imitated with Water-colours, or Crayons, that first Picture being Only endeavour’d to be follow’d as close as possible with Those Materials, and in those Dimentions, This is as Truly a Coppy as if it were done as Large, and in the same Manner as the Original.


1 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

11 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

[...] Et quant à ce que plusieurs personnes ont creu, que cette Connoissance & Curiosité estoit une manie, & qu’il n’y avoit lieu d’y assoir aucune bonne resolution ou fondement, pour avoir veu quelque Curieux & Praticiens de cét Art, & non des moins Experts, qui prenoient quelquefois une maniere pour une autre & des Coppies pour des Originaux, je les advertis en passant que cette mesprise ne doit pas donner lieu de conclurre de la sorte, d’autant que s’il y a quelques uns desdits Praticiens qui ne sont point adonnez à tant esplucher ces particularitez, il s’en trouve d’autres qui s’y estant adonnez en ont acquis une grande connoissance, & aussi comme j’ay dit des Curieux, Puis d’autres moins Experts qu’eux qui l’ont & d’autres qui ne l’ont pas. 
Par ainsi lon peut dire qu’il y a en cela comme en d’autres Arts, de naturelles inclinations pour ces choses, puis que mesme ceux qui n’ont point de pratique, en ont ou peuvent avoir quelque connoissance ; Mais de dire qu’elle soit approchante de celle qu’en peut avoir un Excellent Praticien exercé en icelles, cela est impossible à mon advis, qui sera en son lieu proposé plus au long.



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Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui n’ont aucune connoissance de ces manieres, ny desdits Originaux & Copies.
Cette sorte de Curieux declarent, qu’ils ayment les Tableaux pour les voir & servir d’ornemens chez eux ; Mais que de sçavoir & connoistre la manière & le nom de ceux qui les ont faits, & s’ils sont Originaux ou Copies, c’est jusques à present une passion qui ne les touche point ; Et mesme qu’ils croyent comme impossible de pouvoir acquerir la pratique de cette connoissance, Et que ce qui les confirme davantage est, d’avoir sceu que plusieurs Curieux non Praticiens se disans l’avoir, auroient esté souvent trompez en l’acquisition de plusieurs Tableaux. 



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Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui se sont portez ès connaissances desdites manieres & distinctions d’Originaux & Copies.
Ces Curieux-cy trouvent que ce seroit une curiosité tres-imparfaite, d’avoir des Tableaux & ne sçavoir s’ils sont bons ou mauvais, ny qui les peut avoir faits, & qu’il n’y a guere d’assurance de faire acheter de telles choses par autruy, si lon le peut faire soy mesme, à cause qu’il y a des Curieux soy disants connoissants en icelles & mesme des Praticiens qui s’y sont souvent trompez, sans y comprendre ceux qui se meslent de tromper les autres ; de plus qu’il arrive d’ordinaire dans leurs commencements de curiosité desdits Tableaux, qu’ils choisissent ou font choisir, par des personnes qui n’y ont souvent guere plus de connoissances qu’eux ; de sorte qu’en estant advertis, ils prennent resolution de s’en deffaire pour en avoir de meilleurs, desquels il en arrive bien souvent la mesme chose.
Or tout ce que dessus ils ne le disent point seulement des autres, mais aussi d’eux-mesmes qui ne l’ont que trop experimenté ; Ce qui leur a donné lieu de s’instruire en quelque façon sur ces connoissances, & de faire election d’un sçavant Praticien connoissant, & de plus honneste homme, afin qu’il puisse suppleer aux occasions où la connoissance de telles choses passe leurs portées : Mais la conclusion de leurs Sentiments est, qu’ils croyent que la connaissance bien qu’en partie seulement, de la beauté & bonté desdits Tableaux, donne bien plus de contentement que celle de n’avoir que l’agrément à la veuë, par éclat d’un nombre de belles Couleurs.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.

connaissant



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Je diray encore avant de finir, qu’il y a aussi bien que des Peintres & Curieux, des Graveurs qui ont connoissance de ces choses, & d’autres qui n’en ont point, & pareillement des Curieux, tesmoins ceux qui le sont de diverses petites Tailles Douces, dont les hacheures si pressées paroissent aux yeux les unes dans les autres, ausquelles on a donné le nom de pieces fines, parmy les Marchands de Stampes & tels Curieux peu connoissans ; Il y a aussi un grand nombre d’autres Curieux, qui sçavent bien distinguer les bonnes d’avec les mauvaises, & si ce n’est pas en toutes, par une veritable connoissance ce sera suivant les moyens cy-devant dits.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Quotation

Il est vray, me dit-il [ndr : Pymandre], que j’ay remarqué souvent des curieux qui ne considerent les Tableaux que quand ils sçavent le nom de ceux qui les ont faits, et ne les estiment que par la reputation de leurs Auteurs, sans regarder ce qu’il y a de bon ou de mauvais.
Ce que vous dites, repris-je alors, est le defaut de ceux qui ne se connoissent point ou que fort peu en Peinture : car les bons Peintres & les personnes intelligentes dans cet Art, ne s’informent pas toûjours si exactement du nom de celuy qui a fait un Ouvrage qu’on leur monstre ; ils l’estiment par son propre merite & selon les beautez qu’ils y remarquent. Vous avez veu je m’asseure cet Ecce Homo d’André Salario, qui est dans le cabinet de M. le Duc de Liancourt ; Quoy qu’il ne soit que du disciple de Leonard, neanmoins on en fait beaucoup plus de cas que de plusieurs autres Tableaux qui sont de la main de Leonard. Mais cet abus qui se trouve parmy la pluspart des curieux ne se reformera pas si-tost ; il semble mesme qu’il y a quelque sorte de raison de laisser dans l’esprit des moins connoissans l’estime qu’ils ont pour le nom de ces grands hommes, quand ils n’ont pas assez de lumiere pour juger plus particulierement de l’excellence des Ouvrages.

Il existe une autre version de l’Ecce homo de Solario, conservée au Philadelphia Museum of Art de Philadelphie. Celle issue de la collection de Roger du Plessis de Liancourt évoquée ici par Félibien correspond à l’œuvre de Leipzig – elle est ensuite passée dans la collection de François de la Rochefoucauld, qui épouse la fille du duc de Liancourt et hérite ainsi de sa collection. Voir FAGNART Laure, Léonard de Vinci en France : collections et collectionneurs. XVe-XVIIe siècles, Rome, L’Erma, 2009, p. 211-212, 280-281 et 323. Ce même tableau est aussi mentionné par Evelyn en 1644 – EVELYN John, Diary, 1644 (éd. par W. BRAY, The diary of John Evelyn, 2 vol., Londres, 1907-1914 et précisément BRAY, I, 1907, p. 57).



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Aux curieux de l’Art de l’Architecture et de La Peinture et de la Sculpture. Messieurs J’ay creû ne pouvoir dédier ce petit Ouvrage qu’à vous puisque ne prenant d’autre interest dans ces questions que vous instruire & de profiter dans les connoissances que vous avez



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Quotation

LE PRESIDENT. Mais que direz-vous des Curieux qui sont du mesme avis ? Vous ne pouvez pas les traiter d'ignorans en peinture, eux qui en decident souverainement.
L'ABBE. Il y a quelques Curieux qui ont le goût tres-fin ; mais il y en a beaucoup qui ne se connoissent en tableaux que comme les Libraires se connoissent en Livres. Ils sçavent le prix, la rareté & la genealogie d'un tableau sans en connoistre le vray mérite, comme les Libraires sçavent parfaitement ce qu'un Livre doit estre vendu, l'abondance ou le peu d'exemplaires qu'il y en a, & l'histoire de ses éditions, sans rien sçavoir de ce qui est contenu dans le Livre.
LE CHEVALIER. Je suis persuadé que les Curieux dont vous parlez sont plus habiles que vous ne dites, mais qu’ils sont bien aises d'entretenir la passion des vieux tableaux, & pour cause.



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Quotation

On voit des Curieux qui se font une idée d'un Maître sur trois ou quatre Tableaux qu'ils en auront vûs, & qui croient après cela avoir un titre suffisant pour décider sur sa maniére, sans faire réflexion aux soins plus ou moins grands que le Peintre aura pris à les faire, ni à l'âge auquel il les aura faits. Ce n'est pas sur les Tableaux particuliers du Peintre : mais sur le général de ses Ouvrages qu'il faut juger de son mérite. Car il n'y a point de Peintre qui n'ait fait quelques bons & quelques mauvais Tableaux […]. Il n'y en a point aussi qui n'ai eu son commencement, son progrès & sa fin ; c'est-à-dire, trois maniéres : la première, qui tient à celle de son Maître; la seconde, qui s'est formée selon son Goût, & dans laquelle réside la mesure de ses talens, & de son Génie; & la troisième, qui dégénère ordinairement en ce qu'on appelle maniére : parce qu'un Peintre, après avoir étudié long-tems d'après la Nature, veut jouir, sans la consulter davantage, de l'habitude qu'il s'en est faite.



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

3 quotations

Quotation

[...] Et quant à ce que plusieurs personnes ont creu, que cette Connoissance & Curiosité estoit une manie, & qu’il n’y avoit lieu d’y assoir aucune bonne resolution ou fondement, pour avoir veu quelque Curieux & Praticiens de cét Art, & non des moins Experts, qui prenoient quelquefois une maniere pour une autre & des Coppies pour des Originaux, je les advertis en passant que cette mesprise ne doit pas donner lieu de conclurre de la sorte, d’autant que s’il y a quelques uns desdits Praticiens qui ne sont point adonnez à tant esplucher ces particularitez, il s’en trouve d’autres qui s’y estant adonnez en ont acquis une grande connoissance, & aussi comme j’ay dit des Curieux, Puis d’autres moins Experts qu’eux qui l’ont & d’autres qui ne l’ont pas. 
Par ainsi lon peut dire qu’il y a en cela comme en d’autres Arts, de naturelles inclinations pour ces choses, puis que mesme ceux qui n’ont point de pratique, en ont ou peuvent avoir quelque connoissance ; Mais de dire qu’elle soit approchante de celle qu’en peut avoir un Excellent Praticien exercé en icelles, cela est impossible à mon advis, qui sera en son lieu proposé plus au long.


Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui se sont portez ès connaissances desdites manieres & distinctions d’Originaux & Copies.
Ces Curieux-cy trouvent que ce seroit une curiosité tres-imparfaite, d’avoir des Tableaux & ne sçavoir s’ils sont bons ou mauvais, ny qui les peut avoir faits, & qu’il n’y a guere d’assurance de faire acheter de telles choses par autruy, si lon le peut faire soy mesme, à cause qu’il y a des Curieux soy disants connoissants en icelles & mesme des Praticiens qui s’y sont souvent trompez, sans y comprendre ceux qui se meslent de tromper les autres ; de plus qu’il arrive d’ordinaire dans leurs commencements de curiosité desdits Tableaux, qu’ils choisissent ou font choisir, par des personnes qui n’y ont souvent guere plus de connoissances qu’eux ; de sorte qu’en estant advertis, ils prennent resolution de s’en deffaire pour en avoir de meilleurs, desquels il en arrive bien souvent la mesme chose.
Or tout ce que dessus ils ne le disent point seulement des autres, mais aussi d’eux-mesmes qui ne l’ont que trop experimenté ; Ce qui leur a donné lieu de s’instruire en quelque façon sur ces connoissances, & de faire election d’un sçavant Praticien connoissant, & de plus honneste homme, afin qu’il puisse suppleer aux occasions où la connoissance de telles choses passe leurs portées : Mais la conclusion de leurs Sentiments est, qu’ils croyent que la connaissance bien qu’en partie seulement, de la beauté & bonté desdits Tableaux, donne bien plus de contentement que celle de n’avoir que l’agrément à la veuë, par éclat d’un nombre de belles Couleurs.
 


Quotation

A l'égard de l'Allegorie, on dit, qu'il falloit considerer la difference qu'il y a entre des figures des divinités fabuleuses & des figures allegoriques, qu'à la verité, la fable est incompatible avec la verité : mais que ce seroit faire une injustice à un Peintre doüé d'un excellent genie de l'empêcher de joindre l'Allegorie à l'histoire pour en exprimer les mysteres, lors qu'on le peut faire sans nuire à l'intelligence du sujet, qu'il seroit à souhaiter au contraire, que les Peintre en ne negligeant rien de ce qui est essentiel à leur profession, appliquassent leur esprit à bien connoître le sens mystique des histoires aussi bien que le litteral, leurs ouvrages en seroient beaucoup plus considerables & satisferoient d'avantage la curiosité des Amateurs sçavans

Une partie de ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 42-43 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc, tome I, vol. I).



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

3 quotations

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
SPECTATEUR → perception et regard
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



Other conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Quotation

Il y a trois choses en géneral à remarquer dans les Desseins : la Science, l’Esprit, & la Liberté. Par la Science, j'entends une bonne Composition, un Dessein correct & de bon Goût, avec une louable intelligence du Clair obscur : sous le terme d'Esprit, je comprens, l'expression vive & naturelle du Sujet en géneral, & des Objets en particulier : la Liberté n'est autre chose qu'une habitude que la main a contractée pour exprimer promptement & hardiment l'idée que le Peintre a dans l'esprit : & selon qu’il entre de ces trois choses dans un Dessein, il en est plus ou moins estimable.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

1 quotations

Quotation

Il y a quantité de Praticiens & autres, lesquels ayans veu une personne une fois, la reconnoistront d’abord plusieurs années apres, & feront aussi la distinction du changement qu’ils y remarqueront avenant qu’il y en ait, ces mesmes aussi seront capables de discerner l’air du visage, action & vestement, des diverses nations les unes des autres, & mesmes quand elles seroient vestuës des habits des uns & des autres ; Le semblable feront-ils de la forme de plusieurs Bastimens ou Edifices, Animaux, Arbres, Plantes, & d’une infinité d’autres corps visibles de la Nature.
Par ainsi il y a raison de croire, que ces mesmes personnes peuvent en quelque sorte ayant veu divers Tableaux dans un temps, & sceu quels en estoient les Autheurs, les reconnoistre dans un autre ; Et comme d’ordinaire lon remarque les freres & quelques proches parents & autres pour avoir de l’air ou ressemblance de quelqu’un qu’on a connu, pareillement ils peuvent ayant veu un ou deux Tableaux d’un Peintre, remarquer ceux qui en auront de l’air, ou qui approcheront de sadite Manière ; Ainsi lon peut juger qu’une telle personne non praticienne à laquelle aura monstré lesdits Tableaux, & fait remarquer la difference d’une maniere à l’autre, pourra faire la distinction de la plus grande partie : Or par la mesme raison, lon peut juger que ceux qui ayant veu une, ou plusieurs fois, diverses personnes ou autres telles choses, ne s’en souviennent pas un moment apres, sont en quelque sorte incapables de parvenir au discernement de ces choses. Et ceux qui pratiquent la Peinture & qui ont se [ndr : sic] defaut, courent grand risque de ne pouvoir rien faire de resouvenir, ny en quelque sorte d’invention.
Il y a des Peintres qui ont en quelque partie leur maniere approchante les unes des autres, mais non tousjours à un tel point qu’on ne les discerne bien, & que celuy qui n’est point dans la pratique, n’en fasse le mesme, apres s’estre instruit des capitales particularitez.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

1 quotations

1 quotations

1 quotations

Quotation

Plusieurs tiennent, que l’origine ou commencement, ou crainte de s’abuser, la restauration de cét Art, n’est que vers l’année 1490. & sur ce sujet je commenceray à nommer les premiers qui l’ont mis ou remis en pratique ; Israël, Martin Schon ou le Tudesque, & quelques autres nommez par les Curieux, les Maistres au Chandelier, & pour leurs Stampes elles ont le nom de pieces de mauvais noir ou ancre [ndr : sic], dautant qu’ils n’avoient pas encore la bonne maniere de la faire, ce qui se remarque en elles par l’huile qui a jauny le papier, y estant entrée apres s’estre separée du noir faute d’avoir esté cuite ou bruslée.

La formulation de Bosse n'est pas claire quant aux artistes qu'il cite. Quand il mentionne Israël, est-ce Isarël Silvestre ou Israhel Van Meckenem ? Le Tudesque est-il un peintre tel que Nicolas di Lorenzo d'Allemagne (Lanzi, 1824, p. 187) ou est-ce un pseudonyme donné au peintre allemand Martin Schongaueur (Hermann, II, 1819, p. 354) ? L'appelation désigne-t-elle le peintre Isarël Meckenem (qui avait pour sorbiquet Le Tudesque selon Duchesne, 1826, p. 106) ? Les maîtres au chandelier désignent-ils Schongaeur, Israel et, le cas échéant, le Tudesque (comme le fait Le Comte en 1702, vol. 3, p. 236) ou Bosse fait-il référence aux Hopfer, désignés comme tels dans plusieurs ouvrages (Christ, 1754, p. 313 ; Brulliot, 1817, p. 90 ; Meersch, 846, p. 98)?

pièce de mauvais noir



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

1 quotations

Quotation

J'avouë repartis-je, que la plus grande satisfaction qu'on puisse recevoir en considerant un Tableau, c'est qu'au mesme temps que les yeux voient avec joye le beau mélange des couleurs, & l'artifice du pinceau, l'esprit apprenne quelque chose de nouveau dans l'invention du sujet, & dans la fidelle representation de l'action que le Peintre a prétendu faire voir.

Chez Félibien, la couleur relève de l’œil, par opposition au dessein qui relève davantage de l’esprit.



Other conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

2 quotations

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement

Quotation

{De l'utilité des estampes}
[...] Mais chaque particulier peut choisir des sujets qui puissent, ou rafraîchir sa mémoire, ou fortifier ses connoissances, & suivre en cela l'inclination qu'il a pour les choses de son Goût & sa profession.


1 quotations

Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

Car comme les hommes sont facilement ébloüis par les inventions nouvelles & extraordinaires des Ouvriers, ils ont besoin de quelque estude pour conduire leur jugement, & discerner si les choses sont faites avec raison & avec ordre.


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Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Blijckt dan dat de rechte Konst-minne haer selven niet en kan onthouden in een ghemoedt 't welck met de sorghvuldigheydt van daghelickschen noodt-druft beslet ende belemmert is. De reden hier van behoeft niet verde gesocht te worden; dewijl het blijckelick is dat onse fantasije ofte verbeeldenskracht, die in dit werck seer vele vermagh, door een sorghledighe ende onverhinderde eensaemheydt dapper op gescherpt ende verweckt wordt. Want aenghesien het een oprecht Lief-hebber toe-staet de levendighe verbeeldinghen van allerley naturelicke dinghen in sijn ghemoedt op te leggen, ten eynde dat hy de selvighe te sijner tijdt met de wercken der Konstenaeren mocht verghelijcken; soo is 't klaer dat men sulcks niet en kan te weghe brenghen sonder het toe-doen van een stercke imaginatie, en dat de imaginatie gantsch en gaer krachteloos wesen sal soo langhe als wy alle daegh van den morghen tot den avond het loopen en draeven van de woelende menichte onder-hevigh blijven: oversulcks plachten oock vele treffelicke Konst-lievende mannen haeren ledigen tijdt somwijlen door te brenghen met het oeffenen ende verrijcken haerer fantasije. De fantasije, seght Michael Ephesius {in Aristot. De Memoria & reminiscentia}, is in ons gemoedt ghestelt als een Register ofte aenwijser van 't gunt wy oyt met onse ooghen gesien ofte met ons verstands begrepen hebben. Daerom houdt oock Apollonius Tyaneus staende, dat daer een sonderlinghe verbeeldenskracht vereyst wordt in dieghene welcke de wercken der Schilder-Konste recht wel meynen te besichtighen. Want het onmoghelick is, seght hy {apud Philostr. De vita apollonii lib. II. cap. 10. vide quo que Platonem lib. 2 de Legib}, dat yemant een bequaem oordeel strijcken sal van een geschildert Paerdt ofte Stier, tensy dat hem sijn gemoedt een waere verbeeldinghe der nae-gheboetster dinghen vaerdighlick voordraeghe.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It then appears that the true Love of Art cannot forbear in a mind which is tainted and obstructed with the precision of the daily lack of diligence. It is unnecessary to search far for the reason of this; while it is obvious that our fantasy or imagination, which can do a lot in this profession, is readily sharpened and incited by a carefree and unimpeded loneliness. Because, seen that it is possible for an honest Amateur to impose the living representations of all sorts of natural things in his mind, in order for him to compare these in his own time with the works of Artists; as such it is clear that one cannot bring forth such a thing without the doing of a strong imagination and that the imagination will be completely powerless as long as we remain subject every day, from morning until evening, to the hustle and bustle of the madding crowd: as such many respectable Art-loving men should aim to pass their free time with the practice and enrichment of their fantasy. The fantasy, says Michael Ephesius {…}, has been placed in our mind as an Index or pointer of that which we have ever seen with our eyes or understood with our mind. Because of this Apollonius Tyaneus also argues that, a remarkable imagination is necessary in those who want to study the works of the Art of Painting really well. As it is impossible, he says {…}, that someone will pass a competent judgement of a painted Horse or Bull, unless his mind readily proposes him a true representation of the imitated things.

Rather than focusing on the fantasy of the artist, in this extract Junius explains that it is important for the connoisseur to have quiet moments in which he can train his imagination. He also states that a well-developed imagination is very necessary to form a good judgement on art. In order to make his point, he cites remarks by Michael Ephesius and Apollonius Tyaneus that were written down by Aristototels and Philostratus respectively. [MO]

verbeeldenskracht · imaginatie



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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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Quotation

Dies zum Vergnügen der Reisenden Geöffnete Baumeister=Academie, oder kurzer Entwurf derjenigen Dinge / die einem galant-homme zu wissen nöthig sind, p. 187
Und hiermit will ich in den Nahmen Gottes die Baumeister-
Academie samt ihrer Zubehör beschliessen / mit dem Vosatz ins künfftige noch so viel als möglich zu deren Vermehrung und Verbesserung / so weit beyzutragen / als es insgemein vor galante Leute zur Curiosität und Unterhaltung angenehmer Discurse auch Anleitung junger Reisenden Personen dienen kan.



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2 quotations

Quotation

Pour connaître si un Dessein est d’un tel Maître, il faut en avoir vû beaucoup d’autres de la même main avec attention, & avoir dans l’Esprit une Idée juste du Caractere de son Génie, & du Caractere de sa Pratique. La connaissance du Caractere du Génie demande une grande étendue, & une grande netteté d’Esprit pour retenir les Idées sans les confondre ; & la connaissance du Caractére de la Pratique dépend plus d’une grande habitude, que d’une grande capacité : c’est pour cela que les plus habiles Peintres ne sont pas toujours ceux qui décident avec plus de justesse en cette matiére.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Une des choses les plus essentielles dans la connaissance des Tableaux, c'est le Génie, il en faut dans le bon Connaisseur ainsi que dans le bon Peintre ; mais comme le Génie ne peut s'acquérir, il faut toujours le supposer, ou du moins au défaut du Génie un gand amour pour la Peinture.



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

De waarschynelykheid, welke door het gezicht op ons verstand en inbeeldingen werkt, moet voornamelyk waargenomen werden, in de verdeeling en verbeelding onzer geschiedenissen, naast die drie deelen daar in de schoonheid bestaat, waar van te voren gesprooken is. {De waarschynelykheid is het voornaamste punt in het ordineeren waar te nemen.} Men moet dezelve niet alleen in het algemeen, maar in ider byzonder voorwerp doen blyken, en nauwkeurig zien op het verwerpen van zaaken, welke daar tegens strydig zyn.

[D'après DE LAIRESSE 1787, p. 120:] La vraisemblance, qui, par les organes de la vue, agit si puissamment sur notre esprit & sur notre imagination, doit principalement être observée dans la disposition & l’exécution du sujet, ainsi que dans les trois parties qui constituent la beauté dont nous avons déjà parlé. On doit donc non seulement garder cette convenance [NDR : grâce et nautrel] dans le sujet en général, mais encore dans chaque partie en particulier, en rejetant avec soin tout ce qui peut être contraire.



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SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie ; Je sçay bien que cette Vérité ainsi ingenuëment dite, pourra déplaire à quelques uns desdits Interessez, mais l’approbation des Sçavants & des Curieux raisonnables me suffit.



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Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien :

Ce passage met en évidence le changement de goût dans la gravure en fonction des époques. Le « goût d’aujourd’hui » est différencié du goût de l’époque d’Abraham Bosse, et notamment en matière de gravure à l’eau-forte



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

3 quotations

Quotation

Du Grand, de la Grande, & Riche Maniere ou bon Goust,
Ne veut dire ou signifier autre chose, qu’un Tableau bien fait & suivant le Goust ou opinion des plus sçavants Peintres.

grande manière · riche manière · bon goût



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CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie ; Je sçay bien que cette Vérité ainsi ingenuëment dite, pourra déplaire à quelques uns desdits Interessez, mais l’approbation des Sçavants & des Curieux raisonnables me suffit.

Antiques



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau. L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.



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Quotation

Comme il a esté dit que plusieurs personnes ont le don de reconnoistre & discerner l’air des figures humaines de divers païs, & de plusieurs autres choses de leur usage, les unes des autres ; le mesme peuvent-ils faire en quelque sorte des Ouvrages de la pluspart des Peintres qui y habitent : Semblablement si lesdits Peintres, ont une maniere produite de leur invention, suivant le bon Goust ou autrement, l’on peut en ayant veu quelques eschantillons, en retenir ou avoir l’air ou l’idée emprainte dans l’imagination, pour à la rencontre ou occasion, en reconnoistre d’autres de la mesme main



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

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Quotation

LE PRESIDENT. Mais que direz-vous des Curieux qui sont du mesme avis ? Vous ne pouvez pas les traiter d'ignorans en peinture, eux qui en decident souverainement.
L'ABBE. Il y a quelques Curieux qui ont le goût tres-fin ; mais il y en a beaucoup qui ne se connoissent en tableaux que comme les Libraires se connoissent en Livres. Ils sçavent le prix, la rareté & la genealogie d'un tableau sans en connoistre le vray mérite, comme les Libraires sçavent parfaitement ce qu'un Livre doit estre vendu, l'abondance ou le peu d'exemplaires qu'il y en a, & l'histoire de ses éditions, sans rien sçavoir de ce qui est contenu dans le Livre.
LE CHEVALIER. Je suis persuadé que les Curieux dont vous parlez sont plus habiles que vous ne dites, mais qu’ils sont bien aises d'entretenir la passion des vieux tableaux, & pour cause.



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and I believe it very rarely happens, that any One Circumstance of Life is so well consider’d as it might be with the Design of extracting all possible Pleasures from it. However (besides that of Connoissance which is my main Business, and which I shall fully prosecute anon) I will not omit One which every body finds the benefit of in some measure, but which might be improv’d to a Vast Degree, and that is the getting a fine Collection of Mental Pictures ; what I mean is furnishing the Mind with Pleasing Images ; whether of things Real, or Imaginary ; whether of our own forming, or borrow’d from Others. This is a Collection which every one may have, and which will finely employ every vacant moment of ones time. I will give a Specimen or two in these in the Delicate, and in the Great kind, or to speak more like a Connoisseur, in the Parmeggiano, and in the Rafaelle Taste ;

picture


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Blijckt dan dat de rechte Konst-minne haer selven niet en kan onthouden in een ghemoedt 't welck met de sorghvuldigheydt van daghelickschen noodt-druft beslet ende belemmert is. De reden hier van behoeft niet verde gesocht te worden; dewijl het blijckelick is dat onse fantasije ofte verbeeldenskracht, die in dit werck seer vele vermagh, door een sorghledighe ende onverhinderde eensaemheydt dapper op gescherpt ende verweckt wordt. Want aenghesien het een oprecht Lief-hebber toe-staet de levendighe verbeeldinghen van allerley naturelicke dinghen in sijn ghemoedt op te leggen, ten eynde dat hy de selvighe te sijner tijdt met de wercken der Konstenaeren mocht verghelijcken; soo is 't klaer dat men sulcks niet en kan te weghe brenghen sonder het toe-doen van een stercke imaginatie, en dat de imaginatie gantsch en gaer krachteloos wesen sal soo langhe als wy alle daegh van den morghen tot den avond het loopen en draeven van de woelende menichte onder-hevigh blijven: oversulcks plachten oock vele treffelicke Konst-lievende mannen haeren ledigen tijdt somwijlen door te brenghen met het oeffenen ende verrijcken haerer fantasije. De fantasije, seght Michael Ephesius {in Aristot. De Memoria & reminiscentia}, is in ons gemoedt ghestelt als een Register ofte aenwijser van 't gunt wy oyt met onse ooghen gesien ofte met ons verstands begrepen hebben. Daerom houdt oock Apollonius Tyaneus staende, dat daer een sonderlinghe verbeeldenskracht vereyst wordt in dieghene welcke de wercken der Schilder-Konste recht wel meynen te besichtighen. Want het onmoghelick is, seght hy {apud Philostr. De vita apollonii lib. II. cap. 10. vide quo que Platonem lib. 2 de Legib}, dat yemant een bequaem oordeel strijcken sal van een geschildert Paerdt ofte Stier, tensy dat hem sijn gemoedt een waere verbeeldinghe der nae-gheboetster dinghen vaerdighlick voordraeghe.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It then appears that the true Love of Art cannot forbear in a mind which is tainted and obstructed with the precision of the daily lack of diligence. It is unnecessary to search far for the reason of this; while it is obvious that our fantasy or imagination, which can do a lot in this profession, is readily sharpened and incited by a carefree and unimpeded loneliness. Because, seen that it is possible for an honest Amateur to impose the living representations of all sorts of natural things in his mind, in order for him to compare these in his own time with the works of Artists; as such it is clear that one cannot bring forth such a thing without the doing of a strong imagination and that the imagination will be completely powerless as long as we remain subject every day, from morning until evening, to the hustle and bustle of the madding crowd: as such many respectable Art-loving men should aim to pass their free time with the practice and enrichment of their fantasy. The fantasy, says Michael Ephesius {…}, has been placed in our mind as an Index or pointer of that which we have ever seen with our eyes or understood with our mind. Because of this Apollonius Tyaneus also argues that, a remarkable imagination is necessary in those who want to study the works of the Art of Painting really well. As it is impossible, he says {…}, that someone will pass a competent judgement of a painted Horse or Bull, unless his mind readily proposes him a true representation of the imitated things.

Rather than focusing on the fantasy of the artist, in this extract Junius explains that it is important for the connoisseur to have quiet moments in which he can train his imagination. He also states that a well-developed imagination is very necessary to form a good judgement on art. In order to make his point, he cites remarks by Michael Ephesius and Apollonius Tyaneus that were written down by Aristototels and Philostratus respectively. [MO]

fantasije · verbeeldenskracht



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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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Comme il a esté dit que plusieurs personnes ont le don de reconnoistre & discerner l’air des figures humaines de divers païs, & de plusieurs autres choses de leur usage, les unes des autres ; le mesme peuvent-ils faire en quelque sorte des Ouvrages de la pluspart des Peintres qui y habitent : Semblablement si lesdits Peintres, ont une maniere produite de leur invention, suivant le bon Goust ou autrement, l’on peut en ayant veu quelques eschantillons, en retenir ou avoir l’air ou l’idée emprainte dans l’imagination, pour à la rencontre ou occasion, en reconnoistre d’autres de la mesme main ; car plusieurs ont d’ordinaire outre le dessein, chacun leurs diverses manieres, de Colorer, & d’appliquer leurs Couleurs ; les uns tres-uniment, quoy que nourries ou espaisse, les autres avec tres-peu, & d’une maniere qu’on nomme frottée ; D’autres ont Peint aussi en chargeant ou nourrissant de Couleur, & en l’appliquant plus irregulierement à coups de broisse ou de pinceau, & sur tout aux Ornemens & autres telles choses, de sorte qu’il s’en voit, comme j’ay dit, où il y a de la couleur par endroits & plaques en relief ou saillies hors du Tableau de plus d’une ligne ; Il s’en voit aussi dont le Colory, quoy que fait à mesme dessein est tres-different les uns des autres. Ainsi par ce moyen il est aucunement facile à ceux qui ont la disposition & imagination pour se ressouvenir de la forme & maniere de ces choses, de les distinguer ou discerner à l’occasion. Reste le plus difficile, qui est de reconnoistre les originaux d’avec leurs Copies.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

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Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → jugement

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[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

goût



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SPECTATEUR → jugement

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Quotation

Pour ce caractère d'esprit, & ce Génie du Peintre, répliqua Damon, je vous avoue que je n'y ay pas encore bien pénétré , & que toute ma connoissance n'est fondé que sur des marques fort sensibles que j'ay observées le mieux que j'ay pu , comme sont les touches du Pinceau , les couleurs fortes ou foibles , certains airs de testes que quelques Peintres ont affectez , certaines répétitions de draperies , de coiffures, d'ajustemens, &de figures toutes entières , enfin un je ne say quoy d'extérieur qui frappe tellement la veuë, qu'il est impossible de ne s'en pas souvenir ; mais je sens fort bien que toutes ces marques extérieures viennent plustost de la main du Peintre que de sa teste, & qu'ainsi elles ne répondent tout au plus qu'au dessus de lettre. C'est toujours quelque chose, dit Pamphile ; mais il faut que vous passiez plus avant, & que vous connoissiez aussi les manieres par le caractère de l'esprit du Peintre. Je n'en desespere pas, reprit Damon, si vous voulez, bien que nous en parlions quelquefois mais la chose dont ie desespere c'est d'acquérir cette connoissance que vous appeliez la véritable, & de savoir juger sainement d'un ouvrage de Peinture. Quoy cette connoissance fine, répliqua Pamphile, qui sait trouver
le bien & le mal d'un Tableau, & qui rend raison des beautez & des défauts qu'elle y découvre? Celle-là mesme, continua Damon; trouvez-vous que ce soit une témérité que d'y prétendre



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Voir des Tableaux, répondit Pamphile, les regarder comme si iamais vous n'en aviez veu, & en juger de bonne foy sans vouloir trop faire le Connoisseur, & préférer ceux qui vous surprendront davantage. Car les yeux d'un homme d'esprit, quoy que tout noeufs en Peinture, doivent estre touchez d'un beau Tableau ; & s'ils n'en sont pas contens, il faut conclure que la Nature y est mal imitée, & que les objets qui y sont peints, ne ressemblent gueres aux véritables.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Non seulement je vous ay nommé les plus celebres Peintres Italiens, mais encore ceux des autres Nations qui ont travaillé avec quelque estime. Je vous ay marqué leurs differens talens & le merite de leurs ouvrages. C’est en voyant ces ouvrages que je vous ay parlé des qualitez necessaires à former un sçavant Peintre. Ainsi vous pouvez sçavoir à present que pour bien juger d’un Tableau & du génie de celuy qui l’a fait, il faut regarder d’abord quelle est l’Invention de ce Tableau ; si elle est nouvelle, noble, & agréable. La Disposition du sujet vous fera connoistre si l’Ouvrier a du jugement, & s’il a de l’ordre dans ses pensées. 
C’est dans le Dessein que le Peintre fait paroistre la force de son esprit, sa science, & le fruit de ses études. Par le dessein il donne de la proportion, de la grace, & de la majesté à ses figures ; il en marque toutes les beautez ; il exprime les differentes actions du corps, & les divers mouvemens de l’ame. Enfin le dessein est comme la base & le fondement de toutes les autres parties.
Quelque beauté de coloris qu’un Peintre donne à son ouvrage, quelque amitié de couleurs qu’il observe pour le rendre aimable & plaisant à la veûë ; quelques jours & quelques lumieres qu’il y répande pour l’éclairer, de quelques ombres dont il tasche de le fortifier & d’en relever l’eclat, si tout cela n’est soustenu du dessein, il n’y a rien, pour beau & riche qu’il soit, qui puisse subsister. On doit prendre garde sur tout à ne se pas laisser surprendre par les charmes du coloris ; car la Couleur n’est pas seulement un agrément que la nature ait répandu sur les corps pour en relever la beauté & leur donner plus d’éclat, mais elle est aussi dans les ouvrages de l’art un moyen merveilleux pour les rendre agréables, & donner plus de plaisir à la veûë. [...] De sorte qu’il faut mettre de la différence entre le jugement que l’œil fait d’un Tableau, & celuy que la raison en donne. L’un se contente de l’agrément, & l’autre recherche la vérité & la vraysemblance. Et par là vous voyez que la lumiere de la raison doit conduire toutes les operations de l’esprit, comme la lumiere de l’œil les operations de la main, & qu’il est besoin d’une grande prudence & d’un grand discernement pour distribuer toutes choses selon qu’il est necessaire pour la perfection d’un ouvrage, lors qu’on veut satisfaire également les yeux & la raison. Et c’est ce discernement & cette prudence qu’il faut beaucoup estimer dans les Ouvriers & dans leurs ouvrages.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Non seulement je vous ay nommé les plus celebres Peintres Italiens, mais encore ceux des autres Nations qui ont travaillé avec quelque estime. Je vous ay marqué leurs differens talens & le merite de leurs ouvrages. C’est en voyant ces ouvrages que je vous ay parlé des qualitez necessaires à former un sçavant Peintre. Ainsi vous pouvez sçavoir à present que pour bien juger d’un Tableau & du génie de celuy qui l’a fait, il faut regarder d’abord quelle est l’Invention de ce Tableau ; si elle est nouvelle, noble, & agréable. La Disposition du sujet vous fera connoistre si l’Ouvrier a du jugement, & s’il a de l’ordre dans ses pensées. 
C’est dans le Dessein que le Peintre fait paroistre la force de son esprit, sa science, & le fruit de ses études. Par le dessein il donne de la proportion, de la grace, & de la majesté à ses figures ; il en marque toutes les beautez ; il exprime les differentes actions du corps, & les divers mouvemens de l’ame. Enfin le dessein est comme la base & le fondement de toutes les autres parties.
Quelque beauté de coloris qu’un Peintre donne à son ouvrage, quelque amitié de couleurs qu’il observe pour le rendre aimable & plaisant à la veûë ; quelques jours & quelques lumieres qu’il y répande pour l’éclairer, de quelques ombres dont il tasche de le fortifier & d’en relever l’eclat, si tout cela n’est soustenu du dessein, il n’y a rien, pour beau & riche qu’il soit, qui puisse subsister. On doit prendre garde sur tout à ne se pas laisser surprendre par les charmes du coloris ; car la Couleur n’est pas seulement un agrément que la nature ait répandu sur les corps pour en relever la beauté & leur donner plus d’éclat, mais elle est aussi dans les ouvrages de l’art un moyen merveilleux pour les rendre agréables, & donner plus de plaisir à la veûë. [...] De sorte qu’il faut mettre de la différence entre le jugement que l’œil fait d’un Tableau, & celuy que la raison en donne. L’un se contente de l’agrément, & l’autre recherche la vérité & la vraysemblance. Et par là vous voyez que la lumiere de la raison doit conduire toutes les operations de l’esprit, comme la lumiere de l’œil les operations de la main, & qu’il est besoin d’une grande prudence & d’un grand discernement pour distribuer toutes choses selon qu’il est necessaire pour la perfection d’un ouvrage, lors qu’on veut satisfaire également les yeux & la raison. Et c’est ce discernement & cette prudence qu’il faut beaucoup estimer dans les Ouvriers & dans leurs ouvrages.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement

Quotation

[…] il convient de parler des jugemens que les gens de métier en portent.  La plûpart juge mal des ouvrages pris en général, par trois raisons. La sensibilité des gens du métier est usée. Ils jugent du tout par voie de discussion. Enfin ils sont prévenus en faveur de quelque partie de l'art, & ils la comptent dans les jugements généraux qu'ils portent pour plus qu'elle ne vaut. Sous le nom de gens de métier, je comprens ici, non -seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes & sur les tableaux.Quoi, me dira-t-on, plus on est ignorant en Poësie & en Peinture, plus on est en état de juger sainement des poëmes & des tableaux ! Quel Paradoxe !



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

Il ne serait pas moins téméraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne sont point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois ; suivant les apparences, les récits des Ecrivains qui nous racontent ces effets sont exagérez, & nous ne savons pas même ce qu'il en faudrait rabattre pour les réduire à l'exacte vérité. Nous ignorons quelle part de la nouveauté de l'art de la Peinture peut avoir euë dans l'impression qu'on veut que certains tableaux aïent fait sur les Spectateurs. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont dû paroître des ouvrages divins. L'admiration pour un art naissant, fait tomber aisément dans l'exagération ceux qui parlent de ses productions ; & et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore les rendre plus merveilleux qu'elle ne les a reçus. On trouve même dans les Ecrivains anciens des choses impossibles données pour vraies, & des choses ordinaires traitées de prodiges. […]
Enfin on ne sçaurait donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vus absolument, & qui ne connaissent pas la manière du Peintre qui les a faits, que par voies de comparaison. […]
Les Ecrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans, sans nous rendre plus capables de juger la question de la supériorité des Peintres de l'antiquité sur les Peintres modernes. Ces Ecrivains se sont contentez de ramasser les passages des Auteurs anciens qui parlent de la peinture & de les commenter en Philologues, sans les expliquer par l'examen de ce que nos Peintres font de nos jours, & même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu'il soit possible de l'avoir, il faut considérer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l'expression & sur le coloris des Peintres de l'antiquité.     
[…] Quant à la composition Pittoresque, il faut avoüer que dans les monumens qui nous restent, les Peintres anciens ne paroissent pas superieurs, ni même égaux à Raphaël, à Rubens, à Paul Véronèse, ni à M. Le Brun. […]
Quant à la composition Poëtique, les anciens se piquoient beaucoup d'exceller dans ses inventions, & comme ils étoient grands dessinateurs, ils avoient toutes sortes de facilité pour y réussir. Pour donner une idée du progrès  que les anciens avoient faits dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu'en disent les Ecrivains de l'antiquité. De toute les parties de la peinture, la composition Poëtique est celle dont il est le plus facile de donner une idée avec des paroles. C'est celle qui se décrit le mieux.
[…]
Comme le temps a éteint les couleurs, & confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les Peintres de l'antiquité ont excellé dans le coloris, ni s'ils ont égalé ou surpassé les grands Maîtres de l'Ecole Lombarde dans cette aimable partie de la peinture.[…] On ne sçaurait décider notre question sur des récits. Il faut pour la juger, avoir des pièces de comparaison. Elles nous manquent. 
On ne sçauroit former un préjugé contre le coloris des anciens, de ce qu'ils ignoroient l'invention de détremper les couleurs avec de l'huile […]
Quant au clair-obscur & à la distribution enchanteresse des lumières & des ombres, ce que Pline &  les autres Ecrivains de l'antiquité en disent, est si positif, leurs récits sont si bien circonstanciez & si vrai-semblables, qu'on ne sçauroit disconvenir que les anciens n'égalassent du moins dans cette partie de l'Art, les plus grands peintres modernes. Les passages de ces Auteurs que nous ne comprenions pas bien, quand les Peintres modernes ignoroient encore quel prestige on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez & si difficiles, depuis que Rubens, ses Eleves, Polidore de Caravage, & d'autres Peintres les ont expliquez bien mieux, les pinceaux à la main, que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres. 
[…] je dis, que les Peintres qui ont travaillé depuis la renaissance des Arts, que Raphaël & ses contemporains n'ont point eu aucun avantage sur nos Artisans. Ces derniers sçavent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis. 



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SPECTATEUR → jugement

2 quotations

Quotation

There is but one Way to come to the Knowledge of Hands ; And that is To furnish our Minds with as Just, and Compleat Ideas of the Masters (not as Men at large ; but meerly as Painters) as we can : And in proportion as we do Thus we shall be good Connoisseur in This particular.

Expression Knowledge of Hands


Quotation

Another Pleasure belonging to Connoissance is when we find any thing Particular, and Curious : As the First Thoughts of a Master for some Remarkable Picture. […].
The Pleasure that arises from the Knowledge of Hands is not Like, or Equal to that of the other Parts of the Business of a
Connoisseur ; But neither is That destitute of it. When one sees an Admirable piece of Art ‘tis part of the Entertainment to know to whom to attribute it, and then to know his History, Whence else is the custom of putting the Author’s Picture, or Life at the beginning of a Book ?

connoissance


1 quotations

Quotation

Het is wel waer dat den ongheleerden Konst-liever eenighe goede stucken ontmoetende, door ’t behulp sijnes naturelicken vernufts en d’enckele ghewoonte sijner ooghen de uytnemenheyd van de Konste der werck-meesters eenighsins uyt sijne maniere van teykeningh, uyt sijne verwen, uyt sijne hooghsels en diepsels, uyt sijne stellinghe en andere dinghen van dien aerd lichtelick en met een onuytsprekelick vermaeck sal begrijpen ende onderscheyden, maer dit ’s al het ghene hy doen kan, want het hem niet moghelick is de andere verborgentheden der Konste dieper te door-gronden; aenghesien het maer alleen het werck is van die ghene de welcke waerlick gheleert sijn, een rechtsinnigh oordeel van de gantsche gheleghenheyd der Inventie te strijcken, t’overweghen of alle de figuren in haere behoorlicke plaetse ghestelt sijn, en of daer in de selvighe door een Konstighe ingheestinghe het waere leven van sodaenighe herst-tochten, beroeringhen, beweghinghen inghestort syn, die met de gelegenheyd van het afgebeelde Historische of sedenvormende argument over een komen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then true that the uneducated Art-lover, when running into some good pieces, with the help of his natural insight and the simple routine of his eyes, will easily and with a unspeakable pleasure understand and discern the excellence of the Art of the artisan, a bit from its manner of drawing, from its colours, from its highlights and depths, from its composition and other similar things, but this is all he can do, because it is impossible for him to better fathom the other hidden things of Art; seen that it is only the work of those who are truly learned, to strike a rightful judgement of the whole situation of the Invention, deliberating whether all the figures are placed in the appropriate place and whether the true live of such passions, stirrings and movements have been poured into it through an Artful interpretation, that coincides with the situation of the depicted Historical or virtuous subject.

Junius distinguishes different levels of art connoisseurship. Most art-lovers (kunstliefhebbers) are able to judge the formal aspects of an art works, such as the design, use of colours and light and its composition. However, there are far less people who can recognize and pass fair judgement (oordeel) in regard to the invention and the way the passions and the subject are portrayed. Junius uses the term ‘ingheestinghe’ to describe the interpretation of the artist of these elements. This section is not included in the Latin edition of 1637. [MO]



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

1 quotations

Quotation

Staet noch voorder aen te mercken dat de Konst-kenners door dese ghewoonte haerer ooghen niet alleen d’oorspronckelicke taferelen van de naemaelsels vaerdighlick leeren onderkennen; maer datse daer door met eenen oock d’oude wercken van de nieuwe sekerlick weten t’onderscheyden. Men vindt in d’oude stucken een sekere onnaevolghelicke authoriteyt ofte achtbaerheyd der Konste, seght Quintilianus {Lib. viii. Cap. 3.}, die de Schilderijen een sonderlicke aengenaemheyd plaght toe te brenghen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] We should furthermore remark that the Art-connoisseurs do not only learn to capably discern the original works from the imitations [NDR: literally: paintings after (an original)]; but that they simultaneously also learn to competently distinguish the old works from the new. In the old pieces one finds a certain inimitable authorithy or respectability of Art, says Quintilianus {…}, that tends to add a special pleasantness to Paintings.

Besides the ability of connoisseurs to distinguish between originals and copies, as discussed in the previous paragraphs, Junius attributes to them the ability to distinguish between old (oud) and new (nieuw) works. He prefers the old works, attributing a certain authority (authoriteit) and respectability (achtbaarheid) to them, which contributes to their pleasantness (aangenaamheid). [MO]



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1 quotations

Quotation

Die ghene dan de welcke haere ooghen door de daghelicksche oeffeningh van een ghestaedighe opmerckinghe tot dese onmoeyelicke vaerdigheyd van een onwedersprekelick oordeel ghebraght hebben, plagten de meeste kracht haerer Konst-kennisse daer in voornaemelick te bewijsen, datse d’originelen staends-voets van de copijen weten t’onderscheyden. d’Oorspronckelicke wercken die de treffelicke Meesters nae ’t leven selver ghemaeckt hebben, worden alhier door de naem van originele stucken te verstaen ghegeven; de copijen daer en teghen en sijn anders niet dan d’afteyckeninghen, ofte uytdrucksels, ofte afsetsels, ofte naemaelsels diemen nae ’t oorspronckelicke stuck heeft afgheteyckent en naeghemaelt. De rechtsinnighe Konst-kenners plaghten oversulcks ind’oorspronckelicke stucken de volkomene kracht van een levendige bevalligheyd te vernemen; daerse nochtans in de naemaecksels maer allen in de ghebrekelicke lammigheyd van een ontleende welstandigheyd ghewaer te worden. Daer is altijd een bevallighe lustigheyd in alle origineelen te vinden, segt Dionisius Halicarnassensis {In Dimarcho.}, de ghecopieerde stucken daer en teghen, al sijnse noch soo wel uytghedruckt, plagten uyt het een of het ander uyt te wijsen het welck al te seer bearbeydt sijnde uyt de nature niet en schijnt voord te komen. […]

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Those who have developed their eyes to this tireless ability of an incontradictable judgement through the daily practice of a steady observation, tend to demonstrate the most power of their knowledge of art by knowing to immediately distinguish the originals from the copies. The original works that the competent Masters have made after life itself, are understood here wit the term of original pieces; the copies on the other hand are nothing else than the drawings after it, or the offprints, or casts, or paintings after it that one has drawn or painted after the original piece. The frank Art-connoisseurs tend to perceive the complete power of a lively gracefulness in the original pieces; while they only become aware of the defective wretchedness of a flawed lifelessness in the fakes. There is always a graceful pleasure to be found in all the originals, says Dionisius Halicarnessensis {…}, the copied pieces on the other hand, as competently expressed as they may be, tend to show by one element or another that is too cultivated, to not be originating from nature. […]


1 quotations

Quotation

Dies zum Vergnügen der Reisenden Geöffnete Baumeister=Academie, oder kurzer Entwurf derjenigen Dinge / die einem galant-homme zu wissen nöthig sind, p. 187
Und hiermit will ich in den Nahmen Gottes die Baumeister-
Academie samt ihrer Zubehör beschliessen / mit dem Vosatz ins künfftige noch so viel als möglich zu deren Vermehrung und Verbesserung / so weit beyzutragen / als es insgemein vor galante Leute zur Curiosität und Unterhaltung angenehmer Discurse auch Anleitung junger Reisenden Personen dienen kan.



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1 quotations

Quotation

{Den Passer in't oog te krijgen.}
Want ik bevinde dat de regels en gronden der konst, een vernuftich liefhebber voorgeschreven, hem wel verstandich maken, om van de zelve te spreeken; maer dat hy door ongewoonte van doen, groote misslagen begaet, en door een ongeleerder, die door groote oeffening den passer in 't oog verkregen heeft, overtroffen word.

[BLANC J, 2006, p. 118] {Avoir le compas dans l'oeil} Car je constate que, même si les règles et les rudiments de l'art prescrits à l'ingénieux amateur le rendent plus intelligent et plus capable d'en parler, s'il n'a pas coutume de les mettre en pratique, il commettra de graves erreurs et pourra être surpassé par un ignorant qui aura le compas dans l'oeil grâce à sa pratique continuelle.



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2 quotations

Quotation

Friend,
            I Am come to Summon you of your Promise [ndr : de lui raconter l’histoire de la peinture] ; and you may see by my Impatience ; that you have already made me a Lover of the Art.
                        Traveller,
           
I am glad to see it ; for it is no small Pleasure to think, that we are capable of procuring Pleasure to others, as I am sure I shall do to you, when I have made you thorowly capable of understanding the Beauty of an Art that has been the Admiration of Antiquity, and is still the greatest Charm of the most polite part of Mankind.
                        Friend,
            Pray who do you mean by that glorious Epithete.
                        Traveller ;
           
I mean chiefly the Italians, to whom none can deny the Priviledge of having been the Civilisers of Europe, since Painting, Sculpture, Architecture, Musick, Gardening, polite Conversation, and prudent Behaviour are, as I may call it, all of the Growth of their Countrey ; and I mean, besides all those in France, Spain, Germany, Low-Countreys, and England, who are Lovers of those Arts, and endeavour to promote them in their own Nation.
                        Friend,
            I confess, they are all ravishing Entertainments, and infinitely to be preferr’d before our other sensual Delights, which destroy our Health, and dull our Minds ; and I hope they are travelling apace this way. But now pray satisfie my Curiosity about this Art of Painting, and let me know its whole History.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

That so Few here in England have consider’d that to be a Good Connoisseur is fit to be part of the Education of a Gentleman, That there are so Few Lovers of Painting ; not merely for Furniture, or for Ostentation, or as it Represents their Friends, or Themselves ; but as it is an Art capable of Entertaining, and Adorning their Minds As much as, nay perhaps More than Any other whatsoever ;

connoisseur


2 quotations

Quotation

ALCIPE. […] Seriez-vous dans l’erreur de croire, comme beaucoup de gens, que l’on ne sçauroit sentir les beautez d’un ouvrage, que lorsque l’on sçait de quelle main il est sorti ? Detrompez vous de grace. 

DAMON. Mais vous conviendrez, que pour voir un tableau avec plaisir, il faut être au fait des principes de l’art, sans quoi…

ALCIPE.  Je conviens que celui qui les a étudiés, doit avoir encore plus de plaisir qu’un autre ; mais je ne conviens pas que cela soit absolument necessaire. Selon votre idée on ne pourroit lire des vers avec plaisir, qu’autant qu’on seroit capable d’en faire soi-même, & il ne seroit plus permis qu’à ceux qui savent la musique, d’écouter un concert. Non, mon cher Damon, les beaux arts sont faits pour toutes les personnes de bon sens & d’esprit ; & sur-tout la Peinture, qui n’a d’autre objet que l’imitation du vrai.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → jugement

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

Maniere. On appelle ainsi l’habitude que les Peintres ont prise dans la pratique de toutes les parties de la Peinture, soit dans la Disposition, soit dans le Dessein, soit dans le Coloris.
L’on se fait d’ordinaire une habitude qui a rapport aux Maistres sous lesquels on a esté instruit, & qu’on a voulu imiter. Ainsi on connoist la maniere de Michel-Ange, & de Raphaël dans leurs Eleves. Ce qui fait dire en voyant un Tableau de quelques-uns de leurs disciples,
qu’il est de l’Ecole de Raphael ou de Michel-Ange, parce que ces deux grands Maistres ont eu des maximes differentes, que ceux qui les ont imitez ou suivies. Et selon qu’un Peintre s’est formé dans une bonne habitude en travaillant sous de bons maistres, ou par une étude particuliere qu’il a faite luy-mesme après les meilleurs Tableaux & les plus belles Antiques, on appelle sa maniere bonne, ou mauvaise, s’il a fait un bon, ou mauvais choix. 
Comme l’on reconnoist le style d’un Auteur, ou l’écriture d’une personne dont on reçoit souvent des lettres, on reconnoist de mesme les ouvrages d’un Peintre dont on a veu souvent des Tableaux ; & on appelle cela
connoistre sa maniere. C’est pourquoy il y a plusieurs personnes, qui pour avoir veu beaucoup de Tableaux ; connoissent les differentes manieres, & en nomment aussi-tost les Auteurs ; mais qui pour cela n’en sont pas les plus sçavans, ny capables de bien juger de l’art & de la science de l’Ouvrier.



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MANIÈRE ET STYLE → école

1 quotations

Quotation

On voit des Curieux qui se font une idée d'un Maître sur trois ou quatre Tableaux qu'ils en auront vûs, & qui croient après cela avoir un titre suffisant pour décider sur sa maniére, sans faire réflexion aux soins plus ou moins grands que le Peintre aura pris à les faire, ni à l'âge auquel il les aura faits. Ce n'est pas sur les Tableaux particuliers du Peintre : mais sur le général de ses Ouvrages qu'il faut juger de son mérite. Car il n'y a point de Peintre qui n'ait fait quelques bons & quelques mauvais Tableaux […]. Il n'y en a point aussi qui n'ai eu son commencement, son progrès & sa fin ; c'est-à-dire, trois maniéres : la première, qui tient à celle de son Maître; la seconde, qui s'est formée selon son Goût, & dans laquelle réside la mesure de ses talens, & de son Génie; & la troisième, qui dégénère ordinairement en ce qu'on appelle maniére : parce qu'un Peintre, après avoir étudié long-tems d'après la Nature, veut jouir, sans la consulter davantage, de l'habitude qu'il s'en est faite.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

2 quotations

Quotation

Daer is dan eenen sekeren slag van oogen die men met Aelianus {var. Hist. Lib. XIV. Cap. 47.} konstighe of Konst-gheleerde ooghen mag noemen. So en is het oock niet genoegh dat wy ooghen in ons hoofdt heben als andere menschen, maer het is voorder van noode dat wy sulcke oogen sochten te bekomen die nae de maniere van spreken by Cicero {parad. 5} gebruckt eruditi oculi, dat is geleerde ooghen verdienden te worden ghenaemt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] There is one particular type of eyes that following Aelianus {…} one may call artful or Art-knowledgable eyes. As such it is not enough that we have eyes in our head like other people, but it is furthermore necessary that we obtain such eyes that deserve to be named eruditi oculi, that is learned eyes, after the manner of speech by Cicero {…}.

Junius introduces the concept of ‘artful’ and ‘learned’ eyes (‘oog’), taken from Aelianus and Cicero respectively. The extract is longer in the English edition than the Dutch text, it is worth citing here completely : ‘Aelianus doth tribute this same apopthegme to Nicostratus : it doth then appeare that it is not enough wee should have eyes in our head as other men have, but it is also required here that we should brin to these curiosities « eruditos oculos, » that is, « learned eyes, » as Tullie termeth them.’ [MO]



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Hoovaerdighlick neus-wijse en koppighe menschen, die met een smaedighe verwonderingh het ghene hun niet aen en staet vaerdighlick veroordeelen ende verwerpen, behoeven sich insgelijks daer mede niet te quellen dat maghtige schatrijcke liefhebbers weynigh daer nae schijnen te vraeghen wat het hun kost, als sy slechts haeren lust moghen boeten; gemerckt dese dinghen gheacht behooren te worden nae het verghenoeghen de Konst-kenners daer in scheppen. Hy moet een dieper insicht in dese dingen hebben, die daer wel van meynt te oordeelen. Een Konst-gheleerd oogh kan maer alleen bespeuren wat daer in te vinden is.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Haughty, pedantic and stubborn men, who with slandering astonishment skillfully condemn and dismiss that which they do not like, should likewise not torture themselves [NDR: about the fact] that powerful wealthy Amateurs do hardly ask what it costs them, when they only may feed their desire; considering that it should be esteemed after the pleasure that Connoisseurs take in it. He, who intends to judge it well, should have a deeper insight in these things. An Art-educated eye can only detect what can be found in it.



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SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Pour ceux qui sçavent connoistre un Original, quoy qu’ils n’ayent jamais veu d’autres Ouvrages de celuy qui l’aura fait, il est aisé de croire que la connoissance ne leur peut Venir que par la liberté de l’execution & les belles parties qu’ils trouvent dans lesdits Ouvrages, ce qui leur fait conclure qu’il est fait d’invention ou d’apres Nature ; avec fermeté & sçavoir ; Ainsi on conclud aussi lors qu’on reconnoist un Ouvrage estre fait avec peine, & comme d’une main tremblante & incertaine, & à plusieurs autres choses, que c’est une Copie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

1 quotations

Quotation

L’originalité est le troisième point essentiel à la connoissance des desseins. Cette originalité n’est pas souvent bien aisée à constater. Pour juger si un dessein est original ou copie, il faut du discernement, de la pénétration, de la finesse d’esprit, une grande pratique, & une notion des principes de l’art moins (c) grande cependant que pour les tableaux.
(c) Quoiqu’un tableau terminé dise tout & ne laisse ordinairement rien a y ajoûter, qu’au contraire un dessein esquissé oblige d’y deviner plusieurs choses, il faut convenir qu’un tableau renfermant plus de parties de la peinture, demande aussi plus de connoissances.



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SPECTATEUR → jugement
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

2 quotations

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Ce n'est donc pas assez pour découvrir l'Auteur d'un Tableau, de connoître le mouvement du Pinceau, si l'on ne pénétre dans celui de l'Esprit: & bien que ce soit beaucoup d'avoir une idée juste du Goût que le Peintre a dans son Dessein, il faut encore entrer dans le caractére de son Génie, & dans le tour qu'il est capable de donner à ses conceptions.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.


1 quotations

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → jugement
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

1 quotations

Quotation

and I believe it very rarely happens, that any One Circumstance of Life is so well consider’d as it might be with the Design of extracting all possible Pleasures from it. However (besides that of Connoissance which is my main Business, and which I shall fully prosecute anon) I will not omit One which every body finds the benefit of in some measure, but which might be improv’d to a Vast Degree, and that is the getting a fine Collection of Mental Pictures ; what I mean is furnishing the Mind with Pleasing Images ; whether of things Real, or Imaginary ; whether of our own forming, or borrow’d from Others. This is a Collection which every one may have, and which will finely employ every vacant moment of ones time. I will give a Specimen or two in these in the Delicate, and in the Great kind, or to speak more like a Connoisseur, in the Parmeggiano, and in the Rafaelle Taste ;

Images


6 quotations

Quotation

Et toutefois je croy qu’un Excellent praticien de bon sens, & doüé de la qualité de bien s’exprimer, pourroit par la confrontation de deux ou trois Originaux de plusieurs Peintres, & d’autant de diverses Coppies sur iceux, en donner de grandes instructions à ceux, qui quoy que non Praticiens, y auroient du genie disposition & inclination, principalement pour la difference ou distinction des manieres, outre ce qui en sera dit dans ce Traitté, & aussi sçait-on bien qu’il y a quantité de personnes, & mesme de Condition, lesquels à force d’avoir veu plusieurs Tableaux d’un mesme Autheur, & aussi frequenté & entretenu sur ce point divers Praticiens, en reconnoissent les manieres & parties du reste.  



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

[...] Et quant à ce que plusieurs personnes ont creu, que cette Connoissance & Curiosité estoit une manie, & qu’il n’y avoit lieu d’y assoir aucune bonne resolution ou fondement, pour avoir veu quelque Curieux & Praticiens de cét Art, & non des moins Experts, qui prenoient quelquefois une maniere pour une autre & des Coppies pour des Originaux, je les advertis en passant que cette mesprise ne doit pas donner lieu de conclurre de la sorte, d’autant que s’il y a quelques uns desdits Praticiens qui ne sont point adonnez à tant esplucher ces particularitez, il s’en trouve d’autres qui s’y estant adonnez en ont acquis une grande connoissance, & aussi comme j’ay dit des Curieux, Puis d’autres moins Experts qu’eux qui l’ont & d’autres qui ne l’ont pas. 
Par ainsi lon peut dire qu’il y a en cela comme en d’autres Arts, de naturelles inclinations pour ces choses, puis que mesme ceux qui n’ont point de pratique, en ont ou peuvent avoir quelque connoissance ; Mais de dire qu’elle soit approchante de celle qu’en peut avoir un Excellent Praticien exercé en icelles, cela est impossible à mon advis, qui sera en son lieu proposé plus au long.


Quotation

[...] il est comme impossible qu’un Coppiste tant bon soit-il, puisse faire passer aux clairs-voyants, sa Coppie pour l’Original, principalement lors que ledit Original luy est opposé ou present. 
Et d’autant qu’il est assez ordinaire à plusieurs non Praticiens, d’alleguer qu’un bon Peintre pourroit bien faire une Coppie sur un mauvais Original ; A cela je respons, Qu’un tel Peintre ne s’adonne pas d’ordinaire a Coppier des choses moindres que ce qu’il peut faire d’Invention ; Et supposé qu’il le voulust, cela se remarqueroit ou discerneroit aussi par les Clairs-voyans, & si au contraire il y adjoustoit du sien tant au dessein qu’au Colory, en ce cas, sa Coppie tiendroit en quelque sorte lieu d’Original de sa main. 



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui n’ont aucune connoissance de ces manieres, ny desdits Originaux & Copies.
Cette sorte de Curieux declarent, qu’ils ayment les Tableaux pour les voir & servir d’ornemens chez eux ; Mais que de sçavoir & connoistre la manière & le nom de ceux qui les ont faits, & s’ils sont Originaux ou Copies, c’est jusques à present une passion qui ne les touche point ; Et mesme qu’ils croyent comme impossible de pouvoir acquerir la pratique de cette connoissance, Et que ce qui les confirme davantage est, d’avoir sceu que plusieurs Curieux non Praticiens se disans l’avoir, auroient esté souvent trompez en l’acquisition de plusieurs Tableaux. 


Quotation

Raisons des Curieux non Praticiens qui se sont portez ès connaissances desdites manieres & distinctions d’Originaux & Copies.
Ces Curieux-cy trouvent que ce seroit une curiosité tres-imparfaite, d’avoir des Tableaux & ne sçavoir s’ils sont bons ou mauvais, ny qui les peut avoir faits, & qu’il n’y a guere d’assurance de faire acheter de telles choses par autruy, si lon le peut faire soy mesme, à cause qu’il y a des Curieux soy disants connoissants en icelles & mesme des Praticiens qui s’y sont souvent trompez, sans y comprendre ceux qui se meslent de tromper les autres ; de plus qu’il arrive d’ordinaire dans leurs commencements de curiosité desdits Tableaux, qu’ils choisissent ou font choisir, par des personnes qui n’y ont souvent guere plus de connoissances qu’eux ; de sorte qu’en estant advertis, ils prennent resolution de s’en deffaire pour en avoir de meilleurs, desquels il en arrive bien souvent la mesme chose.
Or tout ce que dessus ils ne le disent point seulement des autres, mais aussi d’eux-mesmes qui ne l’ont que trop experimenté ; Ce qui leur a donné lieu de s’instruire en quelque façon sur ces connoissances, & de faire election d’un sçavant Praticien connoissant, & de plus honneste homme, afin qu’il puisse suppleer aux occasions où la connoissance de telles choses passe leurs portées : Mais la conclusion de leurs Sentiments est, qu’ils croyent que la connaissance bien qu’en partie seulement, de la beauté & bonté desdits Tableaux, donne bien plus de contentement que celle de n’avoir que l’agrément à la veuë, par éclat d’un nombre de belles Couleurs.
 



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Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → jugement

2 quotations

Quotation

Pour connaître si un Dessein est d’un tel Maître, il faut en avoir vû beaucoup d’autres de la même main avec attention, & avoir dans l’Esprit une Idée juste du Caractere de son Génie, & du Caractere de sa Pratique. La connaissance du Caractere du Génie demande une grande étendue, & une grande netteté d’Esprit pour retenir les Idées sans les confondre ; & la connaissance du Caractére de la Pratique dépend plus d’une grande habitude, que d’une grande capacité : c’est pour cela que les plus habiles Peintres ne sont pas toujours ceux qui décident avec plus de justesse en cette matiére.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → jugement
L’ARTISTE → qualités

3 quotations

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

{Den Passer in't oog te krijgen.}
Want ik bevinde dat de regels en gronden der konst, een vernuftich liefhebber voorgeschreven, hem wel verstandich maken, om van de zelve te spreeken; maer dat hy door ongewoonte van doen, groote misslagen begaet, en door een ongeleerder, die door groote oeffening den passer in 't oog verkregen heeft, overtroffen word.

[BLANC J, 2006, p. 118] {Avoir le compas dans l'oeil} Car je constate que, même si les règles et les rudiments de l'art prescrits à l'ingénieux amateur le rendent plus intelligent et plus capable d'en parler, s'il n'a pas coutume de les mettre en pratique, il commettra de graves erreurs et pourra être surpassé par un ignorant qui aura le compas dans l'oeil grâce à sa pratique continuelle.



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1 quotations

Quotation

Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.

On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

2 quotations

Quotation

Remarquez plûtost, luy repartis-je, combien il importe à un excellent homme d’avoir pour Juge de son travail des personnes connoissantes, qui sçachent en quoy consiste la perfection de l’Art, & qui ne s’arrestent pas à la superficie des choses.
Il y a peu de gens, reprit Pymandre, capables de cette haute connoissance, & cependant il faut qu’un Peintre fasse des Tableaux qui soient agreables à tout le monde.
Je sçay bien, luy dis-je, que tous ceux qui regardent un Ouvrage n’en connoissent pas le merite. Mais ne m’avoüerez-vous pas qu’il vaut mieux faire quelque chose dont les sçavants soient satisfaits, que de plaire à une multitude d’ignorans ? Vous sçavez bien que le Poëte Anthimachus ayant assemblé un jour quantité de personnes pour lire en leur présence une piece qu’il avait composée, & voyant que ses Auditeurs l’avoient tous quitté, à la reserve de Platon : « Je ne laisseray pas, dit-il, de continuer ma lecture, parce que Platon vaut tout seul des milliers d’Auditeurs. » En effet un Poëme & un Tableau sont des productions dont tous les hommes ne sçavent pas le prix qui dépend de l’approbation d’un petit nombre de personnes sçavantes.

ignorant



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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.



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SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

Rien n’est bon, rien ne plaît sans le Vrai ; c’est la raison, c’est l’équité, c’est le bon sens & la base de toutes les perfections, c’est le but des Sciences, & tous les Arts qui ont pour objet l’Imitation ne s’exercent que pour instruire & pour divertir les hommes par une fidelle representation de la Nature.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Here I recommend a NEW SCIENCE to the World, Or one at least little known, or consider’d as such : So New, or so little Known that ‘tis yet without a Name ; it may have one in time, till then I must be excus’d when I call it, as I do, The Science of a Connoisseur for want of a Better way of expressing my self : I open to Gentlemen a New Scene of Pleasure, a New Innocent Amusement ; and an Accomplishment which they have yet scarce heard of, but no less worthy of their Attention than most of those they have been accustomed to acquire. I offer to my Countrey a Scheme by which its Reputation, Riches, Virtue, and Power may be increased. And This I will do (by the help of God) not as an Orator, or as an Advocate, but as a strict Reasoner, and so as I am verily persuaded will be to the Conviction of every one that will impartially attend to the Argument, and not be prejudiced by the Novelty of it, or their own former Sentiments.
My present business then in short is to endeavour to persuade our Nobility, and Gentry to become Lovers of Painting, and
Connoisseurs ; Which I crave leave to do (with all Humility) by shewing the Dignity, Certainty, Pleasure, and Advantages of that Science.


1 quotations

Quotation

M’estant donc proposé de dire mes Sentimens touchant la connoissance des Ouvrages de la Portraiture, (qui est un mot general qui comprend & la Peinture & la Graveure, & en un mot qui signifie la representation de quoy que ce soit par quel moyen que ce puisse estre, ainsi que j’ay deduit plus au long dans mon livre de la Perspective).


3 quotations

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Je me suis étonné plusieurs fois que les Peintres qui ont un si grand interêt à nous faire reconnoître les personnages dont ils veulent se servir pour nous toucher, & qui doivent rencontrer tant de difficultez à les faire reconnoître à l'aide seule du pinceau, n'accompagnassent pas toujours leurs tableaux d'histoire d'une courte inscription. Les trois quarts des Spectateurs qui sont d'ailleurs très-capables de rendre justice à l'ouvrage, ne sont point assez lettrez pour deviner le sujet du tableau. Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu'ils n'entendent point : on s'ennuïe bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l'esprit ne prend point de part, est bien courte
.



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SPECTATEUR → perception et regard
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Quotation

Il ne serait pas moins téméraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne sont point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois ; suivant les apparences, les récits des Ecrivains qui nous racontent ces effets sont exagérez, & nous ne savons pas même ce qu'il en faudrait rabattre pour les réduire à l'exacte vérité. Nous ignorons quelle part de la nouveauté de l'art de la Peinture peut avoir euë dans l'impression qu'on veut que certains tableaux aïent fait sur les Spectateurs. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont dû paroître des ouvrages divins. L'admiration pour un art naissant, fait tomber aisément dans l'exagération ceux qui parlent de ses productions ; & et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore les rendre plus merveilleux qu'elle ne les a reçus. On trouve même dans les Ecrivains anciens des choses impossibles données pour vraies, & des choses ordinaires traitées de prodiges. […]
Enfin on ne sçaurait donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vus absolument, & qui ne connaissent pas la manière du Peintre qui les a faits, que par voies de comparaison. […]
Les Ecrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans, sans nous rendre plus capables de juger la question de la supériorité des Peintres de l'antiquité sur les Peintres modernes. Ces Ecrivains se sont contentez de ramasser les passages des Auteurs anciens qui parlent de la peinture & de les commenter en Philologues, sans les expliquer par l'examen de ce que nos Peintres font de nos jours, & même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu'il soit possible de l'avoir, il faut considérer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l'expression & sur le coloris des Peintres de l'antiquité.     
[…] Quant à la composition Pittoresque, il faut avoüer que dans les monumens qui nous restent, les Peintres anciens ne paroissent pas superieurs, ni même égaux à Raphaël, à Rubens, à Paul Véronèse, ni à M. Le Brun. […]
Quant à la composition Poëtique, les anciens se piquoient beaucoup d'exceller dans ses inventions, & comme ils étoient grands dessinateurs, ils avoient toutes sortes de facilité pour y réussir. Pour donner une idée du progrès  que les anciens avoient faits dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu'en disent les Ecrivains de l'antiquité. De toute les parties de la peinture, la composition Poëtique est celle dont il est le plus facile de donner une idée avec des paroles. C'est celle qui se décrit le mieux.
[…]
Comme le temps a éteint les couleurs, & confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les Peintres de l'antiquité ont excellé dans le coloris, ni s'ils ont égalé ou surpassé les grands Maîtres de l'Ecole Lombarde dans cette aimable partie de la peinture.[…] On ne sçaurait décider notre question sur des récits. Il faut pour la juger, avoir des pièces de comparaison. Elles nous manquent. 
On ne sçauroit former un préjugé contre le coloris des anciens, de ce qu'ils ignoroient l'invention de détremper les couleurs avec de l'huile […]
Quant au clair-obscur & à la distribution enchanteresse des lumières & des ombres, ce que Pline &  les autres Ecrivains de l'antiquité en disent, est si positif, leurs récits sont si bien circonstanciez & si vrai-semblables, qu'on ne sçauroit disconvenir que les anciens n'égalassent du moins dans cette partie de l'Art, les plus grands peintres modernes. Les passages de ces Auteurs que nous ne comprenions pas bien, quand les Peintres modernes ignoroient encore quel prestige on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez & si difficiles, depuis que Rubens, ses Eleves, Polidore de Caravage, & d'autres Peintres les ont expliquez bien mieux, les pinceaux à la main, que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres. 
[…] je dis, que les Peintres qui ont travaillé depuis la renaissance des Arts, que Raphaël & ses contemporains n'ont point eu aucun avantage sur nos Artisans. Ces derniers sçavent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis. 



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SPECTATEUR → perception et regard
SPECTATEUR → jugement

1 quotations

Quotation

Der Andere Anhang worinnen was einem galant-homme von dem Kupferstechen zu verstehen nützlich ja fast nöthig ist/ kurtz und deutlich abgehandelt wird. II. Was bey Kupfferstücken in Obacht zu nehmen/ um wohl darinnen zu wählen, p. 176-177
10. Wer nun
curieus ist muß dahin sehen/ daß er von allerley Arten der Stiche Bekandschaft bekomme. Einige schraffiren alles/ andere mengen an dem Nackenden Puncten unter die Schraffirung/ andere gebrauchen bloß Puncten auf dem Nackenden. Die Puncten machen wiederum einige lieber rund/ andere länglicht. Theils von den Alten haben gar keine Creutzschraffirung sondern nur einfache gemachet/ und doch ihre Stücke vortreflich heraus gebracht. Die alles gantz mit punctiren heraus bringen wollen/ taugen nicht viel. In Franckreich findet man itzo eine neue Art/ daran das nackende mit lauter Puncten, aber so subtil und enge gemachet ist/ daß es fast wie schwartze Kunst oder die subtileste Miniatur heraus kömmet/ also daß nicht wohl möglich ist dergleichen mit dem Grabstichel oder der Radier-Nadel heraus zu bringen. Hingegen das übrige ist gewöhnlicher massen schraffirt.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

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‘Twas never thought unworthy of a Gentleman to be Master of the Theory of Painting. On the contrary, if such a one has but a superficial Skill that way, he values himself upon it, and is the more esteem’d by others, as one who has attain’d an Excellency of Mind beyond those that are Ignorant in that particular.



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L’ARTISTE → règles et préceptes

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Ainsi ladite regle de la Perspective donnera la connoissance universelle à celuy qui sera exercé à celle du trait & proportion des Corps visibles de la Nature, & aussi d’en composer de son Invention, ensemble au maniement du Pinceau & alliage des Couleurs, à Fraisq, à Destrempe, ou à Huile, de representer tous les Corps imaginables de la Nature, tant en general qu’en particulier, afin que la Copie ou Tableau qui s’en fera, fasse aux yeux de ceux qui le regarderont autant que l’Art & la capacité de l’Ouvrier le peut permettre, la mesme sentation ou vision que feroient lesdits Corps ; Et pour ce faire elle vous donnera non seulement la precision de la place des Contours ou Traits de la plus grande partie desdits Corps ; Mais aussi celle de leurs Jours, Ombres, Ombrages, ensemble l’endroit de la Force & Foiblesse de leurs Touches, Teintes ou Couleurs



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SPECTATEUR → perception et regard

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Blijckt dan dat de rechte Konst-minne haer selven niet en kan onthouden in een ghemoedt 't welck met de sorghvuldigheydt van daghelickschen noodt-druft beslet ende belemmert is. De reden hier van behoeft niet verde gesocht te worden; dewijl het blijckelick is dat onse fantasije ofte verbeeldenskracht, die in dit werck seer vele vermagh, door een sorghledighe ende onverhinderde eensaemheydt dapper op gescherpt ende verweckt wordt. Want aenghesien het een oprecht Lief-hebber toe-staet de levendighe verbeeldinghen van allerley naturelicke dinghen in sijn ghemoedt op te leggen, ten eynde dat hy de selvighe te sijner tijdt met de wercken der Konstenaeren mocht verghelijcken; soo is 't klaer dat men sulcks niet en kan te weghe brenghen sonder het toe-doen van een stercke imaginatie, en dat de imaginatie gantsch en gaer krachteloos wesen sal soo langhe als wy alle daegh van den morghen tot den avond het loopen en draeven van de woelende menichte onder-hevigh blijven: oversulcks plachten oock vele treffelicke Konst-lievende mannen haeren ledigen tijdt somwijlen door te brenghen met het oeffenen ende verrijcken haerer fantasije. De fantasije, seght Michael Ephesius {in Aristot. De Memoria & reminiscentia}, is in ons gemoedt ghestelt als een Register ofte aenwijser van 't gunt wy oyt met onse ooghen gesien ofte met ons verstands begrepen hebben. Daerom houdt oock Apollonius Tyaneus staende, dat daer een sonderlinghe verbeeldenskracht vereyst wordt in dieghene welcke de wercken der Schilder-Konste recht wel meynen te besichtighen. Want het onmoghelick is, seght hy {apud Philostr. De vita apollonii lib. II. cap. 10. vide quo que Platonem lib. 2 de Legib}, dat yemant een bequaem oordeel strijcken sal van een geschildert Paerdt ofte Stier, tensy dat hem sijn gemoedt een waere verbeeldinghe der nae-gheboetster dinghen vaerdighlick voordraeghe.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It then appears that the true Love of Art cannot forbear in a mind which is tainted and obstructed with the precision of the daily lack of diligence. It is unnecessary to search far for the reason of this; while it is obvious that our fantasy or imagination, which can do a lot in this profession, is readily sharpened and incited by a carefree and unimpeded loneliness. Because, seen that it is possible for an honest Amateur to impose the living representations of all sorts of natural things in his mind, in order for him to compare these in his own time with the works of Artists; as such it is clear that one cannot bring forth such a thing without the doing of a strong imagination and that the imagination will be completely powerless as long as we remain subject every day, from morning until evening, to the hustle and bustle of the madding crowd: as such many respectable Art-loving men should aim to pass their free time with the practice and enrichment of their fantasy. The fantasy, says Michael Ephesius {…}, has been placed in our mind as an Index or pointer of that which we have ever seen with our eyes or understood with our mind. Because of this Apollonius Tyaneus also argues that, a remarkable imagination is necessary in those who want to study the works of the Art of Painting really well. As it is impossible, he says {…}, that someone will pass a competent judgement of a painted Horse or Bull, unless his mind readily proposes him a true representation of the imitated things.

Rather than focusing on the fantasy of the artist, in this extract Junius explains that it is important for the connoisseur to have quiet moments in which he can train his imagination. He also states that a well-developed imagination is very necessary to form a good judgement on art. In order to make his point, he cites remarks by Michael Ephesius and Apollonius Tyaneus that were written down by Aristototels and Philostratus respectively. [MO]

fantasije · imaginatie



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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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[…] Aux curieux de l’Art de l’Architecture et de La Peinture et de la Sculpture. Messieurs J’ay creû ne pouvoir dédier ce petit Ouvrage qu’à vous puisque ne prenant d’autre interest dans ces questions que vous instruire & de profiter dans les connoissances que vous avez ; Il sera facile de vous détromper des erreurs vulgaires, & de vous perfectionner dans les veritables Regles, sur lesquelles la pratique doit estre fondée ; Et quoy qu’il se trouve beaucoup de personnes d’un avis contraire, si l’on considere que c’est par un interest particulier, ou quelque autre passion injuste, qu’ils s’opposent à une vérité connuë, sensible & démontrée ; Je ne doute point que toutes les indiferentes & curieuses comme vous, MESSIEURS, de la seule vérité, & de la perfection des beaux Arts, ne reçoivent favorablement ce petit Ouvrage [...].


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Eerstelyk moetmen dan noodzaakelyk overzien, of die linien zo zyn alze moeten weezen, en met de streepen die wel getrokken zyn te pryzen, moedigt men de jeugt aan, die niet zyn alze behooren, moetmen niet al te veel verachten, maar hen aandringen, omze op nieus, en beter te maaken. Dit wekt de lust en iever dan t’elkens op. Een goed Meester ontziet zich niet de Leerlingen te onderwyzen, voor te gaan, en zelfs streepen maakende hen te zeggen, zo moet’et gedaan weezen, Jongelingen, zo gy ’t wel wilt doen. Want het voordoen, heeft meerder kracht en grooter vermogen ontrent de Leerlingen die eerst beginnen, dan eenige onderrigtinge die in lessen bestaan; de reeden daar van is, dat zy zich beeter met de oogen, dan met het verstand kunnen helpen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Firstly it is necessary to see whether the lines are as they should be, and by praising the streaks that are well done, one encourages the youth, those [ndr: lines] that are not as they should be should not be despised too much, but they [ndr: the pupils] should be solicited to make them again and better. This incites the desire and diligence every time. A good Master does not spare himself to instruct the pupils by preceding them and by saying – while making streaks himself – it should be done this way, Boys, if you want to do it well. Because setting the example has more force and greater power with regard to the pupils who are just starting, than any instruction that consists of lessons; the reason for this is that they can help themselves better with the eyes, than with the mind.

This section is more elaborate in the German translation. [MO]



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L’ARTISTE → apprentissage