FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes. Seconde partie, Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1672, 5 vol., vol. II.

Bibliothèque Nationale de France Paris V-14661 Images in-texte 69 quotations 48 terms
Les Entretiens ont été publiés en cinq volumes de 1666 – quelques mois après la nomination de Félibien à la charge d’historiographe du roi – à 1688. Chaque volume comporte deux entretiens d’une longueur variable ainsi qu’un index. Ce vaste projet éditorial fortement lié à la couronne, trouve sans doute sa source dans le voyage effectué par l’auteur en Italie dans les années 1650 et sa rencontre avec Nicolas Poussin.
Sa forme littéraire, l’entretien, lui donne une dimension didactique et pédagogique que ne possède pas le genre du traité ou de la biographie. De plus, cela permet de légitimer la plume de l’auteur qui n’est pas un artiste mais qui a acquis son savoir auprès de Poussin et en le regardant peindre. En dressant une histoire des peintres de l’Antiquité jusqu’au XVIIe siècle – les peintres vivants ne sont pas évoqués – l’ouvrage de Félibien aborde les notions fondamentales nécessaire à la compréhension de la théorie de l’art.
Dans le second volume des Entretiens paru en 1672, les notions de grâce et de beauté occupent une place aussi importante que dans le premier. Alors que le troisième entretien concerne le corps humain et retrace les vies de Polidoro da Caravaggio, de Jules Romain et de Sebastiano del Piombo – tout en s’attardant sur le respect du « costume » qui participe du savoir historique – le quatrième entretien traite quant à lui du dessein, incarné par Michel-Ange. Félibien associe cette partie de la peinture – qu’il place au-dessus de la couleur – à l’idée de beauté et prolonge ses réflexions sur le corps en évoquant ses proportions et ses mouvements.
 
Matthieu Lett et Marianne Freyssinet
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FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes. Seconde édition, Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1685 - 1688, 2 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres, anciens et modernes. Seconde édition, Paris, Florentin et Pierre Delaulne, 1690, 2 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes. Seconde édition, Paris, Denys Mariette, 1696, 2 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes. Nouvelle édition augmentée des Conférences de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, avec le Recueil historique de la vie et des ouvrages des plus célèbres architectes, FÉLIBIEN, Jean-François (éd.), Amsterdam, Estienne Roger, 1700, 4 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, par Mr. Félibien, Secrétaire de l'Académie des Sciences & Historiographe du Roi, Nouvelle édition revue, corrigée & augmentée des Conférences de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, London, David Mortier, 1705, 4 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, par Mr. Félibien, Secrétaire de l'Académie des Sciences & Historiographe du Roi. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée des Conférences de l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture, De l'Idée du Peintre parfait & des Traitez des Desseins, des Estampes, de la Connoissance des Tableaux & du Goût des Nations, Amsterdam, Estienne Roger, 1706, 4 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, avec la Vie des architectes, par Monsieur Félibien. Nouvelle édition revue, corrigée & augmentée des Conférences de l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture ; De l'Idée du Peintre parfait, des Traitez de la miniature, des Desseins, des Estamps, de la connoissance des Tableaux, & du Goût des Nations ; De la Description des Maisons de Campagne de Pline, & de celle des Invalides, FÉLIBIEN, Jean-François (éd.), Trévoux, Imprimerie de Son Altesse Sérénissime, 1725, 6 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, avec la vie des architectes; with an introductory note by Sir Anthony F. Blunt, BLUNT, Anthony (éd.), Farnborough, Gregg Press, 1967.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes, Genève, Minkoff Reprint, 1972, 3 vol.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes. Entretiens I et II. Introduction, établissement du texte et notes par René Démoris, DÉMORIS, René (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 1987.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes. Entretiens I et II. Introduction, établissement du texte et notes par René Démoris, DÉMORIS, René (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 2007.

VAN HELSDINGEN, Hans Willem, « Body and Soul in French Art Theory of the Seventeenth Century after Descartes », Simiolus. Netherlands Quarterly for the History of Art, 11/1, 1980, p. 14-22 [En ligne : http://www.jstor.org/stable/3780510 consulté le 24/10/2016].

THUILLIER, Jacques, « Pour André Félibien », Dix-septième siècle, 138, 1983, p. 65-95.

FÉLIBIEN, André, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes. Entretiens I et II. Introduction, établissement du texte et notes par René Démoris, DÉMORIS, René (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 1987.

DÉMORIS, René, « Félibien. Biographie, théorie et histoire dans les "Entretiens" », dans WASCHEK, Matthias (éd.), Les vies d’artistes , Actes du colloque de Paris, Paris, Musée du Louvre Éd. - École nationale supérieure des Beaux-Arts, 1996, p. 177-193.

ROSENBERG, Raphael, « André Félibien et la description de tableaux. Naissance d'un genre et professionnalisation d'un discours », Revue d’esthétique. La naissance de la théorie de l’art en France 1640-1720, 31-32, 1997, p. 149-159.

DIONNE, Ugo, « Félibien dialoguiste : les "Entretiens" sur les vies des peintres », Dix-septième siècle, 210, 2001, p. 49-74 [En ligne : www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2001-1-page-49.htm consulté le 05/01/2015].

BONFAIT, Olivier, « Félibien lecteur de Bellori : des "Vite de’ pittori moderni" aux "Entretiens sur les plus excellens peintres" », dans BONFAIT, Olivier (éd.), L’idéal classique : les échanges artistiques entre Rome et Paris au temps de Bellori, Actes du colloque de Rome, Roma - Paris, Somogy - Académie de France à Rome, 2002, p. 86-104.

FRICHEAU, Catherine, « L’entretien des arts entre eux », Nouvelle revue d’esthétique, 4, 2009, p. 49-60 [En ligne : www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2009-2-page-49.htm consulté le 05/01/2015].

STANIC, Milovan, « Aimer Rome et Paris comme Anvers et Venise ? La peinture vénitienne dans la querelle du coloris au XVIIe siècle », dans HOCHMANN, Michel (éd.), Venise et Paris, 1500 – 1700. La peinture vénitienne de la Renaissance et sa réception en France, Actes du colloques de Bordeaux et Caen, Genève, Droz, 2011, p. 177-192.

MÉROT, Alain, « "Manières" et "modes" chez André Félibien : les premières analyses du style de Nicolas Poussin », dans LE BLANC, Marianne, POUZADOUX, Claude et PRIOUX, Évelyne (éd.), L’Héroïque et le champêtre. Volume I. Les catégories stylistiques dans le discours critique sur les arts, Actes du colloque international de Paris, Paris, Presses universitaires de Paris Ouest, 2014, p. 187-203.

GERMER, Stefan, Art, pouvoir, discours : la carrière intellectuelle d'André Félibien dans la France de Louis XIV, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 2016.

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QUOTATIONS

La plus grande perfection dans la Peinture, luy repartis-je, c'est de faire que toutes les qualitez du corps conviennent à la personne qu'on veut representer, soit dans la force des membres, soit dans la couleur de la chair. Par exemple, une belle femme, ou un jeune homme de condition, doivent avoir le corps blanc, délicat, & gratieux, comme dans le Tableau de Corege, dont je vous ay déja parlé, où il y a un Saint Jean tout nud, qui s'enfuit du Jardin des Olives, & dans celuy du Titien, qui est à l'Hostel de Sourdis, où Venus retient Adonis.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

La plus grande perfection dans la Peinture, luy repartis-je, c'est de faire que toutes les qualitez du corps conviennent à la personne qu'on veut representer, soit dans la force des membres, soit dans la couleur de la chair. Par exemple, une belle femme, ou un jeune homme de condition, doivent avoir le corps blanc, délicat, & gratieux, comme dans le Tableau de Corege, dont je vous ay déja parlé, où il y a un Saint Jean tout nud, qui s'enfuit du Jardin des Olives, & dans celuy du Titien, qui est à l'Hostel de Sourdis, où Venus retient Adonis. Car si vous remarquez le Coloris de cette Déesse, vous y verrez une grande tendresse, & dans celuy du Chasseur vous y connoistrez comme un homme moins délicat, & qui s'adonne aux exercices penibles, doit avoir la chair plus haute en couleur : Mais un vieillard qui sera representé plus maigre, & plus décharné, doit avoir la chair plus basannée, & plus brune, de mesme qu'un Soldat, & un Marinier, qui sont ordinairement dans le travail, & qui ont le corps nud, & exposé à l'air, & au Soleil : […].

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Il y a mesme dans cét Art, comme dans la Peinture, ce qu'on appelle goust ; & chaque Ouvrier a le sien. C'est une disposition de l'esprit, qui, selon sa force, & la netteté de ses pensées, regarde les choses d'une telle maniére, qu'il en voit toûjours le plus beau, & donne un tour agréable à tout ce qu'il veut faire.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

La grande facilité qu'il [ndr : Maître Roux, Rosso Fiorentino] avoit à desseigner estoit cause qu'il n'estudioit pas assez l'antique & le naturel. Aussi toutes ses Figures sont, pour user des termes de l'Art, maniérées, & ne sont pas naturelles.

Ce terme est ici appliqué aux figures

naturel

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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

[…] je vous ay parlé des Graveurs en Pierres, qui en effet ont esté les premiers Inventeurs de ce que l'on nomme la Taille-douce. Car son origine vient de MASO FINIGUERRA Florentin, qui travailloit d'Orfévrerie en 1460. Il avoit de coustume de faire une emprainte de terre de toutes les choses qu'il gravoit sur de l'argent, pour émailler. Et comme il jettoit dans ce moule de terre du souffre fondu, ces derniéres empraintes estant frotées d'huile & de noir de fumée, elles representoient la mesme chose que ce qui estoit gravé sur l'argent. Il trouva ensuite moyen d'avoir les mesmes figures sur du papier, en l'humectant, & passant un rouleau bien uni pardessus l'emprainte : ce qui luy réüssit si bien, que non seulement ces figures paroissoient imprimées, mais mesme desseignées avec la plume.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Francesque Parmesan a aussi gravé plusieurs piéces, où l'on voit qu'il s'est servi du burin & de l'eau forte. La maniére de graver à l’eau forte que l'on trouva alors est une invention tres-avantageuse, & d'une grande utilité ; car quoy que les Estampes n'en soient pas si nettes que des planches qui sont gravées avec le burin, neanmoins il y a beaucoup plus d'art & d'esprit.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

J'avouë repartis-je, que la plus grande satisfaction qu'on puisse recevoir en considerant un Tableau, c'est qu'au mesme temps que les yeux voient avec joye le beau mélange des couleurs, & l'artifice du pinceau, l'esprit apprenne quelque chose de nouveau dans l'invention du sujet, & dans la fidelle representation de l'action que le Peintre a prétendu faire voir.

Chez Félibien, la couleur relève de l’œil, par opposition au dessein qui relève davantage de l’esprit.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
SPECTATEUR → connaissance

Chez Félibien, la couleur relève de l’œil, par opposition au dessein qui relève davantage de l’esprit.

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → perception et regard

J'avouë repartis-je, que la plus grande satisfaction qu'on puisse recevoir en considerant un Tableau, c'est qu'au mesme temps que les yeux voient avec joye le beau mélange des couleurs, & l'artifice du pinceau, l'esprit apprenne quelque chose de nouveau dans l'invention du sujet, & dans la fidelle representation de l'action que le Peintre a prétendu faire voir. Et l'on ne peut bien s'instruire, si l'action n'est représentée avec toute la vraysemblance possible. Or cette vraysemblance consiste à rappeler une idée des choses passées, & en former une image, où tout ce qui se pouvoit rencontrer alors soit exactement observé.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → touche
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Peut-on dire que ce Peintre [ndr : Michel-Ange] ait eû le moindre talent de la Peinture, puis qu’il ne sçait ni observer la verité de l’Histoire, ni garder une agréable convenance dans les figures, & moins encore l’honnesteté, si necessaire à un tel sujet, ni enfin ce grand mode dans l’Art d’exprimer les choses ?

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Que pensez-vous [ndr : Pymandre] que soient en comparaison du dessein toutes les autres parties, dont vous avez parlé avec tant d’éclat ; comme la bienséance, c’est à dire, la maniére de traitter l’Histoire avec toute la vraysemblance qu’elle demande ; la Perspective mesme, si vous voulez ; & j’y ajousteray encore les couleurs, & la maniere de traitter les jours et les ombres que j’estime beaucoup ? Toutes ces choses ne sont rien au prix du dessein, parce qu’elles ne subsistent que sur cette premiére partie, sans laquelle un Ouvrage ne peut estre plein que de grands défauts. [...] Voilà en quoy consiste le dessein : c’est luy qui marque exactement toutes les parties du corps humain, qui découvre ce qu’un Peintre sçait dans la science des os, des muscles, & des veines ; c’est luy qui donne la ponderation aux corps pour les mettre en équilibre, & empescher qu’il ne semblent tomber, & ne pas se soustenir sur leur centre ; c’est luy qui fait paroistre dans les bras, dans les jambes, & dans les autres parties, plus ou moins d’effort, selon les actions plus fortes ou plus foibles qu’ils doivent faire ou souffrir ; c’est luy qui marque sur les traits du visage toutes ces differentes expressions qui découvrent les inclinations & les passions de l’ame ; c’est enfin luy qui sçait disposer les vestemens, & placer toutes les choses qui entrent dans une grande ordonnance, avec cette symmetrie, cette belle entente, & cét Art merveilleux, que l’on admire dans les travaux des plus grands hommes, sans que les couleurs mesmes soient necessaires pour faire comprendre ce qu’ils ont voulu representer.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Sans les opposer et tout en indiquant bien qu’il a une grande « estime » pour elles, Félibien place ici les couleurs comme une des parties de la peinture, laissant au seul dessin le statut de fondement.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

L'on ne peut pas soustenir qu'il [ndr : Michel-Ange] n'ait eû aucun talent de la Peinture, puis qu'il est certain que jamais homme n'en a mieux possédé les principes, personne n'ayant mieux desseigné que luy, & le dessein estant le fondement de cét Art. Que pensez-vous [ndr : Pymandre] que soient en comparaison du dessein toutes les autres parties, dont vous avez parlé avec tant d’éclat ; comme la bienséance, c’est à dire, la maniére de traitter l’Histoire avec toute la vraysemblance qu’elle demande ; la Perspective mesme, si vous voulez ; & j’y ajousteray encore les couleurs, & la maniere de traitter les jours et les ombres que j’estime beaucoup ? Toutes ces choses ne sont rien au prix du dessein, parce qu’elles ne subsistent que sur cette premiére partie, sans laquelle un Ouvrage ne peut estre plein que de grands défauts. [...] Le grand effort de cét Art est lors que la main exécute heureusement, & par des traits bien formez, ce que l’esprit a conceû, en sorte que ces traits & ces figures exposent à la veüe les vraies images des choses qu’on veut representer ; mais de telle sorte, qu’il y ait une belle proportion dans les corps, & une vive expression dans leurs actions, & dans leurs mouvemens. Voilà en quoy consiste le dessein : c’est luy qui marque exactement toutes les parties du corps humain, qui découvre ce qu’un Peintre sçait dans la science des os, des muscles, & des veines ; c’est luy qui donne la ponderation aux corps pour les mettre en équilibre, & empescher qu’il ne semblent tomber, & ne pas se soustenir sur leur centre ; c’est luy qui fait paroistre dans les bras, dans les jambes, & dans les autres parties, plus ou moins d’effort, selon les actions plus fortes ou plus foibles qu’ils doivent faire ou souffrir ; c’est luy qui marque sur les traits du visage toutes ces differentes expressions qui découvrent les inclinations & les passions de l’ame ; c’est enfin luy qui sçait disposer les vestemens, & placer toutes les choses qui entrent dans une grande ordonnance, avec cette symmetrie, cette belle entente, & cét Art merveilleux, que l’on admire dans les travaux des plus grands hommes, sans que les couleurs mesmes soient necessaires pour faire comprendre ce qu’ils ont voulu representer.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Que pensez-vous [ndr : Pymandre] que soient en comparaison du dessein toutes les autres parties, dont vous avez parlé avec tant d’éclat ; comme la bienséance, c’est à dire, la maniére de traitter l’Histoire avec toute la vraysemblance qu’elle demande ; la Perspective mesme, si vous voulez ; & j’y ajousteray encore les couleurs, & la maniere de traitter les jours et les ombres que j’estime beaucoup ? Toutes ces choses ne sont rien au prix du dessein, parce qu’elles ne subsistent que sur cette premiére partie, sans laquelle un Ouvrage ne peut estre plein que de grands défauts.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Que pensez-vous [ndr : Pymandre] que soient en comparaison du dessein toutes les autres parties, dont vous avez parlé avec tant d’éclat ; comme la bienséance, c’est à dire, la maniére de traitter l’Histoire avec toute la vraysemblance qu’elle demande ; la Perspective mesme, si vous voulez ; & j’y ajousteray encore les couleurs, & la maniere de traitter les jours et les ombres que j’estime beaucoup ? Toutes ces choses ne sont rien au prix du dessein, parce qu’elles ne subsistent que sur cette premiére partie, sans laquelle un Ouvrage ne peut estre plein que de grands défauts. On voit assez de gens, qui sans grande étude mettent des Bastimens en Perspective : il ne faut pour cela qu’une regle & un compas ; l’étude, non pas de plusieurs années, mais de peu de jours, voire de quelques heures, & un peu de pratique les rend assez habiles.

Ici, Félibien fait référence à la perspective géométrique.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Le grand effort de cét Art est lors que la main exécute heureusement, & par des traits bien formez, ce que l’esprit a conceû, en sorte que ces traits & ces figures exposent à la veüe les vraies images des choses qu’on veut representer ; mais de telle sorte, qu’il y ait une belle proportion dans les corps, & une vive expression dans leurs actions, & dans leurs mouvemens.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Voilà en quoy consiste le dessein : c’est luy qui marque exactement toutes les parties du corps humain, qui découvre ce qu’un Peintre sçait dans la science des os, des muscles, & des veines ; c’est luy qui donne la ponderation aux corps pour les mettre en équilibre, & empescher qu’il ne semblent tomber, & ne pas se soustenir sur leur centre ; c’est luy qui fait paroistre dans les bras, dans les jambes, & dans les autres parties, plus ou moins d’effort, selon les actions plus fortes ou plus foibles qu’ils doivent faire ou souffrir ; c’est luy qui marque sur les traits du visage toutes ces differentes expressions qui découvrent les inclinations & les passions de l’ame ; c’est enfin luy qui sçait disposer les vestemens, & placer toutes les choses qui entrent dans une grande ordonnance, avec cette symmetrie, cette belle entente, & cét Art merveilleux, que l’on admire dans les travaux des plus grands hommes, sans que les couleurs mesmes soient necessaires pour faire comprendre ce qu’ils ont voulu representer.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Chez Félibien, la symétrie relève du dessein et est l’une des composantes essentielles de la beauté, avec les proportions.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Le grand effort de cét Art est lors que la main exécute heureusement, & par des traits bien formez, ce que l’esprit a conceû, en sorte que ces traits & ces figures exposent à la veüe les vraies images des choses qu’on veut representer ; mais de telle sorte, qu’il y ait une belle proportion dans les corps, & une vive expression dans leurs actions, & dans leurs mouvemens. Voilà en quoy consiste le dessein : c’est luy qui marque exactement toutes les parties du corps humain, qui découvre ce qu’un Peintre sçait dans la science des os, des muscles, & des veines ; c’est luy qui donne la ponderation aux corps pour les mettre en équilibre, & empescher qu’il ne semblent tomber, & ne pas se soustenir sur leur centre ; c’est luy qui fait paroistre dans les bras, dans les jambes, & dans les autres parties, plus ou moins d’effort, selon les actions plus fortes ou plus foibles qu’ils doivent faire ou souffrir ; c’est luy qui marque sur les traits du visage toutes ces differentes expressions qui découvrent les inclinations & les passions de l’ame ; c’est enfin luy qui sçait disposer les vestemens, & placer toutes les choses qui entrent dans une grande ordonnance, avec cette symmetrie, cette belle entente, & cét Art merveilleux, que l’on admire dans les travaux des plus grands hommes, sans que les couleurs mesmes soient necessaires pour faire comprendre ce qu’ils ont voulu representer.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Il est vray, répondis-je, que ce mot [ndr : dessein] est pris en divers sens parmi les Peintres ; car ils appellent dessein, l’esquisse d’un Tableau, ou le projet de quelque Ouvrage, representé seulement sur du papier avec le crayon, ou à la plume.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Mais le mot de dessein, dans sa plus ordinaire signification, & comme je m’en suis servi en parlant de Michel-Ange, est proprement les traits avec lesquels le Peintre represente les choses qu’il doit imiter, indépendamment du coloris, des jours & des ombres, & cét assemblage de lignes diversement contournées, par le moyen desquelles on forme les figures.

trait · contour

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Mais le mot de dessein, dans sa plus ordinaire signification, & comme je m’en suis servi en parlant de Michel-Ange, est proprement les traits avec lesquels le Peintre represente les choses qu’il doit imiter, indépendamment du coloris, des jours & des ombres, & cét assemblage de lignes diversement contournées, par le moyen desquelles on forme les figures. Or il ne faut pas douter que cette partie ne soit, comme je vous ay dit, la premiére & la plus essentielle de la Peinture, puis qu’en vain un Peintre auroit appris ce qui regarde l’histoire, la fable & les expressions, s’il ne sçavoit les representer dignement par le moyen du dessein.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Il y a, comme je vous ay dit, plusieurs choses dans cét Art qui concernent la Theorie, & lesquelles, pour peu de jugement qu’un Peintre puisse avoir, il luy est aisé de s’en servir quand il sçait bien desseigner : Mais le dessein dépend de la pratique ; il faut que la main agisse avec l’esprit ; & c’est une chose tellement difficile, qu’il se trouve des personnes si malheureuses, qu’encore qu’elles ayent une passion tres-grande de bien faire, & qu’elles passent les jours & les nuits à étudier, elles ont néanmoins une main si lourde, & qui répond si peu à la volonté, qu’elles ne peuvent representer ce qui est devant leurs yeux ou dans leur esprit, de la maniére qu’elles le voient, ou qu’il doit estre.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Mais le dessein dépend de la pratique ; il faut que la main agisse avec l’esprit ; & c’est une chose tellement difficile, qu’il se trouve des personnes si malheureuses, qu’encore qu’elles ayent une passion tres-grande de bien faire, & qu’elles passent les jours & les nuits à étudier, elles ont néanmoins une main si lourde, & qui répond si peu à la volonté, qu’elles ne peuvent representer ce qui est devant leurs yeux ou dans leur esprit, de la maniére qu’elles le voient, ou qu’il doit estre.

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Pymandre m’interrompant, Je voy bien, dit-il, qu’en termes de Peinture, le mot de dessein a diverses significations. C’est pourquoi, afin que je tire de nostre entretien toute l’utilité que je desire, souffrez que je vous demande ce que vous entendez particuliérement par le mot dessein, lors qu’il semble que vous en attribuez toute la perfection à Michel-Ange. Il est vray, répondis-je, que ce mot [ndr : dessein] est pris en divers sens parmi les Peintres ; car ils appellent dessein, l’esquisse d’un Tableau, ou le projet de quelque Ouvrage, representé seulement sur du papier avec le crayon, ou à la plume. On appelle encore dessein la pensée, ou la volonté qu’on a de faire quelque chose ; ainsi avant que d’arrester quelque histoire, un Peintre dit qu’il en a formé le dessein dans son esprit. Mais le mot de dessein, dans sa plus ordinaire signification, & comme je m’en suis servi en parlant de Michel-Ange, est proprement les traits avec lesquels le Peintre represente les choses qu’il doit imiter, indépendamment du coloris, des jours & des ombres, & cét assemblage de lignes diversement contournées, par le moyen desquelles on forme les figures. Or il ne faut pas douter que cette partie ne soit, comme je vous ay dit, la premiére & la plus essentielle de la Peinture, puis qu’en vain un Peintre auroit appris ce qui regarde l’histoire, la fable & les expressions, s’il ne sçavoit les representer dignement par le moyen du dessein. Il y a, comme je vous ay dit, plusieurs choses dans cét Art qui concernent la Theorie, & lesquelles, pour peu de jugement qu’un Peintre puisse avoir, il luy est aisé de s’en servir quand il sçait bien desseigner : Mais le dessein dépend de la pratique ; il faut que la main agisse avec l’esprit ; & c’est une chose tellement difficile, qu’il se trouve des personnes si malheureuses, qu’encore qu’elles ayent une passion tres-grande de bien faire, & qu’elles passent les jours & les nuits à étudier, elles ont néanmoins une main si lourde, & qui répond si peu à la volonté, qu’elles ne peuvent representer ce qui est devant leurs yeux ou dans leur esprit, de la maniére qu’elles le voient, ou qu’il doit estre.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Il [ndr : Albert Durer] n’a pas pensé en étudiant chaque chose en particulier, qu’elles font un autre effet toutes ensemble ; & que dans une grande ordonnance de figures, la distance qu’il faut à l’œil pour les considerer, les fait paroistre d’une autre maniére que quand on les regarde de prés, & separément.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

[…] dans le mesme temps qu’on desseigne les parties d’un corps, il faut sçavoir le rapport & la belle proportion qu’elles doivent avoir les unes avec les autres, afin de ne pas manquer dans la composition du tout ensemble.

Conceptual field(s)

Car comme ils [ndr : les Peintres] appellent l’ordonnance d’un Tableau cét assemblage de toutes les figures qui le composent, ils nomment aussi l’attitude de la figure, la situation & la disposition de tous ses membres.

disposition

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Car comme ils [ndr : les Peintres] appellent l’ordonnance d’un Tableau cét assemblage de toutes les figures qui le composent, ils nomment aussi l’attitude de la figure, la situation & la disposition de tous ses membres.
Il me semble, dit Pymandre, qu’on devroit plûtost nommer cela sa posture lors qu’elle n’agit point, puisque le mot d’
attitude signifie quelque mouvement.
Il est vray, repartis-je, que par le mot d’attitude l’on entend principalement la disposition d’une Figure qui fait quelque action. Néanmoins l’on dit aussi quelquefois l’attitude d’un Portrait, quoy-que bien souvent il n’y ait que la teste & les épaules, & mesme d’un corps mort ; ce mot s’estant mis en usage, & ayant pris la place de celuy de disposition qui est commun à ce qui se meut, & à ce qui est en repos.

mouvement · posture · disposition · action

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

attitude · action

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

attitude

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Il est vray, repartis-je, que par le mot d’attitude l’on entend principalement la disposition d’une Figure qui fait quelque action. Néanmoins l’on dit aussi quelquefois l’attitude d’un Portrait, quoy-que bien souvent il n’y ait que la teste & les épaules, & mesme d’un corps mort ; ce mot s’estant mis en usage, & ayant pris la place de celuy de disposition qui est commun à ce qui se meut, & à ce qui est en repos.

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GENRES PICTURAUX → portrait

[…] il faut que le Peintre tâche, autant qu’il peut, d’accorder ensemble la veûë & la raison, afin qu’il ne fasse rien qui ne soit au gré de toutes deux.
Pour cét effet il doit étudier la Géométrie, & la Perspective, principalement cette derniére, qui est comme une regle certaine pour mesurer les Ouvrages, ou plûtost une lumiére tres-claire, qui luy découvrira ses défauts, & l’empeschera de tomber dans plusieurs manquemens inévitables à ceux qui l’ignorent.

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L’ARTISTE → règles et préceptes
EFFET PICTURAL → perspective

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L’ARTISTE → règles et préceptes

Vous sçavez bien qu’il n’y a point de difference entre plusieurs Figures qui composent l’ordonnance d’un Tableau, & plusieurs corps d’Architectures, pour ce qui regarde le moyen de les mettre en Perspective ; & que le cadre d’un Tableau n’est consideré que comme le chassis d’une porte ou d’une fenestre, par laquelle on découvre plusieurs objets, qui doivent estre representez sur une toille, comme ils paroistroient dans la nature.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

[…] il faut s’accoustumer à bien remarquer dans toutes les occasions ce qui est digne d’estre observé, & s’en imprimer fortement les images dans l’esprit, afin d’avoir dans la memoire, comme un magasin de diverses espéces, qui fournissent par aprés à toutes les choses dont on aura besoin. Elles serviront mesme à fortifier l’imagination, & lui aideront à produire de nouvelles Images : Car elle est si puissante, que comme a fort bien dit un sçavant Empereur {Julian Orat. 8.}, non seulement elle donne à l’esprit à juger des choses qui sont devant nous, mais elle luy represente encore celles qui sont éloignées de plusieurs lieuës, & les fait voir plus clairement, que ce qui est devant nos yeux, & que nous touchons.
Mais ces moyens dont je vous parle dépendent en premier lieu du genie du Peintre : Car s’il est grand, il se sent porté à rechercher plûtost les belles actions, & les beaux effets de la nature, que les choses basses et communes : En second lieu, de la force de son esprit, qui le fera entrer plus avant dans les passions des hommes, pour les bien exprimer dans ses Tableaux : Et en dernier lieu, de la netteté de son jugement, qui luy fera choisir ce qu’il y a de plus beau, & rejetter ce qui est vil & superflu. Ces trois qualitez sont necessaires, pour entreprendre & achever les grands Ouvrages […].

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination
L’ARTISTE → qualités

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L’ARTISTE → qualités

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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L’ARTISTE → qualités

[…] il faut s’accoustumer à bien remarquer dans toutes les occasions ce qui est digne d’estre observé, & s’en imprimer fortement les images dans l’esprit, afin d’avoir dans la memoire, comme un magasin de diverses espéces, qui fournissent par aprés à toutes les choses dont on aura besoin. Elles serviront mesme à fortifier l’imagination, & lui aideront à produire de nouvelles Images : Car elle est si puissante, que comme a fort bien dit un sçavant Empereur {Julian Orat. 8.}, non seulement elle donne à l’esprit à juger des choses qui sont devant nous, mais elle luy represente encore celles qui sont éloignées de plusieurs lieuës, & les fait voir plus clairement, que ce qui est devant nos yeux, & que nous touchons.

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L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

[…] il faut s’accoustumer à bien remarquer dans toutes les occasions ce qui est digne d’estre observé, & s’en imprimer fortement les images dans l’esprit, afin d’avoir dans la memoire, comme un magasin de diverses espéces, qui fournissent par aprés à toutes les choses dont on aura besoin. Elles serviront mesme à fortifier l’imagination, & lui aideront à produire de nouvelles Images : Car elle est si puissante, que comme a fort bien dit un sçavant Empereur {Julian Orat. 8.}, non seulement elle donne à l’esprit à juger des choses qui sont devant nous, mais elle luy represente encore celles qui sont éloignées de plusieurs lieuës, & les fait voir plus clairement, que ce qui est devant nos yeux, & que nous touchons.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

Il faut, ce me semble, laisser agir son genie dans la production, & l’ordonnance de ses Figures, jusques à ce qu’on ait disposé tout son sujet ; & lors qu’on en a arresté la composition, on peut revoir ses desseins, & se servant de ses études, corriger ce qu’on a fait sur l’exemple des belles choses qu’on aura remarquées.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

composition

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe

Je ne repeteray point le soin qu’on doit prendre de donner à chaque Figure la proportion, la grace, la passion, le mouvement, & les habits qui luy sont propres. Je diray seulement qu’il faut varier toutes les choses qui entreront dans un Tableau, si l’on en veut rendre la composition agréable ; mais cette diversité doit estre naturelle, sans qu’il y ait rien d’affecté, ny de contraint.

La variété procurant de l’agrément.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

La variété procurant de l’agrément.

diversité

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Il faut que toutes les Figures semblent s’estre rangées & posées d’elles-mesmes sans trop de soin & d’étude ; & c’est ce qui fait la grace dans la disposition, de mesme que dans les membres du corps.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Ce que j’aurois encore à dire, c’est qu’un Peintre ne doit jamais contraindre son esprit quand il veut produire quelque ordonnance. Il doit attendre que son feu soit allumé, s’il faut ainsi dire, pour exprimer ses conceptions ; & lors qu’il est en belle humeur, se laisser emporter doucement au courant de ses belles imaginations.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination
L’ARTISTE → qualités