Work of Art
GLYKON D'ATHÈNES, Hercule Farnèse, Ier siècle après J.-C., marbre, h. 317, Napoli, Museo archeologico nazionale di Napoli, inv. 6001.
L'Hercule de Glykon est une copie de la statue grecque antique attribuée à Lysippe de Sicyone (IVe siècle avant J.-C.).
© Carole Raddato.
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Wikimedia Commons [consulté le 08/01/2018] - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Farnese_Hercules,_an_early_third_century_AD_Roman_copy_from_the_original_by_Lysippos_made_for_the_Baths_of_Caracalla_in_Rome,_Naples_National_Archaeological_Museum_(14712706506).jpg
Quotation
LE PEINTRE.
Cela est vray, Monsieur, & ce que je trouve admirable touchant la peinture est cette grande diversité de manières, lesquelles quoy que souvent remplies de deffauts & de contrastes, on ne laisse pas d’y trouver des parties merveilleuses, soit en la composition ou invention des divers objets, & au Coloris & Touches du Peinceau ; & enfin au Goust du bel Antique, mais il y en a peu qui y ayent donne universellement.
Quotation
La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.
Quotation
En l'actitude l'on remarqua la position de la figure & le contraste de ses parties, en l'une on trouva parfaitement bien observée la Ponderation, qui est la regle de la bien poser sur son plan, & que le creux du col porte à plomb sur la cheville du pied, qui soûtient tout le corps : & dans l'autre on fit observer cette maxime à l'égard des actions agissantes, à sçavoir, que quand un bras avance & se hausse, la jambe du même côté doit baisser & reculer, ainsi du reste.
Quotation
On peut avancer hardiment qu’ils [n.d.r. les sculpteurs antiques] ont en quelque sorte surpassé la nature ; car bien qu’il soit vray de dire qu’ils n’ont fait veritablement que l’imiter cela s’entend pour chaque partie en particulier, mais jamais pour le tout ensemble, & il ne s’est point trouvé d’homme aussi parfait en toutes ses parties que le sont quelques-unes de leurs Figures. Ils [n.d.r. les sculpteurs antiques] ont imité les bras de l’un, les jambes de l’autre, ramassant ainsi dans une seule Figure toutes les beautez qui pouvoient convenir au sujet qu’ils representoient, comme nous voyons qu’ils ont rassemblé dans l’Hercule tous les traits qui marquent la force, & dans la Venus toute la délicatesse & toutes les graces qui peuvent former une beauté achevée.
Quotation
On a dit en d'autres entrêtiens, que cette difference des proportions pouvoit être causée par la diversité des exercices, celui qui travaille son corps en des mouvemens libres & forts, [...], ce qui les rend beaucoup plus marqués que ceux qui vivent en un doux repos & dans l'oisiveté. [...] L'on representa que toutes les differences remarquées dans les proportions ce doivent aussi observer à l'égard des contours, puisque c'est par leur moyen que l'on peut former leur diversité. Ce qui fit considérer de quatre sortes de sujets qui forment autant de difference de proportions & de contours, que l'on nomma vulgaires, Pastoralles & Champestres, dont on dit que les contours doivent être grossiers, ondoyants & incertains, appellant ondoyants la maniere de dessigner, où l'on ne voit aucuns muscles, qui commande à lautre, mais qui s'entresuivent également, que les grossiers & incertains sont tels, que les muscles paroissent confondus avec les tendons & les artères, & où rien n'est articulé, ce qui est pour des sujets simples & des gens grossiers.
En des sujets serieux, où la nature doit être representée belle & agreable, les contours doivent être nobles & certains, passant doucement de l'un à l'autre, en formant les parties grandes & precises, comme il paroît aux figures des jeunes hommes & des filles, où l'on ne voit rien d'aigu, mais au contraire les contours bien coulants.
La troisiéme sorte de contours que l'on a nommé grands, forts, resolus & arrêtés sont ceux auxquels ne se trouvent rien de douteux, [...] où il n'y a rien de choisi & de bien ordonné, ce qui est propre à representer des Heros qui ne doivent avoir rien que de parfait, car comme les Poëtes leur ont attribué, des vertus surnaturelles, les Peintres & Sculpteurs de l'Antiquité en avoient fait de même, choisissant en plusieurs corps, ce qu'il y avoit de plus beau pour en composer un, qui fût propre à de telles expressions & capable d'entrer en des sujets heroïques & extraordinaires.
En quatriéme lieu, l'on considera une maniere de contours artistes excedants le naturel, que l'on nomma puissans, austeres & terribles, puissans pour ce qu'ils font paroître les figures grandes & majestueuses, & qu'ils forment de grandes parties ; austeres parce qu'ils n'ont rien que de solide & de necessaire & qu'ils ne soustrent point de choses inutiles, [...], cette manière n'étant propre qu'à representer des divinités, que c'étoit ce que les anciens avoient soigneusement pratiqué [...].
Les contours terribles sont pour les Ouvrages éloignés de la vûë, & pour representer des geans.
[...] un Peintre doit éviter autant qu'il sera possible les contours petits & chetifs, à moins d'y être obligé par la necessité des sujets & la varieté du contraste, que l'oeconomie des contours doit servir à dégager la taille & la proportion, [...]. L'on trouva dans le Tableau de Raphaël un illustre exemple [...], qui fit dire que les proportions & les contours ont du rapport avec le mouvement des esprits, qui donna lieu de parler de lexpression, [...]
Quotation
La plus grande perfection dans la Peinture, luy repartis-je, c'est de faire que toutes les qualitez du corps conviennent à la personne qu'on veut representer, soit dans la force des membres, soit dans la couleur de la chair. Par exemple, une belle femme, ou un jeune homme de condition, doivent avoir le corps blanc, délicat, & gratieux, comme dans le Tableau de Corege, dont je vous ay déja parlé, où il y a un Saint Jean tout nud, qui s'enfuit du Jardin des Olives, & dans celuy du Titien, qui est à l'Hostel de Sourdis, où Venus retient Adonis. Car si vous remarquez le Coloris de cette Déesse, vous y verrez une grande tendresse, & dans celuy du Chasseur vous y connoistrez comme un homme moins délicat, & qui s'adonne aux exercices penibles, doit avoir la chair plus haute en couleur : Mais un vieillard qui sera representé plus maigre, & plus décharné, doit avoir la chair plus basannée, & plus brune, de mesme qu'un Soldat, & un Marinier, qui sont ordinairement dans le travail, & qui ont le corps nud, & exposé à l'air, & au Soleil : […].
Quotation
La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.
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La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.
Quotation
En l'actitude l'on remarqua la position de la figure & le contraste de ses parties, en l'une on trouva parfaitement bien observée la Ponderation, qui est la regle de la bien poser sur son plan, & que le creux du col porte à plomb sur la cheville du pied, qui soûtient tout le corps : & dans l'autre on fit observer cette maxime à l'égard des actions agissantes, à sçavoir, que quand un bras avance & se hausse, la jambe du même côté doit baisser & reculer, ainsi du reste.
Quotation
LE PEINTRE.
Vostre pensée estoit fort bonne, car je vous assure, que la pluspart d’entre nous sont differents de Goust pour la proportion de leurs figures, & ainsi chacun estime le sien ; & comme nous nous trouvons à present reduits à parler de ce Goust des proportions, je prie, Monsieur, de ne se point ennuyer ny vous aussi, si ce que j’eu vais dire est un peu long.
ARISTE.
Monsieur, je suis tout preparé à vous entendre raisonner sur cette matiere tant qu’il vous plaira, puisque je sçay qu’elle n’est en partie fondée que sur des divers Gousts ou opinions.
LE PEINTRE.
Comme, Monsieur, a fort bien dit, que la belle proportion des figures humaines, autrement leur beauté, n’est point encore définie, & qu’ainsi tout ce que l’on en peut dire, n’est encore jusques à present que de pure opinion ou goust ; neantmoins avec sa permission, je ne laisseray pas d’avancer ; que nombre de personnes de sens, pourroient plûtost donner leur voix à la representation du corps d’un homme nud ou d’une femme, dont on en auroit recherché les proportions telles que je diray, que d’un autre tout contraire.
Car quand nous voyons une fille ou femme, qui nous semble belle de visage & de taille, & une autre toute contrefaite ou opposée à celle-là, nous la rejettons ou méprisons.
Mais afin de tâcher d’établir en gros pour cela quelque proportion aucunement raisonnée ; chacun sçait, que l’on dit communément qu’en fait de jambes, de testes & quelques autres parties du corps humain, que les plus grosses ne sont pas les meilleures.
[...]
Et pour moy je tiens, que comme nous ne sçavons pas bien encore toutes les belles pensées, meditations, & raisonnemens, sur la vision, qu’ont eus ces grands Architectes de l’Antiquité, & de la composition des membres ou parties de leurs Ordres de Colonnes en l’Architecture, sçavoir le Dorique, l’Ionique, & le Corinthien, qu’il en pourroit estre arrivé le mesme de leurs sçavants Sculpteurs sur la proportion de leurs belles figures, tant en Bas-reliefs, qu’en rondes Bosses.
Et pour moy, la pensée m’est venuë en voyant les excellens morceaux qui nous en restent, principalement à Rome ; que outre la belle & agreable proportion que l’on voit à la Venus de Medicis, à celle de Belvedere, à la Flore, au Commode, à l’Hercule de Farneze, au Meleagre, à l’Apollon, & au Lentin, puis en ce merveilleux ouvrage du l’Aocoom & de ses deux enfans, & à un grand nombre d’autres, qui sont tous differens au détail de leurs proportions, taille & air de testes, qu’ils estoient tres-sçavans en l’Anatomie & en la Physionomie, car j’ay remarqué dans les airs de testes de leurs diverses figures faites à plaisir, ou à volonté, qui representoient mesme des fleuves, une grave sagesse, douce, beninne, au lieu que la pluspart de nos Sculpteurs d’apresent, leurs donneroient volontiers un air de visage rustique et furieux.
Quotation
La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.
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On peut avancer hardiment qu’ils [n.d.r. les sculpteurs antiques] ont en quelque sorte surpassé la nature ; car bien qu’il soit vray de dire qu’ils n’ont fait veritablement que l’imiter cela s’entend pour chaque partie en particulier, mais jamais pour le tout ensemble, & il ne s’est point trouvé d’homme aussi parfait en toutes ses parties que le sont quelques-unes de leurs Figures. Ils [n.d.r. les sculpteurs antiques] ont imité les bras de l’un, les jambes de l’autre, ramassant ainsi dans une seule Figure toutes les beautez qui pouvoient convenir au sujet qu’ils representoient, comme nous voyons qu’ils ont rassemblé dans l’Hercule tous les traits qui marquent la force, & dans la Venus toute la délicatesse & toutes les graces qui peuvent former une beauté achevée.
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LE PEINTRE.
Cela est vray, Monsieur, & ce que je trouve admirable touchant la peinture est cette grande diversité de manières, lesquelles quoy que souvent remplies de deffauts & de contrastes, on ne laisse pas d’y trouver des parties merveilleuses, soit en la composition ou invention des divers objets, & au Coloris & Touches du Peinceau ; & enfin au Goust du bel Antique, mais il y en a peu qui y ayent donne universellement.
Quotation
LE PEINTRE.
Vostre pensée estoit fort bonne, car je vous assure, que la pluspart d’entre nous sont differents de Goust pour la proportion de leurs figures, & ainsi chacun estime le sien ; & comme nous nous trouvons à present reduits à parler de ce Goust des proportions, je prie, Monsieur, de ne se point ennuyer ny vous aussi, si ce que j’eu vais dire est un peu long.
ARISTE.
Monsieur, je suis tout preparé à vous entendre raisonner sur cette matiere tant qu’il vous plaira, puisque je sçay qu’elle n’est en partie fondée que sur des divers Gousts ou opinions.
LE PEINTRE.
Comme, Monsieur, a fort bien dit, que la belle proportion des figures humaines, autrement leur beauté, n’est point encore définie, & qu’ainsi tout ce que l’on en peut dire, n’est encore jusques à present que de pure opinion ou goust ; neantmoins avec sa permission, je ne laisseray pas d’avancer ; que nombre de personnes de sens, pourroient plûtost donner leur voix à la representation du corps d’un homme nud ou d’une femme, dont on en auroit recherché les proportions telles que je diray, que d’un autre tout contraire.
Car quand nous voyons une fille ou femme, qui nous semble belle de visage & de taille, & une autre toute contrefaite ou opposée à celle-là, nous la rejettons ou méprisons.
Mais afin de tâcher d’établir en gros pour cela quelque proportion aucunement raisonnée ; chacun sçait, que l’on dit communément qu’en fait de jambes, de testes & quelques autres parties du corps humain, que les plus grosses ne sont pas les meilleures.
[...]
Et pour moy je tiens, que comme nous ne sçavons pas bien encore toutes les belles pensées, meditations, & raisonnemens, sur la vision, qu’ont eus ces grands Architectes de l’Antiquité, & de la composition des membres ou parties de leurs Ordres de Colonnes en l’Architecture, sçavoir le Dorique, l’Ionique, & le Corinthien, qu’il en pourroit estre arrivé le mesme de leurs sçavants Sculpteurs sur la proportion de leurs belles figures, tant en Bas-reliefs, qu’en rondes Bosses.
Et pour moy, la pensée m’est venuë en voyant les excellens morceaux qui nous en restent, principalement à Rome ; que outre la belle & agreable proportion que l’on voit à la Venus de Medicis, à celle de Belvedere, à la Flore, au Commode, à l’Hercule de Farneze, au Meleagre, à l’Apollon, & au Lentin, puis en ce merveilleux ouvrage du l’Aocoom & de ses deux enfans, & à un grand nombre d’autres, qui sont tous differens au détail de leurs proportions, taille & air de testes, qu’ils estoient tres-sçavans en l’Anatomie & en la Physionomie, car j’ay remarqué dans les airs de testes de leurs diverses figures faites à plaisir, ou à volonté, qui representoient mesme des fleuves, une grave sagesse, douce, beninne, au lieu que la pluspart de nos Sculpteurs d’apresent, leurs donneroient volontiers un air de visage rustique et furieux.
Quotation
La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.
Quotation
La plus grande perfection dans la Peinture, luy repartis-je, c'est de faire que toutes les qualitez du corps conviennent à la personne qu'on veut representer, soit dans la force des membres, soit dans la couleur de la chair. Par exemple, une belle femme, ou un jeune homme de condition, doivent avoir le corps blanc, délicat, & gratieux, comme dans le Tableau de Corege, dont je vous ay déja parlé, où il y a un Saint Jean tout nud, qui s'enfuit du Jardin des Olives, & dans celuy du Titien, qui est à l'Hostel de Sourdis, où Venus retient Adonis. Car si vous remarquez le Coloris de cette Déesse, vous y verrez une grande tendresse, & dans celuy du Chasseur vous y connoistrez comme un homme moins délicat, & qui s'adonne aux exercices penibles, doit avoir la chair plus haute en couleur : Mais un vieillard qui sera representé plus maigre, & plus décharné, doit avoir la chair plus basannée, & plus brune, de mesme qu'un Soldat, & un Marinier, qui sont ordinairement dans le travail, & qui ont le corps nud, & exposé à l'air, & au Soleil : […].
Quotation
En l'actitude l'on remarqua la position de la figure & le contraste de ses parties, en l'une on trouva parfaitement bien observée la Ponderation, qui est la regle de la bien poser sur son plan, & que le creux du col porte à plomb sur la cheville du pied, qui soûtient tout le corps : & dans l'autre on fit observer cette maxime à l'égard des actions agissantes, à sçavoir, que quand un bras avance & se hausse, la jambe du même côté doit baisser & reculer, ainsi du reste.
Quotation
On a dit en d'autres entrêtiens, que cette difference des proportions pouvoit être causée par la diversité des exercices, celui qui travaille son corps en des mouvemens libres & forts, [...], ce qui les rend beaucoup plus marqués que ceux qui vivent en un doux repos & dans l'oisiveté. [...] L'on representa que toutes les differences remarquées dans les proportions ce doivent aussi observer à l'égard des contours, puisque c'est par leur moyen que l'on peut former leur diversité. Ce qui fit considérer de quatre sortes de sujets qui forment autant de difference de proportions & de contours, que l'on nomma vulgaires, Pastoralles & Champestres, dont on dit que les contours doivent être grossiers, ondoyants & incertains, appellant ondoyants la maniere de dessigner, où l'on ne voit aucuns muscles, qui commande à lautre, mais qui s'entresuivent également, que les grossiers & incertains sont tels, que les muscles paroissent confondus avec les tendons & les artères, & où rien n'est articulé, ce qui est pour des sujets simples & des gens grossiers.
En des sujets serieux, où la nature doit être representée belle & agreable, les contours doivent être nobles & certains, passant doucement de l'un à l'autre, en formant les parties grandes & precises, comme il paroît aux figures des jeunes hommes & des filles, où l'on ne voit rien d'aigu, mais au contraire les contours bien coulants.
La troisiéme sorte de contours que l'on a nommé grands, forts, resolus & arrêtés sont ceux auxquels ne se trouvent rien de douteux, [...] où il n'y a rien de choisi & de bien ordonné, ce qui est propre à representer des Heros qui ne doivent avoir rien que de parfait, car comme les Poëtes leur ont attribué, des vertus surnaturelles, les Peintres & Sculpteurs de l'Antiquité en avoient fait de même, choisissant en plusieurs corps, ce qu'il y avoit de plus beau pour en composer un, qui fût propre à de telles expressions & capable d'entrer en des sujets heroïques & extraordinaires.
En quatriéme lieu, l'on considera une maniere de contours artistes excedants le naturel, que l'on nomma puissans, austeres & terribles, puissans pour ce qu'ils font paroître les figures grandes & majestueuses, & qu'ils forment de grandes parties ; austeres parce qu'ils n'ont rien que de solide & de necessaire & qu'ils ne soustrent point de choses inutiles, [...], cette manière n'étant propre qu'à representer des divinités, que c'étoit ce que les anciens avoient soigneusement pratiqué [...].
Les contours terribles sont pour les Ouvrages éloignés de la vûë, & pour representer des geans.
[...] un Peintre doit éviter autant qu'il sera possible les contours petits & chetifs, à moins d'y être obligé par la necessité des sujets & la varieté du contraste, que l'oeconomie des contours doit servir à dégager la taille & la proportion, [...]. L'on trouva dans le Tableau de Raphaël un illustre exemple [...], qui fit dire que les proportions & les contours ont du rapport avec le mouvement des esprits, qui donna lieu de parler de lexpression, [...]