BOSSE, Abraham et COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux,de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1758.
Les termes retenus dans l’index soulignent les changements d’appréciations et permettent en même temps de prendre acte du fait qu’en un siècle la terminologie de la gravure s’est considérablement enrichie. Cochin distingue par exemple davantage de « manières » en gravure (« manière grignoteuse », « manière méplate », « manière grasse », « manière facile », etc.). Mais surtout, la description des tailles se fait plus précise et tend à se codifier : Cochin en détaille différents types et précise comment les adapter en fonction des sujets représentés, reprenant en cela ce que Florent Le Compte avait déjà pu écrire au tournant du siècle (Florent Le Comte 1699). Cochin distingue les premières, secondes et troisièmes tailles, ou encore les tailles inégales, roides, courtes, serrées, nourries, etc. Il cherche à systématiser leur emploi et à dégager des préceptes. Le traité qui chez Bosse avait une forte dimension descriptive, avant tout technique, prend avec Cochin une dimension plus théorique plus marquée.
Cette réédition comprend par ailleurs de nouvelles planches gravées : une partie d’entre elles sont reprises de l’édition de 1645 (Abraham Bosse) ou de celle de 1701 (Franz Ertinger) les autres viennent illustrer les parties ajoutées par Cochin. Ces dernières sont signées par Charles-Nicolas Cochin, Etienne Fessard, ou encore Pierre Soubeyran.
L’actualisation du traité d’Abraham Bosse par Cochin eut des échos à l’étranger : il s’en trouve par exemple une traduction en allemand par Carl Gottlieb Nitzsche (Dresde, 1765, ouvrage lui-même réedité en 1766, 1772 et 1795-1796). Celui-ci, en plus de traduire les ajouts de Cochin, corrige également l’ancienne traduction du traité d’Abraham Bosse qui avait été réalisée par Georg Andreas Böckler au milieu du XVIIe siècle (Nuremberg, 1652).
L’édition de 1745 (conservée à la Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, Rés V 2347) n'est pas disponible en ligne. Toutefois, l'ouvrage a été réédité à l’identique en 1758, il est conservé au Getty Research Institute. Nous utilisons cette édition.
Flora Herbert
Dedication
Aux amateurs de cet art
Index at p. 163-186
Table des titres at p. XXV-XXVIII
Dédicace(s) at n.p.
Avertissement at p. V-XI
Avant-propos at p. XII-XVIII
Préface at p. XIX-XXIV
Privilèges at n.p.
Avis au relieur at n.p.
LE CLERC, Sébastien, TRAICTÉ DES MANIERES DE GRAVER EN TAILLE DOUCE SUR L'AIRIN. Par le Moyen des Eaux Fortes, & des Vernix Durs & Mols. Ensemble de la façon d'en Imprimer les Planches & d'en Construire la Presse, & autres choses concernans lesdits Arts. Par A. Bosse, Graveur en Taille Douce, revû & augmenté d'une nouvelle manière de se servir desdites eaux fortes, par Monsieur Le Clerc, Paris, P. Emery, 1701.
COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux, de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1745.
COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux, de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1769.
BOSSE, Abraham et COCHIN, Charles-Nicolas, Die Kunst in Kupfer zu stechen: sowohl vermittelst des Aetzwassers als mit dem Grabstichel ; insgleichen die sogenannte schwarze Kunst, und wie die Kupferdrucker-Preße nach ietziger Art zu bauen und die Kupfer abzudrucken sind, trad. par NITZSCHE, Carl Gottlieb, Dresden, Gröll, 1765.
MICHEL, Christian, Charles-Nicolas Cochin et le livre illustré au XVIIIe siècle. Avec un catalogue raisonné des livres illustrés par Cochin : 1715-1790, Genève, Droz, 1987.
RÜMELIN, Christian, « Stichtheorie und Graphikverständnis im 18. Jahrhundert », Artibus et Historiae, 22/44, 2001, p. 187-200 [En ligne : http://www.jstor.org/stable/1483719?seq=1#page_scan_tab_contents consulté le 26/10/2015].
LE BLANC, Marianne, D’acide et d’encre : Abraham Bosse (1604?-1676) et son siècle en perspectives, Paris, CNRS Éd., 2004.
CASTEX, Jean-Gérald, « Réduire la gravure en art et en principes. Lecture et réception du "Traité des manières de graver" d’Abraham Bosse », dans VÉRIN, Hélène et DUBOURG GLATIGNY, Pascal (éd.), Réduire en art : la technologie de la Renaissance aux Lumières, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 2008, p. 235-248.
LAVEZZI, Élisabeth, « Gravure et conception coloriste de la peinture : la réécriture par Charles-Nicolas Cochin (1745) du “Traité des manières de graver” d’Abraham Bosse (1645) », 2009 [En ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00630432 consulté le 11/07/2016].
STIJNMAN, Ad, Engraving and Etching 1400-2000: A History of the Development of Manual Intaglio Printmaking Processes, Houston, HES & De Graaf, 2012.
FILTERS
QUOTATIONS
Il paroît par le discours précédent que le sieur Bosse faisoit consister la plus grande difficulté & le principal mérite de la Gravûre à l’Eau Forte dans l’exacte imitation de celle au Burin : il a parfaitement réussi dans ce qu’il s’est proposé pour but, & ses ouvrages quoique très-avancés à l’Eau Forte ont néanmoins toute la netteté de ceux qui sont purement au Burin, & il est vrai-semblable que la fermeté du vernis dur dont il faisoit usage y a beaucoup contribué. Cependant on a abandonné non-seulement le vernis dur dont presque tous les Graveurs de son tems se servoient, maus même cette propreté dont il faisoit tant de cas, & que l’on évite en quelque façon présentement, parce qu’elle conduit à une roideur dans les tailles & une froideur de travail qui n’est plus du goût d’aujourd’hui.
Ce changement de goût (si toutefois l’on doit juger du sentiment des graveurs du tems de Bosse par le sien) est fondé sur l’expérience & sur l’admiration que l’on a conçû pour les belles choses qui ont paru depuis M. Bosse, & qu’il n’a pû voit parce qu’elles n’ont été faites que long-tems après qu’il eût publié cet Ouvrage.
Bosse évoque ici le changement du goût du spectateur entre le XVIIe et XVIIIe siècle.
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On ne voit en effet que M. Gerard Audran qui peut à juste titre passer pour le plus excellent Graveur d’Histoire qui ait jamais parû, ait recherché cette extrême propreté ni ce servile arrangement de tailles qui est essentiel à la Gravûre au Burin.
Cochin évoque ici l'arrangement des tailles
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On ne voit en effet que M. Gerard Audran qui peut à juste titre passer pour le plus excellent Graveur d’Histoire qui ait jamais parû, ait recherché cette extrême propreté ni ce servile arrangement de tailles qui est essentiel à la Gravûre au Burin. Au contraire par un mêlange de hachûres libres & de points mis en apparence sans ordre, mais avec un goût inimitable, il a laissé à la postérité des exemples admirables du véritable caractere dans lequel la Gravûre d’Histoire doit être traitée. Ses ouvrages malgré la grossierté du travail qui paroît dans quelqu’uns & qui peut déplaire aux ignorans, font l’admiration des Connoisseurs & des personnes de bon goût.
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Estienne La Belle, qu’on peut regarder comme un modèle de perfection pour la Gravûre en petit, infiniment préférable à Callot pour la gentillesse de son travail, en un mot qui est dans son genre ce que Gerard Audran est dans le grand, ne s’est pas non plus piqué de cette roideur & de cet arrangement de belles tailles que M. Bosse recommande avec tant de soin. Au contraire sa maniere est un composé de petites tailles courtes & mêlées les unes avec les autres avec un goût & un esprit inexprimable, & il est étonnant que se servant du vernis dur, il ait pû graver d’une façon si souple, & éviter l’infléxibilité que l’on aperçoit dans les ouvrages de ses prédécesseurs.
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Gerard Audran est ici cité comme modèle exemplaire en ce qui concerne la gravure en grand
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Stefano della Bella considéré comme un modèle de perfection pour la gravure en petit
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Ce n’est pas que la propreté & le bel ordre des hachûres ne fasse un merveilleux effets quand elle est employée à propos & mêlée avec d’autres travaux plus libres selon le goût de l’ouvrage et le caractere des choses qu’on veut représenter : c’est même la perfection de la Gravûre, & cette opposition de différens travaux ne sert qu’à les faire [p. XXiij 27] valoir davantage. Il n’y a point de plus beaux exemples de l’heureux succès de la propreté du Burin dans les ouvrages commencés à l’eau Forte, que les morceaux admirables gravés par Corneille Vischer, où l’on voit en même tems ce que le plus beau burin a de flateur [sic], joint à l’eau Forte la plus pittoresque.
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Il n’y a point de plus beaux exemples de l’heureux succès de la propreté du Burin dans les ouvrages commencés à l’eau Forte, que les morceaux admirables gravés par Corneille Vischer, où l’on voit en même tems ce que le plus beau burin a de flateur [sic], joint à l’eau Forte la plus pittoresque.
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On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle :
On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien :
Ce passage met en évidence le changement de goût dans la gravure en fonction des époques. Le « goût d’aujourd’hui » est différencié du goût de l’époque d’Abraham Bosse, et notamment en matière de gravure à l’eau-forte
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On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien : enfin elle lui prépare dans les chairs des points d’une forme différente de ceux du Burin qui sont longs & de ceux de la pointe séche qui sont trop exactement ronds ; ceux que produit l’eau forte sont d’un rond plus irrégulier & d’un noir différent, & du mêlange des uns & des autres, il résulte un empâtement plein de goût ; & il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.
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enfin elle lui prépare dans les chairs des points d’une forme différente de ceux du Burin qui sont longs & de ceux de la pointe séche qui sont trop exactement ronds ; ceux que produit l’eau forte sont d’un rond plus irrégulier & d’un noir différent, & du mêlange des uns & des autres, il résulte un empâtement plein de goût ; & il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.
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& il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.
Les Portraits demandent à être faits au Burin & l’on voit peu d’exemples que ceux que l’on a avancés à l’au forte [sic] ayent bien réussi. L’expérience fait voir que quoiqu’il y en ait quelqu’uns qui soient estimés comme ceux de Morin, Suyderhoof & autres, néanmoins ceux de Nanteuil, Edelinck, [p. Xxiv 28] & Drevet, sont les chefs-d’oeuvre les plus estimés en ce genre ; la raison de cette préférence vient de la façon différente dont on peint l’histoire & le portrait. Dans l’histoire on supprime toutes les petites parties pour s’attacher aux grandes, & l’on peint sans s’arrêter à des détails peu importans, comme seroient les cristallins & paupieres ou petits plis qui environnent ordinairement les yeux : l’on néglige de marquer sensiblement les différentes petites demi-teintes qi se trouvent entre les ombres & les jours, ou si on le fait, c’est de maniere qui ne paroît point recherchée, & qui est toûjours subordonnée à l’effet général du Tableau. Le Peintre entierement maître de son sujet, & n’ayant point d’objet particulier en vûë qui puisse l’attacher servilement, n’est occupé que du soin de former des traits grands & hardis qui puissent concourir à l’intelligence générale du sujet.
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Les Portraits demandent à être faits au Burin & l’on voit peu d’exemples que ceux que l’on a avancés à l’au forte [sic] ayent bien réussi.
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L’expérience fait voir que quoiqu’il y en ait quelqu’uns qui soient estimés comme ceux de Morin, Suyderhoof & autres, néanmoins ceux de Nanteuil, Edelinck, [p. Xxiv 28] & Drevet, sont les chefs-d’oeuvre les plus estimés en ce genre ; la raison de cette préférence vient de la façon différente dont on peint l’histoire & le portrait.
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Le Portrait se peint à la vérité suivant les mêmes principes, mais avec cette différence que l’exactitude avec laquelle le Peintre suit le modéle qu’il a devant les yeux, l’oblige à rendre avec le plus grand soin tout ce qu’il découvre dans la nature jusqu’aux moindres choses, parce que c’est souvent de-là que dépend la fidele ressemblance. Ayant fini la tête avec une si grande précision, il est obligé de terminer le reste à proportion, sans cela il ne paroîtroit qu’une ébauche en comparaison de la tête. C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte.
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C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte.
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C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte.
On peut en donner pour exemple les morceaux d’histoire gravés par P. Drevet le fils, qui sont admirables pour la finesse [p. XXV 29] & la beauté du travail, mais beaucoup trop finis pour le caractere de l’histoire, ce qui fait dire aux gens de goût que c’est un fort beau travail mais très-déplacé, & qui ne sert qu’à faire paroître les figures comme si elles étoient de bronze. On peut voir aussi la famille de Darius gravée par Edelinck dont la gravûre quoique parfaite pour le Burin, est beaucoup moins convenable dans un pareil morceau, que celle de Gerard Audran. On remarquera à cette occasion que plusieurs Graveurs au burin très-habiles, entr’autres Bolswert, ayant à graver des sujets d’histoire, ont imité autant que le burin le peut faire, ce désordre pittoresque & ce mélange de travail que l’eau forte produit avec tant de succès.
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On remarquera à cette occasion que plusieurs Graveurs au burin très-habiles, entr’autres Bolswert, ayant à graver des sujets d’histoire, ont imité autant que le burin le peut faire, ce désordre pittoresque & ce mélange de travail que l’eau forte produit avec tant de succès.
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Laissons donc la Gravûre au Burin briller dans l’exécution des portraits où l’eau forte n’est pas si heureuse, & réservons-la pour les morceaux d’histoire où elle répand plus de goût & de facilité, & pour le petit à qui elle donne un esprit & un caractere de dessein que le Burin auroit bien de la peine à imiter.
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Laissons donc la Gravûre au Burin briller dans l’exécution des portraits où l’eau forte n’est pas si heureuse, & réservons-la pour les morceaux d’histoire où elle répand plus de goût & de facilité, & pour le petit à qui elle donne un esprit & un caractere de dessein que le Burin auroit bien de la peine à imiter. Au lieu de nous proposer pour modéle, en gravant à l’eau forte, des Estampes gravées au burin avec une grande pureté, (comme le conseille le M. Bosse) ce qui ne nous inspireroit que de la froideur ; mettons-nous plûtôt devant les yeux des morceaux des excellens Maîtres dont on vient de parler, ou même des eaux fortes pures des Peintres qui ont gravé, comme Benedette de Castillionne, Rimbrant, Berghem, &c. ou encore de nos Peintres modernes dont plusieurs ont gravé avec un esprit que les plus habiles Graveurs auroient peine à égaler.
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Car quoique le Graveur doive garder beaucoup plus d’ordre qu’il n’y en a dans ces sortes d’ouvrages à cause de la nécessité où il est de terminer ses eaux fortes avec le Burin ; néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.
BERCHEM, Nicolaes the Younger
CASTIGLIONE, Giovanni Benedetto (il Grecchetto)
REMBRANDT (Rembrandt Harmensz van Rijn)
On constate ici une connotation positive du terme "moëlleux" associé à la "manière excellente"
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néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.
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Au lieu de nous proposer pour modéle, en gravant à l’eau forte, des Estampes gravées au burin avec une grande pureté, (comme le conseille le M. Bosse) ce qui ne nous inspireroit que de la froideur ; mettons-nous plûtôt devant les yeux des morceaux des excellens Maîtres dont on vient de parler, ou même des eaux fortes pures des Peintres qui ont gravé, comme Benedette de Castillionne, Rimbrant, Berghem, &c. ou encore de nos Peintres modernes dont plusieurs ont gravé avec un esprit que les plus habiles Graveurs auroient peine à égaler. Car quoique le Graveur doive garder beaucoup plus d’ordre qu’il n’y en a dans ces sortes d’ouvrages à cause de la nécessité où il est de terminer ses eaux fortes avec le Burin ; néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.
BERCHEM, Nicolaes the Elder
CASTIGLIONE, Giovanni Benedetto (il Grecchetto)
REMBRANDT (Rembrandt Harmensz van Rijn)
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L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.
Cochin évoque ici l'arrangement des tailles
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REMARQUE
Le Vernis dur n’est plus en usage ; on l’a abandonné tout-à-fait pour se servir du Vernis mol sur lequel M. Bosse s’est contenté de dire très-peu de chose, comme n’étant pas beaucoup usité de son tems : c’est sur ce Vernis mol qu’on s’est principalement étendu dans cette nouvelle édition ; on y trouvera la maniere de s’en servir pour graver à l’Eau forte, détaillée avec autant de soin que M. Bosse avoit fait celle au Vernis dur, & outre cela des principes de la gravûre pour les Commençans, qui leur faciliteront les moyens de se perfectionner dans la Pratique de ce bel Art.
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REMARQUE
(...)
Vernis dur dont Callot se servoit, appellé communement Vernis de Florence. (...)
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[n.d.r. voir ce passage dans son ensemble]
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M. Langlois, faiseur d’instrumens de Mathématiques, célébre par sa grande capacité, a inventé & perfectionné une espece de machine extrêmement commode pour réduire les desseins de grand en petit, & de petit en grand, & pour les copier sans sçavoir dessiner. Cet instrument s’appelle le Singe, à cause de la propriété qu’il a d’imiter toutes sortes de tableaux & desseins ; ceux qui ne sçavent pas beaucoup dessiner se serviront avec succès de cet instrument.
On peut aussi avoir recours au Livre intitulé les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, qui ne seront point inutils [sic] [p. 61 115] aux Artistes. On en vient de faire une nouvelle édition augmentée considérablement, qui se vend chez le même Libraire qui a imprimé celui-ci.
Cochin évoque ici la manière de réduire un tableau, ou un dessin pour une meilleure représentation en gravure. Pour cela, il préconise l'utilisation d'un singe ou d'un compas mathématique. Il fait par ailleurs référence à l'ouvrage : Les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, afin de réaliser au mieux cette méthode.
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Cochin évoque ici la manière de réduire un tableau, ou un dessin pour une meilleure représentation en gravure. Pour cela, il préconise l'utilisation d'un singe ou d'un compas mathématique. Il fait par ailleurs référence à l'ouvrage : Les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, afin de réaliser au mieux cette méthode.
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S’il est nécessaire que l’estampe vienne du même sens que le tableau ou dessein original, ce qu’on est obligé de faire quand il y a des actions qui doivent se faire quand il y a des actions qui doivent se faire de la main droite & qui viendroient à gauche sur l’estampe, si l’on gravoit sur le cuivre du même sens que l’original, alors il faut contr’épreuver tout de suite son trait sur le cuivre sans le faire d’abord décalquer sur le papier blanc, comme on l’a dit ci-dessus, & l’on peut en ce cas dessiner ce trait avec de la mine de plomb qui marquera assez sur le vernis, mais qui ne le feroit pas si bien sur le papier, & qui d’ailleurs ne pourroit contr’épreuver deux fois. De cette façon l’estampe viendra du même sens que le tableau, mais on est obligé alors de graver au miroir, comme nous l’expliquerons ci-après. Si l’on veut faire le même en calquant son trait sur la planche sans être obligé de la contr’épreuver, il faut le dessiner sur le papier verni & retourner ce papier de façon que le côté dessiné regarde la planche, & ayant mis entre deux, comme ci-dessus, un papier rougi par derriere avec de la sanguine, on calque son trait ainsi retourné dans le sens contraire, afin qu’il vienne du bon sens sur l’estampe.
Pour graver au miroir, quand le trait est décalqué sur le cuivre dans le sens opposé à l’original, il faut présenter le tableau ou dessein devant un miroir, & le placer entre vous & le miroir de façon qu’il vous tourne le dos, & qu’il regarde la glace, alors vous l’y verrez du même sens qu’il est marqué sur le cuivre. Au surplus ceci ne se pratique que quand on grave du petit, car cela deviendroit [p. 62 112] trop incommode quand il s’agit de quelque tableau ou dessein un peu grand.
De quelque façon qu’on s’y soit pris, d’abord que le trait est marqué sur le vernis, il faut le refondre pour empêcher que ce trait ne s’efface. [...]
De cette façon l’estampe viendra du même sens que le tableau, mais on est obligé alors de graver au miroir, comme nous l’expliquerons ci-après. Si l’on veut faire le même en calquant son trait sur la planche sans être obligé de la contr’épreuver, il faut le dessiner sur le papier verni & retourner ce papier de façon que le côté dessiné regarde la planche, & ayant mis entre deux, comme ci-dessus, un papier rougi par derriere avec de la sanguine, on calque son trait ainsi retourné dans le sens contraire, afin qu’il vienne du bon sens sur l’estampe.
Pour graver au miroir, quand le trait est décalqué sur le cuivre dans le sens opposé à l’original, il faut présenter le tableau ou dessein devant un miroir, & le placer entre vous & le miroir de façon qu’il vous tourne le dos, & qu’il regarde la glace, alors vous l’y verrez du même sens qu’il est marqué sur le cuivre. Au surplus ceci ne se pratique que quand on grave du petit, car cela deviendroit [p. 62 112] trop incommode quand il s’agit de quelque tableau ou dessein un peu grand.
La méthode consiste à graver en utilisant un miroir (lié aux techniques de report d’un dessin sur la plaque à graver)
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SECONDE PARTIE, Principes de la Gravûre à l’Eau Forte, nécessaires à ceux qui veulent se perfectionner dans cet Art
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Après tous les préparatifs que le sieur Bosse vient de détailler sur la maniere de graver au vernis dur, & au vernis mol qui est présentement le plus en usage, il ne sera pas hors de propos d’y ajouter une espece de théorie qui puisse faciliter aux Commençans les moyens de se perfectionner dans cet Art. C’est ce qui nous a engagé à joindre ici quelques principes nécessaires à ceux qui désirent faire leur talent principal de la Gravûre, & apprendre à préparer une Eau forte avec goût & de façon qu’elle se puisse aisément retoucher au Burin : ceux qui ne sont point à portée d’avoir facilement de bons Maîtres trouverons ici dequoi y suppléer, & ceux qui en ont, liront avec fruit cet ouvrage qui leur remettra devant les yeux les leçons qu’on leurs aura données, & qui s’échappent aisément de la mémoire. A l’égard de ceux qui gravent pour leur [p. 68 122] plaisir & qui veulent laisser leur planches [sic] dans l’état ou l’Eau forte les met, quoiqu’il semble qu’ils puissent graver avec plus de licence, ils y trouveront néanmoins des régles générales, qu’il leur est essentiel de sçavoir, & dont il est bon de ne se point écarter.
Nous supposons que la planche est toute préparée & que l’on a eu soin de calquer son trait sur le vernis, & d’y marquer aussi la terminaison des ombres & des demi-teintes : il ne faut pas négliger de faire ce calque soi-même, afin qu’il soit le plus correct possible. Car quoiqu’il soit facile de le corriger en gravant, il vaut beaucoup mieux en être sûr, pour ne point avoir à tâtonner : d’ailleurs n’échappe-t’il pas assez de fautes involontaires malgré les soins que l’on prend, sans s’exposer encore à en faire par sa négligence ?
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il ne faut pas négliger de faire ce calque soi-même, afin qu’il soit le plus correct possible. Car quoiqu’il soit facile de le corriger en gravant, il vaut beaucoup mieux en être sûr, pour ne point avoir à tâtonner
La Gravûre differe du Dessein, en ce que dans celui-ci on commence par préparer des ombres douces, & frapper ensuite les touches par dessus : au lieu que dans la Gravûre on met les touches d’abord, après quoi on les accompagne d’ombres, par ce qu’on ne rentre point les tailles au vernis mol qui n’a point assez de résistance pour assûrer la pointe & faire qu’elle ne sorte point du trait déjà fait.
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[...] Il faut aussi accompagner ces traits, soit de quelques points si c’est de la chair, soit de quelques tailles ou hâchures si ce sont des draperies, afin qu’ils ne soit point maigres & secs étans tout seuls. La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles
Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.
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[...] Il faut aussi accompagner ces traits, soit de quelques points si c’est de la chair, soit de quelques tailles ou hâchures si ce sont des draperies, afin qu’ils ne soit point maigres & secs étans tout seuls. La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles : c’est pourquoi il faut toujours avoir dans l’esprit de chercher la maniere la plus grasse qu’il est possible. Comme on ne peut pas faire un trait gras & épais qui ne soit en méme tems très-noir, pour imiter le moëlleux du pinceau ou crayon qui les fait larges & neanmoins tendres, on est obligé de se servir de plusieurs traits legers l’un à côté de l’autre, ou de points tendres pour accompagner ce qui est tracé d’une petite épaisseur d’ombre qui l’adoucisse. Il faut observer la même chose dans les touches des ombres, & avoir soin que les tailles du milieu d’une touche soyent plus appuyées que celles des extrémités ; on gravera ensuite les ombres par des hachûres rangées avec égalité.
La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles : c’est pourquoi il faut toujours avoir dans l’esprit de chercher la maniere la plus grasse qu’il est possible. Comme on ne peut pas faire un trait gras & épais qui ne soit en méme tems très-noir, pour imiter le moëlleux du pinceau ou crayon qui les fait larges & neanmoins tendres, on est obligé de se servir de plusieurs traits legers l’un à côté de l’autre, ou de points tendres pour accompagner ce qui est tracé d’une petite épaisseur d’ombre qui l’adoucisse. Il faut observer la même chose dans les touches des ombres, & avoir soin que les tailles du milieu d’une touche soyent plus appuyées que celles des extrémités ; on gravera ensuite les ombres par des hachûres rangées avec égalité.
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La Gravure pouvant être regardée comme une façon de peindre ou dessiner avec des hachûres, la meilleure maniere & la plus naturelle de prendre ses tailles est d’imiter la touche du pinceau, si c’est un tableau que l’on copie :