CHAIR (n. f.)

CARNE (ita.) · FLESH (eng.) · VLEES (nld.)
TERM USED IN EARLY TRANSLATIONS
CARNE (ita.) · FLESH (eng.)
FEND, Mechthild, Fleshing out Surfaces. Skin in French Art and Medicine, 1650-1850, Manchester, Manchester University Press, 2017.
FEND, Mechthild, « Die Substanz der Oberfläche: Haut und Fleisch in der französischen Kunst und Kunsttheorie des 17. bis 19. Jahrhunderts », dans FEND, Mechthild et BOHDE, Daniela (éd.), Weder Haut noch Fleisch: Das Inkarnat in der Kunstgeschichte, Berlin, Gebr. Mann Verlag, 2007, p. 87-104.
LEHMANN, Anne-Sophie, « Hautfarben : zur Maltechnik des Inkarnats und der Illusion des lebendigen Körpers in der europäischen Malerei der Neuzeit », dans GEISSMAR-BRANDI, Christoph et HIJLYA-KIRSCHNEREIT, Irmela (éd.), Geschiter der Haut, Frankfurt am Main, Stroemfeld - Nexus, 2002, p. 93-128.
PARÉ, Alix, Peindre la chair. Rendu des carnations et image du corps dans la peinture française des années 1680-1740, Mémoire de recherche, École du Louvre, 2008.
REINEKE, Anika, RÔHL, Anne, KAPUSTKA, Mateusz et WEDDIGEN, Tristan, Textile Terms: A Glossary, Berlin, Gebr. Mann Verlag, 2017.

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9 sources
13 quotations

Quotation

Flouet, c'est tenir sa Peinture bien nourrie de couleurs, & arrondie qui est le vray moyen de representer la chair potelée, & proprement ce qu'on dit en Italien Morbido e Pastoso.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

L’homme qui naist sous elle [Lune] a les yeux presque noirs,
Et pour réver tout seul cherche des promenoirs.
Sa stature est fort haute et pour sa chaire poupine
Mesle à beaucoup de blanc un peu de Lacquefine.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

S'estant donc proposé la Nature comme l'objet de ses [ndr : Rubens] études & de ses reflexions, il a observé exactement & avec un jugement admirable le véritable caractère des choses, ce qui les distingue les unes des autres, & qui les fait paroistre ce qu'elles sont à nos yeux : Et il a poussé cette connoissance si loin, qu'avec une hardie, mais sage & sçavante exagération de ce caractere, il a rendu la Peinture plus vivante & plus naturelle, pour ainsi dire, que le Naturel mesme. C'est dans la veuë de cet heureux succès qu'il ne s'est pas mis si fort en peine de se remplir l'idée des contours Antiques, dont la pluspart estant imitez avec trop d'affectation, portent avec eux une idée de pierre qu'ils communiquent infailliblement aux Ouvrages de ceux qui s'y sont trop attachez, au lieu que les contours de Rubens donnent au nud un véritable caractère de chair, telle qu'il l'a voulu representer selon les âges, les sexes & les conditions. Car on voit cette diversité dans les sujets qui la demandent ; [...].

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CONCEPTS ESTHETIQUES → antique
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

Quotation

XXXV.
L’on fait une Draperie couleur de Chair, en commençant par mette une Couche faite de Blanc, de Vermillon & de Laque tres-pasle, & faisant les Ombres avec les mesmes Couleurs, y mettant moins de Blanc. Il faut faire cette Draperie fort pasle & fort tendre, par ce qu’elle doit estre d’estoffe legere, & mesme les Ombres n’en doivent pas estre obscures.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Quotation

Dans le Païsage, la figure y tient le premier rang ; pour pouvoir la peindre au nature, il faut sçavoir les carnations, parce que les teintes des visages se trouvent differentes, même les chairs ; ce qui m’oblige de vous les distinguer.
Pour faire les chairs ordinaires, prenez un peu de vermillon & de carmin […].
Pour faire une teinte de chairs plus delicates, […].

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GENRES PICTURAUX → paysage
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

A l’égard de la couleur, vous êtes à portée de même, & plus encore d’en sentir les beautez, puisqu’il ne s’agit que de comparer le vrai avec l’imitation. Quand vous verrez de la chair qui ressemblera à de la chair, dites hardiment : voilà qui est bien colorié. Lorsqu’au contraire vous verrez dans un tableau de la chair, dans laquelle vous distinguerez le verd, le rouge, le gris ou le jaune ; moquez-vous des grands mots de couleurs brillante, rousse, dorée, suave, precieuse, allez votre chemin : demander la couleur de la chair.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

Sa Venus au bain [ndr : de Vanlo] est tout à fait intéressante ; de même que la Vestale ; quoique ce dernier tableau soit un peu sec. On sent bien que M. Vanlo a voulu y fatiguer ses chairs le moins qu’il lui étoit possible, pour mieux exprimer le caractere de virginité qui étoit de son sujet ; mais on s’apperçoit en même-tems que la nature ne lui a pu servir en cette occasion ; & qu’il n’a pu peindre cet objet que d’idée, & comme un beau fantôme, que lui retraçoit son imagination. La question étoit de chercher un beau modele de Vierge, quelque part ; mais en bonne vérité où le trouver !

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CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

Ce n’est pas, néanmoins, que cet Auteur [ndr : Pierre] n’ait son agrément, mais qui est bien supérieur à ce qu’on appelle purement de ce nom. Sa Psyché est tout ce qu’on peut voir de plus aimable : toutes les figures qui entrent dans ce Tableau y ont une noblesse & une élégance singulieres. On ne sauroit trop admirer l’effort que le Peintre a du faire pour nous représenter Psyché avec tant de graces, après celle que son pinceau avoit si libéralement prodiguées à toutes les figures qui composent ce Tableau. C’est surtout avec la derniere volupté que l’œil contemple la fraîcheur & le beau moëlleux des chairs qu’a peintes ici M. Pierres, qui rendent par leur fraïcheur & leur élasticité tout le charme du nud féminin.
[...] La Présentation au Temple, qui est le dernier Tableau de M. Pierres, est peinte avec toute la sagesse & la noble  pauvreté qui conviennent à ce sujet.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

Des Chairs d’hommes & de femmes.
Il faut passer la seconde taille plus ou moins lozange sur la premiere selon la nature & le caractere des choses que l’on grave ; les chairs, par exemple, doivent être demi lozange, afin que la troisiéme venant à les terminer, y fasse un heureux effet, ce qu’elle ne feroit pas sur des hachûres quarrées. On ne doit pas cependant y outrer le lozange, parce que les angles ou ils se joignent deviendroient trop noirs, leau forte y agissant plus qu’ailleurs ; cela produiroit une Gravûre brute & trop salie par la quantité de toisiémes ou de points qu’il faudroit y mettre dans les carreaux pour en faire des tons unis. Car en gravant [p. 72 126] à l’Eau forte, on ne doit jamais perdre de vûe la façon dont le Burin doit terminer, & il faut prévoir dès le commencement l’effet que fera le travail qu’on a dessein d’y joindre. Au reste le plus ou moins lozange dépend du caractere des chairs que l’on a traiter : si ce sont des chairs d’hommes musclés, & qui soient peintes d’une maniere peu frappée, il n’y a point de danger de les ébaucher par couches méplates un peu lozanges, au lieu que les chairs de femmes demandent un travail plus uni qui puisse représenter la douceur de leur peau, ce qu’un trop grand lozange interromperoit. Il y a cependant d’habiles gens qui soutiennent au contraire que le lozange est moins à craindre dans les chairs délicates que dans celles qui demandent plus de couleur, ayant éprouvés lorsqu’ils vouloient pousser des tons un peu vigoureux, que le trop grand lozange devenoit incommode.
Quoiqu’il en soit, il faut y éviter surtout les hachûres quarrées qui ne sont bonnes que pour représenter le bois ou la pierre. Il est vrai qu’il se trouve d’excellens morceaux de gravûre ou l’on voit beaucoup de quarré, mais cela n’empêche point que ce ne soit une mauvaise maniere, & ce n’est assurément pas en cela qu’ils sont admirables, car la maniere lozange est beaucoup plus moëlleuse. Les plus beaux exemples que l’on puisse en donner sont les Estampes de Corneille Vischer, dont le goût de gravûre est sans contredit le meilleur que l’on puisse imiter.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Quotation

De la façon de pointiller les Chairs.
Les points que l’on met à l’Eau forte pour faire les demi-teintes des chairs, peuvent se mettre de différentes façons, qui toutes sont un effet assez heureux quand ils sont empâtés avec goût. On en met dans les chairs d’homme de long au bout ou entre les tailles, ou de ronds qu’on allonge ensuite au Burin, ou bien l’on se contente quand on retouche de les entre-mêler avec des longs. Dans les chairs de femme, on n’en met à l’Eau forte que de ronds ; les longs feroient un travail trop brut : mais afin qu’ils ne soient pas parfaitement ronds ce qui feroit une régularité froide & sans goût, on tient sa pointe un peu couchée en les piquant. Si l’on grave de grandes figures on se servira d’une grosse pointe qui rendra les points plus nourris.
Au reste les points ronds doivent être mis dès l’Eau forte, cela leur donne un certain brut pittoresque qui mêlé avec la propreté des points longs que l’on ajoûte au Burin, fait un meilleur effet que ne feroient ces mêmes points ronds mis simplement à la pointe séche. C’est pourquoi dans les belles têtes gravées purement au Burin, l’on n’en voit que de longs, les ronds n’étant beaux que quand ils sont préparés à l’Eau forte. On les arrange à peu près comme les briques d’un mur, plein sur joint ; surtout il faut y garder beaucoup d’ordre ; car soit que l’épaisseur du verni trompe, ou que cela vienne de quelqu’autre cause, il arrive lorsque la planche [p. 77 131] est mordue que malgré toute la régularité qu’on y avoit observé, ils sont encore mal arrangés ; & si l’on n’avoit soind d’y remedier en les rentrant au Burin, cela feroit une chair qui sembleroit galeuse. On ne doit point approcher les points à l’Eau forte trop près de la lumiere, mais on laisse de la place pour en mettre au Burin ou à la pointe seche de plus tendres qui conduisent insensiblement jusqu’au blanc. On met aussi quelquefois des points longs, ou plutôt de petits bouts de tailles extrêmement courtes, dans les draperies lorsqu’on veut représenter des étoffes très-grossieres : & pour leur donner ce brut pittoresque qui les distingue des autres ouvrages plus unis, on tremblotte un peu la main en conduisant sa taille, ce qui donne un grignotis qui fait fort bien, mais il faut que cela se fasse sans affectation.
On prendra bien garde quand on gravera quelque chose de grand, de ne point former les touches des chairs soit dans les têtes, les mains ou ailleurs, avec des tailles si proches l’une de l’autre que l’Eau forte puisse les faire crevasser, & n’en faire qu’une de plusieurs : cela produiroit un noir aigre & poché qu’on a bien la peine de raccommoder, c’est pourquoi on préparera les chairs tendrement, & on les laissera mordre fort peu, pour pouvoir les finir facilement & d’une maniere douce & aimable avec le burin.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure