APELLES ( IVe siècle av. J.-C. )

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

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Mais que dirons-nous de ce coup de Maistre du mesme Appelle qui luy acquit le renom du plus grand Peintre de son siecle, de cette adresse admirable avec laquelle il fendit un trait fort délié par un trait plus delié encore.
LE PRESIDENT. Je voy que vous n'entendez pas quel fut le combat d'Appelle & de Protogene. Vous estes dans l'erreur du commun du monde qui croit qu'Appelle ayant fait un trait fort delié sur une toile, pour faire connoistre à Protogene que ce ne pouvoit pas estre un autre Peintre qu'Appelle qui l'estoit venu demander, Protogene avoit fait un trait d'une autre couleur qui fendoit en deux celuy d'Appelle, & qu'Appelle étant revenu il avoit refendu celuy de Protogene d'un trait encore beaucoup plus mince.
[...] Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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Apelles heeft oock dinghen gheschildert die niet en konnen af-gemaelt worden; als naemelick donder-slaeghen, weder-licht, blixem. Plin. Xxxv.10. Soo dat Theophylactus Simocasus hier op een oogh schijnt ghehadt te hebben, als hy seght {epist. 37}, dat de Schilders sich onder-winden soodaenighe dinghen uyt te drucken, die de Nature selver niet en kan ghedoen.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Comme Appelle accusa de fort bonne grace tous ceux de son art de cette trop grande exactitude, & de n’avoir pas assez fait estat dans leurs travaux de la Charité des Grecs, se moquant de Ptotogène [sic] qui ne pouvoit oster sa main de dessus un tableau, memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam : Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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LE PRESIDENT. Si la Sculpture moderne l’emporte si fort sur la Sculpture antique par cet endroit que vous marquez [ndr : un bas-relief de François Anguier], il faut que la Peinture d’aujourd’huy soit bien superieure à celle des Anciens, puisqu’enfin c’est d’elle que la Sculpture a appris tous ces secrets de degradation & de perspective.
L’ABBE. J’en demeure d’accord, & la consequence en est tres juste ; mais puisqu’il s’agit presentement de la Peinture, il faut commencer par la distinguer suivant les divers temps où elle a fleuri, & en faire trois classes : Celle du temps d’Appelle, de Zeuxis, de Timante, & de tous ces grands Peintres dont les Livres rapportent tant des merveilles ; Celle du temps de Raphael, du Titien, de Paul Veronese, & de plusieurs autres excellens Maistres d’Italie, & Celle du siecle où nous vivons.
Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent. Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

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Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind.

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Are. On doit donc choisir la forme la plus parfaite, imitant en partie la nature. C’est ce que faisoit Apelles, qui peignit d’apres Phriné la plus fameuse courtisane de son tems, sa celebre Venus sortant de la mer (de la quelle Ovide dit, que si elle n’eut pas eté peinte par Apelles, elle seroit toujours restée cachée dans les eaux.) Tout ainsi Praxitele fit la belle statue de la Venus Gnidienne d’apres la meme Phriné. On doit en partie imiter les belles statues de marbre ou de bronze des anciens. Quiconque goutera & possedera pleinement les perfections admirables de ces statues, pourra corriger a coup sûr plusieurs defauts de la nature meme, & rendre ses peintures agreables, & estimables a tout le monde, parceque l’antique renferme toute la perfection de l’art, & peut servir de modelle a toute sorte de beauté.

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[…] L'ABBE. Tous ces effets merveilleux de la peinture antique, n’empeschent pas que je ne persiste dans ma proposition ; car ce n'est point la belle ordonnance d'un tableau, la juste dispensation des lumières, la judicieuse degradation des objets, ny tout ce qui compose cette troisiéme partie de la peinture dont j'ay parlé, qui touche, qui charme & qui enleve. Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.
En effet, combien y a-il de personnes qui voudroient qu'on fist les personnages éloignez aussi forts & aussi marquez que ceux qui sont proches ; afin de les mieux voir, qui de bon cœur quitteroient le Peintre de toute la peine qu'il se donne à composer son tableau & à dégrader les figures sélon leur plan ; mais sur tout qui seroient bien aises qu'on ne fist point d'ombres dans les visages & particulièrement dans les portraits des personnes qu'ils aiment.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent. Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

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Appelles added the last Perfection [ndr : à la peinture] by the help of Geometry and Arithmetick ; without which, as his Master Pamphilus would say, no Man could prove a Painter ; and Bernard Lovinus would say, a Painter without Perspective was like a Doctor without Grammer.
            And indeed it is a Compound of many Arts ; as
Geomitry, Architecture, Arithmetick, Perspective, &c. for a Painter cannot perform without Lines, Superficies, Profunditys, Thickness and Geometricall Figures.
            Nor can
Churches, Pallaces, Amphiteaters, Bridges, Ports and other Buildings be Represented without Skill in Architecture.
            Nor without
Arithmetick can he Understand the Proportion of Mans Body, to take it in any fise ; or the Proportion of other Things either Artificiall or Naturall.

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Appelles added the last Perfection [ndr : à la peinture] by the help of Geometry and Arithmetick ; without which, as his Master Pamphilus would say, no Man could prove a Painter ; and Bernard Lovinus would say, a Painter without Perspective was like a Doctor without Grammer.
            And indeed it is a Compound of many Arts ; as
Geomitry, Architecture, Arithmetick, Perspective, &c. for a Painter cannot perform without Lines, Superficies, Profunditys, Thickness and Geometricall Figures.
            Nor can
Churches, Pallaces, Amphiteaters, Bridges, Ports and other Buildings be Represented without Skill in Architecture.
            Nor without
Arithmetick can he Understand the Proportion of Mans Body, to take it in any fise ; or the Proportion of other Things either Artificiall or Naturall.

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Preface au Lecteur de la Peinture, p. 301
Mais il save [ndr. le peintre] tromper l'œil ou tout n'y vaut rien ; il faut qu'on croye que cela est creux & enfoncé, cela enflé & boursoufflé, cecy hors d'œuvre, & qui se jette entierement hors du Tableau
, cecy esloigné d'une bonne lieuë, cela d'une haute extréme, cela percé à jour, cecy tout vif & plein de mouvement, que ce cheval court & escume à force de souffler, que ce chien jappe voirement, que ce sang coule de la playe, que les nuées tonnent en effet, & que les nuages sont tous decousus à force d'esclairs qu'on void sortir coup sur coup, que cet homme rend l'esprit & que l'on void l'ame sur ses levres, que les oyseaux bequettent ces raisins & se cassent le bec, qu'on crie haut qu'il faut oster le rideau afin de voir ce qui est caché, cependant il n'y a rien de tout cela, car tout cela est plat, pres, bas, mort & contrefait si artistement qu'il semble que la nature se soit couché là dessus pour aider le peintre à nous tromper finement, & se moquer de nostre bestise. 
De là vient qu'un d'eux [ndr. les peintres] escrit en ses ouvrages,
Res ipsa, c'est la chose mesme, non pas la Peinture; & l'autre, Fecit Apelles, ce qu'il mit en trois pieces où il surmonta l'art, la nature, & soy-mesme. Aux autres il mettoit Faciebat, c'est à dire, il faisait, & à dessein n'a point voulu achever de peur de faire rougir la nature qui se fut confessée vaincue par l'esprit  & par l'art. 

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Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

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Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.

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Il [ndr : Pline] loüe un autre Peintre d'avoir fait une Minerve dont les yeux estoient tournez vers tous ceux qui la regardoient. Qui ne sçait que quand un Peintre se fait regarder de la personne qu'il peint, le Portrait tourne aussi les yeux sur tous ceux qui le regardent en quelque endroit qu'ils soient placez. Il dit qu’Appelle fit un Hercule, qui estant veu par le dos ne laissoit pas de montrer le visage ; l'étonnement avec lequel il dit qu'on regarda cet Hercule, est une preuve que jusques-la les Peintres avoient fait leurs figures tout d'une piece & sans leur donner aucune attitude qui marquast du mouvement &, de la vie.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Quelle beauté, quel décore, quelle grace dans le Tableau de Rébecca ? L’on ne peut pas dire du Poussin ce qu’Apelle disoit à un de ses disciples, que n’ayant pû peindre Helene belle, il l’avoit representée riche {Clem. Alex.}. Car dans ce Tableau du Poussin la beauté éclate bien plus que tous les ornemens, qui sont simples & convenables au sujet. Il a parfaitement observé ce qu’il appelle décore ou bienseance, & sur tout la grace, cette qualité si précieuse & si rare dans les ouvrages de l’art aussi-bien que dans ceux de la nature.

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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{2. Proportion.} Of Proportion.
It’s called
Symmetry, Analogie, Harmony.
Proportion is of any part ; a Hand fitted to the bigness of a body.
Symmetry is the proportion of each finger to that bigness ; Analogie or Harmonie. All together in one ; a Concinnity of Harmony ; A congruence, or equality of parts and members ; or due connexion, in reference of all parts, one to the other, and all to the whole, which produceth a perfect Nature, or beauty.
{Of true beauty.} Whatsoever is made, after a conceived or Intelligible thing is Fair.
Whatsoever is made, after a thing generated, is not faire.
Beauty, may be perfectly conceived.
{Naturall and conceived.} True
beauty in any Creature, is not to be found ; being full of deformed disproportions, far remote from truth ; for sinne is the cause of deformity.
Beauty in truth, is, where Joynts and severally every part with the whole, hath its due proportion and measure ; and therefore hard to describe.
Beauty should consist but of One at the most ; and deformity contrariwise, measured by many : for the eeven Lineaments and due proportion of fair and goodly Persons, seem to be created and framed, by the judgement and sight of one form alone, which cannot be in deformed persons ; as with blub cheeks, bigg eyes, little nose, flat mouth, out chin, and brown skin, as it were moulded from many ill faces ; and yet some one part considered about, to be handsome, but altogether become ugly ; not for any other cause, but that they may be Lineaments of many fair women, and not of One. The Painter, did well, to procure all the fair maides naked, to judge of each severall and single perfection ; and so from the Idea of fancie, to shape a Venus. {By the Idea.}
{His brave and unpattern’d and unparallel’d Piece of
Artimesia.} And thus, by often exercise from severall beauties, you shall fixe a conceived Idea is your mind of accomplished Pulchritude grace or comlinesse, according to the true rule of Symmetry. […].
A
Beauty may be expressed by a comely body, though not of delicate features ; rather dignity of presence, than beauty of aspect. It is seen at the first sight. Favour more than Colour ; and yet that of decent and gratious motion, more than that of favour.
There is no excellent
beauty without some strangeness in the proportion, and both Apelles and Albert Durer, doe but trifles out the time and trouble us ; The One to compose a Personage by Geometricall proportion ; and Apelles by collecting the best parts from severall faces, to make one excellent. Indeed a Painter may make a better personage than ever was seen since the first Creation ; which he does by a kind of felicity, not by Rule, as a Musician doth his French Aires, not by true Method of setting.
[…].

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[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

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La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun

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And it is obvious to any, that have any competent Talent in Painting, how impossible it must needs be, such rare and extraordinary Paintings as seems to emulate and challenge Nature herself in all her luxuriant Variety of Composures and Colour, should ever be express’d, or accomplish’d by the slender Assistance, only of those four Species of Colours  [ndr : white, yellow, red, black] ; and unless they were as comprehensive as the four Elements, out of which they tell us all Things do emerge ; […] yet it will come short of giving a full Answer to the Objection ; for, without Blew, the derivative Colours cannot be made up to furnish and compleat our Painters Palate ; and without this, how can it be imagin’d he [ndr : Apelle] was able to approach the Beauty of the Heavens in the glorious Representation of the Sky ? How could he ever expect to parallel the variegated and unparallel’d Complections of the glorious Gayeties of the Gardens ? In Absence of this, the Fields and sprightly Plants must loose their Verdure, and appear only in their Autumnal Dress ; and his Venus herself must fall short of what she was, for want of a Tenderness to express the Delicacy of her azured Veins.

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Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

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Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Appelles avoit donc plus de soin d’observer le Vrai dans ses portraits, que de les embellir en les altérant.
En effet le Vrai a tant de charmes en cette occasion, qu’on le doit toujours préferer au secours d’une beauté étrangere. Car sans le Vrai les portraits ne peuvent conserver qu’une idée vague & confuse de nos amis, & non pas un véritable caractere de leur personne.

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Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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[…] L'ABBE. Tous ces effets merveilleux de la peinture antique, n’empeschent pas que je ne persiste dans ma proposition ; car ce n'est point la belle ordonnance d'un tableau, la juste dispensation des lumières, la judicieuse degradation des objets, ny tout ce qui compose cette troisiéme partie de la peinture dont j'ay parlé, qui touche, qui charme & qui enleve. Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.

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Aussi ne voit on personne qui rétablisse la beauté des couleurs, que les Romains nomment Cromatique, & qui la remettent en vigueur au point que l’a porta Zeuxis, lorsque par cette partie, qui est pleine de charmes & de magie & qui sçait si admirablement tromper la veuë qui se rendit égal au fameux Apelles, le Prince des Peintres, & qu’il merita toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde.
Et comme cette partie [ndr la chromatique], que l’on peut dire la fin & le dernier achevement de la Peinture, est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire sa sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard, & cette tromperie l’ayent jamais deshonoré, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite ; il sera donc tres avantageux de la connoistre.

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{Couleur ou Cromatique. Troisième Partie de la Peinture.}
Aussi ne voit-on personne qui rétablisse *la † CROMATIQUE, & qui la remette en vigueur au point que la porta Zeuxis, lors que par cette Partie, qui est pleine de charmes & de magie, & qui sçait si admirablement tromper la veuë, il se rendit égal au fameux Apelle, le Prince des Peintres, & qu’il merita pour toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde. Et comme cette partie (que l’on peut dire l’ame & le dernier achevement de la Peinture) est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire *sa Sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard & cette tromperie l’ayent jamais deshonorée, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite : Il sera donc tres-avantageux de la connoistre.

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Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

Quotation

Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

Quotation

{Couleur ou Cromatique. Troisième Partie de la Peinture.}
Aussi ne voit-on personne qui rétablisse *la † CROMATIQUE, & qui la remette en vigueur au point que la porta Zeuxis, lors que par cette Partie, qui est pleine de charmes & de magie, & qui sçait si admirablement tromper la veuë, il se rendit égal au fameux Apelle, le Prince des Peintres, & qu’il merita pour toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde. Et comme cette partie (que l’on peut dire l’ame & le dernier achevement de la Peinture) est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire *sa Sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard & cette tromperie l’ayent jamais deshonorée, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite : Il sera donc tres-avantageux de la connoistre.

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[…] he [ndr : Ludovicus Demontiosius ou Jean de Monjosieu] labours to convince us in the Truth of, he distinguishes all the Colours in a Picture in reference to the different Modification of Light upon Bodies, into three Sorts, or rather Degrees, Light, Splendor and Shadow ; in the Light the Colour is Deluted, in the Shadow Saturated, and in the Splendor only the Species of the Colour is truly discern’d ; this Splendor he calls also the Tone, carrying so near an Analogy with the Sence of it in Musick, where it comprehends the Phthonge, the Intervals, the Place of the Voice, and the Tenor ; all which he applies to the Meaning of this Splendor, or Tone in Painting : To these three foregoing Degrees of Colour, he adds a fourth Thing incident, call’d the Harmoge, which is the Commixture, or the curious and insensible Transition of the three Degrees of Colours ; and this, in the Opinion of our Author, is the Interpretation of the famous Contest about the Scissure and Intersection of Lines ; of which, when Apelles had given a Specimen, and Protogenes had seem it, Artem agnovit sed negligentiam Artificis notavit, and therefore took another Pencil, and what was left somewhat too hard and unpleasant in the Union of the Colours, he corrected and made more tender, ‘till Apelles again returning by the Interposition of another Colour, gave it such a Finishing, as left no Place for any further Attempt.

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BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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[…] he [ndr : Ludovicus Demontiosius ou Jean de Monjosieu] labours to convince us in the Truth of, he distinguishes all the Colours in a Picture in reference to the different Modification of Light upon Bodies, into three Sorts, or rather Degrees, Light, Splendor and Shadow ; in the Light the Colour is Deluted, in the Shadow Saturated, and in the Splendor only the Species of the Colour is truly discern’d ; this Splendor he calls also the Tone, carrying so near an Analogy with the Sence of it in Musick, where it comprehends the Phthonge, the Intervals, the Place of the Voice, and the Tenor ; all which he applies to the Meaning of this Splendor, or Tone in Painting : To these three foregoing Degrees of Colour, he adds a fourth Thing incident, call’d the Harmoge, which is the Commixture, or the curious and insensible Transition of the three Degrees of Colours ; and this, in the Opinion of our Author, is the Interpretation of the famous Contest about the Scissure and Intersection of Lines ; of which, when Apelles had given a Specimen, and Protogenes had seem it, Artem agnovit sed negligentiam Artificis notavit, and therefore took another Pencil, and what was left somewhat too hard and unpleasant in the Union of the Colours, he corrected and made more tender, ‘till Apelles again returning by the Interposition of another Colour, gave it such a Finishing, as left no Place for any further Attempt.

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C'est pourquoi Mr. le Poussain qui sçavoit bien choisir les circonstances, & les approprier aux sujets qu'il traitoit, s'en faisoit une regle, disant ordinairement qu'il donnoit à ses Tableaux un mode Frigien ; pour dire qu'il suivoit la seule idée du sujet principal, c'est ce qui se remarque aussi en tous ses Ouvrages, notamment en celui dont on venoit de parler [ndr : Eliézer et Rebecca] [...] ; voilà l'idée du sujet qu'il s'est proposé en cette action, à quoi il a tellement assujetti toutes les parties qui entrent en la composition de cet excellent Ouvrage, qu'il n'y a rien mis qui ne convienne à un sujet Nuptial, tout y est gay, riant, plaisant, & agreable, ayant affecté de ne mêler point en cette compagnie de vieilles femmes, mais seulement de jeunes filles ajustées très proprement & de parfaitement bonne grace, dont les Draperies forment des plis delicats, les couleurs belles, les proportions sweltes, qu'on pouvoit dire qu'il avoit disposé ce Tableau dans le mode Corinthien, comme il disoit souvent, faisant allusion à la pratique des Architectes, lesquels en construisants quelque edifice font dependre de l'ordre qu'ils auront choisi toutes les parties jusqu'au moindre ornement. [...] Que suivant ces exemples & de tous ceux des grands hommes qui ont excellé dans les beaux Arts, comme les Poetes dans leurs fictions & dans leurs Vers, les Orateurs, les Musiciens, lesquels assujettissent toutes les parties de leur composition à l'idée generale de leur sujet, & leur donnent un air si convenable, que tout ensemble exprime une passion ; qu'ainsi les habilles Peintres de l'Antiquité l'avoient pratiqué de même, selon le témoignage de Pline, qui en décrivant un Tableau des amours d'Alexandre de la main dAppelles, [...].

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Il n’y a presque personne qui n’ait quelque inclination pour la Peinture, & qui ne prétende mesme avoir un jugement naturel & un sens commun capables de contrôller les Ouvrages qu’elle produit. Car non seulement les gens de lettres & de condition, qui sont vray-semblablement toûjours les plus raisonnables, se piquent de s’y connoistre ; mais encore le vulgaire se mesle d’en dire son sentiment : si bien qu’il semble qu’elle soit en quelque façon le mestier de tout le monde.

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Siet eens wat meer ghegolden heeft in barmherricheyt te verwecken, een rouwe Schets met Houts-kool op een Muyr getrocken van Appelus, of alle het zoet-vloyende Schrijven van Ovidius? Neen seecker: Appellus dede het stuyr ghesichte van den Coninck Ptolomeo seer haest in een vriendelicke oogh-luyckinghe veranderen, wanneer hy hem een ontwerp maeckte van het Conterfeytsel Plani.

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Apelles plaght de Conterfeytsels van d’een en d’ander soo gantsch ghelijck te maecken, dat de troniebekijckers, diemen Metopocopos ofte Physiognomers noemt, soo wel uyt sijne Schilderyen als uyt het leven selver voorsegghen konden wanner dien afghemaelde persoone soude overlijden. Plin. XXXV.10. Dies heeft sich oock Philophomus vervoordert de reden by te brenghen, waerom goede Schilders de waere ghelijckenisse der naeghebootster dinghen niet wel en konnen missen.

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Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Aussi ne voit on personne qui rétablisse la beauté des couleurs, que les Romains nomment Cromatique, & qui la remettent en vigueur au point que l’a porta Zeuxis, lorsque par cette partie, qui est pleine de charmes & de magie & qui sçait si admirablement tromper la veuë qui se rendit égal au fameux Apelles, le Prince des Peintres, & qu’il merita toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde.
Et comme cette partie [ndr la chromatique], que l’on peut dire la fin & le dernier achevement de la Peinture, est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire sa sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard, & cette tromperie l’ayent jamais deshonoré, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite ; il sera donc tres avantageux de la connoistre.

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Mais ce n'est point là la verité de l'Histoire, le combat fut sur la nuance des couleurs digne sujet de dispute & d'émulation entre des peintres, & non pas sur l’adresse de tirer des lignes. Appelle prit un pinceau & fit une nuance si delicate, si douce & si parfaite, qu'à peine pouvoit-on voir le passage d'une couleur à l'autre. Protogene fit sur cette nuance, une autre nuance encore plus fine & plus adoucie. Appelle vint qui encherit tellement sur Protogene par une troisiéme nuance qu'il fit sur les deux autres, que Protogene confessa qu'il ne s'y pouvoit rien ajoûter.
L'ABBÉ. Vous me permettrez de vous dire que vous avez pris ce galimatias dans le Livre de Ludovicus Demontiosius. Comment pouvez-vous concevoir qu'on peigne des nuances de couleurs, les unes sur les autres, & qu'on ne laisse pas de voir que la dernière des trois est la plus delicate ? [...].

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Pour bien me faire entendre, il faut que je distingue trois choses dans la peinture. La representation des figures, l'expression des passions, & la composition du tout ensemble. Dans la representation des figures je comprens non seulement la juste delineation de leurs contours, mais aussi l'application des vraies couleurs qui leur conviennent. Par l'expression des passions, j'entens les differens caracteres des visages & les diverses attitudes des figures qui marquent ce qu'elles veulent faire, ce qu'elles pensent, en un mot ce qui se passe dans le fond de leur ame. Par la composition du tout ensemble j'entens l'assemblage judicieux de toutes ces figures, placées avec entente, & dégradées de couleur selon l'endroit du plan où elles sont posées. 
Ce que je dis icy d'un tableau où il y a plusieurs figures, se doit entendre aussi d'un tableau où il n'y en a qu'une, parce que les différentes parties de cette figure sont entr'elles ce que plusieurs figures sont les unes à l'égard des autres. Comme ceux qui apprennent à peindre commencent par apprendre à designer le contour des figures, & à le remplir de leurs couleurs naturelles ; qu'ensuite ils s'étudient à donner de belles attitudes à leurs figures & à bien exprimer les passions dont ils veulent qu'elles, paroissent animées, mais que ce n'est qu'après un long-temps qu'ils sçavent ce qu'on doit observer pour bien disposer la composition d'un tableau, pour bien distribuer le clair obscur, & pour bien mettre toutes choses dans les regles de la perspective ; tant pour le trait que pour l’affoiblissement des ombres & des lumieres. 
De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer.

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. [...] qu’ainsi il étoit d’une trés grande consequence de s’étudier à bien connoître la couleur, & de se rendre ses charmes familiers, afin de ne pas s’y laisser surprendre, & de pouvoir étudier le reste avec plus de liberté : qu’un tableau dessigné mediocrement, où les couleurs seroient en tout leur éclat, feroit plus d’agreables effets à la vuë, qu’un autre où le dessein seroit en sa plus parfaite justesse où la couleur seroit negligée, parce que la couleur en sa perfection representoit toûjours la verité & que le dessein ne pouvoit representer que la possibilité. L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere, qu’aussi Zeuxis avoit obtenu autant de louanges par l’intelligence des couleurs, qu’Appellés pour la justesse du dessein : que si comparant l’état auquel se trouve maintenant l’une & l’autre, la couleur avoit cet avantage d’être moins d’écheue, mais plûtôt augmentée par l’usage de l’huile, elle devoit par consequent meriter d’autant plus de loüanges, & qu’étant une partie essentielle pour conduire le Peintre à la perfection de son Ouvrage ; elle devoit être considerée aussi necessaire que le dessein.

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Toutes les couleurs qu’on employe pour la Fraisque, sont bonnes à Huile, hormis le blanc de Chaux, & la poudre de Marbre ; Mais on se sert encore de celles qui suivent. 
Du Blanc de plomb, qui se tire du plomb que l’on enterre : au bout de plusieurs années il se forme du plomb mesme, des escailles qui changent & deviennent un fort beau blanc. Quoy que ce blanc subsiste en peinture il a toujours une mauvaise qualité ; l’huile pourtant le corrige en le broyant sur la pierre. 
De la Ceruse, qui est aussi une roüille de plomb, mais plus grossiere. 
Du Massicot jaune & du Massicot blanc, que l’on fait avec du plomb calciné. 
De l’Orpin. Il s’employe sans calciner & calciné. Pour le calciner on le met au feu dans une boëte de fer, ou dans un pot bien bouché ; mais peu de gens en calcinent, & en employent, parce que la fumée en est mortelle, & qu’il est fort dangereux méme de s’en servir. 
De la Mine de plomb, qui vient des mines de plomb. On s’en sert peu, parce qu’elle est mauvaise & ennemie des autres couleurs. 
Du Cinabre ou Vermillon qui vient des mines de Vif-Argent ; Comme c’est un mineral, il ne subsiste pas à l’air. 
De la Laque qui se fait avec de la Cochenille, ou avec de la Bourre d’Escarlatte, ou du bois de Bresil, ou d’autres differens bois. On en fait de plusieurs especes. Cette Couleur ne subsiste pas à l’air. 
Des Cendres bleuës, & des Cendres vertes : l’on ne s’en sert guere qu’aux Paysages. 
L’on employe aussi de l’Inde, soit à faire des Ciels, soit à faire des Draperies. Quand il est bien employé il se conserve long-temps beau. Il n’y faut pas mattre trop d’huile, mais le coucher un peu brun parce qu’il se décharge. L’on s’en sert à Détrempe avec assez de succez, estant bon à faire des verts.
 
Du Stil de grun. Il se fait de graine d’Avignon qu’on fait tremper & boüillir, puis on y jette des Cendres de ferment ou du blanc de Craye pour donner corps comme à la Laque, & après cela l’on passe le tout au travers d’un linge fort fin. 
Du Noir de fumée, qui est une mauvaise Couleur, mais facile à peindre des Draperies noires. 
Du Noir d’os & d’yvoire bruslé, dont Appelle trouva l’invention selon Pline. 
Le Vert-de-gris est la peste de toutes les Couleurs & capable de perdre tout un Tableau, s’il en entroit la moindre partie dans l’Imprimure d’une toile : cependant il a une couleur fort belle & agreable. Quelquefois on le calcine pour oster sa malignité, & empescher qu’il ne meure ; mais il est dangereux à calciner aussi-bien que l’Orpin ; & tout purifié qu’il puisse estre, il ne faut l’employer que seul, car il gasteroit les Couleurs avec lesquelles on pourroit le mesler. On en use à cause qu’il seiche beaucoup, & l’on en mesle seulement un peu dans les noirs qui ne seichent jamais seuls. Il faut bien prendre garde à ne pas se servir de pinceaux avec lesquels on ait peint du Vert-de-gris. 
Il y a encore d’autres sortes de Couleurs composées dont on ne se sert guere à huile.

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Ce que je dis icy d'un tableau où il y a plusieurs figures, se doit entendre aussi d'un tableau où il n'y en a qu'une, parce que les différentes parties de cette figure sont entr'elles ce que plusieurs figures sont les unes à l'égard des autres. Comme ceux qui apprennent à peindre commencent par apprendre à designer le contour des figures, & à le remplir de leurs couleurs naturelles ; qu'ensuite ils s'étudient à donner de belles attitudes à leurs figures & à bien exprimer les passions dont ils veulent qu'elles, paroissent animées, mais que ce n'est qu'après un long-temps qu'ils sçavent ce qu'on doit observer pour bien disposer la composition d'un tableau, pour bien distribuer le clair obscur, & pour bien mettre toutes choses dans les regles de la perspective ; tant pour le trait que pour l’affoiblissement des ombres & des lumieres. 
De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

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Quelle beauté, quel décore, quelle grace dans le Tableau de Rébecca ? L’on ne peut pas dire du Poussin ce qu’Apelle disoit à un de ses disciples, que n’ayant pû peindre Helene belle, il l’avoit representée riche {Clem. Alex.}. Car dans ce Tableau du Poussin la beauté éclate bien plus que tous les ornemens, qui sont simples & convenables au sujet. Il a parfaitement observé ce qu’il appelle décore ou bienseance, & sur tout la grace, cette qualité si précieuse & si rare dans les ouvrages de l’art aussi-bien que dans ceux de la nature.

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Daerom segh ick zijnder nu bequaem, oft begrijplijcke jonghe gheesten oft vaten, tot onse Schilder-const leer-liefdigh oft lustigh wesende, […], die moghen desen mijnen willighen dienst dancklijck aennemen, en snel-geestigh opmercklijck achten op d’onderwijsighe deelen, die ick in desen mijnen Schilder-consten gront, oft gantschen Schilder-boeck, hen voor ooghen stelle oft voordraghe. […] hun vrymoedicheyt levende verweckt te wesen conden mercken : Soo bespreeck ick, datse onvertsaeghdlijck toetreden, en aengrijpen voor eerst het besonderste deel der Consten, te weten, een Menschlijck beeldt te leeren stellen, oock eyndlijck alle ander omstandighe deelen t’omhelsen, oft immers als Natuere en Geest anders niet willen toelaten, eenigh besonder deel, om daer in uytnemende te moghen worden: want het niet daeghlijcx gheschiet, dat een alleen alles vermagh, leeren, begrijpen, oft in alles uytnemende worden can. Sulcx bevintmen onder onse Const, van in den ouden oft Antijcken tijt te wesen toeghegaen, dat d’een in d’een, en d’ander in d’ander geschickter en beter Meester gheweest is, gelijck men in hun levens sal bevinden.

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement ; qu’ainsi il étoit d’une trés grande consequence de s’étudier à bien connoître la couleur, & de se rendre ses charmes familiers, afin de ne pas s’y laisser surprendre, & de pouvoir étudier le reste avec plus de liberté : qu’un tableau dessigné mediocrement, où les couleurs seroient en tout leur éclat, feroit plus d’agreables effets à la vuë, qu’un autre où le dessein seroit en sa plus parfaite justesse où la couleur seroit negligée, parce que la couleur en sa perfection representoit toûjours la verité & que le dessein ne pouvoit representer que la possibilité. L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere, qu’aussi Zeuxis avoit obtenu autant de louanges par l’intelligence des couleurs, qu’Appellés pour la justesse du dessein : que si comparant l’état auquel se trouve maintenant l’une & l’autre, la couleur avoit cet avantage d’être moins d’écheue, mais plûtôt augmentée par l’usage de l’huile, elle devoit par consequent meriter d’autant plus de loüanges, & qu’étant une partie essentielle pour conduire le Peintre à la perfection de son Ouvrage ; elle devoit être considerée aussi necessaire que le dessein.

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[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

Quotation

Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

Quotation

Are. Il faut surtout eviter une exactitude si scrupuleuse : c’est ce qui faisoit dire à Apelle, que Protogene (si je ne me trompe) lui etoit egal en chaque partie de l’art, peut etre même superieur ; mais qu’il lui etoit inferieur en ceci, puisqu’il ne savoit pas comme lui, le moment juste ou il falloit abandonner l’ouvrage.
Fab. Oh combien est prejudiciable aux ecrivains l’excez de l’exactitude ! parcequ’ou l’on decouvre le travail, là se trouve necessairement la dureté, & l’affectation qui est toujours desagreable au lecteur.

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Preface au Lecteur de la Peinture, p. 301
Mais il save [ndr. le peintre] tromper l'œil ou tout n'y vaut rien ; il faut qu'on croye que cela est creux & enfoncé, cela enflé & boursoufflé, cecy hors d'œuvre, & qui se jette entierement hors du Tableau
, cecy esloigné d'une bonne lieuë, cela d'une haute extréme, cela percé à jour, cecy tout vif & plein de mouvement, que ce cheval court & escume à force de souffler, que ce chien jappe voirement, que ce sang coule de la playe, que les nuées tonnent en effet, & que les nuages sont tous decousus à force d'esclairs qu'on void sortir coup sur coup, que cet homme rend l'esprit & que l'on void l'ame sur ses levres, que les oyseaux bequettent ces raisins & se cassent le bec, qu'on crie haut qu'il faut oster le rideau afin de voir ce qui est caché, cependant il n'y a rien de tout cela, car tout cela est plat, pres, bas, mort & contrefait si artistement qu'il semble que la nature se soit couché là dessus pour aider le peintre à nous tromper finement, & se moquer de nostre bestise. 
De là vient qu'un d'eux [ndr. les peintres] escrit en ses ouvrages,
Res ipsa, c'est la chose mesme, non pas la Peinture; & l'autre, Fecit Apelles, ce qu'il mit en trois pieces où il surmonta l'art, la nature, & soy-mesme. Aux autres il mettoit Faciebat, c'est à dire, il faisait, & à dessein n'a point voulu achever de peur de faire rougir la nature qui se fut confessée vaincue par l'esprit  & par l'art. 

Quotation

Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Are. Il faut surtout eviter une exactitude si scrupuleuse : c’est ce qui faisoit dire à Apelle, que Protogene (si je ne me trompe) lui etoit egal en chaque partie de l’art, peut etre même superieur ; mais qu’il lui etoit inferieur en ceci, puisqu’il ne savoit pas comme lui, le moment juste ou il falloit abandonner l’ouvrage.
Fab. Oh combien est prejudiciable aux ecrivains l’excez de l’exactitude ! parcequ’ou l’on decouvre le travail, là se trouve necessairement la dureté, & l’affectation qui est toujours desagreable au lecteur.

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Comme Appelle accusa de fort bonne grace tous ceux de son art de cette trop grande exactitude, & de n’avoir pas assez fait estat dans leurs travaux de la Charité des Grecs, se moquant de Ptotogène [sic] qui ne pouvoit oster sa main de dessus un tableau, memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam : Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

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Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

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Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

Quotation

On peut encore remarquer l'observation de cette maxime de Mr. le Poussain dans un Tableau du Miracle de Nôtre-Seigneur, en guerissant deux aveugles [ndr : Les Aveugles de Jéricho ou Le Christ guérissant les aveugles], où tout ce qui accompagne cette expression est grand, majestueux, & serieux, tant dans les actions que dans les habillemens des figures, les couleurs & la disposition du Paysage ; [...] mais pour ne rien obmettre de ce qui étoit essentiel au sujet, il avoit exprimé dans le petit nombre de figures qui accompagnent Nôtre-Seigneur tous les mouvemens & les passions qui pouvoient convenir en cette rencontre, l'incredulité & l'indifference des Juifs, la curiosité, la derision, & la mocquerie des Pharisiens, la foi, l'admiration & le zele des Disciples, le respect, la devotion & le grand desir des affligés. [...] d'où l'on conclut qu'un Peintre peut bien accompagner l'expression de son sujet de quelques figures allegoriques pour marquer & citer le lieu, où il se rencontre, mais comme par des statuës qui n'ont nulle part aux mouvements des figures qui expriment le sujet, que n'ayant que cette sorte de langage pour exprimer ses belles conceptions, il ne seroit pas juste de lui en ôter la liberté, c'est ce qui a fait dire que la Peinture est une Poesie muette, & la Rhetorique des Peintres.

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

Friend.
 
            What is properly the Colouring of a Piece of Painting ?
 
                        Traveller.
 
           
It is the Art of employing the Colours proper to the Subject, with a regard to the Lights and Shadows that are incident to the Story, either according to the Truth of it, or to the Painter’s Invention : [...] As for Face-Painting alone, it is to be manage another way, for there you must do precisely what Nature shows you.
           Tis true, that Beautiful Colours may be employed, but they must be such as make not your Piece like a Picture, rather than like Nature it self ; and particularly, you must observe to express the true Temper as well as the true Phisionomy of the Persoms that are Drawn ; for it would be very absurd to give a Smiling, Airy Countenance to a Melancholly Person ; or, to make a Young, Lively Woman, Heavy and Grave. ’Tis said of Apelles, that he expressed the Countenance and true Air of the Persons he Drew, to so great a degree, that several Physionomists did predict Events upon his Pictures to the Persons Drawn by him, and that with true Success. If after that, you can give your Picture a great Relievo, and make your Colours Represent the true Vivacity of Nature, you have done your Work as to that part of Painting, which is no small one, being, next to History, the most difficult to obtain ; for though there be but little Invention required, yet ‘tis necessary to have a Solid Judgment and Lively Fancy.

Quotation

La facilité attire nos yeux & nos esprits, estant à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée en cet Art. C’est dans cette partie qu’Apelles se sentoit plus fort que Protogene, lorsqu’il se blasmoit de ne pouvoir retirer sa main de dessus son tableau & de consommer trop de temps à son ouvrage : Et c’est pour cela qu’il disoit que ce qui portoit plus de prejudice aux Peintres, estoit le trop de temps qu’ils donnoient à leurs ouvrages, ne sçachant pas ce qui est Assez, ce mot d’Assez est difficile à connoistre. Il faut bien penser à vostre Sujet, & de quelle maniere vous le traitez selon vos Regles & la force de vostre genie, & ensuite de travailler avec toute la facilité & toute la promptitude dont vous vous sentez capable, sans faire naistre des difficultez dans vôtre ouvrage. Mais il est impossible d’avoir cette facilité sans posseder toutes les Regles de l’Art : Car la facilité consiste à ne faire précisément que l’ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place fort habillement, ce qui ne se peut faire sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & terminer vos ouvrages avec plaisir.

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Aussi ne voit on personne qui rétablisse la beauté des couleurs, que les Romains nomment Cromatique, & qui la remettent en vigueur au point que l’a porta Zeuxis, lorsque par cette partie, qui est pleine de charmes & de magie & qui sçait si admirablement tromper la veuë qui se rendit égal au fameux Apelles, le Prince des Peintres, & qu’il merita toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde.
Et comme cette partie [ndr la chromatique], que l’on peut dire la fin & le dernier achevement de la Peinture, est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire sa sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard, & cette tromperie l’ayent jamais deshonoré, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite ; il sera donc tres avantageux de la connoistre.

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L’on dit que Marc de Sienne Disciple de Michel l’Ange receut un jour cét advis de son Maistre qu’il fist tousjours sa figure Pyramidale, serpentée, & multipliée par un, deux, & trois. Et croy-je qu’en ce precepte consiste tout le secret de la Peinture, parce que la plus grande grace d’une figure est qu’elle semble se mouvoir, ce que les Peintres appellent fureur, ou esprit de la figure. Et pour representer ce mouvement, il n’y a point de forme qui s’y accommode mieux que celle de la flamme du feu, lequel, suivant ce que dit Aristote, & tous les autres Philosophes, est l’élement le plus actif de tous, & la forme de sa flamme est de toutes la plus propre au mouvement parce qu’elle a l’angle & la pointe aiguë avec laquelle elle semble fendre l’air pour monter à sa Sphère. De sorte que lors que la figure aura cette forme, elle sera tres belle. Et cecy se peut encore observer de deux manières, l’une est, que l’angle de la Pyramide, qui est la partie la plus aiguë tienne le haut, & la basse qui est le plus ample de la Pyramide soit en bas, comme le feu : & alors le bas de la figure, sçavoir les jambes & les draperies doit estre large, & le haut d’icelle ira en retressissant en forme de Piramide, monstrant une espaule, & que l’autre fuye & soit racourcie, faisant tordre le corps, qui en cachera l’une & découvrira & fera relever l’autre. La figure peut encore estre peinte, comme une Pyramide renversée, c’est à dire, qui ait la base en haut & la pointe en bas ; & ainsi les parties superieures de la figure seront larges, monstrant les deux palerons, ou estendant les bras, monstrant une jambe, & cachant l’autre, ou d’autre façon, comme il semblera mieux au sage Peintre. […] le Peintre doit accompagner cette forme Pyramidale, avec la forme serpentée, qui represente la tortuosité d’une coleuvre vivant lors qu’il chemine, qui est la propre forme de la flamme du feu qui ondoye. Cela veut dire que la figure doit representer la forme de la lettre S. droite ou renversée, comme est celle icy .S. [ndr : S renversé] parce qu’alors elle aura sa beauté.

Quotation

1. La Proportion se divise en deux parties : l’une, s’appelle Proportion propre de la chose que l’on veut representer & peindre : l’autre, s’appelle Proportion selon l’œil & en Perspective. Par exemple, l’homme de mediocre stature a de longueur neuf ou dix faces ; sa proportion est, qu’il faut que son visage ait la neufieme ou disiesme partie de toute sa hauteur, & c’est de cette proportion ou mesure propre & naturelle des choses que je traiteray en ce premier Livre. L’autre proportion est le respect de la veuë, & est diverse ; parce que selon que la chose est esloignée de l’œil, le mesme œil juge de la proportion que la teste a ou la face avec le reste du corps […]. Or le Peintre ne doit pas observer en sa figure ces deux proportions ; car il est impossible qu’il le puisse faire : mais bien doit-il prendre garde, s’il veut devenir parfait, de ne donner jamais à la figure sa proportion propre & naturelle, parce que ce seroit une tres-grande erreur : […] il est necessaire que si l’un & l’autre [ndr : peintre et sculpteur] a dessin de devenir un nouveau Fidias, ou un Apellés, qu’il fasse tousjours sa Peinture ou Sculpture proportionnée selon le lieu où elle doit estre mise, & à l’œil duquel elle doit estre veuë […] parce que l’œil qui verra la jugera proportionnée.

Quotation

Il [ndr : Pline] loüe un autre Peintre d'avoir fait une Minerve dont les yeux estoient tournez vers tous ceux qui la regardoient. Qui ne sçait que quand un Peintre se fait regarder de la personne qu'il peint, le Portrait tourne aussi les yeux sur tous ceux qui le regardent en quelque endroit qu'ils soient placez. Il dit qu’Appelle fit un Hercule, qui estant veu par le dos ne laissoit pas de montrer le visage ; l'étonnement avec lequel il dit qu'on regarda cet Hercule, est une preuve que jusques-la les Peintres avoient fait leurs figures tout d'une piece & sans leur donner aucune attitude qui marquast du mouvement &, de la vie.

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L’on dit que Marc de Sienne Disciple de Michel l’Ange receut un jour cét advis de son Maistre qu’il fist tousjours sa figure Pyramidale, serpentée, & multipliée par un, deux, & trois. Et croy-je qu’en ce precepte consiste tout le secret de la Peinture, parce que la plus grande grace d’une figure est qu’elle semble se mouvoir, ce que les Peintres appellent fureur, ou esprit de la figure. Et pour representer ce mouvement, il n’y a point de forme qui s’y accommode mieux que celle de la flamme du feu, lequel, suivant ce que dit Aristote, & tous les autres Philosophes, est l’élement le plus actif de tous, & la forme de sa flamme est de toutes la plus propre au mouvement parce qu’elle a l’angle & la pointe aiguë avec laquelle elle semble fendre l’air pour monter à sa Sphère. De sorte que lors que la figure aura cette forme, elle sera tres belle. Et cecy se peut encore observer de deux manières, l’une est, que l’angle de la Pyramide, qui est la partie la plus aiguë tienne le haut, & la basse qui est le plus ample de la Pyramide soit en bas, comme le feu : & alors le bas de la figure, sçavoir les jambes & les draperies doit estre large, & le haut d’icelle ira en retressissant en forme de Piramide, monstrant une espaule, & que l’autre fuye & soit racourcie, faisant tordre le corps, qui en cachera l’une & découvrira & fera relever l’autre. La figure peut encore estre peinte, comme une Pyramide renversée, c’est à dire, qui ait la base en haut & la pointe en bas ; & ainsi les parties superieures de la figure seront larges, monstrant les deux palerons, ou estendant les bras, monstrant une jambe, & cachant l’autre, ou d’autre façon, comme il semblera mieux au sage Peintre. […] le Peintre doit accompagner cette forme Pyramidale, avec la forme serpentée, qui represente la tortuosité d’une coleuvre vivant lors qu’il chemine, qui est la propre forme de la flamme du feu qui ondoye. Cela veut dire que la figure doit representer la forme de la lettre S. droite ou renversée, comme est celle icy .S. [ndr : S renversé] parce qu’alors elle aura sa beauté.

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement

Quotation

But Generally Small Pictures should be Well Wrought.
Jewels, Gold, Silver, and whatsoever has smart Brightness require Bold, Rough Touches of the Pencil in the Heightnings.
The Pencil should be left pretty much in Linen, Silks, and whatsoever has a Glossyness.
All large Pictures, and whatsoever is seen at a great Distance should be Rough
; for besides that ‘twould be loss of Time to a Painter to Finish such things highly, since Distance would hide all that Pains ; those Bold Roughnesses give the Work a greater Force, and keep the Tincts distinct.
The more Remote any thing is supposed to be, the less Finishing it ought to have. I have seen a Fringe to a Curtain in the Back-Ground of a Picture, which perhaps was half a Day in painting, but might have been better done in a Minute.
There is often a Spirit, and Beauty in a Quick, or perhaps an Accidental Management of the Chalk, Pen, Pencil, or Brush in a Drawing, or Painting, which ‘tis impossible to preserve if it be more finish’d ; at least ‘tis great odds but it will be lost :
‘Tis better therefore to incur the Censure of the Injudicious than to hazard the losing such Advantages to the Picture. Apelles comparing himself with Protogenes said, Perhaps he is Equal, if not Superior to me in Some things, but I am sure I Excell him in This : I know when to have done.

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

Quotation

[…] La beauté ne consiste point dans les parures, & dans les ornemens. Un peintre ne doit pas s’arrester aux petits ajustements, sur tout dans les sujets d’histoires, où il pretend representer quelque chose de grand & d’heroïque. Il y doit faire paroistre de la grandeur, de la force, & de la noblesse, mais rien de petit & de delicat, ny de trop recherché.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 307
15. Meurtrir la trop grande gayeté des couleurs avec vernix, qui semble du talc, ou du crespe, ou de l'air espars sur le tableau, invention d'Apelles inimitable ; 

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Apelles plaght de Conterfeytsels van d’een en d’ander soo gantsch ghelijck te maecken, dat de troniebekijckers, diemen Metopocopos ofte Physiognomers noemt, soo wel uyt sijne Schilderyen als uyt het leven selver voorsegghen konden wanner dien afghemaelde persoone soude overlijden. Plin. XXXV.10. Dies heeft sich oock Philophomus vervoordert de reden by te brenghen, waerom goede Schilders de waere ghelijckenisse der naeghebootster dinghen niet wel en konnen missen.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

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Pour ce qui concerne la Proportion, c’est-à-dire la Symmetrie ou correspondance du Tout avec ses parties, c’est une chose facile, et à la portée de tous les esprits : ce qui fait que l’ignorance est sans excuse, parce qu’on peut l’acquerir presque sans peine, et mesmes par une estude entierement mechanique : mais le seul moyen de parvenir à sa perfection, et d’en avoir une connoissance bien esclairée, c’est d’aller par le chemin de la Geométrie, qui est la source de tous les Arts. […]

Quotation

Appelles added the last Perfection [ndr : à la peinture] by the help of Geometry and Arithmetick ; without which, as his Master Pamphilus would say, no Man could prove a Painter ; and Bernard Lovinus would say, a Painter without Perspective was like a Doctor without Grammer.
            And indeed it is a Compound of many Arts ; as
Geomitry, Architecture, Arithmetick, Perspective, &c. for a Painter cannot perform without Lines, Superficies, Profunditys, Thickness and Geometricall Figures.

Quotation

Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

Quotation

Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

Quotation

Comme Appelle accusa de fort bonne grace tous ceux de son art de cette trop grande exactitude, & de n’avoir pas assez fait estat dans leurs travaux de la Charité des Grecs, se moquant de Ptotogène [sic] qui ne pouvoit oster sa main de dessus un tableau, memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam : Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

Quotation

Quelle beauté, quel décore, quelle grace dans le Tableau de Rébecca ? L’on ne peut pas dire du Poussin ce qu’Apelle disoit à un de ses disciples, que n’ayant pû peindre Helene belle, il l’avoit representée riche {Clem. Alex.}. Car dans ce Tableau du Poussin la beauté éclate bien plus que tous les ornemens, qui sont simples & convenables au sujet. Il a parfaitement observé ce qu’il appelle décore ou bienseance, & sur tout la grace, cette qualité si précieuse & si rare dans les ouvrages de l’art aussi-bien que dans ceux de la nature.

Quotation

GRACE, grace & beauté, sont des choses fort différentes en Peinture.
LA
grace est un certain tour que l’on donne aux choses qui les rend agréables. Une figure peut être dessinée parfaitement, & admirablement coloriée sans avoir cette grace dont nous parlons. Elle sera belle, elle ne sera sera pas gracieuse ; vultu pulchro magis quam venusto, comme Suetone le disoit de Neron : c’est cette grace qui a mis Apelle au dessus de tous les Peintres de l’antiquité, & qui fait préférer Raphaël à tous les Peintres modernes. De Piles. 
Cette
grace doit se trouver dans tous les sujets, dans les plus tristes, comme dans les plus gais, dans les plus terribles, comme dans les plus agréables, dans les vieillards & dans les soldats, comme dans les femmes & dans les enfans.

Gratia
cum primis, decor & nativa venustas
Eniteant tabulis, & Spiret amabile tela, 
Nescio quid. 
Pictura Carmen.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

Quotation

Apelles onder hield dese onverbrekelicke ghewoonte, seght Plinius in de selvighe plaetse, dat hem noyt eenen so gantsch besighen dagh konde voorvallen, of hy plaght noch altijd de Konst door het trecken van een linie te oeffenen. Soo leeren wy mede uyt de volgende woorden des selvighen autheurs, dat sijn hand door dese daghelicksche oeffeninghe sulcken vastigheyd ghekreghen heeft, dat hy de aller treffelickste Meesters in het haelen van subtijle linien verde te boven gingh.

Quotation

Daer is maer eene Konst ende maniere van Schilderen, in welcke Zeuxis, Aglaophon, Apelles een verscheyden handelinghe volghden; ende nochtans en was daer onder dese groote Meesters niet eenen dien yet tot de Konst scheene te ontbreken.

Quotation

[…] he [ndr : Ludovicus Demontiosius ou Jean de Monjosieu] labours to convince us in the Truth of, he distinguishes all the Colours in a Picture in reference to the different Modification of Light upon Bodies, into three Sorts, or rather Degrees, Light, Splendor and Shadow ; in the Light the Colour is Deluted, in the Shadow Saturated, and in the Splendor only the Species of the Colour is truly discern’d ; this Splendor he calls also the Tone, carrying so near an Analogy with the Sence of it in Musick, where it comprehends the Phthonge, the Intervals, the Place of the Voice, and the Tenor ; all which he applies to the Meaning of this Splendor, or Tone in Painting : To these three foregoing Degrees of Colour, he adds a fourth Thing incident, call’d the Harmoge, which is the Commixture, or the curious and insensible Transition of the three Degrees of Colours ; and this, in the Opinion of our Author, is the Interpretation of the famous Contest about the Scissure and Intersection of Lines ; of which, when Apelles had given a Specimen, and Protogenes had seem it, Artem agnovit sed negligentiam Artificis notavit, and therefore took another Pencil, and what was left somewhat too hard and unpleasant in the Union of the Colours, he corrected and made more tender, ‘till Apelles again returning by the Interposition of another Colour, gave it such a Finishing, as left no Place for any further Attempt.

Quotation

Dewijl het dan vast gaet dat de waere schoonheyd der naturelicker lichaemen maer alleen in de ghevoeghlicheydt deser Harmonie te vinden is, soo volght het oock daer uyt onwedersprekelick, dat de rechte naeboetsinghe deser lichamen voornamelick in het waernemen deser Harmonie gheleghen is. Alle ghedeelten van een stock-beeld behooren schoon te sijn seght Socrates apud Stobaeum Serm. I. wy en staen in de Colossische wercken niet soo seer op de aerdighe netticheyt van elck bysonder ghedeelte, of wy plaghten vele meer op de schoonheyd van ’t gheheele maecksel te letten, seght Strabo Lib. I. Geogr. Die naeboetsinghen worden voor d’allerspottlickste ghehouden, seght Galenus {Lib. i. de Usu partium corporis humani}, de welcke de ghelijckenisse diese in vele ghedeelten waernemen, in de voornaemste versuymen. Parrhasius, Polycletus, en Asclepiodorus sijn d’eerste en voornaemste grondleggers ende onderhouders deser Symmetrie gheweest. Parrhasius was den eersten die de Schilder-konst haere behoorlicke Symmetrie ghegheven heeft. Plin. XXXV.10. Polycletus nam de Symmetrie op het aller naerstighste waer. Plin XXXIV. 8. Asclepiodorus gingh soo meesterlick met sijne stucken te werck, seght den selvighen Plinius {Lib. XXXV. Cap. 10.}, dat sich Apelles grootlicks plaght te verwonderen over de Symmetrie die hy daer in ghebruyckte.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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Que suivant ces exemples & de tous ceux des grands hommes qui ont excellé dans les beaux Arts, comme les Poetes dans leurs fictions & dans leurs Vers, les Orateurs, les Musiciens, lesquels assujettissent toutes les parties de leur composition à l'idée generale de leur sujet, & leur donnent un air si convenable, que tout ensemble exprime une passion ; qu'ainsi les habilles Peintres de l'Antiquité l'avoient pratiqué de même, selon le témoignage de Pline, qui en décrivant un Tableau des amours d'Alexandre de la main dAppelles, [...].
L'Academie aprouvant ces raisonnemens determina que le Peintre se doit attacher aux caracteres qui conviennent à l'Idée du sujet & negliger les circonstances qui n'y sont pas absolument essentielles.

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. [...] L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere

Quotation

Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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L’invention allegorique est un choix d’objets qui servent à répresenter dans un Tableau, ou en tout, ou en partie, autre chose que ce qu’ils sont en effet. Tel est par exemple, le Tableau d’Apelle qui répresente la Calomnie duquel Lucien fait la description. Telle est la Peinture morale d’Hercules entre Vénus & Minerve, où ces Divinités Payennes ne sont introduites que pour nous marquer l’attrait de la Vertu. Telle est celle de l’Ecole d’Athenes […] Les trois autres Tableaux qui sont au Vatican dans la même chambre, sont tous traités dans le même genre d’Allegorie. […] Voilà des exemples de sujets qui sont Allegoriques en tout ce qu’ils contiennent.
Les Ouvrages dont les objets ne sont Allegoriques qu’en partie ; attirent plus facilement & plus agréablement notre attention, parce que le Spectateur qui est aidé par le mêlange des figures purement Historiques, demêle avec plaisir les Allegories qui les accompagnent. Nous en avons un exemple autentique dans les bas-reliefs de la Colonne Antonine

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Il n’y a presque personne qui n’ait quelque inclination pour la Peinture, & qui ne prétende mesme avoir un jugement naturel & un sens commun capables de contrôller les Ouvrages qu’elle produit. Car non seulement les gens de lettres & de condition, qui sont vray-semblablement toûjours les plus raisonnables, se piquent de s’y connoistre ; mais encore le vulgaire se mesle d’en dire son sentiment : si bien qu’il semble qu’elle soit en quelque façon le mestier de tout le monde.

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Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

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Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

Quotation

Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

Quotation

Daer is maer eene Konst ende maniere van Schilderen, in welcke Zeuxis, Aglaophon, Apelles een verscheyden handelinghe volghden; ende nochtans en was daer onder dese groote Meesters niet eenen dien yet tot de Konst scheene te ontbreken.

Quotation

Ce que Raphaël a eu de plus commun avec Appelle, c’est que la beauté de ses pieces n’ostoit rien à la ressemblance ; de sorte qu’un Physionome pouvoit faire dessus ses conjectures, comme Apion disoit d’un Metoposcope qu’il dressoit ses jugemens certains sur le front d’une teste tirée de la main d’Appelle.
Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

Quotation

Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

Quotation

Seght hem, antwoordt Apelles, dat het desen Man is die hem soeckt; met dese woorden nam hy ’t naeste penceel in de hand en trock een wonderlick fijne linie met de eene of de andere verwe op het panneel. Protogenes en was soo haest niet weder-ghekeert, of de oude Vrouwe gaf hem de gantsche gheschiedenisse te kennen. Men seght dat den Konstenaer de subtijlheyd deser linie soo haest niet en hadde beschouwt, of ’t quam hem daedelick in den sin dat Apelles ghekomen was, want by het daer voor hielt dat nieman anders sulcken volmaeckten werck konde voordbrenghen; dies hy oock een linie die noch vele dunner was met een andere verwe op de voorige linie getrocken heeft; en als hy voor sich nam een weynich van kant te gaen, soo heeft hy ’t oude Wijf last gegeven dat sy den vreemdeling dese linie soude tonen ende hem met eenen aenseggen dat dit den man was dien hy socht, het gheviel juyst soo, Apelles komt andermael, Maer gelijck hem de schaemte verhinderde dat hy sich souden bekennen overwonden te sijn, soo heeft hy de linien met een derde soorte van verruwe doorsneden, den anderen Konstenaer de hoope selver van eenighe voordere subtijlheydt benemende. Dus hieldt sich Protogenes overwonnen, en liep met der vaerd nae de haeven om den vreemdelingh te vinden.

Quotation

WE have been more particular in the Relation of this famous Piece [ndr : Bell fait ici référence au tableau commencé par Apelle et Protogènes sur lequel ces deux artistes ont successivement tracé des lignes – événement précédent de peu leur rencontre], because a large Dispute hangs upon it {Pliny, Lib. 35. Ch. 10.} : and the late Commentator upon our Author, Ludov. Demontiosius, seems very much offended at the generally received Acceptation of the Story of this noble Contention ; and would not by any Means admits that this Tryal of Skill was about the Subtilty of Lines ; for, as he says, with a good Share of Truth in the main, in a coloured Picture, or Painting, there is so little Use of Lines, that the very Appearance of any is justly reproveable ; for the Extremities should be lost and confounded in the Shadows, and ought to go off without any Thing of the least Stiffness, or Sharpness of a Line.
NEITHER will he admit it in Drawings, or Designs, with the Coal, or Pen, for that in those the true ARTIST never regarded so much the Fineness, or Courseness of his Touches ; but only how and where they served best to express the proper Shadowing and Raising of his Draught according to the Life ; and brings in for Instance many Drawings of the celebrated Masters of his Time, which he had seen of
Mich. Angela Bonoroti, Raphael de Urbin, Salviati, Polydore, and the Great Titian’s, where his Observation does not take Notice that any have in the least affected the Nicety of curious Lines.

Quotation

THIS seeming strain’d Opinion, Claudius Salmatius controverts again, […] ; and further, he would establish and set up the Agreeableness and Congruity of the Use of Lines in the best of Paintings, from that sort of Picture peculiarly call’d Linearis Pictura ; which not only express’d the Proflles and Circumscriptions of the Figure, but their Practice was also, intus lineas spargere, from the Phrasings and constant Use of several Terms of ART ; for what else can be employ’d by Lineamenta, the Lineaments of a Face, or Figure, by Apelle’s Nulla dies sine linea, which became Proverbial, and as the Poet varies it,
           
Nulla dies abeat quin linea ducta supersit.  
                                                                                  Hor.

Quotation

Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

Quotation

{Couleur ou Cromatique. Troisième Partie de la Peinture.}
Aussi ne voit-on personne qui rétablisse *la † CROMATIQUE, & qui la remette en vigueur au point que la porta Zeuxis, lors que par cette Partie, qui est pleine de charmes & de magie, & qui sçait si admirablement tromper la veuë, il se rendit égal au fameux Apelle, le Prince des Peintres, & qu’il merita pour toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde. Et comme cette partie (que l’on peut dire l’ame & le dernier achevement de la Peinture) est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire *sa Sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard & cette tromperie l’ayent jamais deshonorée, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite : Il sera donc tres-avantageux de la connoistre.

Quotation

Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

Quotation

Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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The more Remote any thing is supposed to be, the less Finishing it ought to have. I have seen a Fringe to a Curtain in the Back-Ground of a Picture, which perhaps was half a Day in painting, but might have been better done in a Minute.
There is often a Spirit, and Beauty in a Quick, or perhaps an Accidental Management of the Chalk, Pen, Pencil, or Brush in a Drawing, or Painting, which ‘tis impossible to preserve if it be more finish’d ; at least ‘tis great odds but it will be lost :
‘Tis better therefore to incur the Censure of the Injudicious than to hazard the losing such Advantages to the Picture. Apelles comparing himself with Protogenes said, Perhaps he is Equal, if not Superior to me in Some things, but I am sure I Excell him in This : I know when to have done.

Quotation

Jae maer, seggen sy, daer is een sekere maniere van Schilderen die by d'oude noyt ghebruyckt en wiert. 't Schijnt alhier vry wat slots te hebben, dat sy 't exempel der oudheyt vorwenden; maer wat voor een oudtheyt is het doch daer op sy haer selven beroepen? 't is immers ongheloovelick dat sy haer selven 't exempel van d'aller uyterste oudtheydt voorstellen overmidts het hun niet onbekent is, dat Phidias ende Apelles vele dingen in 't werck te passe ghebrocht hebben die de voorighe Meesters noch niet en verstonden; oock soo en konnen die gene de Konst van Praxiteles ende Protogenes niet prijs-waerdich achten, dewelcke meynen dat men sich aen de wercken van Calamis ende Polygnotus, sonder yet daerin te veranderen, hadde behooren te verbinden. Iae maer, segghen sy wederom, daer heeft voor den tijdt van dese groote Meesters een veel een-voudigher maniere van doen den hooghsten prijs ghevoert.

Quotation

Daer is maer eene Konst ende maniere van Schilderen, in welcke Zeuxis, Aglaophon, Apelles een verscheyden handelinghe volghden; ende nochtans en was daer onder dese groote Meesters niet eenen dien yet tot de Konst scheene te ontbreken.

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

Quotation

Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent. Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

Quotation

Ne peut-on pas dire en parlant du GRAND TORSE que l’on a remarqué entre les excellens Antiques QUATRE SORTES DE MANIERES DIFFERENTES.
L’une que l’on nomme forte & ressentie, laquelle a été suivie de Michel-Ange, du Carache & de toute l’Ecole de Boulogne, & que cette manière avoit été attribuée à la Ville d’Athenes.
La seconde un peu foible & effeminée qu’on tenuë Maître Etienne de Losne, Franqueville, Pilon & même Jean de Boulogne, laquelle avoit été estimée venir de Corinthe.
La troisième, comme de tendresse & de grace, particulièrement pour les choses delicates, que l’on tenoit qu’Apelles, Phidias & Praxitelle ont suivie pour le dessein ; cette manière avoit été fort estimée & l’on tenoit qu’elle venoit de Rhodes.
Mais la quatriéme est douce & correcte, qui marque les contours grands, naturels, coulans & faciles ; cette manière étoit de Sicyone Ville du Peloponnese, d’où étoit Herodote [sic] Auteur de ce Torse, lequel s’est perfectionné en choisissant & joignant ensemble ce qu’il y avoit de plus parfait en chacune de ces manieres. On estimoit aussi que ce rare Sculpteur avoit fait le petit Torse de femme, qui est reconnu de tous les Sçavans pour surpasser en beauté tous les autres Antiques.

Quotation

Nu is de Vrage waer door het kenbaerste sal zijn, of door de partyen bysonder, ofte door alle parthyen indien omtreck op sijn plaets begrepen en opgesloten, waer van den omtreck de generale Masse of geheel komt te vertoonen? Hier op en sullen wy geen ander Antwoorde geven, dan het Exempel van Apelles; dewelcke (als hy voor den Koningh stont, en hem dien Man bekent maecken wilde, van welcken hy in een verciert gewaet, spottelijck uyt ’s Koninghs naem te Gast genoot was) een Kool uyt de Aertstede nam, en schetsten den generaelen omtreck, die hy vande gedaente des Mans in sijn memorye hadt gehouden, soo juystvormigh op eenen muer, dat den Koningh, die den Man te vooren ghekendt hadde, uyt dese generale treck konde sien, wat voor een Man Apelles meende.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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Of the Necessity and Definition of Proportion.


It was not without just Cause, that the antient
Græcians (at which time the Art of Painting had fully attained to his Perfection, by the Industry of Timantes, Eusenidas, Aristides, Eupompus, Sicyonias and Pamphilus, the famous Macedonian Painter, and Master of Apelles, who also was the first learned Painter directing his Workes by the Rules of Art, above any of his Predecessors, and well considering that whatsoever was made without measure and proportion, could never carry with it any such congruity as might represent either Beauty or Grace to the judicious beholder) were wont to say, that it was impossible to make any tolerable, much less any Commendable Picture, without the help of Geometry and Arithmetick, wherefore they required the Knowledge thereof, as a thing most necessary, which saying was also approved by Philip Macedo. And surely it is impossible (to omitt the meere Artizans) that he who is ignorant of these two Sciences, should understand the exact measure and proprotion of any probable or true Body, the necessity of which proportions shall be shewed hereafter.

Quotation

{In welchen Studen jeder von den Alten oder antichen bäst qualificirt gewesen.} Es ist dieses bey unserer Kunst gewöhnlich/ auch so wol an den antichen/ als modernen/ zu ersehen/ daß der eine in einem/ der andere in etwas anders/ die wenigsten in allem/ excelliret und Meister gewesen. {Die Griechen.} Dann Apollodorus legte sonderlich der Schönheit zu. Zeuxis machte zu große Köpfe/ ware aber ein künstlicher Obst-Mahler. Eumarus gewöhnte sich/ alles nach dem Leben nachzubilden. Protogenes konte erstlich nur Schiffe mahlen. Apelles war in allem zierlich. Parrhasius ware gut in seinen Umrißen; Daemon, reich von invention; Timanthes verständig in allen seinen Werken/ auch immer verborgenen Sinns und Meinung; Pamphilus, gelehrt; Nicomachus, geschwind; Athenion, tieffsinnig; Nicophanes, sauber und nett; Amulius schön mit Farben; Pausias, munter in Bildung der Kinder und Blumen; Asclepidorius gut in dem messen und in den proportionen; Amphion, von Anordnung, Serapio, vernünftig in großen; Pireikus, in kleinen Sachen; Antiphilus in klein- und großen ; Dyonisius, konte nur Menschen mahlen; Euphranor, alles; Nicias, Thiere/ besonderlich Hunde. Nicophanes, konte wol nach-copiren/ und war in seinen Werken sauber; Mechophanes zu rauh in den Farben; Nealces, gut im ausbilden; Aristides, in affecte ; Clesides, nach dem Leben ; Ludius, in Landschaften.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

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Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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Preface au Lecteur de la Peinture, p. 301
Quand le grand Alexandre visitant Apelles, le Grand voulut parler des couleurs & des Peintures ; les apprentis eclatterent si fort de rire que le maistre en eut peur & honte. Sire (dit-il tout bas) ne parlez point de ce mestier, car ces garçons qui broyent les couleurs crevent de rire vous oyant ainsi begayer : vous estes bon pour conquerir des Mondes, & nous pour les coucher sur nos Tableaux ; vostre espée  & nos pinceaux ne s'accordent pas bien en une mesme main, & pour bien faire chacun doit parler de son mestier, […] 

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30 Gheest is te ghebruycken in dese stucken, {Vlieghende laken t’nact uytmunten.}
Dees dunne laeckskens oft sijdekens diende,
Eenen blasenden windt aen t’lijf te drucken,
Op datmen t’naeckt’ (alst wel conde ghelucken)
Aen dgien, lijf, en beenen aerdich waer siende,
Hier hoefdemen de Charites te vriende,
Die Pythij soon in zijn werck verselden,{Pythius was den Vader Appellis.}
Ons Ide’ hier toonen most haer ghewelden.

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[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

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Dewijl het dan vast gaet dat de waere schoonheyd der naturelicker lichaemen maer alleen in de ghevoeghlicheydt deser Harmonie te vinden is, soo volght het oock daer uyt onwedersprekelick, dat de rechte naeboetsinghe deser lichamen voornamelick in het waernemen deser Harmonie gheleghen is. Alle ghedeelten van een stock-beeld behooren schoon te sijn seght Socrates apud Stobaeum Serm. I. wy en staen in de Colossische wercken niet soo seer op de aerdighe netticheyt van elck bysonder ghedeelte, of wy plaghten vele meer op de schoonheyd van ’t gheheele maecksel te letten, seght Strabo Lib. I. Geogr. Die naeboetsinghen worden voor d’allerspottlickste ghehouden, seght Galenus {Lib. i. de Usu partium corporis humani}, de welcke de ghelijckenisse diese in vele ghedeelten waernemen, in de voornaemste versuymen. Parrhasius, Polycletus, en Asclepiodorus sijn d’eerste en voornaemste grondleggers ende onderhouders deser Symmetrie gheweest. Parrhasius was den eersten die de Schilder-konst haere behoorlicke Symmetrie ghegheven heeft. Plin. XXXV.10. Polycletus nam de Symmetrie op het aller naerstighste waer. Plin XXXIV. 8. Asclepiodorus gingh soo meesterlick met sijne stucken te werck, seght den selvighen Plinius {Lib. XXXV. Cap. 10.}, dat sich Apelles grootlicks plaght te verwonderen over de Symmetrie die hy daer in ghebruyckte.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. [...] L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere

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Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

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And it is obvious to any, that have any competent Talent in Painting, how impossible it must needs be, such rare and extraordinary Paintings as seems to emulate and challenge Nature herself in all her luxuriant Variety of Composures and Colour, should ever be express’d, or accomplish’d by the slender Assistance, only of those four Species of Colours  [ndr : white, yellow, red, black] ; and unless they were as comprehensive as the four Elements, out of which they tell us all Things do emerge ; […] yet it will come short of giving a full Answer to the Objection ; for, without Blew, the derivative Colours cannot be made up to furnish and compleat our Painters Palate ; and without this, how can it be imagin’d he [ndr : Apelle] was able to approach the Beauty of the Heavens in the glorious Representation of the Sky ? How could he ever expect to parallel the variegated and unparallel’d Complections of the glorious Gayeties of the Gardens ? In Absence of this, the Fields and sprightly Plants must loose their Verdure, and appear only in their Autumnal Dress ; and his Venus herself must fall short of what she was, for want of a Tenderness to express the Delicacy of her azured Veins.

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Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

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Apelles heeft oock dinghen gheschildert die niet en konnen af-gemaelt worden; als naemelick donder-slaeghen, weder-licht, blixem. Plin. Xxxv.10. Soo dat Theophylactus Simocasus hier op een oogh schijnt ghehadt te hebben, als hy seght {epist. 37}, dat de Schilders sich onder-winden soodaenighe dinghen uyt te drucken, die de Nature selver niet en kan ghedoen.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Toutes les couleurs qu’on employe pour la Fraisque, sont bonnes à Huile, hormis le blanc de Chaux, & la poudre de Marbre ; Mais on se sert encore de celles qui suivent. [...] Du Noir de fumée, qui est une mauvaise Couleur, mais facile à peindre des Draperies noires. 
Du Noir d’os & d’yvoire bruslé, dont Appelle trouva l’invention selon Pline.

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Le noir de charbon de pierre a beaucoup de cors, les noirs de charbon, de sep de vine, ou de bois de saule sont encore tres-bon. Ce dernier est bleüâtre, & peut servir aux Carnations. Les noirs d’os & d’yvoire brûlez dont Apelle se servoit suivant Pline, font un noir propre à l’huile & à Détrempe. Mais le noir de fumée est une couleur qui nuit aux autres, & qui n’est propres qu’à faire des Draperies noires. Les meilleurs coloristes ne s’en servent jamais.

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Toutes les couleurs qu’on employe pour la Fraisque, sont bonnes à Huile, hormis le blanc de Chaux, & la poudre de Marbre ; Mais on se sert encore de celles qui suivent. [...] Du Noir d’os & d’yvoire bruslé, dont Appelle trouva l’invention selon Pline.

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Mais ce n'est point là la verité de l'Histoire, le combat fut sur la nuance des couleurs digne sujet de dispute & d'émulation entre des peintres, & non pas sur l’adresse de tirer des lignes. Appelle prit un pinceau & fit une nuance si delicate, si douce & si parfaite, qu'à peine pouvoit-on voir le passage d'une couleur à l'autre. Protogene fit sur cette nuance, une autre nuance encore plus fine & plus adoucie. Appelle vint qui encherit tellement sur Protogene par une troisiéme nuance qu'il fit sur les deux autres, que Protogene confessa qu'il ne s'y pouvoit rien ajoûter.
L'ABBÉ. Vous me permettrez de vous dire que vous avez pris ce galimatias dans le Livre de Ludovicus Demontiosius. Comment pouvez-vous concevoir qu'on peigne des nuances de couleurs, les unes sur les autres, & qu'on ne laisse pas de voir que la dernière des trois est la plus delicate ? [...].

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Apelles onder hield dese onverbrekelicke ghewoonte, seght Plinius in de selvighe plaetse, dat hem noyt eenen so gantsch besighen dagh konde voorvallen, of hy plaght noch altijd de Konst door het trecken van een linie te oeffenen. Soo leeren wy mede uyt de volgende woorden des selvighen autheurs, dat sijn hand door dese daghelicksche oeffeninghe sulcken vastigheyd ghekreghen heeft, dat hy de aller treffelickste Meesters in het haelen van subtijle linien verde te boven gingh.

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Apelles onder hield dese onverbrekelicke ghewoonte, seght Plinius in de selvighe plaetse, dat hem noyt eenen so gantsch besighen dagh konde voorvallen, of hy plaght noch altijd de Konst door het trecken van een linie te oeffenen. Soo leeren wy mede uyt de volgende woorden des selvighen autheurs, dat sijn hand door dese daghelicksche oeffeninghe sulcken vastigheyd ghekreghen heeft, dat hy de aller treffelickste Meesters in het haelen van subtijle linien verde te boven gingh.

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La Peinture se divise en Theorie & Pratique. La Theorie donne les preceptes generaux, qui doivent estre observés par ceux qui desirent exceller en cét Art. La pratique donne les regles de jugement & prudence, enseignant comme il faut mettre en œuvre ce qui generalement a esté dit & imaginé. Ce que j’ay resevé au sixiesme livre intitulé La Pratique. […] La Theorie se divise en cinq parties : la premiere traite de la Proportion : la seconde de la Position, & situation de la figure ; la troisiesme de la couleur ; la quatrieme, de la lumiere ; & la cinquieme, de la Perspective. […] 1. La Proportion se divise en deux parties : l’une, s’appelle Proportion propre de la chose que l’on veut representer & peindre : l’autre, s’appelle Proportion selon l’œil & en Perspective. Par exemple, l’homme de mediocre stature a de longueur neuf ou dix faces ; sa proportion est, qu’il faut que son visage ait la neufieme ou disiesme partie de toute sa hauteur, & c’est de cette proportion ou mesure propre & naturelle des choses que je traiteray en ce premier Livre. L’autre proportion est le respect de la veuë, & est diverse ; parce que selon que la chose est esloignée de l’œil, le mesme œil juge de la proportion que la teste a ou la face avec le reste du corps […]. Or le Peintre ne doit pas observer en sa figure ces deux proportions ; car il est impossible qu’il le puisse faire : mais bien doit-il prendre garde, s’il veut devenir parfait, de ne donner jamais à la figure sa proportion propre & naturelle, parce que ce seroit une tres-grande erreur : […] il est necessaire que si l’un & l’autre [ndr : peintre et sculpteur] a dessin de devenir un nouveau Fidias, ou un Apellés, qu’il fasse tousjours sa Peinture ou Sculpture proportionnée selon le lieu où elle doit estre mise, & à l’œil duquel elle doit estre veuë […] parce que l’œil qui verra la jugera proportionnée.

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Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Nu is de Vrage waer door het kenbaerste sal zijn, of door de partyen bysonder, ofte door alle parthyen indien omtreck op sijn plaets begrepen en opgesloten, waer van den omtreck de generale Masse of geheel komt te vertoonen? Hier op en sullen wy geen ander Antwoorde geven, dan het Exempel van Apelles; dewelcke (als hy voor den Koningh stont, en hem dien Man bekent maecken wilde, van welcken hy in een verciert gewaet, spottelijck uyt ’s Koninghs naem te Gast genoot was) een Kool uyt de Aertstede nam, en schetsten den generaelen omtreck, die hy vande gedaente des Mans in sijn memorye hadt gehouden, soo juystvormigh op eenen muer, dat den Koningh, die den Man te vooren ghekendt hadde, uyt dese generale treck konde sien, wat voor een Man Apelles meende.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Siet eens wat meer ghegolden heeft in barmherricheyt te verwecken, een rouwe Schets met Houts-kool op een Muyr getrocken van Appelus, of alle het zoet-vloyende Schrijven van Ovidius? Neen seecker: Appellus dede het stuyr ghesichte van den Coninck Ptolomeo seer haest in een vriendelicke oogh-luyckinghe veranderen, wanneer hy hem een ontwerp maeckte van het Conterfeytsel Plani.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

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Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Fab. […] continuez à parler de la noblesse de la peinture, parcequ’on trouve certaines gens, qui faisant peu de cas de cet art, le mettent au rang des arts mecaniques.
Are. : Ceux la, mon cher Fabrini, ne connoissent pas combien il est utile, & necessaire, d’ornement au monde en general, & à nous en particulier ; car il est seur qu’un art est d’autant plus noble qu’il est plus honoré des esprits sublimes. La peinture de tous tems a eté en grande veneration chez les Rois, chez les Empereurs, & chez les sages ; elle est donc très noble ; ce qui se prouve facilement par les exemples, qui se trouvent dans Pline, & en differents autheurs […].

Quotation

ORNEMENT. En Peinture on appelle ornemens, tout ce qui sert à donner du relief à un tableau, à l’embellir, à le faire valoir. 
Les
ornemens doivent être semés avec discrétion, & avec une sorte d’économie ; sans cela un Peintre mériteroit le reproche qu’Apelle fit un jour à un de ses disciples, qui ayant fait un tableau d’Helene, l’avoit chargée d’or & de pierreries ; n’ayant pû la faire belle, lui dit Apelle, vous l’avez fait fait riche.

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Jae maer, seggen sy, daer is een sekere maniere van Schilderen die by d'oude noyt ghebruyckt en wiert. 't Schijnt alhier vry wat slots te hebben, dat sy 't exempel der oudheyt vorwenden; maer wat voor een oudtheyt is het doch daer op sy haer selven beroepen? 't is immers ongheloovelick dat sy haer selven 't exempel van d'aller uyterste oudtheydt voorstellen overmidts het hun niet onbekent is, dat Phidias ende Apelles vele dingen in 't werck te passe ghebrocht hebben die de voorighe Meesters noch niet en verstonden; oock soo en konnen die gene de Konst van Praxiteles ende Protogenes niet prijs-waerdich achten, dewelcke meynen dat men sich aen de wercken van Calamis ende Polygnotus, sonder yet daerin te veranderen, hadde behooren te verbinden. Iae maer, segghen sy wederom, daer heeft voor den tijdt van dese groote Meesters een veel een-voudigher maniere van doen den hooghsten prijs ghevoert.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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I am sorry the Great, and Principal End of the Art has hitherto been so little Consider’d ; I don’t mean by Gentlemen only, or by Low, Pretended Connoisseurs, But by those who ought to have gone higher, and to have Taught Others to have Followed them. ‘tis no Wonder if many who are accustom’d to Think Superficially look on Pictures as they would on a Piece of Rich Hangings ; Or if such as These, (and some Painters among the rest) fix upon the Pencil, the Colouring, or perhaps the Drawing, and some little Circumstantial Parts in the Picture, or even the just Representation of common Nature, without penetrating into the Idea of the Painter, and the Beauties of the History, or Fable. I say ‘tis no wonder if this so frequently happens when those whether Ancients or Moderns, who have wrote of Painting, in describing the Works of Painters in their Lives, or on other occasions have very rarely done any more ; Or in order to give us a Great Idea of some of the Best Painters have told us such Silly Stories as that of the Curtain of Parrhasius which deceiv’d Zeuxis, of the small lines one upon the other in the Contention between Apelles and Protogenes, (as I remember, ‘tis no matter of whom the Story goes) of the Circle of Giotto, and such like ; Trifles, which if a Man were never so expert at without going many degrees higher he would not be worthy the name of a Painter, much less of being remembred by Posterity with Honour.
‘tis true there are some Kinds of Pictures which can do no more than Please, as ‘tis the Case of some Kinds of Writings ; but one may as well say a Library is only for Ornament, and Ostentation as a Collection of Pictures, or Drawings. If That is the Only End, I am sure ‘tis not from any Defect in the Nature of the Things themselves.
I repeat it again, and would inculcate it, Painting is a fine piece of Workmanship ; ‘tis a Beautiful Ornament, and as such gives us Pleasure ; But over and above this We PAINTERS are upon the Level with Writers, as being Poets, Historians, Philosophers and Divines, we Entertain, and Instruct equally with Them.
This is true and manifest beyond dispute whatever Mens Notions have been ;

To wake the Soul by tender Strokes of Art,
To raise the Genius, and to mend the Heart.

Mr. Pope.

is the business of Painting as well as of Tragedy.

Quotation

There hath been a continual Altercation between Painters and Carvers for Superiority in the Excellency of Art : but that Carvers may not pretend to excel Painters in the Essential part we will lay down how far they agree and then wherein the Carvers are Excel’d.
[...].
            And as there is no
Essential difference between two particular Men, both being Rational Creatures, so there is not between Painting and Carving, for both tend to the same End, by Representing Individual Substances ; and both must observe the same Geometrical Quantity in what they Represent.
            Suppose a
Painter and Carver were to Counterfeit the same Person, doubtless both would conceive the same Idea of him, proceeding in their Minds with the same discourse of Reason and Art, and (as before) observe the same Geometrical Quantity, endeavouring to make it as like the Person they Represent as they could : and so the Draught expressing the Idea’s of both the Workmen, would agree in expressing the true Resemblance, which is the Essence of this Art.
            ’Tis true one
Painteth and the other Carveth ; but this is a Material Difference only, which argues no Specifical Difference in Art or Science, and it is the Essential Difference alone that maketh a Distinction of Species and Diversity of Science.
If it be Objected that the
Carver maketh more of the Figure then the Painter, it is answer’d, more or less makes no Specifical or Proper Difference ; therefore it is the Defect of Matter, and not of Art, thus far the Arts are Analogical.
Now that this
Art far Excels Carving is easily Demonstrated, since on a Flat, it Represents Roundness and Thickness, exceeding therein the Power of Nature it self, expressing Life and Spirit far beyond Carving, as in these Instances.
Apelles Painted Alexander the Great so to the Life, that his Horse Bucephalus brought into the Room, immediately kneeld down supposing it his Master : His Horse he likewise Painted with such Spirit that other Horses began to Neigh, when they saw him.
Andreas Mantegna represented a Servant in Porta Vercellina, so Natural, that the Horses left not Kicking at it till there was no shape of a Man left.
[...].
            A
Venus cannot be made with that Allectation in Carving, since the Complection of the skin, with Colour of Eyes, Hair, &c. are requisite to the Perfection of a Beauty.
            Nor can
History be Carvd without great Defects, since all Distances require a Faintness of Colouring, as well as Diminution of Body : with many more Observations in Nature, onely Obvious to Colouring, of absolute Necessity for the Animating of Figures.

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Mais establissons auparavant nostre cinquiesme partie touchant la Collocation ou Position régulière des Figures dans le Tableau, puisqu’elle est la Base de tout l’Edifice de la Peinture, et pour ainsi dire le lien et l’assemblage des quatre premieres, qui, sans celle-cy, n’ont ny forme, ny subsistance : […]
[…] un Peintre auroit travaillé en vain, et perdu son temps, si après avoir satisfait aux quatre premières Parties, il demeuroit court en cette dernière, où consiste toute l’Eurithmie de l’Art et le Magistère de la Peinture : parce qu’il est inutile d’avoir inventé et composé un Sujet ; et de s’estre estudié à rechercher la beauté, et la juste proportion de chaque figure ; d’estre excellent coloriste ; de savoir donner les Ombres, et les Lumières à tous les corps, avec leurs teintes, et leurs couleurs naturelles ; et de posseder, encore avec cela, le divin Talent de l’Expression des Mouvemens de l’esprit, et des passions, (qui est comme l’Ame de la peinture), si, après toutes ces nobles Parties, on se trouve depourveu d’intelligence au fait de la position reguliere des Figures dans le Tableau.
Il faut donc conclure, que si les autres, ou toutes ensembles, ou prises chacune à part, sont utiles et avantageuses à un Peintre, celle-cy luy est absolument necessaire.

Car quoy qu’un Tableau n’ait pas entièrement satisfait à quelqu’une des quatre premières Parties, ou que mesmes il soit foible, et en quelque sorte deffectueux en toutes ensemble ; neanmoins si cette derniere, dont nous traitons, s’y trouve à sa perfection, l’ouvrage sera toûjours estimable et digne d’un Peintre : parce que l’Ordre est la source, et le vray principe des Sciences : Et pour le regard des Arts, il a cela de particulier, et de merveilleux, qu’il est le père de la Beauté, et qu’il donne mesme de la grace aux choses les plus mediocres, et les rend considerables.
Voyons en quoy consiste cette partie si importante, et par maniere de dire, si Totale, qui acheve non seulement de former un Peintre, mais qui comprend tout ce que la Peinture a de scientifique, et qui la tire d’entre les Arts mechaniques pour luy donner le reng parmi les Sciences.
Les Geometres, qui sont les vrais maistres de cette question, pour en exprimer l’Intelligence, se servent du nom d’Optique, voulant dire ce terme-là, que c’est l’Art de voir les choses par la raison, et avec les yeux de l’Entendement : car on seroit bien impertinent de s’imaginer que les yeux du corps fussent d’eux-mesmes capables d’une si sublime operation, que de pouvoir estre juges de la beauté et de l’excellence d’un tableau.
Et comme le Peintre fait profession d’imiter les choses selon qu’il les void, il est certain que s'il voit mal, il  les représentera conforme[s] à sa mauvaise imagination, et fera une mauvaise peinture ; si bien qu’avant que de prendre le crayon et les pinceaux, il faut qu’il ajuste son œil avec le raisonnement, par les principes qui enseignent à voir les choses, non seulement ainsi qu’elles sont en elles-mesmes, mais encore selon qu’elles doivent estre figurées. Car ce seroit bien souvent une lourde faute de les peindre precisément comme l’œil les void, quoique cela semble un paradoxe.
Or cet Art si necessaire, que les sçavans ont nommé l’Optique, et que les Peintres, et tous les Desseignateurs appellent communement la Perspective, donne des moyens infaillibles de representer precisément sur une surface (telle qu’est la toile d’un tableau, une parois, une feuille de papier, ou telle autre chose)
tout ce que l’œil void et peut comprendre d’une seule œillade, pendant qu’il demeure ferme en un mesme lieu. […] je monstreray icy par des exemples, et par l’examen critique de diverses Pieces qui se voyent en estampe aprés Raphael (le plus celebre des Peintres Modernes, et le plus exact en ses Ouvrages) de quelle importance est cette Perspective ou collocation reguliere des Figures dans un Tableau ; vû que c’est par elle qu’on decide precisément, et avec demonstration, ce qui est bien, et ce qui est mal.
[…]

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De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer. [...] […] L'ABBE. Tous ces effets merveilleux de la peinture antique, n’empeschent pas que je ne persiste dans ma proposition ; car ce n'est point la belle ordonnance d'un tableau, la juste dispensation des lumières, la judicieuse degradation des objets, ny tout ce qui compose cette troisiéme partie de la peinture dont j'ay parlé, qui touche, qui charme & qui enleve. Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.

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Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Mais que dirons-nous de ce coup de Maistre du mesme Appelle qui luy acquit le renom du plus grand Peintre de son siecle, de cette adresse admirable avec laquelle il fendit un trait fort délié par un trait plus delié encore.
LE PRESIDENT. Je voy que vous n'entendez pas quel fut le combat d'Appelle & de Protogene. Vous estes dans l'erreur du commun du monde qui croit qu'Appelle ayant fait un trait fort delié sur une toile, pour faire connoistre à Protogene que ce ne pouvoit pas estre un autre Peintre qu'Appelle qui l'estoit venu demander, Protogene avoit fait un trait d'une autre couleur qui fendoit en deux celuy d'Appelle, & qu'Appelle étant revenu il avoit refendu celuy de Protogene d'un trait encore beaucoup plus mince.
Mais ce n'est point là la verité de l'Histoire, le combat fut sur la nuance des couleurs digne sujet de dispute & d'émulation entre des peintres, & non pas sur l’adresse de tirer des lignes. [...] Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage [...] L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere, qu’aussi Zeuxis avoit obtenu autant de louanges par l’intelligence des couleurs, qu’Appellés pour la justesse du dessein : que si comparant l’état auquel se trouve maintenant l’une & l’autre, la couleur avoit cet avantage d’être moins d’écheue, mais plûtôt augmentée par l’usage de l’huile, elle devoit par consequent meriter d’autant plus de loüanges, & qu’étant une partie essentielle pour conduire le Peintre à la perfection de son Ouvrage ; elle devoit être considerée aussi necessaire que le dessein.

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[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

Quotation

Fab. […] continuez à parler de la noblesse de la peinture, parcequ’on trouve certaines gens, qui faisant peu de cas de cet art, le mettent au rang des arts mecaniques.
Are. : Ceux la, mon cher Fabrini, ne connoissent pas combien il est utile, & necessaire, d’ornement au monde en general, & à nous en particulier ; car il est seur qu’un art est d’autant plus noble qu’il est plus honoré des esprits sublimes. La peinture de tous tems a eté en grande veneration chez les Rois, chez les Empereurs, & chez les sages ; elle est donc très noble ; ce qui se prouve facilement par les exemples, qui se trouvent dans Pline, & en differents autheurs […].

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

Quotation

LE PRESIDENT. Si la Sculpture moderne l’emporte si fort sur la Sculpture antique par cet endroit que vous marquez [ndr : un bas-relief de François Anguier], il faut que la Peinture d’aujourd’huy soit bien superieure à celle des Anciens, puisqu’enfin c’est d’elle que la Sculpture a appris tous ces secrets de degradation & de perspective.
L’ABBE. J’en demeure d’accord, & la consequence en est tres juste ; mais puisqu’il s’agit presentement de la Peinture, il faut commencer par la distinguer suivant les divers temps où elle a fleuri, & en faire trois classes : Celle du temps d’Appelle, de Zeuxis, de Timante, & de tous ces grands Peintres dont les Livres rapportent tant des merveilles ; Celle du temps de Raphael, du Titien, de Paul Veronese, & de plusieurs autres excellens Maistres d’Italie, & Celle du siecle où nous vivons.
Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

Quotation

Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement ; qu’ainsi il étoit d’une trés grande consequence de s’étudier à bien connoître la couleur, & de se rendre ses charmes familiers, afin de ne pas s’y laisser surprendre, & de pouvoir étudier le reste avec plus de liberté : qu’un tableau dessigné mediocrement, où les couleurs seroient en tout leur éclat, feroit plus d’agreables effets à la vuë, qu’un autre où le dessein seroit en sa plus parfaite justesse où la couleur seroit negligée, parce que la couleur en sa perfection representoit toûjours la verité & que le dessein ne pouvoit representer que la possibilité. L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere

Quotation

Seght hem, antwoordt Apelles, dat het desen Man is die hem soeckt; met dese woorden nam hy ’t naeste penceel in de hand en trock een wonderlick fijne linie met de eene of de andere verwe op het panneel. Protogenes en was soo haest niet weder-ghekeert, of de oude Vrouwe gaf hem de gantsche gheschiedenisse te kennen. Men seght dat den Konstenaer de subtijlheyd deser linie soo haest niet en hadde beschouwt, of ’t quam hem daedelick in den sin dat Apelles ghekomen was, want by het daer voor hielt dat nieman anders sulcken volmaeckten werck konde voordbrenghen; dies hy oock een linie die noch vele dunner was met een andere verwe op de voorige linie getrocken heeft; en als hy voor sich nam een weynich van kant te gaen, soo heeft hy ’t oude Wijf last gegeven dat sy den vreemdeling dese linie soude tonen ende hem met eenen aenseggen dat dit den man was dien hy socht, het gheviel juyst soo, Apelles komt andermael, Maer gelijck hem de schaemte verhinderde dat hy sich souden bekennen overwonden te sijn, soo heeft hy de linien met een derde soorte van verruwe doorsneden, den anderen Konstenaer de hoope selver van eenighe voordere subtijlheydt benemende. Dus hieldt sich Protogenes overwonnen, en liep met der vaerd nae de haeven om den vreemdelingh te vinden.

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

Raphael del Urbin was the greatest Painter that ever was ; having made himself a Manner out of the Study of the Antients and the Moderns, and taken the best out of both ; he was admirable for the easiness of Invention, Richness, and Order in his Composition, Nature herself was overcome by his Colouring, he was Judicious beyond measure, and proper to his Aptitudes ; in a word, he carried Painting in its greatest Perfection, and has been outdone by none : His particular Talent lay in Secret Graces, as Apelles’s did among the Ancients.

Quotation

Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

Quotation

Pour ce qui concerne la Proportion, c’est-à-dire la Symmetrie ou correspondance du Tout avec ses parties, c’est une chose facile, et à la portée de tous les esprits : ce qui fait que l’ignorance est sans excuse, parce qu’on peut l’acquerir presque sans peine, et mesmes par une estude entierement mechanique : mais le seul moyen de parvenir à sa perfection, et d’en avoir une connoissance bien esclairée, c’est d’aller par le chemin de la Geométrie, qui est la source de tous les Arts. […]

Quotation

Ne passez aucun jour sans travailler en vostre Art, soit au Dessein ou à la Peinture : car il est impossible que vous soyez habille homme sans une infinité d’Actes, & sans pratiquer continuellement.
Dans tous les Arts, les preceptes s’apprennent en peu de temps, mais la perfection ne s’acquiert que par longue pratique ; & par une grande diligence : Il ne s’est jamais vû que la paresse nous ait produit rien de bon.
Les Arts ont tiré leur commencement de la Nature, le besoin que l’on en à, [sic] a donné sujet aux hommes de rechercher les moyens de s’y rendre habilles par l’exercice qui les perfectionne.
[...]
Le plus beau de nos travaux est dans les matinées ; sur tout qu’aucun jour ne se passe sans travailler, soit du Pinceau ou du Crayon. Ce precepte est tiré d’Apelles.
La Peinture est un Art de longue haleine, & qui ne s’apprend qu’à force de le pratiquer : Michel Lange à l’âge de quatre-vingts ans, disoit qu’il apprenoit tous les jours.

Quotation

La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

Quotation

La fin des Portraits n’est pas comme beaucoup se l’imaginent de donner avec la ressemblance un air riant & agreable : C’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il faut exprimer le veritable temperament des personnes que l’on représente, & à faire voir leur physionomie. Si la personne que vous peignez, par exemple, est naturellement triste, prenez-garde de luy donner de la gayeté, qui seroit toûjours quelque chose d’étranger sur son visage.
Si elle est enjoüée il faut faire paroistre cette belle humeur, par l’expression des parties où elle agit & où elle se montre. Si elle est grave et majestueuse, les ris trop sensibles rendent cette majesté fade & niaise : Enfin le Peintre qui a de l’esprit doit faire le discernement de toutes ces choses, & s’il sçait la physionomie il aura bien plus de facilité & reüssira mieux qu’un autre.
L’Histoire dit qu’Appelles faisoit ses Portraits si ressemblans, qu’un certain Physionomiste disoit en les voyant, le temps que devoit arriver la mort des personnes, à qui ils resembloient, ou en quel temps elle estoient arrivée, si ces personnes n’estoient plus au monde.
Cet Histoire est assez difficile à croire, puisque la Physionomie est une Science fort incertaine, & particulierement celle d’un portrait d’un mort ou d’un homme vivant. Car les portraits, quoy qu’ils soient bien ressemblans, ne sont pourtant que copies ausquelles on ne peut asseoir un jugement solide, puisqu’on n’en peut rien asseurer sur l’original. [...]
Ainsi la Physionomie n’est pas fort certaine, c’est pourquoy il ne s’y faut pas arrester. On dit d’ordinaire qu’en un beau corps, loge une belle ame mais cela n’est pas toujours veritable.

Quotation

Je croy, dît Pymandre, que c’est principalement dans les Portraits qu’un Peintre cherche à faire paroistre la Phisionomie, s’il est vray ce qu’on a écrit d’Apelle, qu’il estoit si habile à bien observer, & à bien peindre toutes les parties d’un visage, qu’il y avoit des personnes qui prétendoient prédire la bonne ou la mauvaise fortune en voyant seulement les Portraits de ceux qu’il avoit peints : Mais pour moy, je doute aussi-bien que vous qu’il y ait des gens non seulement assez penetrans pour connoistre ainsi les choses qui doivent arriver, & mesme qu’un Portrait soit susceptible d’une ressemblance si parfaite qu’on puisse juger ainsi de la fortune des hommes.

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

Quotation

Are. Un des envieux d’Apelles l’aiant conduit à la table d’un certain Roi, qui ne l’aimoit pas ; ce Prince l’aiant reconnu, lui demanda, le regardant fierement, qui l’avoit rendu si hardi de venir avec tant d’audace se presenter à sa table ? Apelles ne trouvant plus celui, qui l’avoit amené, prit du charbon, & aussitot lui dessina sur le mur le portrait de son ennemi si ressemblant, que disant au Roi, voilà celui qui m’a conduit, il le reconnut au peu en avoit esquissé, ce qui le remit en grace, seulement par le merite de son habileté.

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La fin des Portraits n’est pas comme beaucoup se l’imaginent de donner avec la ressemblance un air riant & agreable : C’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il faut exprimer le veritable temperament des personnes que l’on représente, & à faire voir leur physionomie. Si la personne que vous peignez, par exemple, est naturellement triste, prenez-garde de luy donner de la gayeté, qui seroit toûjours quelque chose d’étranger sur son visage.
Si elle est enjoüée il faut faire paroistre cette belle humeur, par l’expression des parties où elle agit & où elle se montre. Si elle est grave et majestueuse, les ris trop sensibles rendent cette majesté fade & niaise : Enfin le Peintre qui a de l’esprit doit faire le discernement de toutes ces choses, & s’il sçait la physionomie il aura bien plus de facilité & reüssira mieux qu’un autre.
L’Histoire dit qu’Appelles faisoit ses Portraits si ressemblans, qu’un certain Physionomiste disoit en les voyant, le temps que devoit arriver la mort des personnes, à qui ils resembloient, ou en quel temps elle estoient arrivée, si ces personnes n’estoient plus au monde.
Cet Histoire est assez difficile à croire, puisque la Physionomie est une Science fort incertaine, & particulierement celle d’un portrait d’un mort ou d’un homme vivant. Car les portraits, quoy qu’ils soient bien ressemblans, ne sont pourtant que copies ausquelles on ne peut asseoir un jugement solide, puisqu’on n’en peut rien asseurer sur l’original. [...]
Ainsi la Physionomie n’est pas fort certaine, c’est pourquoy il ne s’y faut pas arrester. On dit d’ordinaire qu’en un beau corps, loge une belle ame mais cela n’est pas toujours veritable.

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Il [ndr : Pline] loüe un autre Peintre d'avoir fait une Minerve dont les yeux estoient tournez vers tous ceux qui la regardoient. Qui ne sçait que quand un Peintre se fait regarder de la personne qu'il peint, le Portrait tourne aussi les yeux sur tous ceux qui le regardent en quelque endroit qu'ils soient placez. Il dit qu’Appelle fit un Hercule, qui estant veu par le dos ne laissoit pas de montrer le visage ; l'étonnement avec lequel il dit qu'on regarda cet Hercule, est une preuve que jusques-la les Peintres avoient fait leurs figures tout d'une piece & sans leur donner aucune attitude qui marquast du mouvement &, de la vie.

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[...]
PORTRAIT. Tableau qui contient la représentation lineale du corps humain. 
Portrait en grand, en petit : portrait en pastel, en miniature : portrait à la plume, au crayon.
Portrait chargé, voyez CHARGE.
Peintre pour le
portrait
L’essence du
portrait, consiste moins à attraper une grossiere ressemblance, ce que font les Peintres les plus mediocres, qu’à exprimer le véritable temperament, le caractère, & l’air de Physionomie des personne qu’on représente. 
« Si la personne que vous peignez est naturellement triste, dit Mr. de Piles, il le faudra bien garder de lui donner de la gayeté, qui seroit toujours quelque chose d’étranger sur son visage : si elle est enjouée, il faut faire paroître cette belle humeur par l’expression des parties où elle agit, & où elle se montre, si elle est grave & majestueuse, les ris fort sensibles rendront cette majesté fade & niaise. »
Pline raconte d’après Appien le grammairien, qu’Apelle faisoit ses portraits si ressemblans, & marquoit avec tant de fidélité les traits des personnes qu’il peignoit, que sur l’inspection des tableaux les Astrologues tiroient l’horoscope de la vie & de la mort des personnes.
Dufresnoy conseille aux faiseurs de
portraits de travailler en même tems les parties doubles de la tête, comme les yeux, les oreilles, les narines, les jouës & les levres, c’est-à-dire de passer continuellement de l’une à l’autre, de les retoucher & de les finir ensemble, de peur que l’interruption ne fasse perdre l’idée de ces parties.

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Appelles avoit donc plus de soin d’observer le Vrai dans ses portraits, que de les embellir en les altérant.
En effet le Vrai a tant de charmes en cette occasion, qu’on le doit toujours préferer au secours d’une beauté étrangere. Car sans le Vrai les portraits ne peuvent conserver qu’une idée vague & confuse de nos amis, & non pas un véritable caractere de leur personne.

Quotation

Je croy, dît Pymandre, que c’est principalement dans les Portraits qu’un Peintre cherche à faire paroistre la Phisionomie, s’il est vray ce qu’on a écrit d’Apelle, qu’il estoit si habile à bien observer, & à bien peindre toutes les parties d’un visage, qu’il y avoit des personnes qui prétendoient prédire la bonne ou la mauvaise fortune en voyant seulement les Portraits de ceux qu’il avoit peints : Mais pour moy, je doute aussi-bien que vous qu’il y ait des gens non seulement assez penetrans pour connoistre ainsi les choses qui doivent arriver, & mesme qu’un Portrait soit susceptible d’une ressemblance si parfaite qu’on puisse juger ainsi de la fortune des hommes.

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Ne passez aucun jour sans travailler en vostre Art, soit au Dessein ou à la Peinture : car il est impossible que vous soyez habille homme sans une infinité d’Actes, & sans pratiquer continuellement.
Dans tous les Arts, les preceptes s’apprennent en peu de temps, mais la perfection ne s’acquiert que par longue pratique ; & par une grande diligence : Il ne s’est jamais vû que la paresse nous ait produit rien de bon.
Les Arts ont tiré leur commencement de la Nature, le besoin que l’on en à, [sic] a donné sujet aux hommes de rechercher les moyens de s’y rendre habilles par l’exercice qui les perfectionne.
[...]
Le plus beau de nos travaux est dans les matinées ; sur tout qu’aucun jour ne se passe sans travailler, soit du Pinceau ou du Crayon. Ce precepte est tiré d’Apelles.
La Peinture est un Art de longue haleine, & qui ne s’apprend qu’à force de le pratiquer : Michel Lange à l’âge de quatre-vingts ans, disoit qu’il apprenoit tous les jours.

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Ne passez aucun jour sans travailler en vostre Art, soit au Dessein ou à la Peinture : car il est impossible que vous soyez habille homme sans une infinité d’Actes, & sans pratiquer continuellement.
Dans tous les Arts, les preceptes s’apprennent en peu de temps, mais la perfection ne s’acquiert que par longue pratique ; & par une grande diligence : Il ne s’est jamais vû que la paresse nous ait produit rien de bon.
Les Arts ont tiré leur commencement de la Nature, le besoin que l’on en à, [sic] a donné sujet aux hommes de rechercher les moyens de s’y rendre habilles par l’exercice qui les perfectionne.
[...]
Le plus beau de nos travaux est dans les matinées ; sur tout qu’aucun jour ne se passe sans travailler, soit du Pinceau ou du Crayon. Ce precepte est tiré d’Apelles.
La Peinture est un Art de longue haleine, & qui ne s’apprend qu’à force de le pratiquer : Michel Lange à l’âge de quatre-vingts ans, disoit qu’il apprenoit tous les jours.

Quotation

Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

Quotation

Ick achte dat wy dese dinghen behooren aen te sien, seght Cicero {lib. iv. In Verrem.}, sprekende van den ongeloofelicke prijs die eertijds op de Konst-stucken gheset was, nae datse worden ghewaerdeert in het oordeel der ghener die eenen sonderlinghen treck tot de Konste hebben. Het nu is ook so heel vreemd niet dat het dese wackere verstanden hoogh-noodigh hebben gheacht den prijs te verhooghen; het magh wel wesen, segghe ick, dat sy de Konst nae het exempel van Apelles willens en wetens hebben soecken te verdieren: ghemerckt die dinghen maer alleen by vele menschen in groote achtinge worden ghehouden, de welcke van weghen haere dierte qualick te bekomen sijn. […] Want als desen goedaerdighen Konstenaar [Apelles] in het eyland Rhodus gelandet wesende, Protogenes den prijs sijner wercken ghevraeght hadde, so bevond hy dat Protogenes een seer gheringh gheld voor sijn werck eyschte, het welck Apelles dapper verdroten heeft; dies hy oock op Protogenes versocht, dat hy hem sijne wercken om vijftig talenten wilde verkoopen, uytgevende, dat hy koop-luyden ghenoech wist te vinden die hem die selivge voor de sijne souden afkoopen. Dese geschiedenisse heeft d'Inwoonders van Rhodus haere ooghen gheopent, om niet alleen haeren Konstenaren beter te verstaen, maer oock om te verhinderen dat sijne Schilderijen niet en souden vervoert worden, alhoewel Apelles van sijn voornemen in het minste niet ghesint en was te wijcken, tot dat sy den prijs dien hy daer voor gheboden hadde verbeterden, leest Plin. Lib. Xxxv. Cap. 10

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La facilité attire nos yeux & nos esprits, estant à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée en cet Art. C’est dans cette partie qu’Apelles se sentoit plus fort que Protogene, lorsqu’il se blasmoit de ne pouvoir retirer sa main de dessus son tableau & de consommer trop de temps à son ouvrage : Et c’est pour cela qu’il disoit que ce qui portoit plus de prejudice aux Peintres, estoit le trop de temps qu’ils donnoient à leurs ouvrages, ne sçachant pas ce qui est Assez, ce mot d’Assez est difficile à connoistre. Il faut bien penser à vostre Sujet, & de quelle maniere vous le traitez selon vos Regles & la force de vostre genie, & ensuite de travailler avec toute la facilité & toute la promptitude dont vous vous sentez capable, sans faire naistre des difficultez dans vôtre ouvrage. Mais il est impossible d’avoir cette facilité sans posseder toutes les Regles de l’Art : Car la facilité consiste à ne faire précisément que l’ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place fort habillement, ce qui ne se peut faire sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & terminer vos ouvrages avec plaisir.

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Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

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Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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{2. Proportion.} Of Proportion.
It’s called
Symmetry, Analogie, Harmony.
Proportion is of any part ; a Hand fitted to the bigness of a body.
Symmetry is the proportion of each finger to that bigness ; Analogie or Harmonie. All together in one ; a Concinnity of Harmony ; A congruence, or equality of parts and members ; or due connexion, in reference of all parts, one to the other, and all to the whole, which produceth a perfect Nature, or beauty.
{Of true beauty.} Whatsoever is made, after a conceived or Intelligible thing is Fair.
Whatsoever is made, after a thing generated, is not faire.
Beauty, may be perfectly conceived.
{Naturall and conceived.} True
beauty in any Creature, is not to be found ; being full of deformed disproportions, far remote from truth ; for sinne is the cause of deformity.
Beauty in truth, is, where Joynts and severally every part with the whole, hath its due proportion and measure ; and therefore hard to describe.
Beauty should consist but of One at the most ; and deformity contrariwise, measured by many : for the eeven Lineaments and due proportion of fair and goodly Persons, seem to be created and framed, by the judgement and sight of one form alone, which cannot be in deformed persons ; as with blub cheeks, bigg eyes, little nose, flat mouth, out chin, and brown skin, as it were moulded from many ill faces ; and yet some one part considered about, to be handsome, but altogether become ugly ; not for any other cause, but that they may be Lineaments of many fair women, and not of One. The Painter, did well, to procure all the fair maides naked, to judge of each severall and single perfection ; and so from the Idea of fancie, to shape a Venus. {By the Idea.}
{His brave and unpattern’d and unparallel’d Piece of
Artimesia.} And thus, by often exercise from severall beauties, you shall fixe a conceived Idea is your mind of accomplished Pulchritude grace or comlinesse, according to the true rule of Symmetry. […].
A
Beauty may be expressed by a comely body, though not of delicate features ; rather dignity of presence, than beauty of aspect. It is seen at the first sight. Favour more than Colour ; and yet that of decent and gratious motion, more than that of favour.
There is no excellent
beauty without some strangeness in the proportion, and both Apelles and Albert Durer, doe but trifles out the time and trouble us ; The One to compose a Personage by Geometricall proportion ; and Apelles by collecting the best parts from severall faces, to make one excellent. Indeed a Painter may make a better personage than ever was seen since the first Creation ; which he does by a kind of felicity, not by Rule, as a Musician doth his French Aires, not by true Method of setting.
[…].
[...] And so have we done with an Example of all in One : For
 
                       Invention
allures the mind.
                       Proportion, attracts the Eyes.
                       Colour ;
delights the Fancie.
                      
Lively Motion, stirs up our Soul.
                      
Orderly Disposition, charmes our Senses.
 
{Conclude a rare Picture.} These produce gracefull
Comliness, which makes one fairer then fair ; […].
This Grace is the close of all, effected by a familiar facility in a free and quick spirit of a bold and resolute Artificer ; not to be done by too much double
diligence, or over doing ; a careless shew, hath much of Art.

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Of the Necessity and Definition of Proportion.


It was not without just Cause, that the antient
Græcians (at which time the Art of Painting had fully attained to his Perfection, by the Industry of Timantes, Eusenidas, Aristides, Eupompus, Sicyonias and Pamphilus, the famous Macedonian Painter, and Master of Apelles, who also was the first learned Painter directing his Workes by the Rules of Art, above any of his Predecessors, and well considering that whatsoever was made without measure and proportion, could never carry with it any such congruity as might represent either Beauty or Grace to the judicious beholder) were wont to say, that it was impossible to make any tolerable, much less any Commendable Picture, without the help of Geometry and Arithmetick, wherefore they required the Knowledge thereof, as a thing most necessary, which saying was also approved by Philip Macedo. And surely it is impossible (to omitt the meere Artizans) that he who is ignorant of these two Sciences, should understand the exact measure and proprotion of any probable or true Body, the necessity of which proportions shall be shewed hereafter.

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Pour ce qui concerne la Proportion, c’est-à-dire la Symmetrie ou correspondance du Tout avec ses parties, c’est une chose facile, et à la portée de tous les esprits : ce qui fait que l’ignorance est sans excuse, parce qu’on peut l’acquerir presque sans peine, et mesmes par une estude entierement mechanique : mais le seul moyen de parvenir à sa perfection, et d’en avoir une connoissance bien esclairée, c’est d’aller par le chemin de la Geométrie, qui est la source de tous les Arts. […]

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La Peinture se divise en Theorie & Pratique. La Theorie donne les preceptes generaux, qui doivent estre observés par ceux qui desirent exceller en cét Art. La pratique donne les regles de jugement & prudence, enseignant comme il faut mettre en œuvre ce qui generalement a esté dit & imaginé. Ce que j’ay resevé au sixiesme livre intitulé La Pratique. […] La Theorie se divise en cinq parties : la premiere traite de la Proportion : la seconde de la Position, & situation de la figure ; la troisiesme de la couleur ; la quatrieme, de la lumiere ; & la cinquieme, de la Perspective. […] 1. La Proportion se divise en deux parties : l’une, s’appelle Proportion propre de la chose que l’on veut representer & peindre : l’autre, s’appelle Proportion selon l’œil & en Perspective. Par exemple, l’homme de mediocre stature a de longueur neuf ou dix faces ; sa proportion est, qu’il faut que son visage ait la neufieme ou disiesme partie de toute sa hauteur, & c’est de cette proportion ou mesure propre & naturelle des choses que je traiteray en ce premier Livre. L’autre proportion est le respect de la veuë, & est diverse ; parce que selon que la chose est esloignée de l’œil, le mesme œil juge de la proportion que la teste a ou la face avec le reste du corps […]. Or le Peintre ne doit pas observer en sa figure ces deux proportions ; car il est impossible qu’il le puisse faire : mais bien doit-il prendre garde, s’il veut devenir parfait, de ne donner jamais à la figure sa proportion propre & naturelle, parce que ce seroit une tres-grande erreur : […] il est necessaire que si l’un & l’autre [ndr : peintre et sculpteur] a dessin de devenir un nouveau Fidias, ou un Apellés, qu’il fasse tousjours sa Peinture ou Sculpture proportionnée selon le lieu où elle doit estre mise, & à l’œil duquel elle doit estre veuë […] parce que l’œil qui verra la jugera proportionnée.

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La PROPORTION est une juste correspondance du tout avec ses parties ; la plûpart des hommes se peuvent rendre capables de cette connoissance, & la GEOMETRIE qui est la source ou comme la guide de tous les autres Arts, est en même tems le chemin le plus assuré pour y parvenir. Entre les Peintres & les Sculpteurs anciens qui ont excellé dans cette partie Quintilien & beaucoup d’autres ont singulièrement remarqué PARRHAZIUS, PRAXITELLE, ZEUXIS, LYSIPPE, POLICRETTE, EUPHRANOR, & le celebre ASCLEPIODORE, à qui l’excellent APELLE faisoit gloire de ceder dans la justesse des proportions.

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Siet eens wat meer ghegolden heeft in barmherricheyt te verwecken, een rouwe Schets met Houts-kool op een Muyr getrocken van Appelus, of alle het zoet-vloyende Schrijven van Ovidius? Neen seecker: Appellus dede het stuyr ghesichte van den Coninck Ptolomeo seer haest in een vriendelicke oogh-luyckinghe veranderen, wanneer hy hem een ontwerp maeckte van het Conterfeytsel Plani.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

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Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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La facilité attire nos yeux & nos esprits, estant à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée en cet Art. C’est dans cette partie qu’Apelles se sentoit plus fort que Protogene, lorsqu’il se blasmoit de ne pouvoir retirer sa main de dessus son tableau & de consommer trop de temps à son ouvrage : Et c’est pour cela qu’il disoit que ce qui portoit plus de prejudice aux Peintres, estoit le trop de temps qu’ils donnoient à leurs ouvrages, ne sçachant pas ce qui est Assez, ce mot d’Assez est difficile à connoistre. Il faut bien penser à vostre Sujet, & de quelle maniere vous le traitez selon vos Regles & la force de vostre genie, & ensuite de travailler avec toute la facilité & toute la promptitude dont vous vous sentez capable, sans faire naistre des difficultez dans vôtre ouvrage. Mais il est impossible d’avoir cette facilité sans posseder toutes les Regles de l’Art : Car la facilité consiste à ne faire précisément que l’ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place fort habillement, ce qui ne se peut faire sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & terminer vos ouvrages avec plaisir.

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Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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Ce que Raphaël a eu de plus commun avec Appelle, c’est que la beauté de ses pieces n’ostoit rien à la ressemblance ; de sorte qu’un Physionome pouvoit faire dessus ses conjectures, comme Apion disoit d’un Metoposcope qu’il dressoit ses jugemens certains sur le front d’une teste tirée de la main d’Appelle.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Of the Necessity and Definition of Proportion.


It was not without just Cause, that the antient
Græcians (at which time the Art of Painting had fully attained to his Perfection, by the Industry of Timantes, Eusenidas, Aristides, Eupompus, Sicyonias and Pamphilus, the famous Macedonian Painter, and Master of Apelles, who also was the first learned Painter directing his Workes by the Rules of Art, above any of his Predecessors, and well considering that whatsoever was made without measure and proportion, could never carry with it any such congruity as might represent either Beauty or Grace to the judicious beholder) were wont to say, that it was impossible to make any tolerable, much less any Commendable Picture, without the help of Geometry and Arithmetick, wherefore they required the Knowledge thereof, as a thing most necessary, which saying was also approved by Philip Macedo. And surely it is impossible (to omitt the meere Artizans) that he who is ignorant of these two Sciences, should understand the exact measure and proprotion of any probable or true Body, the necessity of which proportions shall be shewed hereafter.

Quotation

Siet eens wat meer ghegolden heeft in barmherricheyt te verwecken, een rouwe Schets met Houts-kool op een Muyr getrocken van Appelus, of alle het zoet-vloyende Schrijven van Ovidius? Neen seecker: Appellus dede het stuyr ghesichte van den Coninck Ptolomeo seer haest in een vriendelicke oogh-luyckinghe veranderen, wanneer hy hem een ontwerp maeckte van het Conterfeytsel Plani.

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Nu trachtende na het eynde, voor een besluyt, laet ons eens sien hoedanich dat soo een Schilder na rechten eys behoorden ghestelt te sijn, die hem onder het ghetal van dese Loff-waerde Gheesten soude konen voegen, sonder daer over bespot te werden; want seeckerlick, alle die de naem van Schilders voeren, en moghen hier niet onder ghestelt werden, vele soude haer selven hier wel kittelen datse lacchen soude; denckende, is het soo met onse Konst gelegen, dat de selve soo uytsteeckende is, soo moet ick yets groots van mijn selven gevoelen, aenghesien ick mede een van haer Burgers ben, maer het soude met vele van dese lieden soo ghestelt sijn als met de Pauwen, dewelcke met een grootsheyt de borst voor-uyt steecken, een vermaeck scheppende inde schoone pluymen van haer steert, maer siende eens op haer voeten van hoe slechten glans de selve sijn, so latense de steert vallen, en gaen vol van schaemte al buckende heen. Soo soude het met veel van de selve oock toe gaen, wanneerse van soo groote dinghen van de Schilders hooren, die soo uytmutende gheweest sijn, en dat sy mede met de naem van Schilder ghenaemt werden, met de selve mede een waren, maer wanneer sy eens hare stucken, by die vermaerde Gheesten haer werck stelden, soo soudense met de Tauwe met neer-geslagen hoofde swanger sijnde van schaemte en spijt, al drupende moeten heen gaen: doch, om te weten hoedanich hy gestelt moste sijn om mede onder de meenichte van de Vermaerde te komen, soo let wel hoedanigh ick hier eene door mijn Penn' aff schilderen sal, dewelcke hem sonder beschimpt te werden, als verdient hebbende aen dese Rey, sal moghen voeghen. Voor eerst: Soo in hem is een ghesont Oordeel: Een seeckere en ghewisse Teycken handt: Een vloeyende Gheest om eygentlick te Ordineeren: Het geestighe Bedencken der aenghename Rijckelijckheyt: Het wel schicken der Daghen en Schaduwen, by een goede waerneminghe der eyghen natuerlicke dinghen: Een wel-gheoeffent verstant in de Perspectiven, en dat niet min ervaren in kennisse der Hystorien, vergheselschapt met verre en eygentlicke na ghedachten, spruytende uyt veel-ghelesen en onder-socht te hebben. Die mede eenich begrijp der Matimatische dingen heeft: Een die de Anatomy grondich verstaet: Die de Natuyr meer soeckt na te bootsen dan andere Meesters handelinge: Die de Verwe vleysich onder een weet te smeuren: Die onderscheyt van alle Wolle-Laeckenen, Linde, en Zijde Stoffe weet uyt te drucken: Die een wacker, doch soet-verliesent Penceel heeft, en soo by alle dese dingen in hem ghevonden kan werden de soet-mondige wel-spreeckentheyt van Appellus, vergheselschapt sijnde met de kuysheyt Michael Angolo; en daer-en-boven de lust en vlijt tot wercken van Dominicus Girlandaio; soo mach met recht van de selve geseyt werden, dat hem de huldinghe van een eeuwighe ghedenckwaerdighe Eere-kroon toe-ghewijdt moet werden.

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Dewijl het dan vast gaet dat de waere schoonheyd der naturelicker lichaemen maer alleen in de ghevoeghlicheydt deser Harmonie te vinden is, soo volght het oock daer uyt onwedersprekelick, dat de rechte naeboetsinghe deser lichamen voornamelick in het waernemen deser Harmonie gheleghen is. Alle ghedeelten van een stock-beeld behooren schoon te sijn seght Socrates apud Stobaeum Serm. I. wy en staen in de Colossische wercken niet soo seer op de aerdighe netticheyt van elck bysonder ghedeelte, of wy plaghten vele meer op de schoonheyd van ’t gheheele maecksel te letten, seght Strabo Lib. I. Geogr. Die naeboetsinghen worden voor d’allerspottlickste ghehouden, seght Galenus {Lib. i. de Usu partium corporis humani}, de welcke de ghelijckenisse diese in vele ghedeelten waernemen, in de voornaemste versuymen. Parrhasius, Polycletus, en Asclepiodorus sijn d’eerste en voornaemste grondleggers ende onderhouders deser Symmetrie gheweest. Parrhasius was den eersten die de Schilder-konst haere behoorlicke Symmetrie ghegheven heeft. Plin. XXXV.10. Polycletus nam de Symmetrie op het aller naerstighste waer. Plin XXXIV. 8. Asclepiodorus gingh soo meesterlick met sijne stucken te werck, seght den selvighen Plinius {Lib. XXXV. Cap. 10.}, dat sich Apelles grootlicks plaght te verwonderen over de Symmetrie die hy daer in ghebruyckte.

Quotation

WE have been more particular in the Relation of this famous Piece [ndr : Bell fait ici référence au tableau commencé par Apelle et Protogènes sur lequel ces deux artistes ont successivement tracé des lignes – événement précédent de peu leur rencontre], because a large Dispute hangs upon it {Pliny, Lib. 35. Ch. 10.} : and the late Commentator upon our Author, Ludov. Demontiosius, seems very much offended at the generally received Acceptation of the Story of this noble Contention ; and would not by any Means admits that this Tryal of Skill was about the Subtilty of Lines ; for, as he says, with a good Share of Truth in the main, in a coloured Picture, or Painting, there is so little Use of Lines, that the very Appearance of any is justly reproveable ; for the Extremities should be lost and confounded in the Shadows, and ought to go off without any Thing of the least Stiffness, or Sharpness of a Line.
NEITHER will he admit it in Drawings, or Designs, with the Coal, or Pen, for that in those the true ARTIST never regarded so much the Fineness, or Courseness of his Touches ; but only how and where they served best to express the proper Shadowing and Raising of his Draught according to the Life ; and brings in for Instance many Drawings of the celebrated Masters of his Time, which he had seen of
Mich. Angela Bonoroti, Raphael de Urbin, Salviati, Polydore, and the Great Titian’s, where his Observation does not take Notice that any have in the least affected the Nicety of curious Lines.

Quotation

Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]

Quotation

Comme Appelle accusa de fort bonne grace tous ceux de son art de cette trop grande exactitude, & de n’avoir pas assez fait estat dans leurs travaux de la Charité des Grecs, se moquant de Ptotogène [sic] qui ne pouvoit oster sa main de dessus un tableau, memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam : Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

Quotation

’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

Quotation

[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

Quotation

Seght hem, antwoordt Apelles, dat het desen Man is die hem soeckt; met dese woorden nam hy ’t naeste penceel in de hand en trock een wonderlick fijne linie met de eene of de andere verwe op het panneel. Protogenes en was soo haest niet weder-ghekeert, of de oude Vrouwe gaf hem de gantsche gheschiedenisse te kennen. Men seght dat den Konstenaer de subtijlheyd deser linie soo haest niet en hadde beschouwt, of ’t quam hem daedelick in den sin dat Apelles ghekomen was, want by het daer voor hielt dat nieman anders sulcken volmaeckten werck konde voordbrenghen; dies hy oock een linie die noch vele dunner was met een andere verwe op de voorige linie getrocken heeft; en als hy voor sich nam een weynich van kant te gaen, soo heeft hy ’t oude Wijf last gegeven dat sy den vreemdeling dese linie soude tonen ende hem met eenen aenseggen dat dit den man was dien hy socht, het gheviel juyst soo, Apelles komt andermael, Maer gelijck hem de schaemte verhinderde dat hy sich souden bekennen overwonden te sijn, soo heeft hy de linien met een derde soorte van verruwe doorsneden, den anderen Konstenaer de hoope selver van eenighe voordere subtijlheydt benemende. Dus hieldt sich Protogenes overwonnen, en liep met der vaerd nae de haeven om den vreemdelingh te vinden.

Quotation

C'est pourquoi Mr. le Poussain qui sçavoit bien choisir les circonstances, & les approprier aux sujets qu'il traitoit, s'en faisoit une regle, disant ordinairement qu'il donnoit à ses Tableaux un mode Frigien ; pour dire qu'il suivoit la seule idée du sujet principal, c'est ce qui se remarque aussi en tous ses Ouvrages, notamment en celui dont on venoit de parler [ndr : Eliézer et Rebecca] [...] ; voilà l'idée du sujet qu'il s'est proposé en cette action, à quoi il a tellement assujetti toutes les parties qui entrent en la composition de cet excellent Ouvrage [...] On peut encore remarquer l'observation de cette maxime de Mr. le Poussain dans un Tableau du Miracle de Nôtre-Seigneur, en guerissant deux aveugles [ndr : Les Aveugles de Jéricho ou Le Christ guérissant les aveugles], où tout ce qui accompagne cette expression est grand, majestueux, & serieux, tant dans les actions que dans les habillemens des figures, les couleurs & la disposition du Paysage ; [...] mais pour ne rien obmettre de ce qui étoit essentiel au sujet, il avoit exprimé dans le petit nombre de figures qui accompagnent Nôtre-Seigneur tous les mouvemens & les passions qui pouvoient convenir en cette rencontre, l'incredulité & l'indifference des Juifs, la curiosité, la derision, & la mocquerie des Pharisiens, la foi, l'admiration & le zele des Disciples, le respect, la devotion & le grand desir des affligés. [...] d'où l'on conclut qu'un Peintre peut bien accompagner l'expression de son sujet de quelques figures allegoriques pour marquer & citer le lieu, où il se rencontre, mais comme par des statuës qui n'ont nulle part aux mouvements des figures qui expriment le sujet, que n'ayant que cette sorte de langage pour exprimer ses belles conceptions, il ne seroit pas juste de lui en ôter la liberté, c'est ce qui a fait dire que la Peinture est une Poesie muette, & la Rhetorique des Peintres.

Quotation

Pour ce qui concerne la Proportion, c’est-à-dire la Symmetrie ou correspondance du Tout avec ses parties, c’est une chose facile, et à la portée de tous les esprits : ce qui fait que l’ignorance est sans excuse, parce qu’on peut l’acquerir presque sans peine, et mesmes par une estude entierement mechanique : mais le seul moyen de parvenir à sa perfection, et d’en avoir une connoissance bien esclairée, c’est d’aller par le chemin de la Geométrie, qui est la source de tous les Arts. […]

Quotation

Dewijl het dan vast gaet dat de waere schoonheyd der naturelicker lichaemen maer alleen in de ghevoeghlicheydt deser Harmonie te vinden is, soo volght het oock daer uyt onwedersprekelick, dat de rechte naeboetsinghe deser lichamen voornamelick in het waernemen deser Harmonie gheleghen is. Alle ghedeelten van een stock-beeld behooren schoon te sijn seght Socrates apud Stobaeum Serm. I. wy en staen in de Colossische wercken niet soo seer op de aerdighe netticheyt van elck bysonder ghedeelte, of wy plaghten vele meer op de schoonheyd van ’t gheheele maecksel te letten, seght Strabo Lib. I. Geogr. Die naeboetsinghen worden voor d’allerspottlickste ghehouden, seght Galenus {Lib. i. de Usu partium corporis humani}, de welcke de ghelijckenisse diese in vele ghedeelten waernemen, in de voornaemste versuymen. Parrhasius, Polycletus, en Asclepiodorus sijn d’eerste en voornaemste grondleggers ende onderhouders deser Symmetrie gheweest. Parrhasius was den eersten die de Schilder-konst haere behoorlicke Symmetrie ghegheven heeft. Plin. XXXV.10. Polycletus nam de Symmetrie op het aller naerstighste waer. Plin XXXIV. 8. Asclepiodorus gingh soo meesterlick met sijne stucken te werck, seght den selvighen Plinius {Lib. XXXV. Cap. 10.}, dat sich Apelles grootlicks plaght te verwonderen over de Symmetrie die hy daer in ghebruyckte.

Quotation

Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

Quotation

Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

Quotation

Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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La fin des Portraits n’est pas comme beaucoup se l’imaginent de donner avec la ressemblance un air riant & agreable : C’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il faut exprimer le veritable temperament des personnes que l’on représente, & à faire voir leur physionomie. Si la personne que vous peignez, par exemple, est naturellement triste, prenez-garde de luy donner de la gayeté, qui seroit toûjours quelque chose d’étranger sur son visage.
Si elle est enjoüée il faut faire paroistre cette belle humeur, par l’expression des parties où elle agit & où elle se montre. Si elle est grave et majestueuse, les ris trop sensibles rendent cette majesté fade & niaise : Enfin le Peintre qui a de l’esprit doit faire le discernement de toutes ces choses, & s’il sçait la physionomie il aura bien plus de facilité & reüssira mieux qu’un autre.
L’Histoire dit qu’Appelles faisoit ses Portraits si ressemblans, qu’un certain Physionomiste disoit en les voyant, le temps que devoit arriver la mort des personnes, à qui ils resembloient, ou en quel temps elle estoient arrivée, si ces personnes n’estoient plus au monde.
Cet Histoire est assez difficile à croire, puisque la Physionomie est une Science fort incertaine, & particulierement celle d’un portrait d’un mort ou d’un homme vivant. Car les portraits, quoy qu’ils soient bien ressemblans, ne sont pourtant que copies ausquelles on ne peut asseoir un jugement solide, puisqu’on n’en peut rien asseurer sur l’original. [...]
Ainsi la Physionomie n’est pas fort certaine, c’est pourquoy il ne s’y faut pas arrester. On dit d’ordinaire qu’en un beau corps, loge une belle ame mais cela n’est pas toujours veritable.

Quotation

Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

Quotation

Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

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Mais que dirons-nous de ce coup de Maistre du mesme Appelle qui luy acquit le renom du plus grand Peintre de son siecle, de cette adresse admirable avec laquelle il fendit un trait fort délié par un trait plus delié encore.
LE PRESIDENT. Je voy que vous n'entendez pas quel fut le combat d'Appelle & de Protogene. Vous estes dans l'erreur du commun du monde qui croit qu'Appelle ayant fait un trait fort delié sur une toile, pour faire connoistre à Protogene que ce ne pouvoit pas estre un autre Peintre qu'Appelle qui l'estoit venu demander, Protogene avoit fait un trait d'une autre couleur qui fendoit en deux celuy d'Appelle, & qu'Appelle étant revenu il avoit refendu celuy de Protogene d'un trait encore beaucoup plus mince.
[...] Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

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Comme ceux qui apprennent à peindre commencent par apprendre à designer le contour des figures, & à le remplir de leurs couleurs naturelles ; qu'ensuite ils s'étudient à donner de belles attitudes à leurs figures & à bien exprimer les passions dont ils veulent qu'elles, paroissent animées, mais que ce n'est qu'après un long-temps qu'ils sçavent ce qu'on doit observer pour bien disposer la composition d'un tableau, pour bien distribuer le clair obscur, & pour bien mettre toutes choses dans les regles de la perspective ; tant pour le trait que pour l’affoiblissement des ombres & des lumieres. 
De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer.

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Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

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Aussi ne voit on personne qui rétablisse la beauté des couleurs, que les Romains nomment Cromatique, & qui la remettent en vigueur au point que l’a porta Zeuxis, lorsque par cette partie, qui est pleine de charmes & de magie & qui sçait si admirablement tromper la veuë qui se rendit égal au fameux Apelles, le Prince des Peintres, & qu’il merita toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde.
Et comme cette partie [ndr la chromatique], que l’on peut dire la fin & le dernier achevement de la Peinture, est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire sa sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard, & cette tromperie l’ayent jamais deshonoré, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite ; il sera donc tres avantageux de la connoistre.

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[…] he [ndr : Ludovicus Demontiosius ou Jean de Monjosieu] labours to convince us in the Truth of, he distinguishes all the Colours in a Picture in reference to the different Modification of Light upon Bodies, into three Sorts, or rather Degrees, Light, Splendor and Shadow ; in the Light the Colour is Deluted, in the Shadow Saturated, and in the Splendor only the Species of the Colour is truly discern’d ; this Splendor he calls also the Tone, carrying so near an Analogy with the Sence of it in Musick, where it comprehends the Phthonge, the Intervals, the Place of the Voice, and the Tenor ; all which he applies to the Meaning of this Splendor, or Tone in Painting : To these three foregoing Degrees of Colour, he adds a fourth Thing incident, call’d the Harmoge, which is the Commixture, or the curious and insensible Transition of the three Degrees of Colours ; and this, in the Opinion of our Author, is the Interpretation of the famous Contest about the Scissure and Intersection of Lines ; of which, when Apelles had given a Specimen, and Protogenes had seem it, Artem agnovit sed negligentiam Artificis notavit, and therefore took another Pencil, and what was left somewhat too hard and unpleasant in the Union of the Colours, he corrected and made more tender, ‘till Apelles again returning by the Interposition of another Colour, gave it such a Finishing, as left no Place for any further Attempt.

Quotation

Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent.

Quotation

BESIDES all this, our Author [ndr : Pline] in another Place affirms, such was the Beauty and Brightness of his [ndr : Apelle] Colours, that least the Lustre should too much dazzle and offend the Sight, he had one peculiar and extraordinary Invention of a curious (and our Author would have it black) Varnish, so finely tempered and driven over the whole Work, that it not only took off that Inconvenience, but secured and guarded it from the Injury of Wet and Dirt, or any Filthiness whatsoever.

Quotation

Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

Seght hem, antwoordt Apelles, dat het desen Man is die hem soeckt; met dese woorden nam hy ’t naeste penceel in de hand en trock een wonderlick fijne linie met de eene of de andere verwe op het panneel. Protogenes en was soo haest niet weder-ghekeert, of de oude Vrouwe gaf hem de gantsche gheschiedenisse te kennen. Men seght dat den Konstenaer de subtijlheyd deser linie soo haest niet en hadde beschouwt, of ’t quam hem daedelick in den sin dat Apelles ghekomen was, want by het daer voor hielt dat nieman anders sulcken volmaeckten werck konde voordbrenghen; dies hy oock een linie die noch vele dunner was met een andere verwe op de voorige linie getrocken heeft; en als hy voor sich nam een weynich van kant te gaen, soo heeft hy ’t oude Wijf last gegeven dat sy den vreemdeling dese linie soude tonen ende hem met eenen aenseggen dat dit den man was dien hy socht, het gheviel juyst soo, Apelles komt andermael, Maer gelijck hem de schaemte verhinderde dat hy sich souden bekennen overwonden te sijn, soo heeft hy de linien met een derde soorte van verruwe doorsneden, den anderen Konstenaer de hoope selver van eenighe voordere subtijlheydt benemende. Dus hieldt sich Protogenes overwonnen, en liep met der vaerd nae de haeven om den vreemdelingh te vinden.

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

Quotation

Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

Quotation

Appelles avoit donc plus de soin d’observer le Vrai dans ses portraits, que de les embellir en les altérant.
En effet le Vrai a tant de charmes en cette occasion, qu’on le doit toujours préferer au secours d’une beauté étrangere. Car sans le Vrai les portraits ne peuvent conserver qu’une idée vague & confuse de nos amis, & non pas un véritable caractere de leur personne.

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

Quotation

[…] 1. La Proportion se divise en deux parties : l’une, s’appelle Proportion propre de la chose que l’on veut representer & peindre : l’autre, s’appelle Proportion selon l’œil & en Perspective. Par exemple, l’homme de mediocre stature a de longueur neuf ou dix faces ; sa proportion est, qu’il faut que son visage ait la neufieme ou disiesme partie de toute sa hauteur, & c’est de cette proportion ou mesure propre & naturelle des choses que je traiteray en ce premier Livre. L’autre proportion est le respect de la veuë, & est diverse ; parce que selon que la chose est esloignée de l’œil, le mesme œil juge de la proportion que la teste a ou la face avec le reste du corps […]. Or le Peintre ne doit pas observer en sa figure ces deux proportions ; car il est impossible qu’il le puisse faire : mais bien doit-il prendre garde, s’il veut devenir parfait, de ne donner jamais à la figure sa proportion propre & naturelle, parce que ce seroit une tres-grande erreur : […] il est necessaire que si l’un & l’autre [ndr : peintre et sculpteur] a dessin de devenir un nouveau Fidias, ou un Apellés, qu’il fasse tousjours sa Peinture ou Sculpture proportionnée selon le lieu où elle doit estre mise, & à l’œil duquel elle doit estre veuë […] parce que l’œil qui verra la jugera proportionnée

Quotation

BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

Quotation

BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

Quotation

Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Apelles was in alles gracelijck.

Quotation

30 Gheest is te ghebruycken in dese stucken, {Vlieghende laken t’nact uytmunten.}
Dees dunne laeckskens oft sijdekens diende,
Eenen blasenden windt aen t’lijf te drucken,
Op datmen t’naeckt’ (alst wel conde ghelucken)
Aen dgien, lijf, en beenen aerdich waer siende,
Hier hoefdemen de Charites te vriende,
Die Pythij soon in zijn werck verselden,{Pythius was den Vader Appellis.}
Ons Ide’ hier toonen most haer ghewelden.

Quotation

Preface au Lecteur de la Peinture, p. 301
Mais il save [ndr. le peintre] tromper l'œil ou tout n'y vaut rien ; il faut qu'on croye que cela est creux & enfoncé, cela enflé & boursoufflé, cecy hors d'œuvre, & qui se jette entierement hors du Tableau
, cecy esloigné d'une bonne lieuë, cela d'une haute extréme, cela percé à jour, cecy tout vif & plein de mouvement, que ce cheval court & escume à force de souffler, que ce chien jappe voirement, que ce sang coule de la playe, que les nuées tonnent en effet, & que les nuages sont tous decousus à force d'esclairs qu'on void sortir coup sur coup, que cet homme rend l'esprit & que l'on void l'ame sur ses levres, que les oyseaux bequettent ces raisins & se cassent le bec, qu'on crie haut qu'il faut oster le rideau afin de voir ce qui est caché, cependant il n'y a rien de tout cela, car tout cela est plat, pres, bas, mort & contrefait si artistement qu'il semble que la nature se soit couché là dessus pour aider le peintre à nous tromper finement, & se moquer de nostre bestise. 
De là vient qu'un d'eux [ndr. les peintres] escrit en ses ouvrages,
Res ipsa, c'est la chose mesme, non pas la Peinture; & l'autre, Fecit Apelles, ce qu'il mit en trois pieces où il surmonta l'art, la nature, & soy-mesme. Aux autres il mettoit Faciebat, c'est à dire, il faisait, & à dessein n'a point voulu achever de peur de faire rougir la nature qui se fut confessée vaincue par l'esprit  & par l'art. 

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 307
15. Meurtrir la trop grande gayeté des couleurs avec vernix, qui semble du talc, ou du crespe, ou de l'air espars sur le tableau, invention d'Apelles inimitable ; 

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre. 
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde. 
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate
en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere. 

Quotation

Apelles heeft oock dinghen gheschildert die niet en konnen af-gemaelt worden; als naemelick donder-slaeghen, weder-licht, blixem. Plin. Xxxv.10. Soo dat Theophylactus Simocasus hier op een oogh schijnt ghehadt te hebben, als hy seght {epist. 37}, dat de Schilders sich onder-winden soodaenighe dinghen uyt te drucken, die de Nature selver niet en kan ghedoen.

Quotation

Jae maer, seggen sy, daer is een sekere maniere van Schilderen die by d'oude noyt ghebruyckt en wiert. 't Schijnt alhier vry wat slots te hebben, dat sy 't exempel der oudheyt vorwenden; maer wat voor een oudtheyt is het doch daer op sy haer selven beroepen? 't is immers ongheloovelick dat sy haer selven 't exempel van d'aller uyterste oudtheydt voorstellen overmidts het hun niet onbekent is, dat Phidias ende Apelles vele dingen in 't werck te passe ghebrocht hebben die de voorighe Meesters noch niet en verstonden; oock soo en konnen die gene de Konst van Praxiteles ende Protogenes niet prijs-waerdich achten, dewelcke meynen dat men sich aen de wercken van Calamis ende Polygnotus, sonder yet daerin te veranderen, hadde behooren te verbinden. Iae maer, segghen sy wederom, daer heeft voor den tijdt van dese groote Meesters een veel een-voudigher maniere van doen den hooghsten prijs ghevoert.

Quotation

Want een recht-sinnigh Nae-boetser moet immers doch een goedt verheler sijner Konste wesen: soo wordt het oock voor enckel kinderwerck ghehouden, wanneer enigh Schilder sich selven meynt wel ghequeten te hebben, als hij slechts de selvighe trecken en linien in 't Copyeren van d'oude Stucken redelicker wijse kan waernemen. Alhoewel eenighe over sulcks uyt der maeten wel daer mede ghepast sijn, dat een Konstenaer de Venus van Apelles ofte den Satyr van Protogenes bequaemlick uyt drucke; alhoewel het oock in haer oordeel een gantsch prijs-waerdighe saecke schijnt te sijn, dat hy d'on-onderscheydenlicke ghelijckenisse van soodaenighe edele Patronen suyverlick treffe;

Quotation

[...] soo en kan 't niet schaeden dat men tot de bevalligheydt van Apelles toe voeght de gheluckighe stoudt-moedigheydt van Zeuxis, d'onvermoeyde naersticheydt van Protogenes, de kloecke diepsinnigheydt van Timanthes, als oock de hooghstaetelicke grootsheydt van Nicophanes.

Quotation

Daer is maer eene Konst ende maniere van Schilderen, in welcke Zeuxis, Aglaophon, Apelles een verscheyden handelinghe volghden; ende nochtans en was daer onder dese groote Meesters niet eenen dien yet tot de Konst scheene te ontbreken.

Quotation

Ick achte dat wy dese dinghen behooren aen te sien, seght Cicero {lib. iv. In Verrem.}, sprekende van den ongeloofelicke prijs die eertijds op de Konst-stucken gheset was, nae datse worden ghewaerdeert in het oordeel der ghener die eenen sonderlinghen treck tot de Konste hebben. Het nu is ook so heel vreemd niet dat het dese wackere verstanden hoogh-noodigh hebben gheacht den prijs te verhooghen; het magh wel wesen, segghe ick, dat sy de Konst nae het exempel van Apelles willens en wetens hebben soecken te verdieren: ghemerckt die dinghen maer alleen by vele menschen in groote achtinge worden ghehouden, de welcke van weghen haere dierte qualick te bekomen sijn. […] Want als desen goedaerdighen Konstenaar [Apelles] in het eyland Rhodus gelandet wesende, Protogenes den prijs sijner wercken ghevraeght hadde, so bevond hy dat Protogenes een seer gheringh gheld voor sijn werck eyschte, het welck Apelles dapper verdroten heeft; dies hy oock op Protogenes versocht, dat hy hem sijne wercken om vijftig talenten wilde verkoopen, uytgevende, dat hy koop-luyden ghenoech wist te vinden die hem die selivge voor de sijne souden afkoopen. Dese geschiedenisse heeft d'Inwoonders van Rhodus haere ooghen gheopent, om niet alleen haeren Konstenaren beter te verstaen, maer oock om te verhinderen dat sijne Schilderijen niet en souden vervoert worden, alhoewel Apelles van sijn voornemen in het minste niet ghesint en was te wijcken, tot dat sy den prijs dien hy daer voor gheboden hadde verbeterden, leest Plin. Lib. Xxxv. Cap. 10

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Apelles onder hield dese onverbrekelicke ghewoonte, seght Plinius in de selvighe plaetse, dat hem noyt eenen so gantsch besighen dagh konde voorvallen, of hy plaght noch altijd de Konst door het trecken van een linie te oeffenen. Soo leeren wy mede uyt de volgende woorden des selvighen autheurs, dat sijn hand door dese daghelicksche oeffeninghe sulcken vastigheyd ghekreghen heeft, dat hy de aller treffelickste Meesters in het haelen van subtijle linien verde te boven gingh.

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Seght hem, antwoordt Apelles, dat het desen Man is die hem soeckt; met dese woorden nam hy ’t naeste penceel in de hand en trock een wonderlick fijne linie met de eene of de andere verwe op het panneel. Protogenes en was soo haest niet weder-ghekeert, of de oude Vrouwe gaf hem de gantsche gheschiedenisse te kennen. Men seght dat den Konstenaer de subtijlheyd deser linie soo haest niet en hadde beschouwt, of ’t quam hem daedelick in den sin dat Apelles ghekomen was, want by het daer voor hielt dat nieman anders sulcken volmaeckten werck konde voordbrenghen; dies hy oock een linie die noch vele dunner was met een andere verwe op de voorige linie getrocken heeft; en als hy voor sich nam een weynich van kant te gaen, soo heeft hy ’t oude Wijf last gegeven dat sy den vreemdeling dese linie soude tonen ende hem met eenen aenseggen dat dit den man was dien hy socht, het gheviel juyst soo, Apelles komt andermael, Maer gelijck hem de schaemte verhinderde dat hy sich souden bekennen overwonden te sijn, soo heeft hy de linien met een derde soorte van verruwe doorsneden, den anderen Konstenaer de hoope selver van eenighe voordere subtijlheydt benemende. Dus hieldt sich Protogenes overwonnen, en liep met der vaerd nae de haeven om den vreemdelingh te vinden.

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Dewijl het dan vast gaet dat de waere schoonheyd der naturelicker lichaemen maer alleen in de ghevoeghlicheydt deser Harmonie te vinden is, soo volght het oock daer uyt onwedersprekelick, dat de rechte naeboetsinghe deser lichamen voornamelick in het waernemen deser Harmonie gheleghen is. Alle ghedeelten van een stock-beeld behooren schoon te sijn seght Socrates apud Stobaeum Serm. I. wy en staen in de Colossische wercken niet soo seer op de aerdighe netticheyt van elck bysonder ghedeelte, of wy plaghten vele meer op de schoonheyd van ’t gheheele maecksel te letten, seght Strabo Lib. I. Geogr. Die naeboetsinghen worden voor d’allerspottlickste ghehouden, seght Galenus {Lib. i. de Usu partium corporis humani}, de welcke de ghelijckenisse diese in vele ghedeelten waernemen, in de voornaemste versuymen. Parrhasius, Polycletus, en Asclepiodorus sijn d’eerste en voornaemste grondleggers ende onderhouders deser Symmetrie gheweest. Parrhasius was den eersten die de Schilder-konst haere behoorlicke Symmetrie ghegheven heeft. Plin. XXXV.10. Polycletus nam de Symmetrie op het aller naerstighste waer. Plin XXXIV. 8. Asclepiodorus gingh soo meesterlick met sijne stucken te werck, seght den selvighen Plinius {Lib. XXXV. Cap. 10.}, dat sich Apelles grootlicks plaght te verwonderen over de Symmetrie die hy daer in ghebruyckte.

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Apelles plaght de Conterfeytsels van d’een en d’ander soo gantsch ghelijck te maecken, dat de troniebekijckers, diemen Metopocopos ofte Physiognomers noemt, soo wel uyt sijne Schilderyen als uyt het leven selver voorsegghen konden wanner dien afghemaelde persoone soude overlijden. Plin. XXXV.10. Dies heeft sich oock Philophomus vervoordert de reden by te brenghen, waerom goede Schilders de waere ghelijckenisse der naeghebootster dinghen niet wel en konnen missen.

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Apelles wist sich uytnemende wel te maetighen in alle het ghene de Konst aengaet: Dies hield hy het mede ongheraedsaem, d’ooghen der aenschouwers, door de vroolickheyd van aenporrende heldere Coleuren al te seer te verwecken; maer hy plaght sijne volwrochte stucken door eenen onnaevolghelicken treck met sulcken dunnen inckt over te vernissen, dat d’al te groote gloeyenheyd der verwen daer door verdooft wierd, dat sijne stucken door dit middel van stof en vuyligheyd beschermt waeren, en datmen t’overstrijcksel des selvighen inckts maer allen van naeby konde beseffen. Hy heeft reden ghenoegh daer toe ghehadt, seght Plinius {Lib. xxxv Cap. 10.}, want hy den luster sijner glimmender Coleuren een weynigh socht te versmooren en te verdonckeren, wel wetende dat den glants der selvigher d’ooghen der aenschouwers soo lichtelick niet en konde verveelen, wanneer sy de klaer glinsterende verwen maer alleen van verde als door een spieghel-steen besichtighden.

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Tot noch toe hebben wy d’Ordinantie, die uyt d’Inventie oorspronckelick voordspruyt, aenghemerckt; volght dat wy nu een weynigh handelen van de Dispositie, die ’t werck is van een nauwluysterende Proportie. Daer om schijnt oock dese Dispositie, om de waerheyd te segghen, seer weynigh van de Proportie te verschillen: Want ghelijckse nerghens anders op uyt gaet, dan datse ’t rechte tusschenscheyd der figuren behoorlicker wijse waerneme ende onderhoudt; soo wordtse ten aensien vande groote ghemeynschap diese met de Proportie selver heeft, een Symmetrie in Plinius ghenaemt: Apelles, seght hy {Lib. xxxv. Cap. 10.}, plaght de Symmetrie van Asclepiodorus met groote verwondering t’aenschouwen; Want dit segghende, soo heeft hy daer mede anders niet te verstaen ghegeven, dan dat sich Apelles met den voornoemden Asclepiodorus niet en heeft dorven verghelijcken, Inde maeten, dat is, in ’t waernemen van de tusschen-wijdde diemen in verscheyden figuren behoort t’onderhouden, ghelijck den selvighen autheur in ’t selvighe Capittel is sprekende. Wat dese Dispositie belanght, men kanse aen gheen sekere ghesette regulen verbinden; ons ooge heeft daer in ’t meeste bedrijf:

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Siet eens wat meer ghegolden heeft in barmherricheyt te verwecken, een rouwe Schets met Houts-kool op een Muyr getrocken van Appelus, of alle het zoet-vloyende Schrijven van Ovidius? Neen seecker: Appellus dede het stuyr ghesichte van den Coninck Ptolomeo seer haest in een vriendelicke oogh-luyckinghe veranderen, wanneer hy hem een ontwerp maeckte van het Conterfeytsel Plani.

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Nu trachtende na het eynde, voor een besluyt, laet ons eens sien hoedanich dat soo een Schilder na rechten eys behoorden ghestelt te sijn, die hem onder het ghetal van dese Loff-waerde Gheesten soude konen voegen, sonder daer over bespot te werden; want seeckerlick, alle die de naem van Schilders voeren, en moghen hier niet onder ghestelt werden, vele soude haer selven hier wel kittelen datse lacchen soude; denckende, is het soo met onse Konst gelegen, dat de selve soo uytsteeckende is, soo moet ick yets groots van mijn selven gevoelen, aenghesien ick mede een van haer Burgers ben, maer het soude met vele van dese lieden soo ghestelt sijn als met de Pauwen, dewelcke met een grootsheyt de borst voor-uyt steecken, een vermaeck scheppende inde schoone pluymen van haer steert, maer siende eens op haer voeten van hoe slechten glans de selve sijn, so latense de steert vallen, en gaen vol van schaemte al buckende heen. Soo soude het met veel van de selve oock toe gaen, wanneerse van soo groote dinghen van de Schilders hooren, die soo uytmutende gheweest sijn, en dat sy mede met de naem van Schilder ghenaemt werden, met de selve mede een waren, maer wanneer sy eens hare stucken, by die vermaerde Gheesten haer werck stelden, soo soudense met de Tauwe met neer-geslagen hoofde swanger sijnde van schaemte en spijt, al drupende moeten heen gaen: doch, om te weten hoedanich hy gestelt moste sijn om mede onder de meenichte van de Vermaerde te komen, soo let wel hoedanigh ick hier eene door mijn Penn' aff schilderen sal, dewelcke hem sonder beschimpt te werden, als verdient hebbende aen dese Rey, sal moghen voeghen. Voor eerst: Soo in hem is een ghesont Oordeel: Een seeckere en ghewisse Teycken handt: Een vloeyende Gheest om eygentlick te Ordineeren: Het geestighe Bedencken der aenghename Rijckelijckheyt: Het wel schicken der Daghen en Schaduwen, by een goede waerneminghe der eyghen natuerlicke dinghen: Een wel-gheoeffent verstant in de Perspectiven, en dat niet min ervaren in kennisse der Hystorien, vergheselschapt met verre en eygentlicke na ghedachten, spruytende uyt veel-ghelesen en onder-socht te hebben. Die mede eenich begrijp der Matimatische dingen heeft: Een die de Anatomy grondich verstaet: Die de Natuyr meer soeckt na te bootsen dan andere Meesters handelinge: Die de Verwe vleysich onder een weet te smeuren: Die onderscheyt van alle Wolle-Laeckenen, Linde, en Zijde Stoffe weet uyt te drucken: Die een wacker, doch soet-verliesent Penceel heeft, en soo by alle dese dingen in hem ghevonden kan werden de soet-mondige wel-spreeckentheyt van Appellus, vergheselschapt sijnde met de kuysheyt Michael Angolo; en daer-en-boven de lust en vlijt tot wercken van Dominicus Girlandaio; soo mach met recht van de selve geseyt werden, dat hem de huldinghe van een eeuwighe ghedenckwaerdighe Eere-kroon toe-ghewijdt moet werden.

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Comme Appelle accusa de fort bonne grace tous ceux de son art de cette trop grande exactitude, & de n’avoir pas assez fait estat dans leurs travaux de la Charité des Grecs, se moquant de Ptotogène [sic] qui ne pouvoit oster sa main de dessus un tableau, memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam : Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].

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Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

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Le notable precepte qu’il [ndr : Appelle] donna de fuïr comme un crime ce soin scrupuleux & superflu, qui fait dire par fois que des ouvrages sont trop achevez, est cause que plusieurs chercherent leur gloire dans la promptitude, & qu’en effet ils furent loüez d’une diligence extraordinaire. Pline en nomme quelques-uns comme Philoxene, Nicophane, & leur precepteur Nicomaque les plus expeditif de tous, & qui n’a point eu son pareil en impetuosité d’esprit, pour user de ses termes. Lala, qui peignoit dans Rome du siecle de Varron avec une si grande legereté de main, que personne jamais ne l’a passée en cela.

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L’on dit que Marc de Sienne Disciple de Michel l’Ange receut un jour cét advis de son Maistre qu’il fist tousjours sa figure Pyramidale, serpentée, & multipliée par un, deux, & trois. Et croy-je qu’en ce precepte consiste tout le secret de la Peinture, parce que la plus grande grace d’une figure est qu’elle semble se mouvoir, ce que les Peintres appellent fureur, ou esprit de la figure. Et pour representer ce mouvement, il n’y a point de forme qui s’y accommode mieux que celle de la flamme du feu, lequel, suivant ce que dit Aristote, & tous les autres Philosophes, est l’élement le plus actif de tous, & la forme de sa flamme est de toutes la plus propre au mouvement parce qu’elle a l’angle & la pointe aiguë avec laquelle elle semble fendre l’air pour monter à sa Sphère. De sorte que lors que la figure aura cette forme, elle sera tres belle. Et cecy se peut encore observer de deux manières, l’une est, que l’angle de la Pyramide, qui est la partie la plus aiguë tienne le haut, & la basse qui est le plus ample de la Pyramide soit en bas, comme le feu : & alors le bas de la figure, sçavoir les jambes & les draperies doit estre large, & le haut d’icelle ira en retressissant en forme de Piramide, monstrant une espaule, & que l’autre fuye & soit racourcie, faisant tordre le corps, qui en cachera l’une & découvrira & fera relever l’autre. La figure peut encore estre peinte, comme une Pyramide renversée, c’est à dire, qui ait la base en haut & la pointe en bas ; & ainsi les parties superieures de la figure seront larges, monstrant les deux palerons, ou estendant les bras, monstrant une jambe, & cachant l’autre, ou d’autre façon, comme il semblera mieux au sage Peintre. […] le Peintre doit accompagner cette forme Pyramidale, avec la forme serpentée, qui represente la tortuosité d’une coleuvre vivant lors qu’il chemine, qui est la propre forme de la flamme du feu qui ondoye. Cela veut dire que la figure doit representer la forme de la lettre S. droite ou renversée, comme est celle icy .S. [ndr : S renversé] parce qu’alors elle aura sa beauté.

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La Peinture se divise en Theorie & Pratique. La Theorie donne les preceptes generaux, qui doivent estre observés par ceux qui desirent exceller en cét Art. La pratique donne les regles de jugement & prudence, enseignant comme il faut mettre en œuvre ce qui generalement a esté dit & imaginé. Ce que j’ay resevé au sixiesme livre intitulé La Pratique. […] La Theorie se divise en cinq parties : la premiere traite de la Proportion : la seconde de la Position, & situation de la figure ; la troisiesme de la couleur ; la quatrieme, de la lumiere ; & la cinquieme, de la Perspective. […] 1. La Proportion se divise en deux parties : l’une, s’appelle Proportion propre de la chose que l’on veut representer & peindre : l’autre, s’appelle Proportion selon l’œil & en Perspective. Par exemple, l’homme de mediocre stature a de longueur neuf ou dix faces ; sa proportion est, qu’il faut que son visage ait la neufieme ou disiesme partie de toute sa hauteur, & c’est de cette proportion ou mesure propre & naturelle des choses que je traiteray en ce premier Livre. L’autre proportion est le respect de la veuë, & est diverse ; parce que selon que la chose est esloignée de l’œil, le mesme œil juge de la proportion que la teste a ou la face avec le reste du corps […]. Or le Peintre ne doit pas observer en sa figure ces deux proportions ; car il est impossible qu’il le puisse faire : mais bien doit-il prendre garde, s’il veut devenir parfait, de ne donner jamais à la figure sa proportion propre & naturelle, parce que ce seroit une tres-grande erreur : […] il est necessaire que si l’un & l’autre [ndr : peintre et sculpteur] a dessin de devenir un nouveau Fidias, ou un Apellés, qu’il fasse tousjours sa Peinture ou Sculpture proportionnée selon le lieu où elle doit estre mise, & à l’œil duquel elle doit estre veuë […] parce que l’œil qui verra la jugera proportionnée.

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{2. Proportion.} Of Proportion.
It’s called
Symmetry, Analogie, Harmony.
Proportion is of any part ; a Hand fitted to the bigness of a body.
Symmetry is the proportion of each finger to that bigness ; Analogie or Harmonie. All together in one ; a Concinnity of Harmony ; A congruence, or equality of parts and members ; or due connexion, in reference of all parts, one to the other, and all to the whole, which produceth a perfect Nature, or beauty.
{Of true beauty.} Whatsoever is made, after a conceived or Intelligible thing is Fair.
Whatsoever is made, after a thing generated, is not faire.
Beauty, may be perfectly conceived.
{Naturall and conceived.} True
beauty in any Creature, is not to be found ; being full of deformed disproportions, far remote from truth ; for sinne is the cause of deformity.
Beauty in truth, is, where Joynts and severally every part with the whole, hath its due proportion and measure ; and therefore hard to describe.
Beauty should consist but of One at the most ; and deformity contrariwise, measured by many : for the eeven Lineaments and due proportion of fair and goodly Persons, seem to be created and framed, by the judgement and sight of one form alone, which cannot be in deformed persons ; as with blub cheeks, bigg eyes, little nose, flat mouth, out chin, and brown skin, as it were moulded from many ill faces ; and yet some one part considered about, to be handsome, but altogether become ugly ; not for any other cause, but that they may be Lineaments of many fair women, and not of One. The Painter, did well, to procure all the fair maides naked, to judge of each severall and single perfection ; and so from the Idea of fancie, to shape a Venus. {By the Idea.}
{His brave and unpattern’d and unparallel’d Piece of
Artimesia.} And thus, by often exercise from severall beauties, you shall fixe a conceived Idea is your mind of accomplished Pulchritude grace or comlinesse, according to the true rule of Symmetry. […].
A
Beauty may be expressed by a comely body, though not of delicate features ; rather dignity of presence, than beauty of aspect. It is seen at the first sight. Favour more than Colour ; and yet that of decent and gratious motion, more than that of favour.
There is no excellent
beauty without some strangeness in the proportion, and both Apelles and Albert Durer, doe but trifles out the time and trouble us ; The One to compose a Personage by Geometricall proportion ; and Apelles by collecting the best parts from severall faces, to make one excellent. Indeed a Painter may make a better personage than ever was seen since the first Creation ; which he does by a kind of felicity, not by Rule, as a Musician doth his French Aires, not by true Method of setting.
[…].

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Ils [ndr. les peintres Anciens] se rendoient mesme assez dociles pour soûmettre leurs Ouvrages à la Critique, non seulement des Philosophes & des Sçavans, mais encore du commun peuple, & des artisans de tous mestiers, qui leur faisoient quelque fois d’assez judicieuses corrections.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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Or cela n’est pas fort difficile à résoudre, puisqu’avec le seul Traitté de Leonard de Vinci on peut monstrer assez vraisemblablement, qu’un Peintre, ayant esté bien instruit dés sa jeunesse en toutes les connaissances nécessaires à sa profession, par la methode qu’il prescrit au premier chapitre de son livre, il ne peut manquer d’estre habille-homme : mais après cela, si la nature le favorise du Genïe de l’Art, qui est la vivacité et le caprice de l’Invention, et du Talent de la Grace, (que l’estude ne sçauroit donner), il faut par necessité qu’il reussisse excellent et si ses Ouvrages sont précisément conformes à tout ce qui est enseigné dans la suite de cette Dissertation, on en pourra dire les mesmes choses que de ces Chef-d’œuvres d’Apelles, de Zeuxis, et de Parrhasius.

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{Couleur ou Cromatique. Troisième Partie de la Peinture.}
Aussi ne voit-on personne qui rétablisse *la † CROMATIQUE, & qui la remette en vigueur au point que la porta Zeuxis, lors que par cette Partie, qui est pleine de charmes & de magie, & qui sçait si admirablement tromper la veuë, il se rendit égal au fameux Apelle, le Prince des Peintres, & qu’il merita pour toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde. Et comme cette partie (que l’on peut dire l’ame & le dernier achevement de la Peinture) est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire *sa Sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard & cette tromperie l’ayent jamais deshonorée, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite : Il sera donc tres-avantageux de la connoistre.

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’T en is oock niet geraden, seght Franciscus Iunius, dat wy ons selven tot eenen Meester alleen overgeven, om die in alle dingen te volgen: Apelles was ongetwijffelt den aldervermaersten, nochtans hebben hem wel eenige in ’t een of ’t ander deel te boven gegaen: Hy wiert wel van d’Oude Meesters gepresen, maer niet dat hy alleen behoorde na-gevolght te worden. {Hoemen van verscheyde Meesters het beste moet kiesen ende t’samen voegen.} ’t Soude wel Goet zijn als Apelles te werden, maer wat kan ’t schaden datmen tot de bevalligheyt van Apelles toevoeght de Geluck-stoutigheyt van Zeuxis, d’onvermoeyde neerstigheydt van Protogenes, de kloecke diepzinnigheydt van Nicophanes; ende andere hare deughden meer aen te namen. Soo seggen wy nu oock, wat kan het hinderen soo wy Raphel Vrbijn als een lichtende Fackel in fraye ordineeringhe, zedige besigheyt der Beelden, ende grootse gedachten willen navolgen, dat wy daer by soecken te krijgen de wisse Teyckeningh en vaste omtrecken van Carats, Testa ende andere; de bevalligheydt, cierlijcke playsantie, ende rijcke Majesteyt van Pietro de Cortone, de verstandige waernemingh der vlacke schaduwen en dagen, Crokeringh ende natuerlijcke Coloreeringh van Poussijn, Barotius, Symon Vouet, ende watmen meer na sijn humeur en gave oordeelt, in andere Meesters, navolgenswaerdigh te zijn.

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Nu is de Vrage waer door het kenbaerste sal zijn, of door de partyen bysonder, ofte door alle parthyen indien omtreck op sijn plaets begrepen en opgesloten, waer van den omtreck de generale Masse of geheel komt te vertoonen? Hier op en sullen wy geen ander Antwoorde geven, dan het Exempel van Apelles; dewelcke (als hy voor den Koningh stont, en hem dien Man bekent maecken wilde, van welcken hy in een verciert gewaet, spottelijck uyt ’s Koninghs naem te Gast genoot was) een Kool uyt de Aertstede nam, en schetsten den generaelen omtreck, die hy vande gedaente des Mans in sijn memorye hadt gehouden, soo juystvormigh op eenen muer, dat den Koningh, die den Man te vooren ghekendt hadde, uyt dese generale treck konde sien, wat voor een Man Apelles meende.

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Of the Necessity and Definition of Proportion.


It was not without just Cause, that the antient
Græcians (at which time the Art of Painting had fully attained to his Perfection, by the Industry of Timantes, Eusenidas, Aristides, Eupompus, Sicyonias and Pamphilus, the famous Macedonian Painter, and Master of Apelles, who also was the first learned Painter directing his Workes by the Rules of Art, above any of his Predecessors, and well considering that whatsoever was made without measure and proportion, could never carry with it any such congruity as might represent either Beauty or Grace to the judicious beholder) were wont to say, that it was impossible to make any tolerable, much less any Commendable Picture, without the help of Geometry and Arithmetick, wherefore they required the Knowledge thereof, as a thing most necessary, which saying was also approved by Philip Macedo. And surely it is impossible (to omitt the meere Artizans) that he who is ignorant of these two Sciences, should understand the exact measure and proprotion of any probable or true Body, the necessity of which proportions shall be shewed hereafter.

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Es wird auch ihr Vorzug behauptet/ durch die sonderbare Remuneration und Belohnung/ welche unserer Pictura widerfahren. […]

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{In welchen Studen jeder von den Alten oder antichen bäst qualificirt gewesen.} Es ist dieses bey unserer Kunst gewöhnlich/ auch so wol an den antichen/ als modernen/ zu ersehen/ daß der eine in einem/ der andere in etwas anders/ die wenigsten in allem/ excelliret und Meister gewesen. {Die Griechen.} Dann Apollodorus legte sonderlich der Schönheit zu. Zeuxis machte zu große Köpfe/ ware aber ein künstlicher Obst-Mahler. Eumarus gewöhnte sich/ alles nach dem Leben nachzubilden. Protogenes konte erstlich nur Schiffe mahlen. Apelles war in allem zierlich. Parrhasius ware gut in seinen Umrißen; Daemon, reich von invention; Timanthes verständig in allen seinen Werken/ auch immer verborgenen Sinns und Meinung; Pamphilus, gelehrt; Nicomachus, geschwind; Athenion, tieffsinnig; Nicophanes, sauber und nett; Amulius schön mit Farben; Pausias, munter in Bildung der Kinder und Blumen; Asclepidorius gut in dem messen und in den proportionen; Amphion, von Anordnung, Serapio, vernünftig in großen; Pireikus, in kleinen Sachen; Antiphilus in klein- und großen ; Dyonisius, konte nur Menschen mahlen; Euphranor, alles; Nicias, Thiere/ besonderlich Hunde. Nicophanes, konte wol nach-copiren/ und war in seinen Werken sauber; Mechophanes zu rauh in den Farben; Nealces, gut im ausbilden; Aristides, in affecte ; Clesides, nach dem Leben ; Ludius, in Landschaften.

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Toutes les couleurs qu’on employe pour la Fraisque, sont bonnes à Huile, hormis le blanc de Chaux, & la poudre de Marbre ; Mais on se sert encore de celles qui suivent. [...] Du Noir de fumée, qui est une mauvaise Couleur, mais facile à peindre des Draperies noires. 
Du Noir d’os & d’yvoire bruslé, dont Appelle trouva l’invention selon Pline.

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La fin des Portraits n’est pas comme beaucoup se l’imaginent de donner avec la ressemblance un air riant & agreable : C’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il faut exprimer le veritable temperament des personnes que l’on représente, & à faire voir leur physionomie. Si la personne que vous peignez, par exemple, est naturellement triste, prenez-garde de luy donner de la gayeté, qui seroit toûjours quelque chose d’étranger sur son visage.
Si elle est enjoüée il faut faire paroistre cette belle humeur, par l’expression des parties où elle agit & où elle se montre. Si elle est grave et majestueuse, les ris trop sensibles rendent cette majesté fade & niaise : Enfin le Peintre qui a de l’esprit doit faire le discernement de toutes ces choses, & s’il sçait la physionomie il aura bien plus de facilité & reüssira mieux qu’un autre.
L’Histoire dit qu’Appelles faisoit ses Portraits si ressemblans, qu’un certain Physionomiste disoit en les voyant, le temps que devoit arriver la mort des personnes, à qui ils resembloient, ou en quel temps elle estoient arrivée, si ces personnes n’estoient plus au monde.
Cet Histoire est assez difficile à croire, puisque la Physionomie est une Science fort incertaine, & particulierement celle d’un portrait d’un mort ou d’un homme vivant. Car les portraits, quoy qu’ils soient bien ressemblans, ne sont pourtant que copies ausquelles on ne peut asseoir un jugement solide, puisqu’on n’en peut rien asseurer sur l’original. [...]
Ainsi la Physionomie n’est pas fort certaine, c’est pourquoy il ne s’y faut pas arrester. On dit d’ordinaire qu’en un beau corps, loge une belle ame mais cela n’est pas toujours veritable.

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La facilité attire nos yeux & nos esprits, estant à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée en cet Art. C’est dans cette partie qu’Apelles se sentoit plus fort que Protogene, lorsqu’il se blasmoit de ne pouvoir retirer sa main de dessus son tableau & de consommer trop de temps à son ouvrage : Et c’est pour cela qu’il disoit que ce qui portoit plus de prejudice aux Peintres, estoit le trop de temps qu’ils donnoient à leurs ouvrages, ne sçachant pas ce qui est Assez, ce mot d’Assez est difficile à connoistre. Il faut bien penser à vostre Sujet, & de quelle maniere vous le traitez selon vos Regles & la force de vostre genie, & ensuite de travailler avec toute la facilité & toute la promptitude dont vous vous sentez capable, sans faire naistre des difficultez dans vôtre ouvrage. Mais il est impossible d’avoir cette facilité sans posseder toutes les Regles de l’Art : Car la facilité consiste à ne faire précisément que l’ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place fort habillement, ce qui ne se peut faire sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & terminer vos ouvrages avec plaisir.

Quotation

Ne passez aucun jour sans travailler en vostre Art, soit au Dessein ou à la Peinture : car il est impossible que vous soyez habille homme sans une infinité d’Actes, & sans pratiquer continuellement.
Dans tous les Arts, les preceptes s’apprennent en peu de temps, mais la perfection ne s’acquiert que par longue pratique ; & par une grande diligence : Il ne s’est jamais vû que la paresse nous ait produit rien de bon.
Les Arts ont tiré leur commencement de la Nature, le besoin que l’on en à, [sic] a donné sujet aux hommes de rechercher les moyens de s’y rendre habilles par l’exercice qui les perfectionne.
[...]
Le plus beau de nos travaux est dans les matinées ; sur tout qu’aucun jour ne se passe sans travailler, soit du Pinceau ou du Crayon. Ce precepte est tiré d’Apelles.
La Peinture est un Art de longue haleine, & qui ne s’apprend qu’à force de le pratiquer : Michel Lange à l’âge de quatre-vingts ans, disoit qu’il apprenoit tous les jours.

Quotation

Aussi ne voit on personne qui rétablisse la beauté des couleurs, que les Romains nomment Cromatique, & qui la remettent en vigueur au point que l’a porta Zeuxis, lorsque par cette partie, qui est pleine de charmes & de magie & qui sçait si admirablement tromper la veuë qui se rendit égal au fameux Apelles, le Prince des Peintres, & qu’il merita toûjours la reputation qu’il s’est établie par tout le monde.
Et comme cette partie [ndr la chromatique], que l’on peut dire la fin & le dernier achevement de la Peinture, est une beauté trompeuse, mais flateuse & agreable, on l’accusoit de produire sa sœur, & de nous engager adroitement à l’aimer : Mais tant s’en faut que cette prostitution, ce fard, & cette tromperie l’ayent jamais deshonoré, qu’au contraire elles n’ont servy qu’à sa loüange, & à faire voir son merite ; il sera donc tres avantageux de la connoistre.

Quotation

[…] La beauté ne consiste point dans les parures, & dans les ornemens. Un peintre ne doit pas s’arrester aux petits ajustements, sur tout dans les sujets d’histoires, où il pretend representer quelque chose de grand & d’heroïque. Il y doit faire paroistre de la grandeur, de la force, & de la noblesse, mais rien de petit & de delicat, ny de trop recherché.

Quotation

[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

Quotation

Quelle beauté, quel décore, quelle grace dans le Tableau de Rébecca ? L’on ne peut pas dire du Poussin ce qu’Apelle disoit à un de ses disciples, que n’ayant pû peindre Helene belle, il l’avoit representée riche {Clem. Alex.}. Car dans ce Tableau du Poussin la beauté éclate bien plus que tous les ornemens, qui sont simples & convenables au sujet. Il a parfaitement observé ce qu’il appelle décore ou bienseance, & sur tout la grace, cette qualité si précieuse & si rare dans les ouvrages de l’art aussi-bien que dans ceux de la nature.

Quotation

Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind.

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Friend,
            When a Painter has acquired any Excellency in
Desinging, readily and strongly ; What has he to do next ?
                        Traveller,
            That is not half his Work, for then he must begin to mannage his
Colours, it being particularly by them, that he is to express the greatness of his Art. ’Tis they that give, as it were, Life and Soul to all that he does ; without them, his Lines will be but Lines that are flat, and without a Body, but the addition of Colours makes that appear round ; and as it were out of the Picture, which else would be plain and dull. ’Tis they that must deceive the Eye, to the degree, to make Flesh appear warm and soft, and to give an Air of Life, so as his Picture may seem almost to Breath and Move.
                        Friend,
            Did ever any Painter arrive to that Perfection you mention ?
                        Traveller,
            Yes, several, both of the
Antient and Modern Painters. Zeuxis Painted Grapes, so that the Birds flew at them to eat them. Apelles drew Horses to such a likeness, that upon setting them before live Horses, the Live ones Neighed, and began to kick at them, as being of their own kind. And amongst the Modern Painters, Hannibal Carache, relates to himself, That going to see Bassano at Venice, he went to take a Book off a Shelf, and found it to be the Picture of one, so lively done, that he who was a Great Painter, was deceived by it. The Flesh of Raphael’s Pictures are so Natural, that this seems to be Alive. And so do Titians Pictures, who was the Greatest Master for Colouring that ever was, having attained to imitate Humane Bodies in all the softness of Flesh, and beauty of Skin and Complexion.

Quotation

Friend,
            I have heard Painters blamed for Finishing their Pieces too much : How can that be ?
                        Traveller.
           
Very well : For an over Diligence in that kind, may come to make the Picture look too like a Picture, and loose the freedom of Nature. And it was in this, that Protogenes, who was, it may be, Superiour to Apelles, in every part of Painting ; besides, was nevertheless Outdone by him, because Protogenes could hardly ever give over Finishing a Piece. Whereas Apelles knew, when he had wrought so much as would answer the Eye of the Spectator, and preserve the Natural. This the Italians call, Working A la pittoresk, that is Boldly, and according to the first Incitation of a Painters Genius. But this requires a strong Judgment, or else it will appear to the Judicious, meer Dawbing.

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Raphael del Urbin was the greatest Painter that ever was ; having made himself a Manner out of the Study of the Antients and the Moderns, and taken the best out of both ; he was admirable for the easiness of Invention, Richness, and Order in his Composition, Nature herself was overcome by his Colouring, he was Judicious beyond measure, and proper to his Aptitudes ; in a word, he carried Painting in its greatest Perfection, and has been outdone by none : His particular Talent lay in Secret Graces, as Apelles’s did among the Ancients.

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Friend.
 
            What is properly the Colouring of a Piece of Painting ?
 
                        Traveller.
 
           
It is the Art of employing the Colours proper to the Subject, with a regard to the Lights and Shadows that are incident to the Story, either according to the Truth of it, or to the Painter’s Invention : [...] As for Face-Painting alone, it is to be manage another way, for there you must do precisely what Nature shows you.
           Tis true, that Beautiful Colours may be employed, but they must be such as make not your Piece like a Picture, rather than like Nature it self ; and particularly, you must observe to express the true Temper as well as the true Phisionomy of the Persoms that are Drawn ; for it would be very absurd to give a Smiling, Airy Countenance to a Melancholly Person ; or, to make a Young, Lively Woman, Heavy and Grave. ’Tis said of Apelles, that he expressed the Countenance and true Air of the Persons he Drew, to so great a degree, that several Physionomists did predict Events upon his Pictures to the Persons Drawn by him, and that with true Success. If after that, you can give your Picture a great Relievo, and make your Colours Represent the true Vivacity of Nature, you have done your Work as to that part of Painting, which is no small one, being, next to History, the most difficult to obtain ; for though there be but little Invention required, yet ‘tis necessary to have a Solid Judgment and Lively Fancy.

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LE PRESIDENT. Si la Sculpture moderne l’emporte si fort sur la Sculpture antique par cet endroit que vous marquez [ndr : un bas-relief de François Anguier], il faut que la Peinture d’aujourd’huy soit bien superieure à celle des Anciens, puisqu’enfin c’est d’elle que la Sculpture a appris tous ces secrets de degradation & de perspective.
L’ABBE. J’en demeure d’accord, & la consequence en est tres juste ; mais puisqu’il s’agit presentement de la Peinture, il faut commencer par la distinguer suivant les divers temps où elle a fleuri, & en faire trois classes : Celle du temps d’Appelle, de Zeuxis, de Timante, & de tous ces grands Peintres dont les Livres rapportent tant des merveilles ; Celle du temps de Raphael, du Titien, de Paul Veronese, & de plusieurs autres excellens Maistres d’Italie, & Celle du siecle où nous vivons.
Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

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Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

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Il [ndr : Pline] loüe un autre Peintre d'avoir fait une Minerve dont les yeux estoient tournez vers tous ceux qui la regardoient. Qui ne sçait que quand un Peintre se fait regarder de la personne qu'il peint, le Portrait tourne aussi les yeux sur tous ceux qui le regardent en quelque endroit qu'ils soient placez. Il dit qu’Appelle fit un Hercule, qui estant veu par le dos ne laissoit pas de montrer le visage ; l'étonnement avec lequel il dit qu'on regarda cet Hercule, est une preuve que jusques-la les Peintres avoient fait leurs figures tout d'une piece & sans leur donner aucune attitude qui marquast du mouvement &, de la vie.

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Mais que dirons-nous de ce coup de Maistre du mesme Appelle qui luy acquit le renom du plus grand Peintre de son siecle, de cette adresse admirable avec laquelle il fendit un trait fort délié par un trait plus delié encore.
LE PRESIDENT. Je voy que vous n'entendez pas quel fut le combat d'Appelle & de Protogene. Vous estes dans l'erreur du commun du monde qui croit qu'Appelle ayant fait un trait fort delié sur une toile, pour faire connoistre à Protogene que ce ne pouvoit pas estre un autre Peintre qu'Appelle qui l'estoit venu demander, Protogene avoit fait un trait d'une autre couleur qui fendoit en deux celuy d'Appelle, & qu'Appelle étant revenu il avoit refendu celuy de Protogene d'un trait encore beaucoup plus mince.
Mais ce n'est point là la verité de l'Histoire, le combat fut sur la nuance des couleurs digne sujet de dispute & d'émulation entre des peintres, & non pas sur l’adresse de tirer des lignes. [...] Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

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Mais ce n'est point là la verité de l'Histoire, le combat fut sur la nuance des couleurs digne sujet de dispute & d'émulation entre des peintres, & non pas sur l’adresse de tirer des lignes. Appelle prit un pinceau & fit une nuance si delicate, si douce & si parfaite, qu'à peine pouvoit-on voir le passage d'une couleur à l'autre. Protogene fit sur cette nuance, une autre nuance encore plus fine & plus adoucie. Appelle vint qui encherit tellement sur Protogene par une troisiéme nuance qu'il fit sur les deux autres, que Protogene confessa qu'il ne s'y pouvoit rien ajoûter.
L'ABBÉ. Vous me permettrez de vous dire que vous avez pris ce galimatias dans le Livre de Ludovicus Demontiosius. Comment pouvez-vous concevoir qu'on peigne des nuances de couleurs, les unes sur les autres, & qu'on ne laisse pas de voir que la dernière des trois est la plus delicate ? [...].

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Il est donc vray qu'il s'agissoit entre Protogene & Appelle d'une adresse de main, & de voir à qui feroit un trait plus delié. Cette sorte d'adresse a longtemps tenu lieu d'un grand merite  parmi les Peintres. L'O de Giotto en est une preuve […].
Mais il y a déja long-temps que ces sortes d'adresses ne sont plus d'aucun merite parmy les Peintres. […] Le Poussin lorsque la main luy trembloit, & qu'à peine il pouvoit placer son pinceau & sa couleur où il vouloit, a fait des tableaux d'une beauté inestimable, pendant que mille Peintres qui auroient fendu en dix le trait le plus delicat du Poussin, n'ont fait que des tableaux tres-mediocres. Ces sortes de proüesses sont des signes évidens de l'enfance de la peinture. Quelques années avant Raphael & le Titien, il s'est fait des tableaux, & nous les avons encore, dont la beauté principale consiste dans cette finesse de lineamens, on y conte tous les poils de la barbe & tous les cheveux de la teste de chaque figure.

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Ce que je dis icy d'un tableau où il y a plusieurs figures, se doit entendre aussi d'un tableau où il n'y en a qu'une, parce que les différentes parties de cette figure sont entr'elles ce que plusieurs figures sont les unes à l'égard des autres. Comme ceux qui apprennent à peindre commencent par apprendre à designer le contour des figures, & à le remplir de leurs couleurs naturelles ; qu'ensuite ils s'étudient à donner de belles attitudes à leurs figures & à bien exprimer les passions dont ils veulent qu'elles, paroissent animées, mais que ce n'est qu'après un long-temps qu'ils sçavent ce qu'on doit observer pour bien disposer la composition d'un tableau, pour bien distribuer le clair obscur, & pour bien mettre toutes choses dans les regles de la perspective ; tant pour le trait que pour l’affoiblissement des ombres & des lumieres. 
De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer.

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Comme ceux qui apprennent à peindre commencent par apprendre à designer le contour des figures, & à le remplir de leurs couleurs naturelles ; qu'ensuite ils s'étudient à donner de belles attitudes à leurs figures & à bien exprimer les passions dont ils veulent qu'elles, paroissent animées, mais que ce n'est qu'après un long-temps qu'ils sçavent ce qu'on doit observer pour bien disposer la composition d'un tableau, pour bien distribuer le clair obscur, & pour bien mettre toutes choses dans les regles de la perspective ; tant pour le trait que pour l’affoiblissement des ombres & des lumieres. 
De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer.

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De mesme ceux qui les premiers dans le monde ont commencé à peindre, ne se sont appliquez d'abord qu'à representer naïvement le trait & la couleur des objets, sans desirer autre chose, sinon que ceux qui verroient leurs Ouvrages peussent dire, voila un Homme , voila un Cheval, voila un Arbre, […]. Ensuite ils ont passé à donner de belles attitudes à leurs figures, & à les animer vivement de toutes les passions imaginables : Et voila les deux seules parties de la peinture, où nous sommes obligez de croire que soient parvenus les Appelles & les Zeuxis, si nous en jugeons par la vray-semblance du progrez que leur Art a pû faire, & parce que les Auteurs nous rapportent de leurs Ouvrages ; sans qu'ils ayent jamais connu, si ce n'est tres-imparfaitement, cette troisiéme partie de la peinture qui regarde la composition d'un tableau, suivant les regles & les égards que je viens d'expliquer. [...] […] L'ABBE. Tous ces effets merveilleux de la peinture antique, n’empeschent pas que je ne persiste dans ma proposition ; car ce n'est point la belle ordonnance d'un tableau, la juste dispensation des lumières, la judicieuse degradation des objets, ny tout ce qui compose cette troisiéme partie de la peinture dont j'ay parlé, qui touche, qui charme & qui enleve. Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.

Quotation

[…] L'ABBE. Tous ces effets merveilleux de la peinture antique, n’empeschent pas que je ne persiste dans ma proposition ; car ce n'est point la belle ordonnance d'un tableau, la juste dispensation des lumières, la judicieuse degradation des objets, ny tout ce qui compose cette troisiéme partie de la peinture dont j'ay parlé, qui touche, qui charme & qui enleve. Ce n'est que la juste delineation des objets revétus de leurs vrayes couleurs, & sur tout l'expression vive & naturelle des mouvemens de l'ame, qui font de fortes impressions sur ceux qui les regardent. Car il faut remarquer que comme la peinture a trois parties qui la composent, il y a aussi trois parties dans l'homme par où il en est touché, les sens, le cœur & la raison. La juste delineation des objets, accompagnée de leur couleur, frappe agreablement les yeux ; la naïve expression des mouvemens de l’ame va droit au cœur, & imprimant sur luy les mesmes passions qu'il voit representées, luy donne un plaisir tres sensible. Et enfin l'entente qui paroist dans la juste distribution des ombres & des lumieres dans la degradation des figures selon leur plan & dans le bel ordre d'une composition judicieusement ordonnée, plaist à la raison, & luy fait ressentir une joye moins vive à la verité, mais plus spirituelle & plus digne d'un homme. Il en est de mesme des Ouvrages de tous les autres Arts […]. 
Je dis donc qu'il a suffi aux Appelles & aux Zeuxis pour se faire admirer de toute la Terre d'avoir charmé les yeux & touché le cœur, sans qu'il leur ait esté necessaire de posseder cette troisiéme partie de la peinture [ndr : la composition], qui ne va qu’à satisfaire la raison ; car bien loin que cette partie serve à charmer le commun du monde, elle y nuit fort souvent, & n'aboutit qu'à luy déplaire.
En effet, combien y a-il de personnes qui voudroient qu'on fist les personnages éloignez aussi forts & aussi marquez que ceux qui sont proches ; afin de les mieux voir, qui de bon cœur quitteroient le Peintre de toute la peine qu'il se donne à composer son tableau & à dégrader les figures sélon leur plan ; mais sur tout qui seroient bien aises qu'on ne fist point d'ombres dans les visages & particulièrement dans les portraits des personnes qu'ils aiment.

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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent. Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

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Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.

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Je croy, dît Pymandre, que c’est principalement dans les Portraits qu’un Peintre cherche à faire paroistre la Phisionomie, s’il est vray ce qu’on a écrit d’Apelle, qu’il estoit si habile à bien observer, & à bien peindre toutes les parties d’un visage, qu’il y avoit des personnes qui prétendoient prédire la bonne ou la mauvaise fortune en voyant seulement les Portraits de ceux qu’il avoit peints : Mais pour moy, je doute aussi-bien que vous qu’il y ait des gens non seulement assez penetrans pour connoistre ainsi les choses qui doivent arriver, & mesme qu’un Portrait soit susceptible d’une ressemblance si parfaite qu’on puisse juger ainsi de la fortune des hommes.

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Appelles added the last Perfection [ndr : à la peinture] by the help of Geometry and Arithmetick ; without which, as his Master Pamphilus would say, no Man could prove a Painter ; and Bernard Lovinus would say, a Painter without Perspective was like a Doctor without Grammer.
            And indeed it is a Compound of many Arts ; as
Geomitry, Architecture, Arithmetick, Perspective, &c. for a Painter cannot perform without Lines, Superficies, Profunditys, Thickness and Geometricall Figures.

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There hath been a continual Altercation between Painters and Carvers for Superiority in the Excellency of Art : but that Carvers may not pretend to excel Painters in the Essential part we will lay down how far they agree and then wherein the Carvers are Excel’d.
[...].
            And as there is no
Essential difference between two particular Men, both being Rational Creatures, so there is not between Painting and Carving, for both tend to the same End, by Representing Individual Substances ; and both must observe the same Geometrical Quantity in what they Represent.
            Suppose a
Painter and Carver were to Counterfeit the same Person, doubtless both would conceive the same Idea of him, proceeding in their Minds with the same discourse of Reason and Art, and (as before) observe the same Geometrical Quantity, endeavouring to make it as like the Person they Represent as they could : and so the Draught expressing the Idea’s of both the Workmen, would agree in expressing the true Resemblance, which is the Essence of this Art.
            ’Tis true one
Painteth and the other Carveth ; but this is a Material Difference only, which argues no Specifical Difference in Art or Science, and it is the Essential Difference alone that maketh a Distinction of Species and Diversity of Science.
If it be Objected that the
Carver maketh more of the Figure then the Painter, it is answer’d, more or less makes no Specifical or Proper Difference ; therefore it is the Defect of Matter, and not of Art, thus far the Arts are Analogical.
Now that this
Art far Excels Carving is easily Demonstrated, since on a Flat, it Represents Roundness and Thickness, exceeding therein the Power of Nature it self, expressing Life and Spirit far beyond Carving, as in these Instances.
Apelles Painted Alexander the Great so to the Life, that his Horse Bucephalus brought into the Room, immediately kneeld down supposing it his Master : His Horse he likewise Painted with such Spirit that other Horses began to Neigh, when they saw him.
Andreas Mantegna represented a Servant in Porta Vercellina, so Natural, that the Horses left not Kicking at it till there was no shape of a Man left.
[...].
            A
Venus cannot be made with that Allectation in Carving, since the Complection of the skin, with Colour of Eyes, Hair, &c. are requisite to the Perfection of a Beauty.
            Nor can
History be Carvd without great Defects, since all Distances require a Faintness of Colouring, as well as Diminution of Body : with many more Observations in Nature, onely Obvious to Colouring, of absolute Necessity for the Animating of Figures.

Quotation

On peut encore remarquer l'observation de cette maxime de Mr. le Poussain dans un Tableau du Miracle de Nôtre-Seigneur, en guerissant deux aveugles [ndr : Les Aveugles de Jéricho ou Le Christ guérissant les aveugles], où tout ce qui accompagne cette expression est grand, majestueux, & serieux, tant dans les actions que dans les habillemens des figures, les couleurs & la disposition du Paysage ; [...] mais pour ne rien obmettre de ce qui étoit essentiel au sujet, il avoit exprimé dans le petit nombre de figures qui accompagnent Nôtre-Seigneur tous les mouvemens & les passions qui pouvoient convenir en cette rencontre, l'incredulité & l'indifference des Juifs, la curiosité, la derision, & la mocquerie des Pharisiens, la foi, l'admiration & le zele des Disciples, le respect, la devotion & le grand desir des affligés. [...] d'où l'on conclut qu'un Peintre peut bien accompagner l'expression de son sujet de quelques figures allegoriques pour marquer & citer le lieu, où il se rencontre, mais comme par des statuës qui n'ont nulle part aux mouvements des figures qui expriment le sujet, que n'ayant que cette sorte de langage pour exprimer ses belles conceptions, il ne seroit pas juste de lui en ôter la liberté, c'est ce qui a fait dire que la Peinture est une Poesie muette, & la Rhetorique des Peintres.

Quotation

Que suivant ces exemples & de tous ceux des grands hommes qui ont excellé dans les beaux Arts, comme les Poetes dans leurs fictions & dans leurs Vers, les Orateurs, les Musiciens, lesquels assujettissent toutes les parties de leur composition à l'idée generale de leur sujet, & leur donnent un air si convenable, que tout ensemble exprime une passion ; qu'ainsi les habilles Peintres de l'Antiquité l'avoient pratiqué de même, selon le témoignage de Pline, qui en décrivant un Tableau des amours d'Alexandre de la main dAppelles, [...].
L'Academie aprouvant ces raisonnemens determina que le Peintre se doit attacher aux caracteres qui conviennent à l'Idée du sujet & negliger les circonstances qui n'y sont pas absolument essentielles.

Quotation

Que suivant ces exemples & de tous ceux des grands hommes qui ont excellé dans les beaux Arts, comme les Poetes dans leurs fictions & dans leurs Vers, les Orateurs, les Musiciens, lesquels assujettissent toutes les parties de leur composition à l'idée generale de leur sujet, & leur donnent un air si convenable, que tout ensemble exprime une passion ; qu'ainsi les habilles Peintres de l'Antiquité l'avoient pratiqué de même, selon le témoignage de Pline, qui en décrivant un Tableau des amours d'Alexandre de la main dAppelles, [...].

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Cette conclusion déplut à ceux qui étoient engagés dans l’amour de la couleur, tellement, qu’il s’en émeut une contestation, celui qui entreprit le parti proposa ces trois choses. Primo, que la couleur est aussi necessaire que le dessein. Secundo, qu’en diminuant le merite de la couleur, on diminuë celui du Peintre. Tertio, que la couleur a merité des loüanges en tous tems : pour soûtenir sa premiere proposition, il dit, qu’il falloit examiner, quelle est la fin en general, que le Peintre se doit proposer, & lequel du dessein ou de la couleur le conduit plus directement à cette fin ; que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement ; qu’ainsi il étoit d’une trés grande consequence de s’étudier à bien connoître la couleur, & de se rendre ses charmes familiers, afin de ne pas s’y laisser surprendre, & de pouvoir étudier le reste avec plus de liberté : qu’un tableau dessigné mediocrement, où les couleurs seroient en tout leur éclat, feroit plus d’agreables effets à la vuë, qu’un autre où le dessein seroit en sa plus parfaite justesse où la couleur seroit negligée, parce que la couleur en sa perfection representoit toûjours la verité & que le dessein ne pouvoit representer que la possibilité. L’on ajoûta que le dessein étoit commun avec les sculpteurs & Graveurs, mais que la couleur est le propre du Peintre, & que l’on ne pouvoit prendre cette qualité qu’à cause de l’emploi des couleurs, qui sont capables de tromper les yeux en imitant les choses naturelles ; qu’étant donc la chose qui le distingue d’avec les autres Artisans, elle devoit être considerée d’une façon singuliere, qu’aussi Zeuxis avoit obtenu autant de louanges par l’intelligence des couleurs, qu’Appellés pour la justesse du dessein : que si comparant l’état auquel se trouve maintenant l’une & l’autre, la couleur avoit cet avantage d’être moins d’écheue, mais plûtôt augmentée par l’usage de l’huile, elle devoit par consequent meriter d’autant plus de loüanges, & qu’étant une partie essentielle pour conduire le Peintre à la perfection de son Ouvrage ; elle devoit être considerée aussi necessaire que le dessein.

Quotation

Le noir de charbon de pierre a beaucoup de cors, les noirs de charbon, de sep de vine, ou de bois de saule sont encore tres-bon. Ce dernier est bleüâtre, & peut servir aux Carnations. Les noirs d’os & d’yvoire brûlez dont Apelle se servoit suivant Pline, font un noir propre à l’huile & à Détrempe. Mais le noir de fumée est une couleur qui nuit aux autres, & qui n’est propres qu’à faire des Draperies noires. Les meilleurs coloristes ne s’en servent jamais.

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Ne peut-on pas dire en parlant du GRAND TORSE que l’on a remarqué entre les excellens Antiques QUATRE SORTES DE MANIERES DIFFERENTES.
L’une que l’on nomme forte & ressentie, laquelle a été suivie de Michel-Ange, du Carache & de toute l’Ecole de Boulogne, & que cette manière avoit été attribuée à la Ville d’Athenes.
La seconde un peu foible & effeminée qu’on tenuë Maître Etienne de Losne, Franqueville, Pilon & même Jean de Boulogne, laquelle avoit été estimée venir de Corinthe.
La troisième, comme de tendresse & de grace, particulièrement pour les choses delicates, que l’on tenoit qu’Apelles, Phidias & Praxitelle ont suivie pour le dessein ; cette manière avoit été fort estimée & l’on tenoit qu’elle venoit de Rhodes.
Mais la quatriéme est douce & correcte, qui marque les contours grands, naturels, coulans & faciles ; cette manière étoit de Sicyone Ville du Peloponnese, d’où étoit Herodote [sic] Auteur de ce Torse, lequel s’est perfectionné en choisissant & joignant ensemble ce qu’il y avoit de plus parfait en chacune de ces manieres. On estimoit aussi que ce rare Sculpteur avoit fait le petit Torse de femme, qui est reconnu de tous les Sçavans pour surpasser en beauté tous les autres Antiques.

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La PROPORTION est une juste correspondance du tout avec ses parties ; la plûpart des hommes se peuvent rendre capables de cette connoissance, & la GEOMETRIE qui est la source ou comme la guide de tous les autres Arts, est en même tems le chemin le plus assuré pour y parvenir. Entre les Peintres & les Sculpteurs anciens qui ont excellé dans cette partie Quintilien & beaucoup d’autres ont singulièrement remarqué PARRHAZIUS, PRAXITELLE, ZEUXIS, LYSIPPE, POLICRETTE, EUPHRANOR, & le celebre ASCLEPIODORE, à qui l’excellent APELLE faisoit gloire de ceder dans la justesse des proportions.

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Voor myn besluit zal ik hier nog iets aanmerken, weegens vierderly byzondere manieren der Oude Antiken.
D’eerste Stark, Kloek, en Robust; dezelve is naagevolgt, door Michel Angelo, Karats, en ’t heele School van Boulogne; welke manier eigentlyk , van de Stad Atheenen oorspronkelyk is.
De tweede, Swak en Vrouwagtig, welke waargenomen wierd door Jan de Boullogne, en meer anderen; die men oordeeld van Korinthen afkomstig te zyn.
De derde, vol van Teeder en Bevalligheid; die men voorgeeft dat Apelles, Phidias en Praxitieles gevolgt hebben, welke manier in zeer groote agtinge gehouden wierd, en vast steld van Rhodes oorspronkelyk te weezen.
Met de vierde, wijst ons aan een grootse ommetrek, als mede Natuurlyk, Seedig en Korrekt; zynde naagevolgt door Raphaël, Pousyn, &c. en is afkomstig van Siconien, een stad uit Peloponnesen: is eygenthlyk zo tot volmaaktheid geraakt, om dat uit ieder manier het beste gekoozen is, en by een gevoegt is.

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Appelles avoit donc plus de soin d’observer le Vrai dans ses portraits, que de les embellir en les altérant.
En effet le Vrai a tant de charmes en cette occasion, qu’on le doit toujours préferer au secours d’une beauté étrangere. Car sans le Vrai les portraits ne peuvent conserver qu’une idée vague & confuse de nos amis, & non pas un véritable caractere de leur personne.

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L’invention allegorique est un choix d’objets qui servent à répresenter dans un Tableau, ou en tout, ou en partie, autre chose que ce qu’ils sont en effet. Tel est par exemple, le Tableau d’Apelle qui répresente la Calomnie duquel Lucien fait la description. Telle est la Peinture morale d’Hercules entre Vénus & Minerve, où ces Divinités Payennes ne sont introduites que pour nous marquer l’attrait de la Vertu. Telle est celle de l’Ecole d’Athenes […] Les trois autres Tableaux qui sont au Vatican dans la même chambre, sont tous traités dans le même genre d’Allegorie. […] Voilà des exemples de sujets qui sont Allegoriques en tout ce qu’ils contiennent.
Les Ouvrages dont les objets ne sont Allegoriques qu’en partie ; attirent plus facilement & plus agréablement notre attention, parce que le Spectateur qui est aidé par le mêlange des figures purement Historiques, demêle avec plaisir les Allegories qui les accompagnent. Nous en avons un exemple autentique dans les bas-reliefs de la Colonne Antonine

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I am sorry the Great, and Principal End of the Art has hitherto been so little Consider’d ; I don’t mean by Gentlemen only, or by Low, Pretended Connoisseurs, But by those who ought to have gone higher, and to have Taught Others to have Followed them. ‘tis no Wonder if many who are accustom’d to Think Superficially look on Pictures as they would on a Piece of Rich Hangings ; Or if such as These, (and some Painters among the rest) fix upon the Pencil, the Colouring, or perhaps the Drawing, and some little Circumstantial Parts in the Picture, or even the just Representation of common Nature, without penetrating into the Idea of the Painter, and the Beauties of the History, or Fable. I say ‘tis no wonder if this so frequently happens when those whether Ancients or Moderns, who have wrote of Painting, in describing the Works of Painters in their Lives, or on other occasions have very rarely done any more ; Or in order to give us a Great Idea of some of the Best Painters have told us such Silly Stories as that of the Curtain of Parrhasius which deceiv’d Zeuxis, of the small lines one upon the other in the Contention between Apelles and Protogenes, (as I remember, ‘tis no matter of whom the Story goes) of the Circle of Giotto, and such like ; Trifles, which if a Man were never so expert at without going many degrees higher he would not be worthy the name of a Painter, much less of being remembred by Posterity with Honour.
‘tis true there are some Kinds of Pictures which can do no more than Please, as ‘tis the Case of some Kinds of Writings ; but one may as well say a Library is only for Ornament, and Ostentation as a Collection of Pictures, or Drawings. If That is the Only End, I am sure ‘tis not from any Defect in the Nature of the Things themselves.
I repeat it again, and would inculcate it, Painting is a fine piece of Workmanship ; ‘tis a Beautiful Ornament, and as such gives us Pleasure ; But over and above this We PAINTERS are upon the Level with Writers, as being Poets, Historians, Philosophers and Divines, we Entertain, and Instruct equally with Them.
This is true and manifest beyond dispute whatever Mens Notions have been ;

To wake the Soul by tender Strokes of Art,
To raise the Genius, and to mend the Heart.

Mr. Pope.

is the business of Painting as well as of Tragedy.

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But Generally Small Pictures should be Well Wrought.
Jewels, Gold, Silver, and whatsoever has smart Brightness require Bold, Rough Touches of the Pencil in the Heightnings.
The Pencil should be left pretty much in Linen, Silks, and whatsoever has a Glossyness.
All large Pictures, and whatsoever is seen at a great Distance should be Rough
; for besides that ‘twould be loss of Time to a Painter to Finish such things highly, since Distance would hide all that Pains ; those Bold Roughnesses give the Work a greater Force, and keep the Tincts distinct.
The more Remote any thing is supposed to be, the less Finishing it ought to have. I have seen a Fringe to a Curtain in the Back-Ground of a Picture, which perhaps was half a Day in painting, but might have been better done in a Minute.
There is often a Spirit, and Beauty in a Quick, or perhaps an Accidental Management of the Chalk, Pen, Pencil, or Brush in a Drawing, or Painting, which ‘tis impossible to preserve if it be more finish’d ; at least ‘tis great odds but it will be lost :
‘Tis better therefore to incur the Censure of the Injudicious than to hazard the losing such Advantages to the Picture. Apelles comparing himself with Protogenes said, Perhaps he is Equal, if not Superior to me in Some things, but I am sure I Excell him in This : I know when to have done.

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Apelles himself was so ingenuous to own so great a Proficiency therein, as might seem to add Confirmation, while in the Disposition, or Ordinance, he modestly yielded to Amphion ; in the Measures, or Proportions, he subscribed to Aschepiodorus ; and of Protogenes was wont to say, in all Points he was equal to him, if not above him ; but after all, there was yet one Thing wanting in them all, which was instar omnium, or, however, the Beauty and Life of all, which he only ascribed, and was proud in being the sole Master of himself, viz. his Venus by the Greeks, named ΧΑΡΙΣ a certain peculiar Grace, sometimes called the Air of the Picture, resulting from a due Observation and Concurrence of all the essential Points and Rules requisite in a compleat Picture, accompany’d with an unconstrained and unaffected Facility and Freedom of the Pencil, which together produced such a ravishing Harmony, that made their Works seem to be performed by some divine and unspeakable Way of ART ; and which (as Fr. Junius expresseth it) is not a Perfection of ART, proceeding meerly from ART, but rather a Perfection proceeding from a consummate ART.
HENCE it was that
Apelles admiring the wonderful Pains and Curiosity in each Point in a Picture of Protogenes’s Painting, yet took Occasion from thence to reprehend him for it as a Fault quod nescivit manum tollere de tabula, implying, that a heavy and painful Diligence and Affectation, are destructive of that Comeliness, Beauty and admired Grace, which only a prompt and prosperous Facility proceeding from a found Judgment of ART, can offord unto us.

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WE have been more particular in the Relation of this famous Piece [ndr : Bell fait ici référence au tableau commencé par Apelle et Protogènes sur lequel ces deux artistes ont successivement tracé des lignes – événement précédent de peu leur rencontre], because a large Dispute hangs upon it {Pliny, Lib. 35. Ch. 10.} : and the late Commentator upon our Author, Ludov. Demontiosius, seems very much offended at the generally received Acceptation of the Story of this noble Contention ; and would not by any Means admits that this Tryal of Skill was about the Subtilty of Lines ; for, as he says, with a good Share of Truth in the main, in a coloured Picture, or Painting, there is so little Use of Lines, that the very Appearance of any is justly reproveable ; for the Extremities should be lost and confounded in the Shadows, and ought to go off without any Thing of the least Stiffness, or Sharpness of a Line.
NEITHER will he admit it in Drawings, or Designs, with the Coal, or Pen, for that in those the true ARTIST never regarded so much the Fineness, or Courseness of his Touches ; but only how and where they served best to express the proper Shadowing and Raising of his Draught according to the Life ; and brings in for Instance many Drawings of the celebrated Masters of his Time, which he had seen of
Mich. Angela Bonoroti, Raphael de Urbin, Salviati, Polydore, and the Great Titian’s, where his Observation does not take Notice that any have in the least affected the Nicety of curious Lines.

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[…] he [ndr : Ludovicus Demontiosius ou Jean de Monjosieu] labours to convince us in the Truth of, he distinguishes all the Colours in a Picture in reference to the different Modification of Light upon Bodies, into three Sorts, or rather Degrees, Light, Splendor and Shadow ; in the Light the Colour is Deluted, in the Shadow Saturated, and in the Splendor only the Species of the Colour is truly discern’d ; this Splendor he calls also the Tone, carrying so near an Analogy with the Sence of it in Musick, where it comprehends the Phthonge, the Intervals, the Place of the Voice, and the Tenor ; all which he applies to the Meaning of this Splendor, or Tone in Painting : To these three foregoing Degrees of Colour, he adds a fourth Thing incident, call’d the Harmoge, which is the Commixture, or the curious and insensible Transition of the three Degrees of Colours ; and this, in the Opinion of our Author, is the Interpretation of the famous Contest about the Scissure and Intersection of Lines ; of which, when Apelles had given a Specimen, and Protogenes had seem it, Artem agnovit sed negligentiam Artificis notavit, and therefore took another Pencil, and what was left somewhat too hard and unpleasant in the Union of the Colours, he corrected and made more tender, ‘till Apelles again returning by the Interposition of another Colour, gave it such a Finishing, as left no Place for any further Attempt.

Quotation

THIS seeming strain’d Opinion, Claudius Salmatius controverts again, […] ; and further, he would establish and set up the Agreeableness and Congruity of the Use of Lines in the best of Paintings, from that sort of Picture peculiarly call’d Linearis Pictura ; which not only express’d the Proflles and Circumscriptions of the Figure, but their Practice was also, intus lineas spargere, from the Phrasings and constant Use of several Terms of ART ; for what else can be employ’d by Lineamenta, the Lineaments of a Face, or Figure, by Apelle’s Nulla dies sine linea, which became Proverbial, and as the Poet varies it,
           
Nulla dies abeat quin linea ducta supersit.  
                                                                                  Hor.

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BEFORE we leave this eminent Master [ndr : Apelle], we cannot but take notice what Pliny in two several Places, has, with pretty positive Assurance asserted, that in all the stupendious Paintings of this ARTIST above-cited, he made use of but four Colours only, which were White, Yellow, Red, and Black ; his White Tripoli of Melos ; for Yellows, Okre of Athens ; for Reds, red Okre and Synopye of Pontos, and for Black, ordinary Vitrial, or Shoemakers Black. […] in another Place himself [ndr : Pline] tells us (besides the other Black above-mention’d) Apelles was the first that invented to make Black of Ivory, or the Tooth of an Elephant burnt, which was call’d Elephantinum, and gives us the Particulars of several other Colours, both Natural and Artificial, found out and used among the Greek, […]. 

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And it is obvious to any, that have any competent Talent in Painting, how impossible it must needs be, such rare and extraordinary Paintings as seems to emulate and challenge Nature herself in all her luxuriant Variety of Composures and Colour, should ever be express’d, or accomplish’d by the slender Assistance, only of those four Species of Colours  [ndr : white, yellow, red, black] ; and unless they were as comprehensive as the four Elements, out of which they tell us all Things do emerge ; […] yet it will come short of giving a full Answer to the Objection ; for, without Blew, the derivative Colours cannot be made up to furnish and compleat our Painters Palate ; and without this, how can it be imagin’d he [ndr : Apelle] was able to approach the Beauty of the Heavens in the glorious Representation of the Sky ? How could he ever expect to parallel the variegated and unparallel’d Complections of the glorious Gayeties of the Gardens ? In Absence of this, the Fields and sprightly Plants must loose their Verdure, and appear only in their Autumnal Dress ; and his Venus herself must fall short of what she was, for want of a Tenderness to express the Delicacy of her azured Veins.

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BESIDES all this, our Author [ndr : Pline] in another Place affirms, such was the Beauty and Brightness of his [ndr : Apelle] Colours, that least the Lustre should too much dazzle and offend the Sight, he had one peculiar and extraordinary Invention of a curious (and our Author would have it black) Varnish, so finely tempered and driven over the whole Work, that it not only took off that Inconvenience, but secured and guarded it from the Injury of Wet and Dirt, or any Filthiness whatsoever.

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Are. Un des envieux d’Apelles l’aiant conduit à la table d’un certain Roi, qui ne l’aimoit pas ; ce Prince l’aiant reconnu, lui demanda, le regardant fierement, qui l’avoit rendu si hardi de venir avec tant d’audace se presenter à sa table ? Apelles ne trouvant plus celui, qui l’avoit amené, prit du charbon, & aussitot lui dessina sur le mur le portrait de son ennemi si ressemblant, que disant au Roi, voilà celui qui m’a conduit, il le reconnut au peu en avoit esquissé, ce qui le remit en grace, seulement par le merite de son habileté.

Quotation

Are. On doit donc choisir la forme la plus parfaite, imitant en partie la nature. C’est ce que faisoit Apelles, qui peignit d’apres Phriné la plus fameuse courtisane de son tems, sa celebre Venus sortant de la mer (de la quelle Ovide dit, que si elle n’eut pas eté peinte par Apelles, elle seroit toujours restée cachée dans les eaux.) Tout ainsi Praxitele fit la belle statue de la Venus Gnidienne d’apres la meme Phriné. On doit en partie imiter les belles statues de marbre ou de bronze des anciens. Quiconque goutera & possedera pleinement les perfections admirables de ces statues, pourra corriger a coup sûr plusieurs defauts de la nature meme, & rendre ses peintures agreables, & estimables a tout le monde, parceque l’antique renferme toute la perfection de l’art, & peut servir de modelle a toute sorte de beauté.

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Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]
Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

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Are. je passe au coloris, nous pouvons juger combien il est important, par les exemples que nous en ont donné suffisament les peintres qui tromperent les oyseaux et les chevaux.
[…]
Are. Cela montre la grande attention qu’avoient les anciens à bien colorer, afinque leurs ouvrages imitassent le vrai. Il est certain que le coloris est de si grande importance, & a tant de force, que quand le peintre imite bien les teintes, le tendre des chairs, & la propriété de chaque chose, telle qu’elle soit, il fait paroitre ses peintures animeés, & telles qu’il ne leur manque autre que la respiration.
La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun  ; d’ou Properce pour corriger sa maitresse Cinthie, qui se fardoit, dit qu’il souhaitoit qu’elle montrat une simplicité, & pureté de couleur telle qu’on en voit dans les tableaux d’Apelles. Il est vrai qu’on doit varier ces teintes, & avoir aussi egard aux sexes, aux ages, & aux conditions. […]

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La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun

Quotation

Are. Il faut surtout eviter une exactitude si scrupuleuse : c’est ce qui faisoit dire à Apelle, que Protogene (si je ne me trompe) lui etoit egal en chaque partie de l’art, peut etre même superieur ; mais qu’il lui etoit inferieur en ceci, puisqu’il ne savoit pas comme lui, le moment juste ou il falloit abandonner l’ouvrage.
Fab. Oh combien est prejudiciable aux ecrivains l’excez de l’exactitude ! parcequ’ou l’on decouvre le travail, là se trouve necessairement la dureté, & l’affectation qui est toujours desagreable au lecteur.

Quotation

Are. D’ou tirez vous la regle de juger de ces beautés ?
Fab. Je crois, comme vous l’avez dit, qu’on la doit tirer d’aprés nature, & d’aprés les statues antiques.
Are. Vous avoüerez donc que les nuds de Rafael ont toutes les parties belles, & achevées ; car rarement fit-il aucun ouvrage sans imiter le naturel, ou l’antique : c’est de la qu’on voit dans ses figures, têtes, jambes, torses, bras, pieds, & mains étonnantes.
Fab. Il ne fit point voir les os, les muscles, certains petits nerfs, & autres parties menûes autant que Michel Ange.
Are. Are. Il a fait voir ces parties dans les figures qui l’exigeoient, autant qu’il etoit a propos, Michel Ange (soit dit sans l’offenser) les fait voir quelque fois plus qu’il ne convient. Ce qui est si evident qu’il est inutil d’en dire davantage sur ce point. De plus vous devez vous ressouvenir, que je vous ai dit, qu’il est bien plus important de couvrir les os d’une chair pleine & tendre, que de les ecorcher : & pour preuve de cette verité, je vous replique, que pour la plus grande partie les anciens, ont fait leurs figures tendres, & avec peu de recherche […]. Mais il ne s’attacha pas beaucoup à cette maniere, parcequ’il avoit pris pour son but principal de plaire (come en effet c’est la premiere qualité du peintre) & cherchant a se procurer plutôt le surnom d’agreable, que de terrible, il en acquit un autre qui fut celui de gracieux. Car outre l’invention , outre le dessein, outre la diversité, outre que tous ses ouvrages remuent infiniment ; on y trouve de plus la prerogative qu’avoient, à ce qu’ecrit Pline, les figures d’Apelles ; c’est a dire l’agrement, qui est ce je ne sçai quoi, qui ravit ordinairement dans les peintres, comme dans les poetes : de sorte qu’il remplit les esprits d’un plaisir infini, quoiqu’on ne puisse decouvrir de quel coté vient, ce qui nous plait si fort.

Quotation

Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.

Quotation

GRACE, grace & beauté, sont des choses fort différentes en Peinture.
LA
grace est un certain tour que l’on donne aux choses qui les rend agréables. Une figure peut être dessinée parfaitement, & admirablement coloriée sans avoir cette grace dont nous parlons. Elle sera belle, elle ne sera sera pas gracieuse ; vultu pulchro magis quam venusto, comme Suetone le disoit de Neron : c’est cette grace qui a mis Apelle au dessus de tous les Peintres de l’antiquité, & qui fait préférer Raphaël à tous les Peintres modernes. De Piles. 
Cette
grace doit se trouver dans tous les sujets, dans les plus tristes, comme dans les plus gais, dans les plus terribles, comme dans les plus agréables, dans les vieillards & dans les soldats, comme dans les femmes & dans les enfans.

Gratia
cum primis, decor & nativa venustas
Eniteant tabulis, & Spiret amabile tela, 
Nescio quid. 
Pictura Carmen.

Quotation

ORNEMENT. En Peinture on appelle ornemens, tout ce qui sert à donner du relief à un tableau, à l’embellir, à le faire valoir. 
Les
ornemens doivent être semés avec discrétion, & avec une sorte d’économie ; sans cela un Peintre mériteroit le reproche qu’Apelle fit un jour à un de ses disciples, qui ayant fait un tableau d’Helene, l’avoit chargée d’or & de pierreries ; n’ayant pû la faire belle, lui dit Apelle, vous l’avez fait fait riche.

Quotation

[...]
PORTRAIT. Tableau qui contient la représentation lineale du corps humain. 
Portrait en grand, en petit : portrait en pastel, en miniature : portrait à la plume, au crayon.
Portrait chargé, voyez CHARGE.
Peintre pour le
portrait
L’essence du
portrait, consiste moins à attraper une grossiere ressemblance, ce que font les Peintres les plus mediocres, qu’à exprimer le véritable temperament, le caractère, & l’air de Physionomie des personne qu’on représente. 
« Si la personne que vous peignez est naturellement triste, dit Mr. de Piles, il le faudra bien garder de lui donner de la gayeté, qui seroit toujours quelque chose d’étranger sur son visage : si elle est enjouée, il faut faire paroître cette belle humeur par l’expression des parties où elle agit, & où elle se montre, si elle est grave & majestueuse, les ris fort sensibles rendront cette majesté fade & niaise. »
Pline raconte d’après Appien le grammairien, qu’Apelle faisoit ses portraits si ressemblans, & marquoit avec tant de fidélité les traits des personnes qu’il peignoit, que sur l’inspection des tableaux les Astrologues tiroient l’horoscope de la vie & de la mort des personnes.
Dufresnoy conseille aux faiseurs de
portraits de travailler en même tems les parties doubles de la tête, comme les yeux, les oreilles, les narines, les jouës & les levres, c’est-à-dire de passer continuellement de l’une à l’autre, de les retoucher & de les finir ensemble, de peur que l’interruption ne fasse perdre l’idée de ces parties.