TEMPÉRAMENT (n. m.)
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Quotation
La fin des Portraits n’est pas comme beaucoup se l’imaginent de donner avec la ressemblance un air riant & agreable : C’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il faut exprimer le veritable temperament des personnes que l’on représente, & à faire voir leur physionomie. Si la personne que vous peignez, par exemple, est naturellement triste, prenez-garde de luy donner de la gayeté, qui seroit toûjours quelque chose d’étranger sur son visage.
Si elle est enjoüée il faut faire paroistre cette belle humeur, par l’expression des parties où elle agit & où elle se montre. Si elle est grave et majestueuse, les ris trop sensibles rendent cette majesté fade & niaise : Enfin le Peintre qui a de l’esprit doit faire le discernement de toutes ces choses, & s’il sçait la physionomie il aura bien plus de facilité & reüssira mieux qu’un autre.
L’Histoire dit qu’Appelles faisoit ses Portraits si ressemblans, qu’un certain Physionomiste disoit en les voyant, le temps que devoit arriver la mort des personnes, à qui ils resembloient, ou en quel temps elle estoient arrivée, si ces personnes n’estoient plus au monde.
Cet Histoire est assez difficile à croire, puisque la Physionomie est une Science fort incertaine, & particulierement celle d’un portrait d’un mort ou d’un homme vivant. Car les portraits, quoy qu’ils soient bien ressemblans, ne sont pourtant que copies ausquelles on ne peut asseoir un jugement solide, puisqu’on n’en peut rien asseurer sur l’original. [...]
Ainsi la Physionomie n’est pas fort certaine, c’est pourquoy il ne s’y faut pas arrester. On dit d’ordinaire qu’en un beau corps, loge une belle ame mais cela n’est pas toujours veritable.
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Quotation
Nos plus grands Maistres s’y trouvent embarassez, & souvent ne conviennent pas entre eux ; ils se forment differentes idées de beauté ; lesquelles ils reglent presque toûjours suivant leur païs & leur tempérament.
Je dis suivant leur païs : car comme tous les hommes, dans leur air & dans leurs manieres, tiennent toûjours beaucoup du climat où ils sont nez, les Peintres se forment des goûts particuliers sur les objets qu’ils voyent sans cesse, dont ils se remplissent tellement l’imagination, qu’ils y conforment toutes leurs Figures.
De là vient qu’il y a des Provinces du nom desquelles on caracterise les peintres en disant c’est du goût de tel Païs, & qu’en effet ce goût se trouve, ou plus ou moins dans tous les Dessignateurs de ces Nations.
Pour ce qui est du temperament, il agit encore plus puissamment en nous. Comme c’est luy qui fait la distinction la plus essentielle d’un homme a un autre, il a part à tout ce que nous faisons. C’est dans ce sens qu’on peut dire qu’un Peintre se peint soy-mesme dans ses Ouvrages, & que si nous avions assez de penetration, nous y pourrions lire ses inclinations dominantes. Un sentiment secret né avec nous, & dont souvent on ne connoît pas la cause, est ordinairement ce qui nous determine dans nostre choix, & nous fait conformer nos figures à l’air des personnes pour qui nous aurions le plus de penchant.
Il y a mesmes des Peintres en qui le temperament est si marqué qu’on ne sçauroit s’y méprendre. Nous en avons eu qui ne se portoient d’eux-mesmes qu’à certains sujets ; les uns à des sujets agreables comme des bains de Diane, des jeux de Nymphes, & choses semblables ; d’autres choisissent toûjours des sujets rudes, des sortileges, des apparitions de morts, & toutes choses naturellement effrayantes.
Si l’on prenoit la peine de les observer suivant cette remarque, on trouveroit que la façon de vivre des uns & des autres répondoit à leurs Ouvrages, & que le caractere de leur esprit y estoit marqué, non seulement dans le choix des sujets, mais encore dans chaque Figure en particulier.
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Quotation
A l’égard du temperament & des passions, sans doute ils [n.d.r. les sculpteurs antiques] y étoient sujets comme nous : ce ne seroit pas mesme une fort heureuse disposition pour les Arts qu’une insensibilité naturelle : il seroit pas mal-aisé que les Ouvrages ne tinssent un peu de cette extrême froideur : mais du moins ces grands Hommes ne se laisseroient pas tellement prevenir à leurs passions qu’ils n’observassent tout ce qui étoit à fuïr & à pratiquer suivans les divers caracteres de leurs Figures ; & cela avec une telle exactitude, que personne, depuis tant de siecles, n’a encore atteint à ce haut degré de perfection où ils ont poussé leurs Ouvrages.