SPECTATEUR (n. m.)
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IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.
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la veritable Peinture doit appeller son Spectateur par la force & par la grande verité de son imitation ; & que le Spectateur surpris doit aller à elle, comme pour entrer en conversation avec les figures qu’elle represente. En effet quand elle porte le caractere du Vrai, elle semble ne nous avoir attirez que pour nous divertir, & nous instruire.
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Le Spectateur n’est pas obligé d’aller chercher du Vrai dans un ouvrage de Peinture : mais le Vrai dans la Peinture doit par son effet appeller les Spectateurs.
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La seconde est la Netteté, en sorte que le Spectateur suffisamment instruit dans l'Histoire, dévelope facilement celle que le Peintre aura voulu répresenter. D'où il s'ensuit qu'il faut ôter l'équivoque par quelque marque qui soit propre au sujet, & qui détermine l'esprit en sa faveur. Je parle des sujets qui ne sont pas fort ordinaires ; car pour ceux qui sont connus du Public, & qui ont été plusieurs fois repétés, ils n'ont pas besoin de cette précaution.
Que si le sujet n'est point assez connu, ou qu'on ne puisse raisonnablement y introduire quelque objet qui le déclare, le Peintre ne doit point hésiter d'y mettre une inscription. Entre plusieurs exemples que les Anciens & les Modernes nous en fournissent, j'en choisirai seulement deux qui sont très connus, l'un est de Raphaël, & l'autre d'Annibal Carache. Celui-ci ayant peint dans la Gallerie Farnese le moment où Anchise cherche à donner des marques de son amour à la Déesse Venus, & voulant empêcher qu'on ne prît Anchise pour Adonis, s'est ingenieusement servi du mot de Virgile, *Genus unde Latinum, qu'il a écrit au dessous du lit dans l'épaisseur de l'estrade. Et Raphaël dans son Parnasse où il a placé Sapho parmi les Poëtes, a écrit le nom de cette savante fille, de peur qu'on ne la confondît avec les Muses.
*Ce mot veut dire : C’est d’où vient l’origine des Latins.
CARRACCI, Annibale et CARRACCI, les, Vénus et Anchise, 1597 - 1607, fresque, Pas d'informations, Roma, Palazzo Farnese.
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio) , Le Parnasse, 1509 - 1511, fresque, Vatican, Musei Vaticani.
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Or comme celui qui considere un Ouvrage suit le degré d'élévation qu'il y trouve, le transport d'esprit qui est dans l'Enthousiasme est commun au Peintre & au Spectateur ; avec cette difference neanmoins, que bien que le Peintre ait travaillé à plusieurs reprises pour échauffer son imagination, & pour monter son Ouvrage au degré que demande l'Enthousiasme, le Spectateur au contraire sans entrer dans aucun détail se laisse enlever tout à coup, & comme malgré lui, au degré d'Enthousiasme où le Peintre l'a attiré.
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& nous voyons presque toujours que ceux [ndr : les peintres] dont l’inclination les porte vers le style Heroïque, croient avoir tout fait quand ils ont introduit dans la composition de leur Tableau, des objets nobles & capables d’élever l’imagination, sans se mettre autrement en peine de l’intelligence & de l’effet d'un bon coloris. […] L’un & l’autre style ont leurs spectateurs & leurs partisans. Ceux qui suivent le style Heroïque, suppléent par leur imagination à ce qui y manque de verité, & n’y souhaitent rien davantage.
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Il est à remarquer que les Arts n’étant que des imitations, le Raisonnement qui est dans un Ouvrage ne se passe que dans l’esprit de celui qui en juge. Il est donc question de faire voir que le Spectateur trouve du Raisonnement dans la Peinture, comme l’Auditeur dans la Poësie.
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Je me suis étonné plusieurs fois que les Peintres qui ont un si grand interêt à nous faire reconnoître les personnages dont ils veulent se servir pour nous toucher, & qui doivent rencontrer tant de difficultez à les faire reconnoître à l'aide seule du pinceau, n'accompagnassent pas toujours leurs tableaux d'histoire d'une courte inscription. Les trois quarts des Spectateurs qui sont d'ailleurs très-capables de rendre justice à l'ouvrage, ne sont point assez lettrez pour deviner le sujet du tableau. Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu'ils n'entendent point : on s'ennuïe bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l'esprit ne prend point de part, est bien courte.
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Le peintre en effet est l’homme de tous les talens, c’est un poëte, un historien, un fidèle imitateur, ou plutôt un rival de la nature ; ne sçait-on pas que c’est elle seule qui forme les peintres ainsi que les poëtes ? Ils montent, si l’on en croit un (a) moderne, également sur le Parnasse ; leurs arts dépendent du génie, ils ont pour objet commun d’émouvoir les passions & de plaire. Tous deux sont dans l’obligation de représenter des images plus riches, plus riantes, plus belles que celles que l’on voit ordinairement, c’est par ce moyen que l’on irrite plus vivement les passions, & que par le plaisir qu’elles procurent, le spectateur participe de l’enthousiasme qui les a fait naître.