LOMAZZO, Giovanni Paolo ( 1538-1592 )

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Quant à moi, j'estime comme chose imposible d'esablir une Academie, ou une escole pour apprendre à designer, sans avoir la cognoissance de bien pose le modelle, & faire en sorte que la posture ait une bonne grace, & et sans sçavoir bien pendre la lampe, ni trop haut, ni trop bas, afin que ceux qui designent , ayent une lumière commode  ne reçoivent un jour faux. C'est pourquoy j'en ay voulu faire icy une description  particulière, & dire ce  que l'expérience m'en a appris, & que la frequentation des hommes experts m'en ont descouvert, puis que personne n'a escrit de cette matière, que Charles de Mander & Paul Lomazze. 

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105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

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Expliquons maintenant ce que nous avons dit de Lomasse : Savoir que le Peintre doit étre menager [sic] du plus clair de ses couleurs, & de donner le brillant à propos : Ce qui est si important dans le Coloris, que Leon Baptiste Albert souhaitoit, que le Blanc fut d’un prix extraordinaire, comme les Perles : Afin que les Peintres fussent obligez de le bien melanger. Il faut remarquer pour comprendre ce mistere, que le plus clair des couleurs d’un Tableau ne dois pas étre le Blanc pur, mais le blanc rompu par quelqu’autre couleur, que nous pouvons alors considerer, comme le superlatif dans le Coloris de nôtre ouvrage. Ce brillant, par lequel on releve certains endroits, qui sont frapez de la plus vive lumiere.

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Expliquons maintenant ce que nous avons dit de Lomasse : Savoir que le Peintre doit étre menager [sic] du plus clair de ses couleurs, & de donner le brillant à propos : Ce qui est si important dans le Coloris, que Leon Baptiste Albert souhaitoit, que le Blanc fut d’un prix extraordinaire, comme les Perles : Afin que les Peintres fussent obligez de le bien melanger. Il faut remarquer pour comprendre ce mistere, que le plus clair des couleurs d’un Tableau ne dois pas étre le Blanc pur, mais le blanc rompu par quelqu’autre couleur, que nous pouvons alors considerer, comme le superlatif dans le Coloris de nôtre ouvrage. Ce brillant, par lequel on releve certains endroits, qui sont frapez de la plus vive lumiere.

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Contours, Ce sont les lineaments (que les Peintres appellent par fois simple traict) par le moyen desquels l'œil distingue toutes les choses que l'ouvrier veut representer, et qui sans ombre & sans couleurs font paroistre sur une plate superficie, la troisiéme dimention, qui n'y est point, a sçavoir la profondeur, ce qu'ils font à l'aide des racourciments, & de la perspective. De sorte que les Contours sont le premier élement de la Peinture, & du reste des Arts qui dependent du Dessein. C'est par eux qu'on discerne non seulement les choses tant naturelles qu'artificielles, mais de surcroit la différence des phisionomies, & les passions de l'âme ; à la faveur des mouvements exterieurs. Or si les susdits Contours doivent estre marquez ou non, quand on peint, c'est un poinct tres delicat : puis que les Venitiens, & la plus part des Lombards les confondent dans le champ, & que les Romains Sectateurs du dessein les affectent. C'est pourquoy je renvoye le curieux aux riches Traicté de la peinture du Lomasse. Et neanmoint je diray en passant, que si la lumiere esclaire le corps opaque terminé, plus par derriere que par devant, il faut que le Contour soit net du costé que la lumiere frape ; ce qui doit estre entendu des corps Spheriques, & non de la plus part de ceux de l'Architecture qui ont leurs bornes (quelque disposition qu'ait la lumiere) nettes & sans cette confusion, ou pour mieux dire, savant mélangé que les italiens appellent Abagliamento.

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105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

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[…] les mesmes raisons qui m’ont obligé à tenir fortes & distinctes les premieres Figures, m’ont forcé à faire perdre dans l’éloignement le coloris […]. Je ferois un livre, si je voulois m’estendre sur les raisons qui me forcent à la faire perdre dans l’Éloignement : C’est pourquoy je supplie le Curieux de voir en ma traduction du premier livre du Lomasse, le premier & second Chapitre ; principalement au feuillet 9. & 10. Où j’ay inseré une Figure qui fait comprendre facilement, comme les especes, & les images des corps sont portées à notre œil par la vertu des rayons visuels en forme pyramidale dont le Conus des deux lignes qui la forment aboutit à la prunelle.

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Il y a plusieurs choses à considérer dans l’Invention, savoir l’action & le mouvement, qu’on apelle aussi le feu, l’expression & quelqu’autres, je ne sai quoi que les Italiens apellent fierté, furie, terribilité : Et enfin la douceur et la grace. Car quoi qu’un Peintre doive parfaitement savoir le Dessein, pour reüssir à ces trois choses : elle dependent pourtant de la faculté qu’on apelle Compositive.
Toutes les Atitudes & les situations des corps naturels, ne sont pas également belles, pour étre representées dans une parfaite Composition de Peinture, quoique d’ailleurs, elles soient tres-naturelles […]
L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.
[…] Tant il est vray que l’œil aime la varieté & le Contraste dans cét Art, & que le feu & la grâce ne font qu’un certain assaisonnement qui releve le naturel.

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[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.

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Or de dire, comme il faut que ces Parties soient disposées pour exprimer les differentes Passions, c’est ce qui est impossible, & dont on ne peut donner de Regles bien precises, tant à cause que le travail en seroit infiny, que parce que chacun en doit user selon son Genie & selon l’étude qu’il en a dû faire. Souvenez-vous seulement de prendre garde que les Actions de vos Figures soient toutes naturelles. […] car il y en a qui s’imaginent avoir donné bien de la vie à leurs Figures, quand ils leur ont fait faire des Actions violentes & exagerées, que l’on peut appeler des Contorsions du Corps plûtost que des Passions de l’Ame ; & se donnent ainsi bien souvent de la peine, pour trouver quelque sorte de Passion où il n’en faut point du tout.
Joignez à tout ce que j’ay dit des Passions, Qu’il faut extremement avoir égard à la qualité des personnes passionnées : la Joye d’un Roy ne doit pas estre comme celle d’un valet, & la Fierté d’un Soldat ne doit pas ressembler à celle d’un Capitaine. C’est dans ces differences que consiste tout le fin & tout le delicat des passions. Paul Lomasse a écrit fort amplement sur chaque Passion en particulier dans son 2. Livre : mais prenez garde à ne vous y point trop arrester, & à ne point forcer vostre Genie.

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105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

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[…] ce beau Livre [ndr : G.P. Lomazzo, Trattato…, 1585] dont j’ay taché de faire la Traduction, est comme un riche tresor, qui sans danger de souffrir aucune diminution, fournit abondamment des richesses, non seulement à ceux qui cultivent la Peinture, mais encore aux Sculpteurs, aux Graveurs, & à tous les Amateurs du Dessein. Ou si vous voulés encore, c'est une source feconde dont les eaux peuvent servir à rendre nos esprits fertiles en inventions, à unir & assembler les diverses parties que nos imaginations conçoivent en détail, pour former une histoire, & par leur pureté, à distinguer nettement toutes les choses sur le cuivre, sur le marbre, ou sur la toile.

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Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

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L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.

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Il n’y a point d'Auteur qui ait plus amplement traité des diverses proportions du corps humain qu'Albert Durer : ni de Peintre qui en ait recherché les mesures avec plus de soin que lui : car il a donné quatre diferentes échelles de la proportion de l'homme, & de la femme : tant pour les hauteurs que pour les largeurs : de sorte que la plupart de ceux qui en ont écrit , comme Jean Paul Lomasse Milanois, & Pader Peintre Tolosain, qui a traduit le premier livre de cet Auteur, semblent avoir puisé toutes leurs règles d'Albert Durer. Mais quoi qu'il soit très - important de les savoir : il ne faut pas qu'on s'imagine, aprés avoir lu attentivement & bien compris ce qu'ils en ont écrit, d'être savant dans le Dessein : Si d'ailleurs on n'en a pas fait une longue étude, en dessinant d'aprés le naturel : & si l'on n'a pas fortement imprimé dans son esprit, ses yeux & ses mains, ce je ne sai quoi qui charme, & les yeux & la raison, par la convenance d'une partie avec un'autre, & de chacune avec le tout qu'elles composent, comme j'ai dit un'autre fois.

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Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

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De Milaneschen schilder Jan Pol Lomazzo heeft een seer Lofwaardigh Boek van de Natuurlijke Proportie der Menschbeelden uytgegeven; Waar in hy mede van de Ledenstemming der Paarden handeld; Welken Arbeyd van sijn oversetter Hillarius Pader, die het in de Franse Taal gebragt heeft, ook seer gepresen werd. {Lomazzo gepresen.} En gelijk dien Neerstigen Meester daar in eenige Voorbeelden van Man en Vrouwelijke Proportien heeft opgegeven, soo agtenwe dat de Schets van het Manne-beeld dat navolgens de Leere van gemelden de Vinci, door 10 Aangesigten in de Lengde en Proportioneel in de breedte, gereguleerd is, en ontrent op 7 ½ Hoofden uyt komt, niet alleen een seer fraye Proportie heeft, maar dat de selve ook een makkelijke en kennelijke Verdeelinge verschaft. Wy voegen ’t selve volgens sijn eygen stelling afgeteykend, hier by [ndr: reference to illustration], en laten den Konst-Oeffenaar de Beschouwing en het Oordeel bevolen, […]

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Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

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Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

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Quant à moi, j'estime comme chose imposible d'esablir une Academie, ou une escole pour apprendre à designer, sans avoir la cognoissance de bien pose le modelle, & faire en sorte que la posture ait une bonne grace, & et sans sçavoir bien pendre la lampe, ni trop haut, ni trop bas, afin que ceux qui designent , ayent une lumière commode  ne reçoivent un jour faux. C'est pourquoy j'en ay voulu faire icy une description  particulière, & dire ce  que l'expérience m'en a appris, & que la frequentation des hommes experts m'en ont descouvert, puis que personne n'a escrit de cette matière, que Charles de Mander & Paul Lomazze. 

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Maniere, c’est comme le Stille parmy les Poëtes & comme ils sont divers, les Manieres le sont aussi ; De telle sorte que je trouve qu'il y a grande relation des Peintres aux Poëtes. Le Docte Lomasse fait voir la conformité qui se trouve entre les Ouvrages des plus fameux Peintres d’Italie & les Stiles des plus excellents Poëtes de la mesme nation ; […] En un mot autant de Stiles parmy les Poëtes, autant de manieres entre les Peintres. On dit, je cognois que ce tableau est de telle main par la maniere. Un tel suie la maniere d'un tel, &c.

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Maniere, c’est comme le Stille parmy les Poëtes & comme ils sont divers, les Manieres le sont aussi ; De telle sorte que je trouve qu'il y a grande relation des Peintres aux Poëtes. Le Docte Lomasse fait voir la conformité qui se trouve entre les Ouvrages des plus fameux Peintres d’Italie & les Stiles des plus excellents Poëtes de la mesme nation ; […] En un mot autant de Stiles parmy les Poëtes, autant de manieres entre les Peintres. On dit, je cognois que ce tableau est de telle main par la maniere. Un tel suie la maniere d'un tel, &c.

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{29. Pour peindre la Melancholie.}
Là pour un bel exemple à la Melancholie
Il [Lomazzo] represente Adam tombé dans la folie

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114. [Accord des Parties avec leur Tout.] & estre bien ensemble, c’est la mesme chose. Il [ndr : C.-A. Du Fresnoy] entend icy parler de la justesse des Proportions & de l'harmonie qu'elles font les unes avec les autres. Plusieurs Auteurs celebres en ont traité à fonds, entr’autres Paul Lomasse, dont le premier Livre ne parle d’aucune autre chose, mais il y a tant de subdivisions, qu’il faut avoir bonne teste pour ne s’en pas rebuter. Voicy celles que nostre Auteur a remarquées en general sur les plus belles Antiques : je les croy d’autant meilleures, qu’elles sont conformes à celles que donne Vitruve dans son 3. liv. chap. I. & qu’il dit les avoir apprises des Ouvriers mesmes, puisque dans la Preface de son 7. liv. il fait gloire d’avoir appris des autres, & notamment des Peintres & des Architectes.
Mesures du Corps Humain.
Les Anciens ont pour l’ordinaire donné huit testes à leurs Figures, quoy que quelques-unes n’en ayent que sept. Mais l’on divise la Figure ordinairement en † dix faces, sçavoir depuis le sommet de la Teste jusqu’à la plante des Pieds, en la maniere qui s’ensuit. {† Cela dépend de l’âge & de la qualité des personnes : L’Apollon & la Venus de Medicis ont plus de dix faces.} […] 

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Quant à moi, j'estime comme chose imposible d'esablir une Academie, ou une escole pour apprendre à designer, sans avoir la cognoissance de bien pose le modelle, & faire en sorte que la posture ait une bonne grace, & et sans sçavoir bien pendre la lampe, ni trop haut, ni trop bas, afin que ceux qui designent , ayent une lumière commode  ne reçoivent un jour faux. C'est pourquoy j'en ay voulu faire icy une description  particulière, & dire ce  que l'expérience m'en a appris, & que la frequentation des hommes experts m'en ont descouvert, puis que personne n'a escrit de cette matière, que Charles de Mander & Paul Lomazze. 

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105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

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Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

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Or de dire, comme il faut que ces Parties soient disposées pour exprimer les differentes Passions, c’est ce qui est impossible, & dont on ne peut donner de Regles bien precises, tant à cause que le travail en seroit infiny, que parce que chacun en doit user selon son Genie & selon l’étude qu’il en a dû faire. Souvenez-vous seulement de prendre garde que les Actions de vos Figures soient toutes naturelles. […] car il y en a qui s’imaginent avoir donné bien de la vie à leurs Figures, quand ils leur ont fait faire des Actions violentes & exagerées, que l’on peut appeler des Contorsions du Corps plûtost que des Passions de l’Ame ; & se donnent ainsi bien souvent de la peine, pour trouver quelque sorte de Passion où il n’en faut point du tout.
Joignez à tout ce que j’ay dit des Passions, Qu’il faut extremement avoir égard à la qualité des personnes passionnées : la Joye d’un Roy ne doit pas estre comme celle d’un valet, & la Fierté d’un Soldat ne doit pas ressembler à celle d’un Capitaine. C’est dans ces differences que consiste tout le fin & tout le delicat des passions. Paul Lomasse a écrit fort amplement sur chaque Passion en particulier dans son 2. Livre : mais prenez garde à ne vous y point trop arrester, & à ne point forcer vostre Genie.

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Pastel, ce sont des crayons, composez de toutes les couleurs dont on se sert pour peindre, broyées à destrempe en y adjoustant un peu de Plastre. On se sert de dits crayons pour desseigner, sur le papier gris ou bleu, Et la Noblesse se peut fort bien servir d'iceux, pour faire des Portraits colorez au naturel & autres choses, sans estre obligez à se mesler parmy les huilles. Léonard d’Avince, selon le grand Lomasse excella en cette façon de desseigner.

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Les livres qui sont propres aux Peintres, sont la Bible, l’Histoire des Juifs, de Joseph, l’Histoire Romaine, le Tite Live, Homere, l’Histoire Ecclesiastique de Godeau, Baronius, les Metamorphoses d’Ovide de Durier, les tableaux de Philostrate, Plutarque des hommes illustres, Pausanias, la religion des Romains, la Colomne [sic] Trajane, les livres de medailles, les bas Reliefs de Perier, Horace, certains Romans capables d’entretenir le genie, & de fortifier par les belles idées, qu’ils donnent des choses.
Le Peintre peut encore se servir, quand il en aura besoin de la Mitologie des Dieux, les images des Dieux, l’Inconologie [sic], les Fables d’Hyginus, la perspective pratique, Leonard de Vinci Paul Lomasse, Jean Baptiste Armeniny, Franciscus Junius, le Sieur de Cambray, Monsieur Felibien sur le tableau d’Alexandre de la main de Monsieur le Brun.
Voila a peu prés la bibliotheque d’un Peintre qu’il doit lire souvent, à moins qu’il ne veuille se contenter de posseder la peinture, comme le plus sale de tous les Métiers, & non comme le plus noble de tous les Arts.

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Suy le docte Lomasse, admire ce grand homme,
Puis qu’il sert de conduite aux plus grands sçavants de Rome,
Et ne m’allegue pas un tas de Peintrillons
Qui sans Art, ni raison, ne sont que de broüillons :
Vrais broüillons, barboüilleurs de tables et de toiles
Quand bien leur nom fameux iroit jusqu’aux Etoiles,
Imite ce qui peut leur avoir reussi ;
Mais quant à leurs erreurs n’en use pas ainsi.

Quotation

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

Quotation

C’est en ce beau traité [Lomazzo] sans autre Academie
Que l’on se rend sçavant en Phisionomie,
Les coloris des chaires, les inégalités
Qui des quatre Elements tirent leurs qualités.

Quotation

105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

Quotation

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

Quotation

De Milaneschen schilder Jan Pol Lomazzo heeft een seer Lofwaardigh Boek van de Natuurlijke Proportie der Menschbeelden uytgegeven; Waar in hy mede van de Ledenstemming der Paarden handeld; Welken Arbeyd van sijn oversetter Hillarius Pader, die het in de Franse Taal gebragt heeft, ook seer gepresen werd. {Lomazzo gepresen.} En gelijk dien Neerstigen Meester daar in eenige Voorbeelden van Man en Vrouwelijke Proportien heeft opgegeven, soo agtenwe dat de Schets van het Manne-beeld dat navolgens de Leere van gemelden de Vinci, door 10 Aangesigten in de Lengde en Proportioneel in de breedte, gereguleerd is, en ontrent op 7 ½ Hoofden uyt komt, niet alleen een seer fraye Proportie heeft, maar dat de selve ook een makkelijke en kennelijke Verdeelinge verschaft. Wy voegen ’t selve volgens sijn eygen stelling afgeteykend, hier by [ndr: reference to illustration], en laten den Konst-Oeffenaar de Beschouwing en het Oordeel bevolen, […]

Quotation

SECT. X. The Proportion of the Body of Man.
For your further information, and to direct your judgment in drawing of whole Bodies, observe these following Proportions.
A Man standing, from the top of the Head to the bottom of the Feet, is eight times the length of the Head.
The Arm hanging straight down, it reacheth within a span of the Knee.
A Hand must be the length of the Face, the Hand spread abroad must cover the Face, and no more.
Note, that in Drawing a Figure standing, you must first draw that Leg which the Body stands firmest upon ; otherwise your Figure will yield one way or other, as it were falling.
A Mans Arms extended is the just length of the whole Body.
The like proportion is observed for Women, and therefore one example serves for both.
The Proportion of a Child, according to our learned Author
Lomantius, consists of five lengths of the Head, according to the Figure express’d in our Discourse, for an example to the Practioner.

Quotation

Dans le riche traité de la proportion [ndr : de Lomazzo]
Expliquant sa Doctrine et son intention,
[ndr : Lomazzo] Nous dit que la prudence des bons Peintres ordonne
{10. Precepte important pour l’optique]
De joindre autant et plus qu’un object abandonne
De sa juste grandeur, par son esloignement ;
Si l’on veut esviter un lourd achoppement ;
Puis qu’a mesme que l’œil s’éloigne d’une chose
L’Angle Pyramidal dont le Conus repose
Au centre de la veuë amoindrit peu a peu,
Tant, que finalement cét object n’est plus veu.

 
La Peinture Parlante
p. 15-16 [PDF 43-44]

{11. Le mouvement seconde classe de la Peinture}
Le P. De la proportion comme du fondement
Il te faudra passer dedans le Mouvement,
Et des secrets ressorts que son secret nous porte
La Figure animer qui s’embloit estre morte.
[…]
L’on s’abuse en effet de donner l’action
Si c’est au detriment de la proportion

Quotation

Il n’y a point d'Auteur qui ait plus amplement traité des diverses proportions du corps humain qu'Albert Durer : ni de Peintre qui en ait recherché les mesures avec plus de soin que lui : car il a donné quatre diferentes échelles de la proportion de l'homme, & de la femme : tant pour les hauteurs que pour les largeurs : de sorte que la plupart de ceux qui en ont écrit , comme Jean Paul Lomasse Milanois, & Pader Peintre Tolosain, qui a traduit le premier livre de cet Auteur, semblent avoir puisé toutes leurs règles d'Albert Durer. Mais quoi qu'il soit très - important de les savoir : il ne faut pas qu'on s'imagine, aprés avoir lu attentivement & bien compris ce qu'ils en ont écrit, d'être savant dans le Dessein : Si d'ailleurs on n'en a pas fait une longue étude, en dessinant d'aprés le naturel : & si l'on n'a pas fortement imprimé dans son esprit, ses yeux & ses mains, ce je ne sai quoi qui charme, & les yeux & la raison, par la convenance d'une partie avec un'autre, & de chacune avec le tout qu'elles composent, comme j'ai dit un'autre fois.

Quotation

114. [Accord des Parties avec leur Tout.] & estre bien ensemble, c’est la mesme chose. Il [ndr : C.-A. Du Fresnoy] entend icy parler de la justesse des Proportions & de l'harmonie qu'elles font les unes avec les autres. Plusieurs Auteurs celebres en ont traité à fonds, entr’autres Paul Lomasse, dont le premier Livre ne parle d’aucune autre chose, mais il y a tant de subdivisions, qu’il faut avoir bonne teste pour ne s’en pas rebuter. Voicy celles que nostre Auteur a remarquées en general sur les plus belles Antiques : je les croy d’autant meilleures, qu’elles sont conformes à celles que donne Vitruve dans son 3. liv. chap. I. & qu’il dit les avoir apprises des Ouvriers mesmes, puisque dans la Preface de son 7. liv. il fait gloire d’avoir appris des autres, & notamment des Peintres & des Architectes.
Mesures du Corps Humain.
Les Anciens ont pour l’ordinaire donné huit testes à leurs Figures, quoy que quelques-unes n’en ayent que sept. Mais l’on divise la Figure ordinairement en † dix faces, sçavoir depuis le sommet de la Teste jusqu’à la plante des Pieds, en la maniere qui s’ensuit. {† Cela dépend de l’âge & de la qualité des personnes : L’Apollon & la Venus de Medicis ont plus de dix faces.} […] 

Quotation

Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

Quotation

Or de dire, comme il faut que ces Parties soient disposées pour exprimer les differentes Passions, c’est ce qui est impossible, & dont on ne peut donner de Regles bien precises, tant à cause que le travail en seroit infiny, que parce que chacun en doit user selon son Genie & selon l’étude qu’il en a dû faire. Souvenez-vous seulement de prendre garde que les Actions de vos Figures soient toutes naturelles. […] car il y en a qui s’imaginent avoir donné bien de la vie à leurs Figures, quand ils leur ont fait faire des Actions violentes & exagerées, que l’on peut appeler des Contorsions du Corps plûtost que des Passions de l’Ame ; & se donnent ainsi bien souvent de la peine, pour trouver quelque sorte de Passion où il n’en faut point du tout.
Joignez à tout ce que j’ay dit des Passions, Qu’il faut extremement avoir égard à la qualité des personnes passionnées : la Joye d’un Roy ne doit pas estre comme celle d’un valet, & la Fierté d’un Soldat ne doit pas ressembler à celle d’un Capitaine. C’est dans ces differences que consiste tout le fin & tout le delicat des passions. Paul Lomasse a écrit fort amplement sur chaque Passion en particulier dans son 2. Livre : mais prenez garde à ne vous y point trop arrester, & à ne point forcer vostre Genie.

Quotation

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

Quotation

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

Quotation

105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

Quotation

Dans le riche traité de la proportion [ndr : de Lomazzo]
Expliquant sa Doctrine et son intention,
[ndr : Lomazzo] Nous dit que la prudence des bons Peintres ordonne
{10. Precepte important pour l’optique]
De joindre autant et plus qu’un object abandonne
De sa juste grandeur, par son esloignement ;
Si l’on veut esviter un lourd achoppement ;
Puis qu’a mesme que l’œil s’éloigne d’une chose
L’Angle Pyramidal dont le Conus repose
Au centre de la veuë amoindrit peu a peu,
Tant, que finalement cét object n’est plus veu.

 
La Peinture Parlante
p. 15-16 [PDF 43-44]

{11. Le mouvement seconde classe de la Peinture}
Le P. De la proportion comme du fondement
Il te faudra passer dedans le Mouvement,
Et des secrets ressorts que son secret nous porte
La Figure animer qui s’embloit estre morte.
[…]
L’on s’abuse en effet de donner l’action
Si c’est au detriment de la proportion

Quotation

Quant à moi, j'estime comme chose imposible d'esablir une Academie, ou une escole pour apprendre à designer, sans avoir la cognoissance de bien pose le modelle, & faire en sorte que la posture ait une bonne grace, & et sans sçavoir bien pendre la lampe, ni trop haut, ni trop bas, afin que ceux qui designent , ayent une lumière commode  ne reçoivent un jour faux. C'est pourquoy j'en ay voulu faire icy une description  particulière, & dire ce  que l'expérience m'en a appris, & que la frequentation des hommes experts m'en ont descouvert, puis que personne n'a escrit de cette matière, que Charles de Mander & Paul Lomazze. 

Quotation

[…] ce beau Livre [ndr : G.P. Lomazzo, Trattato…, 1585] dont j’ay taché de faire la Traduction, est comme un riche tresor, qui sans danger de souffrir aucune diminution, fournit abondamment des richesses, non seulement à ceux qui cultivent la Peinture, mais encore aux Sculpteurs, aux Graveurs, & à tous les Amateurs du Dessein. Ou si vous voulés encore, c'est une source feconde dont les eaux peuvent servir à rendre nos esprits fertiles en inventions, à unir & assembler les diverses parties que nos imaginations conçoivent en détail, pour former une histoire, & par leur pureté, à distinguer nettement toutes les choses sur le cuivre, sur le marbre, ou sur la toile.

Quotation

[…] les mesmes raisons qui m’ont obligé à tenir fortes & distinctes les premieres Figures, m’ont forcé à faire perdre dans l’éloignement le coloris […]. Je ferois un livre, si je voulois m’estendre sur les raisons qui me forcent à la faire perdre dans l’Éloignement : C’est pourquoy je supplie le Curieux de voir en ma traduction du premier livre du Lomasse, le premier & second Chapitre ; principalement au feuillet 9. & 10. Où j’ay inseré une Figure qui fait comprendre facilement, comme les especes, & les images des corps sont portées à notre œil par la vertu des rayons visuels en forme pyramidale dont le Conus des deux lignes qui la forment aboutit à la prunelle.

Quotation

Maniere, c’est comme le Stille parmy les Poëtes & comme ils sont divers, les Manieres le sont aussi ; De telle sorte que je trouve qu'il y a grande relation des Peintres aux Poëtes. Le Docte Lomasse fait voir la conformité qui se trouve entre les Ouvrages des plus fameux Peintres d’Italie & les Stiles des plus excellents Poëtes de la mesme nation ; […] En un mot autant de Stiles parmy les Poëtes, autant de manieres entre les Peintres. On dit, je cognois que ce tableau est de telle main par la maniere. Un tel suie la maniere d'un tel, &c.

Quotation

Suy le docte Lomasse, admire ce grand homme,
Puis qu’il sert de conduite aux plus grands sçavants de Rome,
Et ne m’allegue pas un tas de Peintrillons
Qui sans Art, ni raison, ne sont que de broüillons :
Vrais broüillons, barboüilleurs de tables et de toiles
Quand bien leur nom fameux iroit jusqu’aux Etoiles,
Imite ce qui peut leur avoir reussi ;
Mais quant à leurs erreurs n’en use pas ainsi.

Quotation

Dans le riche traité de la proportion [ndr : de Lomazzo]
Expliquant sa Doctrine et son intention,
[ndr : Lomazzo] Nous dit que la prudence des bons Peintres ordonne
{10. Precepte important pour l’optique]
De joindre autant et plus qu’un object abandonne
De sa juste grandeur, par son esloignement ;
Si l’on veut esviter un lourd achoppement ;
Puis qu’a mesme que l’œil s’éloigne d’une chose
L’Angle Pyramidal dont le Conus repose
Au centre de la veuë amoindrit peu a peu,
Tant, que finalement cét object n’est plus veu.

 
La Peinture Parlante
p. 15-16 [PDF 43-44]

{11. Le mouvement seconde classe de la Peinture}
Le P. De la proportion comme du fondement
Il te faudra passer dedans le Mouvement,
Et des secrets ressorts que son secret nous porte
La Figure animer qui s’embloit estre morte.
[…]
L’on s’abuse en effet de donner l’action
Si c’est au detriment de la proportion

Quotation

{29. Pour peindre la Melancholie.}
Là pour un bel exemple à la Melancholie
Il [Lomazzo] represente Adam tombé dans la folie

Quotation

105. [Inégaux dans leur Position, en sorte que ceux de devant contrastent les autres qui vont en arriere, & soient tous également balancez sur leur centre.] Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les Membres ne sont également balancez sur leur centre ; & ces Membres ne peuvent estre balancez sur leur centre dans une égalité de poids, qu'ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir fort clairement cette verité. Le Corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots ; & s’il n’y en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, en sorte que si par exemple le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le Corps soit tant soit peu courbé du costé contraire, pour estre dans son Equilibre & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les Vieillards, que les deux pieds portent également ; & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la mesme prudence, si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre portast le reste. Voila en general ce que l’on peut dire de la Balance & de la Ponderation du Corps : du reste, il y a quantité de choses tres-belles & tres-remarquables à dire ; & vous pourrez vous en satisfaire dans Leonard de Vincy ; il a fait merveille là-dessus, & l'on peut dire que la Ponderation est la plus belle & la plus saine partie de son Livre sur la Peinture. Elle commence au CLXXXI. Chapitre, & finit au CCLXXIII. Je vous conseille de voir encore Paul Lomasse dans son 6. l. chap. IIII. Del moto del Corpo humano, vous y trouverez des choses tres-utiles. Pour ce qui est du Contraste, je vous diray en general, que rien ne donne davantage la grace & la vie aux Figures.

Quotation

114. [Accord des Parties avec leur Tout.] & estre bien ensemble, c’est la mesme chose. Il [ndr : C.-A. Du Fresnoy] entend icy parler de la justesse des Proportions & de l'harmonie qu'elles font les unes avec les autres. Plusieurs Auteurs celebres en ont traité à fonds, entr’autres Paul Lomasse, dont le premier Livre ne parle d’aucune autre chose, mais il y a tant de subdivisions, qu’il faut avoir bonne teste pour ne s’en pas rebuter. Voicy celles que nostre Auteur a remarquées en general sur les plus belles Antiques : je les croy d’autant meilleures, qu’elles sont conformes à celles que donne Vitruve dans son 3. liv. chap. I. & qu’il dit les avoir apprises des Ouvriers mesmes, puisque dans la Preface de son 7. liv. il fait gloire d’avoir appris des autres, & notamment des Peintres & des Architectes.
Mesures du Corps Humain.
Les Anciens ont pour l’ordinaire donné huit testes à leurs Figures, quoy que quelques-unes n’en ayent que sept. Mais l’on divise la Figure ordinairement en † dix faces, sçavoir depuis le sommet de la Teste jusqu’à la plante des Pieds, en la maniere qui s’ensuit. {† Cela dépend de l’âge & de la qualité des personnes : L’Apollon & la Venus de Medicis ont plus de dix faces.} […] 

Quotation

Or de dire, comme il faut que ces Parties soient disposées pour exprimer les differentes Passions, c’est ce qui est impossible, & dont on ne peut donner de Regles bien precises, tant à cause que le travail en seroit infiny, que parce que chacun en doit user selon son Genie & selon l’étude qu’il en a dû faire. Souvenez-vous seulement de prendre garde que les Actions de vos Figures soient toutes naturelles. […] car il y en a qui s’imaginent avoir donné bien de la vie à leurs Figures, quand ils leur ont fait faire des Actions violentes & exagerées, que l’on peut appeler des Contorsions du Corps plûtost que des Passions de l’Ame ; & se donnent ainsi bien souvent de la peine, pour trouver quelque sorte de Passion où il n’en faut point du tout.
Joignez à tout ce que j’ay dit des Passions, Qu’il faut extremement avoir égard à la qualité des personnes passionnées : la Joye d’un Roy ne doit pas estre comme celle d’un valet, & la Fierté d’un Soldat ne doit pas ressembler à celle d’un Capitaine. C’est dans ces differences que consiste tout le fin & tout le delicat des passions. Paul Lomasse a écrit fort amplement sur chaque Passion en particulier dans son 2. Livre : mais prenez garde à ne vous y point trop arrester, & à ne point forcer vostre Genie.

Quotation

Les livres qui sont propres aux Peintres, sont la Bible, l’Histoire des Juifs, de Joseph, l’Histoire Romaine, le Tite Live, Homere, l’Histoire Ecclesiastique de Godeau, Baronius, les Metamorphoses d’Ovide de Durier, les tableaux de Philostrate, Plutarque des hommes illustres, Pausanias, la religion des Romains, la Colomne [sic] Trajane, les livres de medailles, les bas Reliefs de Perier, Horace, certains Romans capables d’entretenir le genie, & de fortifier par les belles idées, qu’ils donnent des choses.
Le Peintre peut encore se servir, quand il en aura besoin de la Mitologie des Dieux, les images des Dieux, l’Inconologie [sic], les Fables d’Hyginus, la perspective pratique, Leonard de Vinci Paul Lomasse, Jean Baptiste Armeniny, Franciscus Junius, le Sieur de Cambray, Monsieur Felibien sur le tableau d’Alexandre de la main de Monsieur le Brun.
Voila a peu prés la bibliotheque d’un Peintre qu’il doit lire souvent, à moins qu’il ne veuille se contenter de posseder la peinture, comme le plus sale de tous les Métiers, & non comme le plus noble de tous les Arts.

Quotation

De Milaneschen schilder Jan Pol Lomazzo heeft een seer Lofwaardigh Boek van de Natuurlijke Proportie der Menschbeelden uytgegeven; Waar in hy mede van de Ledenstemming der Paarden handeld; Welken Arbeyd van sijn oversetter Hillarius Pader, die het in de Franse Taal gebragt heeft, ook seer gepresen werd. {Lomazzo gepresen.} En gelijk dien Neerstigen Meester daar in eenige Voorbeelden van Man en Vrouwelijke Proportien heeft opgegeven, soo agtenwe dat de Schets van het Manne-beeld dat navolgens de Leere van gemelden de Vinci, door 10 Aangesigten in de Lengde en Proportioneel in de breedte, gereguleerd is, en ontrent op 7 ½ Hoofden uyt komt, niet alleen een seer fraye Proportie heeft, maar dat de selve ook een makkelijke en kennelijke Verdeelinge verschaft. Wy voegen ’t selve volgens sijn eygen stelling afgeteykend, hier by [ndr: reference to illustration], en laten den Konst-Oeffenaar de Beschouwing en het Oordeel bevolen, […]

Quotation

SECT. X. The Proportion of the Body of Man.
For your further information, and to direct your judgment in drawing of whole Bodies, observe these following Proportions.
A Man standing, from the top of the Head to the bottom of the Feet, is eight times the length of the Head.
The Arm hanging straight down, it reacheth within a span of the Knee.
A Hand must be the length of the Face, the Hand spread abroad must cover the Face, and no more.
Note, that in Drawing a Figure standing, you must first draw that Leg which the Body stands firmest upon ; otherwise your Figure will yield one way or other, as it were falling.
A Mans Arms extended is the just length of the whole Body.
The like proportion is observed for Women, and therefore one example serves for both.
The Proportion of a Child, according to our learned Author
Lomantius, consists of five lengths of the Head, according to the Figure express’d in our Discourse, for an example to the Practioner.

Quotation

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

Quotation

Il n’y a point d'Auteur qui ait plus amplement traité des diverses proportions du corps humain qu'Albert Durer : ni de Peintre qui en ait recherché les mesures avec plus de soin que lui : car il a donné quatre diferentes échelles de la proportion de l'homme, & de la femme : tant pour les hauteurs que pour les largeurs : de sorte que la plupart de ceux qui en ont écrit , comme Jean Paul Lomasse Milanois, & Pader Peintre Tolosain, qui a traduit le premier livre de cet Auteur, semblent avoir puisé toutes leurs règles d'Albert Durer. Mais quoi qu'il soit très - important de les savoir : il ne faut pas qu'on s'imagine, aprés avoir lu attentivement & bien compris ce qu'ils en ont écrit, d'être savant dans le Dessein : Si d'ailleurs on n'en a pas fait une longue étude, en dessinant d'aprés le naturel : & si l'on n'a pas fortement imprimé dans son esprit, ses yeux & ses mains, ce je ne sai quoi qui charme, & les yeux & la raison, par la convenance d'une partie avec un'autre, & de chacune avec le tout qu'elles composent, comme j'ai dit un'autre fois.

Quotation

Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

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Expliquons maintenant ce que nous avons dit de Lomasse : Savoir que le Peintre doit étre menager [sic] du plus clair de ses couleurs, & de donner le brillant à propos : Ce qui est si important dans le Coloris, que Leon Baptiste Albert souhaitoit, que le Blanc fut d’un prix extraordinaire, comme les Perles : Afin que les Peintres fussent obligez de le bien melanger. Il faut remarquer pour comprendre ce mistere, que le plus clair des couleurs d’un Tableau ne dois pas étre le Blanc pur, mais le blanc rompu par quelqu’autre couleur, que nous pouvons alors considerer, comme le superlatif dans le Coloris de nôtre ouvrage. Ce brillant, par lequel on releve certains endroits, qui sont frapez de la plus vive lumiere.

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Il y a plusieurs choses à considérer dans l’Invention, savoir l’action & le mouvement, qu’on apelle aussi le feu, l’expression & quelqu’autres, je ne sai quoi que les Italiens apellent fierté, furie, terribilité : Et enfin la douceur et la grace. Car quoi qu’un Peintre doive parfaitement savoir le Dessein, pour reüssir à ces trois choses : elle dependent pourtant de la faculté qu’on apelle Compositive.
Toutes les Atitudes & les situations des corps naturels, ne sont pas également belles, pour étre representées dans une parfaite Composition de Peinture, quoique d’ailleurs, elles soient tres-naturelles […]
L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.
[…] Tant il est vray que l’œil aime la varieté & le Contraste dans cét Art, & que le feu & la grâce ne font qu’un certain assaisonnement qui releve le naturel.

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L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.

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[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.