OUTREMER

OLTRA MARINO (ita.) · ULTRAMARIN (deu.) · ULTRAMARINE (eng.)
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ULTRAMARINE (eng.)

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Quotation

L’Outremer, est un azur tres fin, & le plus beau que le Peintre puisse employer, il s'en fait de si riche qu'il couste au delà de l’or, veu qu'il y en a, de quarante à cinquante escus l'once : On le tire par un grand artifice du l'Apis Lazuli qui est marquetée de petites estoilles d'or, aussi dit-on que c'est la mere veine de ce Roy des métaux ; Ce qui est croyable; puis qu’elle a beaucoup de raport avec l'or, & sur tout en ce qu'elle resiste à l'examen du feu d'où elle sort avec sa premiere beauté. Voyla pourquoy les Peintres experts font rougir la lame d'un couteau lorsqu'ils veulent achepter l'Outremer, & en mettent un peu dessus, observant s'il change de couleur, auquel cas il est falsifié Ou il faut remarquer, que toutes les pierres d'où sont tirez les Azurs, se trouvent dans les mines, ou au voisinage de celles des metaux, & que selon l'imperfection d’iceux, les Azurs qui en proviennent le sont aussi, quelque belle monstre qu'ils ayent en apparence ; Voyla pourquoy ils deviennent livides & obscurs au susdit examen, s'ils sont d'une mine où il y ait de Plomb : Si de l'estaing, sandrés : Si de celle du fer, jaune ou rouge sale : & vert si c'est des mines de cuyvre, à cause du Vitriol qui y abonde selon les Philosophes Chimiques. De sorte que la longueur du temps fait sur les Tableaux une partie des effects que la lame rougie fait en peu d'espace ausdits Azurs, ce qui n'arrive point au vray Outremarin qui morgue le temps & les flammes; les bons Peintres (j’entens les grands Coloristes & qui sont bien payez) en mettent dans les carnations pour les rendre plus nobles & les faire tenir. Quelques-uns l'appellent Azur-d'Acre, d'où sans doubte a esté tiré celuy d'Outremer, parce qu'anciennement cet Azur estoit apporté d'Acre, ville sur le bord de la mer de ludée, & que les voyages qui se font en ces lieux font appeliez d'outremer.

azur · outremarin

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

On a remarqué que les couleurs à fresque changent moins à Paris qu’en Italie, & en Languedoc, ce qui arrive peut-estre à cause qu’il y fait moins chaud, qu’en ces païs-là, ou bien que la chaux est meilleure icy.
Les couleurs qu’on employe sont :
[...] L’Outre-mer, ou Lapis lazuli est une pierre dure & difficile à bien preparer. On la calcine au feu, ensuitte on la casse fort menuë dans un mortier, puis estant bien pilée, on la mesle avec de la Cire, de la Poix raisine, etc. dont on fait comme une pasteque l’on mannie, & qu’on lave dans de l’eau bien nette ; ce qui en sort le premier est tres-fin, & ensuite diminüe de beauté jusques au gravier qui est comme le marc. Cette couleur subsiste, & se conserve plus que pas  une autre couleur. Elle se détrempe sur la pallette quand on l'employe avec de l’huille, & ne se broye point. Elle estoit autrefois plus rare qu’apresent, neanmoins, comme elle est toujours chere, on peut l’espargner dans la fraisque, où l’Email fait le mesme effet, principalement pour les Ciels.
L’Email est une couleur bleuë, qui a peu de corps ; l’on s’en sert dans les grands païsages, & subsiste fort bien au grand air.

Félibien évoque l’emploi du bleu dans la technique de la fresque.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Dans cette sorte de travail [ndr : détrempe] toutes les couleurs sont propres, excepté le Blanc de chaux, qui ne sert que pour la fraisque ; mais il faut toujours employer l’Azur, & l’Outremer avec de la colle faite de peaux de gans, ou de parchemin, parce que les jaunes d’œufs font verdir les couleurs bleuës, ce que ne fait pas la colle, ny la gomme ; soit que l’on travaille contre les murs, soit sur des planches de bois, ou autrement, & prendre garde quand c’est contre des murailles qu’elles soient bien seiches ; Il faut mesme leur donner deux couches de colle toute chaude avant que d’y appliquer les couleurs qu’on détrempe si l’on veut seulement avec de la colle ; car la composition qu’on fait avec des œufs, & du lait de figuier n’est que pour retoucher plus commodement, & n’estre pas obligé d’avoir du feu qui est necessaire pour tenir la colle chaude.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Outre-mer. Ital. Oltra marino. Cette couleur tres necessaire aux Peintres, est ainsi nommée parce qu’elle vient du levant. Elle estoit fort rare & chere avant qu’on est sceu en Italie & icy le moyen de broyer & bien mettre en poudre le Lapis Lazuli dont elle est faite. Mais la maniere de le bien faire est à present assez commune ; ce qu’il y a de facheux, c’est que la plus part de ceux qui travaillent à le broyer, & l’avarice des marchands le falsifient en meslant de l’Esmail parmy. Les Peintres pourtant ont un secret pour connoistre cela. Il y a apparence que les Anciens ne s’en servoient pas, puisque Vitruve, qui parle de la couleur bleuë dans le II. c. de son 7. livre n’en dit rien, & qu’il enseigne la composition du bleu artificiel dont l’on se servoit en ce temps-là. V. p. 400.

Anciens (les)
VITRUVIUS

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

L'opposition du Coloris, reprit Philarque, se trouve ou dans le Clair-obscur, ou dans la qualité des couleurs ; l'opposition dans la qualité des couleurs s'appelle Antipathie, elle est entre des couleurs qui veulent dominer l'une sur l'autre, & qui se détruisent par leur mélange, comme l'outremer & le vermillon.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

Dans la Peinture à Huile on se sert ordinairement de huit Couleurs capitales, & desquelles presque toutes les autres se font & se composent par le mélange. Elles sont rangées sur la Palette à peu près de cette maniere :
1. Le Blanc-de-plomb : 2. L’Ocre-jaune : 3. Le Brun-rouge : 4. la Laque : 5. Le Stil-de-grain : 6. La Terre-verte : 7. La Terre-d’ombre : 8 : le Noir-d’os.[...]
En voici la Demonstration :
[ndr : shéma d’une palette]


Ces Couleurs se vendent toutes broyées, & pour les avoir bien propres, & les conserver longtems, il faut les faire mettre dans des Vessies de porc
[…]. L’on fait un petit trou à costé de ces Paquets de Couleurs, pour en faire sortir, en pressant la quantité à peu près que l’on veut employer, laquelle on met sur sa Palette. Il y en a d’autres qui se vendent en poudre, & qui se détrempent avec le Couteau, en y mêlant un peu d’huile lors seulement qu’on en a besoin. Ces Couleurs sont l’Outremer, la Cendre bleüe d’Allemagne, le Vermillon, le Massicot, le Noir de Charbon, & d’autre encore, que l’on peut faire pulveriser, lesquelles ne sont pas d’une grande necessité, & que l’usage apprend assez.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

Quotation

Les Teintes pour les Ombres se peuvent fort bien mettre en suite des demies teintes. Il suffira d’en faire deux. La première sera composée de Laque, d’Ocre jaune & d’Outremer, en sorte que le Jaune y soit en plus grande quantité que les deux autres, dont on mettra également. La seconde sera tres-bonne avec du stil-de-grain fin, de la Laque & un peu de Noir d’os.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

Quotation

XI.
Il y a des couleurs qui se purifient par le feu, comme l’Ocre jaune, le Brun rouge, l’Outremer, & la Terre d’ombre, toutes les autres s’y noircissent, Mais si vous faites brusler lesdites couleurs avec un feu ardent elles changent, car le brun rouge devient jaune, l’ocre jaune devient rouge, la Terre d’ombre se rougit aussi, la Ceruse y prend la couleur de Citron, & c’est ce qu’on appelle Massicot. Remarquez que l’Occre jaune brûlée devient beaucoup plus tendre qu’elle n’estoit, & plus doux que le Brun rouge pur ; de mesme le Brun rouge cuit devient plus doux que l’Occre jaune pure, l’une & l’autre est tres-bonne : L’Outremer le plus beau & le plus fidelle cuit sur une pesle rouge, devient beaucoup plus brillant ; mais il se diminuë, & est plus grossier & plus dur à travailler pour la Mignature, rafiné de cette façon.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

XII.
On délaye toutes ces Couleurs dans de petits Godets d’Ivoire faits exprés, ou dans des Coquilles de Mer, avec de l’Eau, dans laquelle on met de la Gomme Arabique, & du Sucre Candy ; par exemple dans un verre d’eau il faut gros comme le poulce de Gomme, & la moitié de Sucre Candy. […].
L’on met de cette Eau dans la Coquille avec la Couleur que l’on veut détremper, & avec le doigt on la délave jusqu’à ce qu’elle soit fort fine. Si elle estoit trop dure, il faudroit la laisser amollir dans la Coquille avec ladite Eau avant que de la délayer, en suite la laisser seicher, & faire ainsi de toutes, excepté des Verds d’Iris, de Vessie, & de la Gomme-Gutte, qu’il ne faut détremper qu’avec de l’eau pure ; mais l’Outremer, la Laque & le Bistre, doivent estre plus Gommez que les autres Couleurs.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Neanmoins les differentes dispositions du Blanc & du Noir, en rendent aussi les effets differents ; car souvent le Blanc fait fuïr le Noir, & le Noir fait approcher le Blanc, comme aux Reflets des globes que l’on veut arrondir, ou autres Figures, où il y a toûjours des parties Fuyantes qui trompent la veuë par l’artifice de l’Art, & sous le blanc sont icy comprises toutes les couleurs legeres, comme sous le noir toutes les couleurs pesantes.
L’Outremer est donc une couleur douce & legere.
L’Occre ne l’est pas tant.
Le Massicot est fort leger, & le Vert de Montagne.
Le Vermillon & le Carmin approchent.
L’Orpin & la Gomme-Gutte un peu moins.
La Laque tient un certain milieu plus doux que rude.
Le Stil de Grain est une Couleur indifferente, qui prend aisément la qualité des autres ; ainsi vous la rendrez terrestre en la meslant avec les couleurs qui le sont, & au contraire des plus fuyantes, en la joignant avec le blanc ou le bleu.
Le Brun-rouge, la Terre d’ombre, les Verts bruns & le Bistre, sont les plus pesantes & les plus terrestres après le Noir.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

SECRET D’UN ITALIEN, POUR FAIRE LE CARMIN & l’Outremer.
Rien n’est plus seur, ni plus facile que cette Maniere de faire les Couleurs, elles ont un éclat, & une vivacité qu’on ne peut exprimer, elles ne changent jamais, & se font à si peu de frais, qu’on a pour un Loüis, ce qui en coûte sept ou huit à Florence : Mais l’épreuve en fera plus connoistre, que tout ce que j’en pourrois dire, il suffit d’en donner la methode, Je commence donc par 
LE CARMIN.
Faites tremper trois ou quatre jours dans un boccal de vinaigre blanc, une livre de bois de Bresil […] ; l’Ecume qui en sortira, sera vostre Carmin, recüeillez-là, & la faites seichez, on peut faire le mesme avec la Cochenille, au lieu de Bresil.


L’OUTREMER.
Prenez dix onces d’Huile de Lin, mettez-les dans un Plat de terre […].

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

on emploie encore l’Outremer dans la fraisque : c’est une couleur bleuë fort pretieuse, mais qui dure long tems

bleu

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

OUTREMER, bleu d’azur, qu’on fait avec le lapis lazuli, infusé dans du vinaigre blanc, & mêlé avec de l’huile de lin, de la cire blanche vierge, de la poix grecque, du mastic pulvérisé, & de la térébentine : on fait bouillir le tout. Il y a plusieurs autres façons de faire l’outremer
L’
outremer est une couleur très douce & très fuyante, & par cette raison très propre pour la mignature. Elle est très nécessaire pour toute sorte de Peinture : l’outremer est for cher. Dans le Salon d’Hercule, peint à Versailles par le Moine, il est entré pour le plafond seul, pour dix mille livres d’outremer.
Entre plusieurs manieres de faire l’
outremer, voici une des meilleures recettes. [...]

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Je sai que la science d'emploïer les couleurs contribuë beaucoup à leur durée, mais la source de leur ruine vient aussi dans la plûpart du peu du connoissance en général de nos Peintres françois dans le choix des Couleurs qu'ils achetent toutes broïées pour la plûpart. Cette sience a fait la principale étude des grands Coloristes Flamands & Italiens. [...]
L'œconomie de l'Azur d'Outre-mer, qui est d'un grand prix, est une cause très-ordinaire de leurs changemens ; lui seul bien emploïé éternise la fraîcheur & le sanguin des chairs. L'on y est rarement trompé, quand on ne veut point ménager sur le prix, quoique celui de l'Europe ressemble beaucoup à l'azur qui doit venir d'Outremer, c'est-à-dire, des Indes & de la Perse.

La Font de Saint Yenne envisage ici la couleur sous la notion de materiau mais également de son importance dans le rendu des chairs, une notion que l'on retrouve dans les traités néerlandais du XVIIe siècle. Voir charnalité.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs