WITELO, Erazmus Ciolek (ou Vitelo, Vitellion) ( 1230-1275 )

ISNI:0000000081108750

Quotation

Et mesme il arrive quelquefois que l’on voit bien mieux & plus facilement un objet quand il n’est point éclairé d’une trop forte lumiere, parce que la lumiere d’elle-mesme & les couleurs qui en sont fortement touchées incommodent la veuë. {Lux perse & color illuminatus seriunt oculos. Alhazen opt. l. I c. I} Ce qui fait qu’une trop grande clarté empesche qu’on ne découvre des choses que l’on apperçoit facilement dans un jour mediocre : ainsi que les Etoiles que nous ne voyons que la nuit, & lors que la lumiere du Soleil ne nous les cache plus. Il est vray aussi qu’il y a des corps qui ne se voyent que dans une grande lumiere, & ausquels il faut un grand jour pour les découvrir. {Lux vehamens obscurat quaedam visibilia, quaelux debilis illustrat & contra. Alhaz. opt. l. 1. c. 2}
Il faut encore prendre garde que l’effusion de la lumiere n’est jamais également forte sur tous les corps où elle paroist, mais qu’elle diminuë à mesure que les parties du corps éclairé s’éloignent de celuy qui l’éclaire dans une mesme disposition.

Quotation

Il faut encore observer que les choses qu’on voit dans l’eau par reflexion ne paroissent jamais si marquées qu’elles le sont dans le naturel, à cause que les couleurs & les lumieres s’affoiblissent par le reflechissement, & moins encore les parties les plus éloignées des veritables que celles qui sont proches, comme dans la figure precedente le bas de la colonne devroit estre plus sensible sur la surface de l’eau que le vase. {Omni reflexio debilitat & universaliter omnes formas. Vitel. l. 5. theor. 3}.

Quotation

Ceux qui ont creu bien connoistre la force de la Lumiere, & sçavoir parfaitement marquer dans les Tableaux, ce que chaque objet en peut recevoir, ont divisé les endroits où frappe la lumiere en parties égales, les affoiblissant ensuite par des regles d’optique. Mais pour vous dire de quelle maniere ils y procèdent, il faut que je vous fasse quelque figure.
 
[…] Vous pourez, luy dis-je, lire ceux qui en ont écrit ; mais comme la demonstration parfait de ces choses-là est tres-difficile, il faut que les Peintres en fassent eux-mesmes des observations. Qu’ils considèrent que plus la lumière est grande & plus ses rayons s’estendent, qu’une lumiere renfermée dans un petit lieu l’éclaire davantage qu’elle ne feroit un plus grand espace. C’est à dire qu’une chandelle éclairera davantage une petite chambre bien close, qu’une grande salle. {
Omne corpus luminosum, à quo non egreditur fortius illuminas qua spatium maius illo. Vit. opt. l. 2 th. 24.}
Il faut qu’ils observent encore l’effet que produisent deux lumieres lors qu’elles se rencontrent. De quelle maniere la plus grande diminuë la moindre, ou pour mieux dire comment toutes les deux se confondent ensemble, & augmentent la splendeur qui en vient : car si l’ombre qui est augmentée par une autre en est d’autant plus obscure, vous jugez bien qu’il faut aussi que deux lumieres fassent plus de clarté qu’une seule. {
Omnis umbra multiplicata plus umbrefecit. Vitel. l. 2 th. 32}.
Je vous diray de plus que le Peintre doit prendre garde que si le corps lumineux est d’une grandeur égale au corps opaque, la moitié sera éclairée de la moitié du corps lumineux, & l’ombre sera égale au corps opaque. Et si le luminaire est plus grand que le corps opaque, l’ombre en sera bien moindre, parce que les rayons qui passent à costé du corps opaque formeront un cone, à la difference de ce qui arrive lors que la lumiere & le corps sont égaux ; car alors les rayons lumineux forment un cylindre.
Il faut encore observer qu’un corps opaque produit autant d’ombres qu’il y a de corps lumineux qui l’éclairent diversement ; mais que l’ombre la moins obscure est toujours celle qui vient par la privation de la lumiere la plus éloignée du corps opaque.
Je pourrois bien vous dire, de quelle sorte il faut terminer & esfumer, ou noyer les ombres selon qu’elles s’éloignent des corps qui les causent. […] Mais je ne croy pas qu’il soit presentement à propos de nous arrester à cela.

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Et mesme il arrive quelquefois que l’on voit bien mieux & plus facilement un objet quand il n’est point éclairé d’une trop forte lumiere, parce que la lumiere d’elle-mesme & les couleurs qui en sont fortement touchées incommodent la veuë. {Lux perse & color illuminatus seriunt oculos. Alhazen opt. l. I c. I} Ce qui fait qu’une trop grande clarté empesche qu’on ne découvre des choses que l’on apperçoit facilement dans un jour mediocre : ainsi que les Etoiles que nous ne voyons que la nuit, & lors que la lumiere du Soleil ne nous les cache plus. Il est vray aussi qu’il y a des corps qui ne se voyent que dans une grande lumiere, & ausquels il faut un grand jour pour les découvrir. {Lux vehamens obscurat quaedam visibilia, quaelux debilis illustrat & contra. Alhaz. opt. l. 1. c. 2}
Il faut encore prendre garde que l’effusion de la lumiere n’est jamais également forte sur tous les corps où elle paroist, mais qu’elle diminuë à mesure que les parties du corps éclairé s’éloignent de celuy qui l’éclaire dans une mesme disposition.

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Ceux qui ont creu bien connoistre la force de la Lumiere, & sçavoir parfaitement marquer dans les Tableaux, ce que chaque objet en peut recevoir, ont divisé les endroits où frappe la lumiere en parties égales, les affoiblissant ensuite par des regles d’optique. Mais pour vous dire de quelle maniere ils y procèdent, il faut que je vous fasse quelque figure.
 
[…] Vous pourez, luy dis-je, lire ceux qui en ont écrit ; mais comme la demonstration parfait de ces choses-là est tres-difficile, il faut que les Peintres en fassent eux-mesmes des observations. Qu’ils considèrent que plus la lumière est grande & plus ses rayons s’estendent, qu’une lumiere renfermée dans un petit lieu l’éclaire davantage qu’elle ne feroit un plus grand espace. C’est à dire qu’une chandelle éclairera davantage une petite chambre bien close, qu’une grande salle. {
Omne corpus luminosum, à quo non egreditur fortius illuminas qua spatium maius illo. Vit. opt. l. 2 th. 24.}
Il faut qu’ils observent encore l’effet que produisent deux lumieres lors qu’elles se rencontrent. De quelle maniere la plus grande diminuë la moindre, ou pour mieux dire comment toutes les deux se confondent ensemble, & augmentent la splendeur qui en vient : car si l’ombre qui est augmentée par une autre en est d’autant plus obscure, vous jugez bien qu’il faut aussi que deux lumieres fassent plus de clarté qu’une seule. {
Omnis umbra multiplicata plus umbrefecit. Vitel. l. 2 th. 32}.
Je vous diray de plus que le Peintre doit prendre garde que si le corps lumineux est d’une grandeur égale au corps opaque, la moitié sera éclairée de la moitié du corps lumineux, & l’ombre sera égale au corps opaque. Et si le luminaire est plus grand que le corps opaque, l’ombre en sera bien moindre, parce que les rayons qui passent à costé du corps opaque formeront un cone, à la difference de ce qui arrive lors que la lumiere & le corps sont égaux ; car alors les rayons lumineux forment un cylindre.
Il faut encore observer qu’un corps opaque produit autant d’ombres qu’il y a de corps lumineux qui l’éclairent diversement ; mais que l’ombre la moins obscure est toujours celle qui vient par la privation de la lumiere la plus éloignée du corps opaque.
Je pourrois bien vous dire, de quelle sorte il faut terminer & esfumer, ou noyer les ombres selon qu’elles s’éloignent des corps qui les causent. […] Mais je ne croy pas qu’il soit presentement à propos de nous arrester à cela.

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Il faut encore observer que les choses qu’on voit dans l’eau par reflexion ne paroissent jamais si marquées qu’elles le sont dans le naturel, à cause que les couleurs & les lumieres s’affoiblissent par le reflechissement, & moins encore les parties les plus éloignées des veritables que celles qui sont proches, comme dans la figure precedente le bas de la colonne devroit estre plus sensible sur la surface de l’eau que le vase. {Omni reflexio debilitat & universaliter omnes formas. Vitel. l. 5. theor. 3}.